Hydrean a écrit : ↑dimanche 25 août 2024 à 2:41Sauf qu'on n'est plus dans le contexte évolutif ou passé où cela était nécessaire à notre développement ou notre survie, hors cas où c'est encore incontournable (tu as raison cependant : on continue d'évoluer, d'ailleurs l'accessibilité du végétalisme est directement liée à notre évolution, ou plutôt progrès — car on n'a pas évolué particulièrement depuis l'Homo sapiens préhistorique).
Si cela n'est vraiment plus nécessaire l'être humain passera possiblement au végétarisme mais si c'est le cas ça se fera progressivement.
Nos ancêtres n'ont pas perdu leur queue car un gars l'a coupé un jour en disant aux autre de le faire mais parce que cela a perdu son utilité au fils du temps. Et cette utilité n'a pas été décidé par l'éthique.
Si le monde doit se végétaliser évidemment que cela se fera sur le long terme, j'en avais déjà parlé. En revanche ici, il s'agit de
mœurs, et non d'évolution au sens
développement naturel de l'espèce (quand je parlais du végétalisme lié à notre évolution, je parlais du progrès — c'est de l'évolution mais pas au sens biologique).
Ensuite, il n'y a pas de
"si cela n'est vraiment plus nécessaire" : dans les contextes où l'on peut se passer de produits animaux, ça n'est vraiment plus nécessaire d'en consommer.
Mais le truc, c'est que la consommation animale n'est pas maintenue parce qu'elle serait nécessaire
(hors cas de réelle nécessité où ça l'est toujours mais ce n'est pas de ça dont je parle). Elle est maintenue car les gens y tiennent et que c'est la norme — j'y reviendrai à la fin de cette réponse.
Quant à notre queue, sa disparition (ou presque — coccyx —, il y a même encore des bébés qui naissent avec une queue) s'est faite d'elle-même et elle ne relève en rien de l'éthique puisque son maintien ou sa disparition n'engageait pas le sort d'autres êtres sentients.
(De toute façon, une réflexion éthique à l'époque n'avait pas sa place, car elle n'est possible que grâce au développement de notre système moral — je parle bien de morale basée sur la compréhension et la connaissance —, et son application, seulement grâce à une réalisabilité concrète — dans un contexte de nécessité ça ne s'applique pas [c'est comme la légitime défense, proportionnelle bien sûr].)
Sauf qu'on les a maintenant, ces facultés ; c'est quand même étrange de reconnaître les capacités scientifiques et techniques de l'être humain, tout en se retranchant derrière l'appel à la nature lorsque celles-ci rendent optionnelle une chose que l'on aurait préféré immuable
À non, rien d'immuable je suis pas fixiste.
Ah ? Et pourquoi alors cette opposition de type "appel à la nature" ?
Hydrean a écrit : ↑samedi 24 août 2024 à 22:08Oui j'ai compris la factualité que tu donnes au régime végétarien ( qui est technique) alors que moi je prends la factualité biologique.
Tu prends, pour te citer, la
"factualité biologique" au lieu de l'avancée technique (qui permet de ne plus manger de produits animaux dans bien des cas). Ce qui s'apparente à un refus du progrès (pas pour toi personnellement, ici je parle de l'aspect théorique global, d'arguments utilisés pour justifier un phénomène global).
Sauf qu'aucun "entêtement éthique" : tuer et exploiter des animaux lorsque cela est optionnel, c'est forcément un problème éthique. Ces animaux n'ayant de différent de la chatte et la chienne (dont il est question plus haut) que l'espèce et la perception que l'on en a dans un cadre spéciste et carniste — qui prend en compte les intérêts de la chatte et de la chienne mais pas les leurs.
Quand on reste bloqué sur le positionnement éthique, il y a de l'entêtement.
Non, toujours aucun entêtement, pour la raison en gras. Tout autant que si tu faisais euthanasier ta chatte sans avoir une bonne raison de le faire, ce serait aussi un problème éthique.
Tout autant que mettre une vache laitière enceinte plusieurs fois, la faire accoucher (pas une partie de plaisir), pour ensuite lui prendre son veau car on veut produire du lait, et transformer ce veau en viande ou en future laitière (sachant que tous ces animaix seront abattus à un moment ou un autre sauf rares sauvetages), alors que dans bien des cas on peut s'en passer, c'est un problème éthique.
Pour cet exemple d'ailleurs, tout le monde (du moins les personnes sensées) reconnaît maintenant qu'en comparaison, retirer des chiots ou chatons trop tôt à leur mère, ou que se servir de cette dernière comme une pondeuse, c'est contraire à l'éthique.
Cette idée d'
"entêtement éthique" me fait penser à une nouvelle version du "point de vue éthique"....:
Deoxys a écrit : ↑vendredi 23 août 2024 à 23:06Hydrean a écrit : ↑vendredi 23 août 2024 à 20:53L'objectif n'est pas l'annihilation de la souffrance et de la mort, mais l'évitement de celles-ci quand elles sont évitables et relèvent de notre responsabilité.
