Diagnostics adultes abusifs (A. Ouellette, J. Schovanec)

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hazufel
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Re: Diagnostics adultes abusifs (A. Ouellette, J. Schovanec)

Message par hazufel »

Fift a écrit : mercredi 4 mars 2020 à 12:07 Il y a un point qui n'est pas clair : dans ce que je comprends de l'exemple de la Pitié, c'est que 50% des consultations conduisent à des diag négatifs (j'ai peut-être mal compris, hein). Cela me semble plus résulter d'un problème d'orientation des patients, mais pas forcément que ce soit un problème en soit : quand on a un souci, que le généraliste n'est pas en mesure de nous venir en aide, on essaie de se renseigner et on consulte des spécialistes qu'on pense être pertinents. Dans ce cadre, il est logique que, l'autisme faisant l'objet de plus de médiatisation que d'autres troubles, on trouve plus de gens venir consulter pour cela.
Les patients ne ressortent pas de là sans rien, ils sortent avec un CR de bilans détaillés et la pose d'un diagnostic différentiel (ou plusieurs pouvant être comorbides entre eux), avec des recommandations de suivis. Un diagnostic négatif d'autisme ne veut pas dire que la personne n'a "rien". Mais autre chose, qui ressemble à l'autisme par ses symptômes extérieurs parfois, mais n'en est pas.
D'où la nécessité de bilans divers, d'observations multiples et de documents / témoignages de la petite enfance.

Là où ça devient "suspect", c'est lorsqu'un professionnel à un taux de positif avoisinant les 90%, qu'un autre pose le diagnostic après un entretien, sans tests standardisés, etc.
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Re: Diagnostics adultes abusifs (A. Ouellette, J. Schovanec)

Message par user6375 »

hazufel a écrit : mercredi 4 mars 2020 à 12:15 Là où ça devient "suspect", c'est lorsqu'un professionnel à un taux de positif avoisinant les 90%, qu'un autre pose le diagnostic après un entretien, sans tests standardisés, etc.
Je suis tout a fait d'accord que c'est un problème mais, de ce que je connais de la législation, relève plus de la fraude (les certificats et rapports de complaisance sont expressément interdit) que de problème d'attractivité du TSA à proprement parler. Parce qu'en fait c'est ça en filigrane qu'il y a dans les discours : le TSA leur semble attractif pour une partie de la population. Voir certains spécialiste profite de cette attractivité du TSA.

Ceci suppose que le TSA est un diagnostique attractive, ce qui repose sur pas grand chose d'objectif (hormis des ressentis). Faudrait faire des sondages pour évaluer l'attractivité de chaque trouble pour la population générale, et là on pourra dire s'il y a un trouble qui est plus attractif qu'un autre. En même temps l'attractivité d'un trouble est aussi lié au militantisme pour réhabiliter les personnes souffrant de ce trouble. A force de mettre en avant des aspi savant HPI , il faudrait peut-être mettre en avant des autisme moins "exceptionnel". Et ca c'est plutôt de la responsabilité du monde associatif : bien choisir son porte-étendard.

Si des spécialistes soupçonne un confrère de fraude, il ne faut pas publier des articles dans la presse disant qu'il y a trop de diagnostique, mais bien d'attaquer celui qui a un taux stratosphérique de diagnostique positif.
Modifié en dernier par user6375 le mercredi 4 mars 2020 à 12:27, modifié 1 fois.
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Tugdual
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Re: Diagnostics adultes abusifs (A. Ouellette, J. Schovanec)

Message par Tugdual »

propane42 a écrit : mercredi 4 mars 2020 à 11:47 C'est pas pour critiquer les spécialistes, mais s'ils veulent que leur inquiétude soit crédible et pas juste relevé de "l'opinion averti", ils doivent fournir des éléments objectifs. Et le ressenti d'une partie de la population, fut-elle de spécialiste, n'est pas un élément objectif décontextualisé (et encore moins quant le propos ne fait pas consensus au sens scientifique du terme) ... On a besoin de chiffre crédible, pas d'estimation au pifomètre ... De 10% à 90%, c'est plus une fourchette mais un râteau !!!
S'il y a un souci de diagnostic, le constat global ne peut pas se faire instantanément. Les ressentis de ces spécialistes apparaissent peu à peu, et quand ils deviennent suffisamment nombreux une étude scientifique devient nécessaire. C'est globalement ce à quoi on est en train d'assister.

