Pour ma part, je n'ai pas de famille, ou plutôt si : ma famille, c'est Spyder et Mysterio. Point.
Pour ce qui est du diagnostique précoce, je dirai ceci ( mais encore une fois, cela
me concerne, et surtout, je ne donne aucun conseil et je ne porte aucun jugement...

) : si nous avions eu un diagnostique avant, quand Mysterio était petit, je pense que cela m'aurait été plus bénéfique à moi qu'à lui. Je m'explique : depuis sa naissance, j'ai vu que Mysterio était différent. Au départ, on me jetait sa prématurité à la figure. Ensuite, c'était mon imagination, puis le fait que j'avais un rapport trop fusionnel avec lui, etc, etc, etc, je pourrais en écrire des pages là-dessus !
Bref, si j'avais eu un diagnostique précoce, j'aurais arrêté de courir après les rendez-vous de maints spécialistes et mes recherches se seraient tournées vers une prise en charge adéquate pour aider mon filston plutôt que vers une quête de la réalité. Et surtout, j'aurais pu dire à tous ( médecins, voisins, amis, famille, etc ) :
Ah, vous voyez : j'avais raison !
Bref, tout ceci n'a pas eu lieu.
Dès que Mysterio a été assez grand pour agir seul, il n'a eu de cesse d'imiter les autres : il regardait, et essayait de faire pareil ( quand il n'avait pas peur des petites terreurs qui couraient partout...

).
En maternelle, il regardait beaucoup sans agir lui-même. Puis il a essayé d'avoir des copains, il a essayé de participer aux jeux dans la cour, il a essayé d'attirer les autres sur lui, il a essayé de faire comme les autres. Evidemment, il n'a jamais réussi et il en souffrait. Mais malgré tout, il avait l'espoir de faire un jour comme les autres. Quand il a été déscolarisé, quelques années plus tard, il a beaucoup pleuré car il aimait l'école, mais surtout, il voulait être comme les autres. Quelques temps plus tard, il pleurait de nouveau car il voulait allez dans une école où les enfants seraient comme lui, où les enfants le comprendraient et l'accepteraient.
Bref, il a toujours voulu être comme les autres. A 8 ans, son diabète s'est déclaré. Il a été pas mal absent et quand il est revenu, les enfants savaient qu'il était diabétique ( nous habitions un petit village ). Plus personne ne voulait l'approcher : les enfants rigolaient de lui lui disaient qu'il était en sucre, que si ils le touchaient, ils attraperaient sa maladie, etc, etc. Sans compter ceux qui le narguaient avec des sucreries qui lui étaient dorénavant interdites. Lorsque je suis allée voir l'instit pour lui demander d'intervenir et lui demander d'informer les enfants sur la réalité du diabète, elle m' a répondu que ce n'était pas son rôle, qu'elle n'avait pas à se mêler de la santé de ses élèves... Quelle conne ! Mais à l'époque, je n'ai pas osé trop riposter ( mes vieux démons du respect de l'enseignante, merci à mon éducation ! )
Mysterio, qui, de toute façon, n'était déjà pas invité, ne l'était pas plus, mais là, les parents avaient un argument :
vous comprenez, si votre fils avait une hypo, je ne serais pas quoi faire, et en plus, il est inutile de le tenter avec les sucreries que mon enfant mange.. Et gnagnagna et gnagnagna...

J'ai même été jusqu'à sympathiser avec des mamans pour avoir le prétexte d'aller chez elle avec Mysterio..
Bref, rajouter une étiquette d'enfant handicapé sur Mysterio, je ne pense pas que cela l'aurait aidé. Mais c'est vrai qu'il faudrait lui poser la question. Mais il faut bien avouer aussi, que, contrairement à beaucoup d'enfants pour lesquels les parents témoignent ici, Mysterio n'avait aucun problème d'apprentissage, sauf le fait qu'il écrivait très mal. Ses problèmes n'étaient
que comportementaux. Si il avait su qu'il était handicapé, peut-être se serait-il dit :
pourquoi faire des efforts puisque je suis handicapé ? . Je dis bien :
peut-être , car je n'en sais rien.
Et quand je vois le peu d'estime qu'il a de lui ( enfin, qu'il avait, car depuis qu'il est à Hestia, les choses s'arrangent

), je pense qu'il l'aurait encore mal vécu. Par contre, il est vrai qu'après sa déscolarisation, il ne m'aurait pas posé la question :
Maman, pourquoi je suis comme je suis ?
Bref, il m'est difficile de répondre à sa place. Mais je voudrais rajouter malgré tout : je n'ai jamais fait le deuil de l'enfant parfait. D'ailleurs, je n'ai aucun deuil à faire : j'aime Mysterio comme il est, et la seule chose que j'ai rêvé pour lui, c'est qu'il soit heureux. Il commence à l'être aujourd'hui.