C'est là ou ça coince. Car là où
les végétariens/vegan voient le fait de manger de la viande sous l'angle éthique moi je le vois comme ça :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Avantage_s%C3%A9lectif
Au cas où : il ne s'agit pas que de la
"vision des végés/végans sous l'angle éthique",
il y a des implications éthiques réelles dans cette consommation qui ne dépendent pas d'un point de vue/d'une vision personnelle (voir
la dernière réponse que je t'ai adressée).
Mais sinon, où vois-tu que ça coince ? Car là, la page que tu as partagée concerne la biologie et l'évolution... Il me semblait que les sujets avaient déjà été traîtés ?
(Oh c'est marrant, on retrouve du même coup cette notion de bloquage/coinçage et ce martèlement de l'argument biologique, mais pas fixiste, hein, non non
)
Sinon ce que tu dis est le résultat de la sélection artificielle que l'être humain a effectué. Maintenant est-ce que ce mentient de la sélection artificielle (en particulier sur les animaux ) a toujours un intérêt ?
Ce n'est pas de ça dont je parlais mais de la perception (arbitraire et induite) que l'on a des animaux que nous consommons VS les animaux que nous ne consommons pas.
Ça, ça n'a rien à voir avec la sélection naturelle dans l'esprit des gens : toute personne qui grandit avec un animal de compagnie comprend vite qu'il a des intérêts à lui. Même sans avoir grandi avec des animaux, nombreuses sont les personnes qui en adoptent. Ou qui se délectent de vidéos de chats, stars d'Internet. Ou qui acceptent le dicton "le chien est le meilleur ami de l'Homme" (en tout cas la place de celui-ci dans notre société) sans se faire des nœuds au cerveau sur l'éthique. Ou qui ne trouvent pas à redire quand les gens sensibilisent sur l'abandon, les maltraitances, les euthanasies de complaisance... Ou qui s'offusquent des élevages de viande de chien/chat (qui même dans les pays concernés sont de plus en plus décriés). Ou qui chassent mais ne feraient jamais ça à leurs chiens de chasse...
Cela ne vaut pas que pour les animaux de compagnie, ça concerne aussi la faune sauvage (ton exemple des hérissons, le souci de la préservation des espèces menacées, les nombreux animaux préférés des gens qui sont des animaux sauvages super stylés ou mignons, le succès des documentaires animaliers, des zoos et parcs — avec l'accent mis sur le bon traitement des animaux qui est maintenant une évidence —, ...).
Et à côté, on considère d'autres animaux comme des sources de nourriture, tout simplement parce que c'est ce qu'on apprend. Il y a bien une prise de conscience collective (donc parmi la majorité carniste aussi), l'individualité animale n'est plus un mystère, mais même là ils restent dans la catégorie bouffe, produit, au bout du compte ; même si bien traîté avant (ce qui pour d'autres animaux ne nous conviendrait évidemment pas comme justification, en fait ça ne nous viendrait même pas à l'esprit).
Si on voit via l'éthique, c'est optionnelle comme tu dis mais si on voit ça via la réalité humaine (culturel, social) c'est le cas.
Les gens choisissent bien ce qu'ils veulent, mais les implications et l'optionalité (donc la préférabilité objective de s'abstenir) demeurent.
Dans le cadre éthique possiblement oui.
Oui donc c'est bien ce que je me disais : le point de vue/la vision éthique.
L'éthique ne dépend pas de si on voit via son angle ou pas :
- il y a des conséquences sur les animaux oui.
- on peut (dans bien des cas) se passer des produits qui leur causent cela oui.
- on peut voter par ses achats (ou s'abstenir de certaines actions) oui.
C'est tout, ça existe, peu importe ce que décident les gens après dans leur vie (ça reste leur choix), et quand bien même certaines personnes choisiraient de ne pas voir cela de cette manière (ça ne disparaît pas pour le confort des gens).
En revanche, ce que tu dis sur la
"réalité humaine (culturelle, sociale)" est très intéressant.
Cette réalite n'en est pas tellement une stricto sensu, elle est basée sur des critères arbitraires, c'est une norme. Pourtant, elle est omniprésente dans nos sociétés, puissante, presque incontestable... En clair, c'est un statu quo.
La consommation de produits animaux n'est pas qu'une consommation ; en fait :
Sayyida a écrit : ↑samedi 24 août 2024 à 16:52Deoxys a écrit : ↑samedi 24 août 2024 à 13:40Et donc, si tu n'as pas déjà saisi : ici, on parle d'un progrès positif.
Positivement accueilli, ça par contre, je veux bien reconnaître que non.
Parce que ce n'est pas à nous qu'il profite. Le végétalisme, quand il est possible, n'est pas plus avantageux que l'omnivorisme. Le vrai avantage, le vrai progrès, concerne les animaux.
Quand on voit déjà combien le progrès humain est difficile à faire passer, combien il peut demander des efforts et se heurter à une résistance sans merci, au détriment de personnes qui payent pour le refus d'autres de se mettre à jour.
Mais alors, un progrès qui menace le contenu de l'assiette, le quotidien, le plaisir personnel, les codes/cercles sociaux, les traditions, les fausses croyances, l'image personnelle, l'image renvoyée aux autres, une vision du monde ancrée depuis l'enfance, l'activité, le confort cognitif, etc. ... Ah ben y'a pas photo, c'est sans doute celui qui demande le plus d'efforts, le plus de sacrifices.