À ce stade, parler de pourcentage n'a même pas de sens, et nos propres avis sont de peu d'importance.

Tout ce qu'on peu dire, c'est que c'est inquiétant pour les principaux intéressés.
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Message par user6375 »

Tugdual a écrit : mercredi 4 mars 2020 à 12:25
S'il y a un souci de diagnostic, le constat global ne peut pas se faire instantanément. Les ressentis de ces spécialistes apparaissent peu à peu, et quand ils deviennent suffisamment nombreux une étude scientifique devient nécessaire. C'est globalement ce à quoi on est en train d'assister.

À ce stade, parler de pourcentage n'a même pas de sens, et nos propres avis sont de peu d'importance.

Tout ce qu'on peu dire, c'est que c'est inquiétant pour les principaux intéressés.
Oui mais tant qu'on a pas d'étude, affirmer que ce problème existe c'est apporter une conclusion à partir de rien. Et c'est juste ça que j'aimerai que les gens ici comprennent : il n'y a pas de problème de diagnostique, il y a des questions qui sont soulevé mais l'existence d'un problème n'est pas établit (sauf pt être vis-a-vis de certains praticien a la déontologie suspecte).

Conclure que parce que des questions se pose il y a un problème, c'est justement ce qu'il ne faut pas faire. Et si des spécialistes le font, on doit leur rappeler qu'ils n'ont pas démontré l'existence du problème, et qu'ils arrêtent d'affirmer publiquement qu'il existe sans avoir formellement prouver qu'il existe (par contre c'est utile de poser publiquement la question pour initier des recherches, mais faut pas y répondre en même temps). Et ça on y est pas justement. Il n'y a pas de preuve de qualité scientifique qui démontre l'existence d'un problème de surdiagnostique de TSA chez les adultes. Encore une fois les inquiétudes des principaux intéressés N EST PAS UNE PREUVE SCIENTIFIQUE.

Et oui je suis navré mais oui je suis quelqu'un qui laisse les gens à leur place. Un spécialiste de l'autisme n'est qu'un spécialiste de l'autisme. Ce n'est pas forcément un spécialiste d'un autre trouble, ni un chercheur (en neuroscience, en génétique ou en environnement, pour faire un lien avec l'autisme) ni un spécialistes de l’épidémiologie, ni en astrophysique, ect... donc respectons les gens pour ce qu'ils sont, mais ne faisons pas des gens ce qu'ils ne sont pas.
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Re: Diagnostics adultes abusifs (A. Ouellette, J. Schovanec)

Message par misty »

FH" a écrit :Il semble y avoir, parmi les personnes non diagnostiquées autistes :

1. des personnes en questionnement, puis en processus de diagnostic, peu importe ce que ça donnera,
2. des personnes convaincues d'être autistes, et qui vont rechercher un diagnostic d'autisme,
3. des personnes qui se savent non autistes, et qui vont (ou pour qui on va) rechercher un diagnostic d'autisme (par opportunisme, parce qu'il y a plus de "privilèges" (financiers, sociaux, etc.)).
4. des personnes qui ne se doutent de rien, qui ne connaissent même pas l'existence de l'autisme, ou à peine.

Les groupes 2 et 3 sont problématiques.
Pour moi le groupe 3 représente un phénomène très marginal, j'avoue même douter un peu de son existence. A la limite ce qui pourrait me sembler plausible, ce sont des sortes d'échanges de bons procédés entre des employés présentant quelques traits autistiques mineurs et leurs employeurs (je pense notamment à certaines boites d'informatique). Remplir les quotas, soigner l'image de l'entreprise et en échange valoriser et "privilégier" un peu ces employés me parait assez "donnant-donnant" sur le principe et pas forcément éloigné de ce qu'on voit parfois en gestion RH. Il me semble que c'est un peu de ça dont il est question quand l'article mentionne le CNRS.

Par contre, pour ce qui est de la personne qui va aller chercher par exemple des prestations sociales + considération "victimisante", ce n'est certainement pas l'autisme qui me vient à l'esprit en premier. Il y a des parcours et des manières bien moins compliqués et énergivores en ce sens. Je pense notamment au SSPT qui là où je vais semble être le coup classique du diagnostic internet-TGV, et qui commence à fatiguer du monde (aussi dramatique que ce soit pour les cas "réels").


