Ces derniers mois, l'un de mes «bugs sociaux» les plus redondants consiste à fréquenter des bibliothèques anciennement lieu de travail / stage, et se triturer le cerveau de longues minutes en songeant à la salutation des anciens collègues.
En effet, il arrive bien souvent qu'ils soient auprès d'une tierce personne au moment où j'arrive. Et d'un côté, je ne veux pas les déranger. Mais d'un autre, je ne veux surtout pas qu'ils s'imaginent que je les ignore (on se connaît, et ils ont toujours été très gentils avec moi, donc je ne veux pas leur manquer de respect)
Du coup je fais quoi ?
Quand et comment doit-on dire «Bonjour», sapristi ? Si la cible est occupée, dois-je m'arrêter, attendre qu'elle soit libre, et potentiellement prendre le risque d'«imposer» ma présence et de lui mettre la pression ? (Surtout que je dois avoir l'air ridicule à rester plantée comme un piquet au milieu de la pièce)
Ou inversement, faut-il s'éclipser dès le départ, mais s'exposer au risque de passer pour une personne froide et malpolie ?
Chacun de ces comportements présente ses avantages et ses inconvénients, de telle manière qu'il m'est impossible de trancher et de garder une attitude cohérente. Je me retrouve alors dans un entre-deux assez inconfortable où je tourne en rond dans les rayons de la bibliothèque pour tenter de résoudre cet épineux problème
Il m'arrive même de mettre en place des stratagèmes plus ou moins fumeux :
- faire semblant d'être occupée à regarder les livres, tout en gardant mes ex-collègues en ligne de mire en attendant de pouvoir leur parler (je me demande s'ils réalisent à quel point c'est artificiel comme technique ?
)
- entrer dans le bâtiment et m'atteler immédiatement à mes occupations sans daigner m'arrêter (avant de culpabiliser, et donc saboter mon capital concentration sur les activités pour lesquels j'étais initialement venue
)
- leur faire un signe non-verbal discret. Tellement discret que personne ne le remarque (
*
ajoutez un croassement de corbeau en bruit de fond pour une scène parfaite*) si ce n'est quelques usagers désireux de savourer mon instant de solitude.
Le pire fut sans doute ce moment mythique où on m'encouragea à saluer ceux qui étaient restés en interne. Dans un élan de courage, je montai donc en direction des bureaux, entra dans la salle d'équipement pour y hululer un «Bonjouuur !» triomphant... avant de réaliser que je venais de les déranger en pleine réunion