Merci pour ton accueil !
Je comprends parfaitement ce que tu veux dire, et il est indéniable que le progrès humain, qu'il soit social, technologique ou écologique, rencontre souvent des résistances profondes et tenaces. Ce n’est pas simplement une question de volonté de changement, mais bien une lutte contre des inerties culturelles, des habitudes profondément ancrées, et des identités façonnées par des décennies, voire des siècles, de traditions et de croyances.
Lorsque l'on parle de transformations qui touchent directement nos modes de vie, du contenu de notre assiette, des plaisirs quotidiens, des rituels sociaux et culturels, on s’attaque aux fondations mêmes de l'identité humaine. Ces éléments ne sont pas de simples choix, mais des expressions intimes de notre appartenance, de notre histoire personnelle, et de notre vision du monde. Ils sont au cœur des interactions quotidiennes, des célébrations, des réconforts. Les remettre en question, c’est inviter chacun à revisiter ses valeurs, ses pratiques, et même la perception qu'il a de lui-même.
La résistance au changement est donc compréhensible, mais elle devient problématique lorsqu’elle se fait au détriment des autres (humains et non humains), des générations futures, et de la planète elle-même. Les fausses croyances, les traditions rigides, et le confort éphémère du statu quo se transforment alors en murs infranchissables qui bloquent l’évolution nécessaire pour bâtir un avenir plus équitable et durable.
C’est un défi immense, car il ne s’agit pas seulement de remplacer une habitude par une autre, mais de transformer en profondeur notre relation à la nature, aux autres, et à nous-mêmes. Cela demande une grande ouverture d’esprit, une capacité à se remettre en question, à accepter l’inconfort de l’inconnu, et à faire des sacrifices personnels pour le bien commun. C'est une révolution intérieure autant qu’extérieure, un véritable bouleversement de notre façon d’être et de penser.
Il faut bien reconnaître que ce chemin vers le changement ne sera ni rapide ni facile. Il demandera des efforts collectifs, une éducation continue, des politiques publiques qui incitent plutôt que contraignent, une baisse des coûts de production pour rendre les pratiques durables plus accessibles, un système de santé pro-actif qui soutient le bien-être de tous, et une volonté de dépasser les intérêts personnels pour adopter une vision plus large et généreuse de notre place dans le monde.
Mais n’est-ce pas justement ce qui fait l’essence de l’humanité ? Cette capacité unique à s’adapter, à innover, à transformer les obstacles en opportunités ? C’est cette flexibilité d’esprit, cette résilience face à l’adversité, qui nous a permis de traverser les âges, de surmonter des défis apparemment insurmontables et de continuer à évoluer. L’histoire de l’humanité est une histoire de réinvention, de reconfiguration de nos modes de vie, de révision de nos systèmes, et d’harmonisation avec de nouvelles réalités.
Un progrès authentique, même s’il est douloureux et exigeant, est celui qui nous pousse à devenir de meilleures versions de nous-mêmes, plus conscientes, plus responsables, plus équitables, à la hauteur des défis et des aspirations de notre époque.
Le vrai progrès concerne non seulement les humains, mais aussi les animaux, et il apporte des bénéfices indéniables pour la planète d’un point de vue écologique et durable, tout en améliorant la santé publique. Adopter des habitudes alimentaires plus végétales n’est pas simplement un acte de compassion envers les animaux, mais aussi une démarche pragmatique pour assurer la survie et le bien-être de notre planète et de nous-mêmes. De nombreux pays qui n’ont pas nos ressources financières, comme le Costa Rica, ont déjà adopté des pratiques plus durables. Certaines communautés parmi les plus pauvres, en Éthiopie ou au Népal, parviennent également à vivre en harmonie avec la nature en mettant en place des pratiques respectueuses de l’environnement.
Je ne suis pas certaine qu’une planète entièrement végane soit réalisable au cours de ce siècle, car cela dépendra largement des avancées scientifiques sur la sentience et la compréhension animale, ainsi que de l’évolution des mentalités... Peut-être que dans les générations futures, cette vision pourra se concrétiser. Pour l’instant, il est clair que les pays développés doivent déjà s’inspirer de ces exemples et rattraper leur retard. En adoptant progressivement des pratiques plus respectueuses et durables, nous pouvons espérer construire un futur plus équilibré, où le bien-être de tous les êtres vivants est véritablement pris en compte.
Il ne s’agit pas seulement de véganisme ou de végétarisme, mais de comprendre que chaque choix que nous faisons est interdépendant, formant un ensemble où l’écologie, la santé, le bien-être, la justice sociale, et le respect de la biodiversité forment un tout. Ces décisions collectives et individuelles nous invitent à repenser notre place dans le monde et notre impact global, en nous rappelant que tout est interconnecté.
[...]
Hé mais attends un peu... Est-ce que ce que tu veux dire, c'est que "vu que c'est le statu quo, ça justifie de continuer" ? Qu'il "faut maintenir ce statu quo" ?