Le groupe 4, je pense en avoir côtoyé (certains étaient au CNRS justement) et pour moi il pose un gros problème de principe dans le sens où c'est certainement le plus intéressant à étudier au niveau clinique, celui qui pourrait engendrer des avancées monumentales, et pourtant c'est celui auquel on n'aura sans doute jamais accès.
Ces personnes dont je parle, avec le recul je suis certaine qu'on pourrait les diagnostiquer les yeux fermés: profils vraiment complètement hors-cadre partout où ils vont, absolument zéro compétence sociale, des stéréotypies massives et permanentes, et un mode de fonctionnement 100% obsessionnel. Pour autant, le diagnostic ils n'iront jamais le chercher ni ne se poseront même la question tellement ils "planent à 10000" comme on dit. La plupart du temps ils ne sont pas du tout autonomes mais se sont débrouillés pour réunir les conditions permettant de ne jamais avoir à le devenir (et/ou leur famille les a réunies pour eux), et toute leur vie est sur-mesure à tel point qu'ils ne se confrontent jamais vraiment à l'extérieur.
C'est un peu un genre de "prototype à la Tim Burton" (sans partir dans le diagnostic à la sauvage je le trouve parlant en ce sens). Des gens qui font leur truc dans leur coin, vivent à leur manière sans que personne ne vienne leur demander de comptes ou leur poser de questions, et qui du coup ne s'en posent aucune eux-mêmes. Quand très rarement ils sont obligés de sortir de leur mode reclus et de socialiser, ils arrivent, ils sont juste très bizarres et après ils repartent et retournent à leur isolement "équilibré". Sans se demander ni pourquoi ils sont bizarres, ni jusqu'à quel point.
C'est ce qui leur convient, ils traversent la vie comme ça, et je crois qu'ils représentent la clé de beaucoup de choses dans le TSA.

J'ai eu une discussion là-dessus avec un psychiatre récemment (hélas je n'ai pas compris de quoi il parlait sur le moment et me suis braquée), et je pense que découvrir ce qui a fait chez ces personnes que chaque situation problématique a été contournée, évitée, ou surmontée de manière "cognitivement autarcique", trouver les mécanismes qui se sont mis en place progressivement pour ne pas s'intégrer et survivre quand même, pour créer et garder un environnement tellement adapté qu'au final il éloigne du diagnostic, ça ce serait un trésor pour les jeunes et leurs familles.

Il me semble que par définition on ne tient compte que des autistes qui se sont heurtés au monde et qui en ont souffert suffisamment pour se retrouver dans un processus de diagnostic. Or ceux qui détiennent les réponses les plus intéressantes, à mon avis ce sont ceux qui ont réussi à rester parallèles à tout, en dehors des cadres, et à trouver un équilibre malgré ça. Bien sûr il y a des considérations sociales majeures (le milieu de départ et l'environnement familial, par exemple), mais pour autant je trouve très déprimante l'idée de ces "phénomènes dormants" pour la recherche et les aspects cliniques.


Pour ce qui est du sous-diagnostic évoqué par Lena Nylander concernant la population HP éventuellement encore "étiquettée CFTMEA ", je pense qu'elle n'a strictement rien à voir avec le public forums, réseaux sociaux et compagnie. Je trouve qu'il faut faire très attention à ne pas tout mélanger.
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Re: Diagnostics adultes abusifs (A. Ouellette, J. Schovanec)

Message par Tugdual »

propane42 a écrit : mercredi 4 mars 2020 à 12:43 Oui mais tant qu'on a pas d'étude, affirmer que ce problème existe c'est apporter une conclusion à partir de rien.
Je crois pourtant avoir été clair précédemment.

Nous ne sommes par contre pas d'accord sur des avis concordants de spécialistes sérieux du domaine. Leurs avis sont à priori plus pertinents que l'avis du premier quidam venu. Ils n'ont bien sûr pas le poids d'une preuve, et ne permettent pas de conclure.

On peut les ignorer en attendant leur infirmation ou confirmation, ou s'en inquiéter tant qu'on garde le recul adéquat.
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Re: Diagnostics adultes abusifs (A. Ouellette, J. Schovanec)

Message par user6375 »

Tugdual a écrit : mercredi 4 mars 2020 à 13:02
propane42 a écrit : mercredi 4 mars 2020 à 12:43 Oui mais tant qu'on a pas d'étude, affirmer que ce problème existe c'est apporter une conclusion à partir de rien.
Je crois pourtant avoir été clair précédemment.
Heu ben non pas pour moi c'est pas si clair.

Ce que je comprend de ce que tu dis dans ton lien, c'est que le fait que des spécialistes aient des présomptions suffit à accorder du crédit à leur conclusions qu'il y a un problème de surdiagnostique.

Moi ce que je dis c'est qu'on ne doit accorder du crédit à la conclusion d'une présomption QUE POUR initier des recherches. Et ce ne sont que les recherches qui devront être prise en compte pour déterminer s'il la conclusion est admissible (dans notre cas, problème de surdiagnostique chez l'adulte).
Tugdual a écrit : mardi 3 mars 2020 à 19:33 Ces éléments circulent actuellement officieusement, mais ne sont pas clairement établis
Par élément, tu parle bien des articles de presse ou blog de spécialistes dans lequel ils expriment leurs inquiétudes, ceux qui sont mis en liens dans le sujet à divers endroit ? Ou tu parle d'étude scientifiques ? Moi j'ai compris que tu parlais des articles de presse ou blog.

Dans ce contexte, si les éléments mis en avant dans les articles ne sont pas clairement établit, alors on est dans de l'hypothèse qui est au mieux à démontrer pour qu'on puisse qualifier cette situation de problématique. En l'état cette situation est indéterminée, pas problématique.

Ou alors j'ai pas compris ce que tu voulais dire par "éléments".
Tugdual a écrit : mercredi 4 mars 2020 à 13:02 On peut les ignorer en attendant leur infirmation ou confirmation, ou s'en inquiéter tant qu'on garde le recul adéquat
Je ressent peu de recule pris ici justement. La majorité des propos me donne l'impression d’admettre la conclusion qu'il existe un problème de surdiagnostique sans le remettre en question, alors que tu le dis
Tugdual a écrit : mercredi 4 mars 2020 à 13:02 Leurs avis sont à priori plus pertinents que l'avis du premier quidam venu. Ils n'ont bien sûr pas le poids d'une preuve, et ne permettent pas de conclure.
Donc
"Ils n'ont bien sûr pas le poids d'une preuve, et ne permettent pas de conclure" qu'il y a un problème de surdiagnostique !!! Le sujet de départ c'est l'expression de l'opinion de quelques spécialistes concernant leur présomption qu'il y a problème de surdiagnostique, pas d'une étude formelle qui conclu à un problème de surdiagnostique, dont il faudrait identifier les causes. Meme les commentaires de spécialistes ne valent pas les études scientifiques. J'entend bien qu'il y a de spécialistes qui s'expriment, comme le Dr. Hélène Vulser. Mais j'ai pas vu de références a des études qu'elle aurait publié formellement et qui montre que dans son centre il y a 50% de diagnostique TSA abusif.

Ou, encore une fois, j'ai pas tout compris au sujet :)

Ceci dit, dans les commentaire il y a bien une référence à une méta-analyse du Dr. Motton (de mémoire, j'arrive pas a remettre la main dessus), mais de ce que j'ai compris celui-ci à justement fait cette meta-analyse pour mettre en avant sa version du diagnostique TSA. Ce qui pour moi décrédibilise la méta-analyse du Dr. Motton (il a des intérêt à publier une telle étude, ce qui déjà est un problème de déontologie de la recherche, et l'autisme à beaucoup souffert du manque de déontologie ... sans parler de psychanalyse, je pense à une sombre histoire d'études falsifiée sur les vaccins ... dont on a très vite admis les conclusions sans prendre de recule, et on voit où on en est. Pt etre que le Coronavirus fera évoluer les gens sur la question des vaccins, mais c'est un autre sujet ...).

PS : je cherche pas la petite bête pour le plaisir, mon cerveau bloque juste sur les contradictions ...
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Re: Diagnostics adultes abusifs (A. Ouellette, J. Schovanec)

Message par Tugdual »

propane42 a écrit : mercredi 4 mars 2020 à 14:18 Ce que je comprend de ce que tu dis dans ton lien, c'est que le fait que des spécialistes aient des présomptions suffit à accorder du crédit à leur conclusions qu'il y a un problème de surdiagnostique.
Si on ne leur accorde aucun crédit, alors on ne déclenche pas de recherche approfondie, et on n'avance pas.

Donc oui, quand des spécialistes (je ne parle pas de ceux qui traînent des casseroles, façon Montagnier ou Joyeux) s'expriment, on leur accorde un minimum de crédit, ce qui ne vaut pas preuve, mais justifie d'engager des recherches approfondies quand ces avis concordants se multiplient.

Après, désolé, mais je ne sais plus comment le dire...
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Re: Diagnostics adultes abusifs (A. Ouellette, J. Schovanec)

Message par Clovis »

propane42 a écrit : mercredi 4 mars 2020 à 14:18J'entend bien qu'il y a de spécialistes qui s'expriment, comme le Dr. Hélène Vulser. Mais j'ai pas vu de références a des études qu'elle aurait publié formellement et qui montre que dans son centre il y a 50% de diagnostique TSA abusif.
Il me semble, de mémoire, qu'elle dit plutôt que 50% de ceux qui sont reçus pour un bilan dans son CRA ne relèvent finalement pas d'un diagnostic de TSA, ce qui change sensiblement le sens du propos.

On pourrait considérer que les 50% qui ressortent sans être estampillés autistes encombrent le chemin du diagnostic mais d'un autre côté à partir du moment où les CRA ne sont pas de simples commissions de validation de pré-diagnostics présentés par des professionnels compétents et que le diagnostic d'un TSA n'est pas facile à poser il n'y a rien d'anormal à ce qu'une grande partie de leurs patients ne s'avèrent finalement pas autistes.
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Re: Diagnostics adultes abusifs (A. Ouellette, J. Schovanec)

Message par freeshost »

En gros, pour réduire la catégorie 3 et autres opportunismes, nous tous (gouvernements, personnes diagnostiquées, médecins, psychologues, autres professionnels, parents, public, etc.) devons :

- arrêter de vouloir hiérarchiser/classer "tel trouble est mieux que celui...", mais développer plutôt un humanisme orienté vers l'égalité des droits humains,
- arrêter de faire de personnes ou de groupes de personnes des boucs émissaires, mais plutôt vivre, penser et parler sans bouc émissaire,
- arrêter les diagnostics de complaisance et autres "fraudes" ou "impostures" ou "corruptions", mais plutôt faire attention aux liens d'intérêts (collusions et cie :mrgreen: ),
- mieux prendre en charge tous les troubles (pour ne pas tenter certaines personnes d'aller se faire diagnostiquer autrement).
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)
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Re: Diagnostics adultes abusifs (A. Ouellette, J. Schovanec)

Message par gatony »

propane42 a écrit : mercredi 4 mars 2020 à 14:18 Ceci dit, dans les commentaire il y a bien une référence à une méta-analyse du Dr. Motton (de mémoire, j'arrive pas a remettre la main dessus), mais de ce que j'ai compris celui-ci à justement fait cette meta-analyse pour mettre en avant sa version du diagnostique TSA. Ce qui pour moi décrédibilise la méta-analyse du Dr. Motton (il a des intérêt à publier une telle étude, ce qui déjà est un problème de déontologie de la recherche, et l'autisme à beaucoup souffert du manque de déontologie ... sans parler de psychanalyse, je pense à une sombre histoire d'études falsifiée sur les vaccins ... dont on a très vite admis les conclusions sans prendre de recule, et on voit où on en est. Pt etre que le Coronavirus fera évoluer les gens sur la question des vaccins, mais c'est un autre sujet ...).

PS : je cherche pas la petite bête pour le plaisir, mon cerveau bloque juste sur les contradictions ...
La méta-analyse de Dr. Laurent MOTTRON est tout à fait sérieuse. Elle est appuyée sur une méthodologie transparente et a été publiée dans JAMA Psychiatry, revue à comité de lecture. Je ne sais pas quels gages supplémentaires sont nécessaires pour donner du crédit à une publication scientifique.

La méta-analyse montre notamment la particularité de l'évolution de la catégorie "TSA" au fil du temps, en la confrontant à celle de la population schizophrène. Elle montre de façon tout à fait fondée que les caractéristiques qui permettent notamment de catégoriser le TSA (et distinguer la population autiste de la population non autiste) ont tendance à être moins marquée dans leur expression au fil du temps. A l'inverse, avec la même méthodologie, l'évolution des facteurs qui caractérisent la schizophrénie reste stable au fil du temps.

Cela ne signifie pas directement qu'il existe des diagnostics abusifs, ni ne condamne les patients TSA ou les professionnels de santé qui posent des diagnostics. Cela signifie que le "TSA" constitue un diagnostic/une catégorie dans les troubles mentaux dont la définition a évolué pour devenir moins spécifique (ce qui est certainement normal dans la mesure où le syndrôme d'Asperger/TSA sans DI a fait son apparition de façon relativement "récente" dans les classifications). En revanche, le Dr. Laurent MOTTRON souligne l'impact qu'une évolution trop lâche de la définition de l'autisme pourrait avoir à l'avenir pour la recherche et la clinique en la matière. Notamment, le fait de "perdre le signal de l'autisme", c'est-à-dire ne plus catégoriser de façon suffisamment fine le trouble au risque de voir la différence entre population autiste et population non autiste s'effacer au plan clinique ... ce qui serait de nature à poser d'importantes difficultés dans la prise en charge médicale des patients.
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Re: Diagnostics adultes abusifs (A. Ouellette, J. Schovanec)

Message par Space »

misty a écrit : mercredi 4 mars 2020 à 12:49J'ai eu une discussion là-dessus avec un psychiatre récemment (hélas je n'ai pas compris de quoi il parlait sur le moment et me suis braquée), et je pense que découvrir ce qui a fait chez ces personnes que chaque situation problématique a été contournée, évitée, ou surmontée de manière "cognitivement autarcique", trouver les mécanismes qui se sont mis en place progressivement pour ne pas s'intégrer et survivre quand même, pour créer et garder un environnement tellement adapté qu'au final il éloigne du diagnostic, ça ce serait un trésor pour les jeunes et leurs familles.

Il me semble que par définition on ne tient compte que des autistes qui se sont heurtés au monde et qui en ont souffert suffisamment pour se retrouver dans un processus de diagnostic. Or ceux qui détiennent les réponses les plus intéressantes, à mon avis ce sont ceux qui ont réussi à rester parallèles à tout, en dehors des cadres, et à trouver un équilibre malgré ça. Bien sûr il y a des considérations sociales majeures (le milieu de départ et l'environnement familial, par exemple), mais pour autant je trouve très déprimante l'idée de ces "phénomènes dormants" pour la recherche et les aspects cliniques.
Ce sujet est très intéressant et ce passage très pertinent !
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10/2019 : diagnostic TSA (psychiatre)
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Re: Diagnostics adultes abusifs (A. Ouellette, J. Schovanec)

Message par diegoc »

Serait-ce possible de savoir où trouver cet article du professeur Mottron. Il m'intéresse. Quelqu'un pourrait-il m'en donner le lien ?
J'ai été diagnostiqué en 2012 à Cery, on m'a collé un Trouble Envahissant du Développement.
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Re: Diagnostics adultes abusifs (A. Ouellette, J. Schovanec)

Message par WinstonWolfe »

On peut le trouver ici.
(Diagnostiqué autiste en 2013, à 40 ans)
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Je sème des cailloux, ils m'échappent des doigts,
Mais je prends bien garde qu'ils ne mènent à moi.
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Re: Diagnostics adultes abusifs (A. Ouellette, J. Schovanec)

Message par olivierfh »

misty a écrit : mercredi 4 mars 2020 à 12:49profils vraiment complètement hors-cadre partout où ils vont, absolument zéro compétence sociale, des stéréotypies massives et permanentes, et un mode de fonctionnement 100% obsessionnel. Pour autant, le diagnostic ils n'iront jamais le chercher ni ne se poseront même la question tellement ils "planent à 10000" comme on dit. La plupart du temps ils ne sont pas du tout autonomes mais se sont débrouillés pour réunir les conditions permettant de ne jamais avoir à le devenir (et/ou leur famille les a réunies pour eux), et toute leur vie est sur-mesure à tel point qu'ils ne se confrontent jamais vraiment à l'extérieur.
[...] Quand très rarement ils sont obligés de sortir de leur mode reclus et de socialiser, ils arrivent, ils sont juste très bizarres et après ils repartent et retournent à leur isolement "équilibré". Sans se demander ni pourquoi ils sont bizarres, ni jusqu'à quel point.
C'est ce qui leur convient, ils traversent la vie comme ça, et je crois qu'ils représentent la clé de beaucoup de choses dans le TSA.
Space a écrit : mercredi 4 mars 2020 à 21:37Ce sujet est très intéressant
En effet. L'espoir et l'idéal pour les autistes. Merci pour la description. :bravo:

diegoc a écrit : jeudi 5 mars 2020 à 3:47Serait-ce possible de savoir où trouver cet article du professeur Mottron.
La référence d'origine est ici (Rødgaard 2019).
TSA de type syndrome d'Asperger (03/2017) + HQI (11/2016).
4 enfants adultes avec quelques traits me ressemblant, dont 1 avec diagnostic TSA et 1 au début du parcours de diagnostic.