Documents de référence :
http://forum.asperansa.org/viewtopic.php?f=6&t=5499
http://www.has-sante.fr/portail/upload/ ... utisme.pdf
http://www.has-sante.fr/portail/upload/ ... ntaire.pdf
L’évaluation du fonctionnement intellectuel et cognitif reposant sur l’usage de tests
d’efficience intellectuelle met en perspective certaines limites, car leurs modalités
d’administration auprès d’adultes avec autisme dérogent souvent aux normes habituelles
requises en situation de testing. L’interprétation du quotient intellectuel devient fragile, et les
résultats doivent être maniés et interprétés avec prudence. De plus, l’hétérogénéité des
profils cognitifs rencontrés chez ces personnes créée des difficultés supplémentaires, et il
devient nécessaire d’individualiser la démarche de test.
La situation habituelle de test sollicite une multitude de fonctions cognitives :
le raisonnement par analogie ;
la « théorie de l’esprit » (aptitudes à mentaliser les pensées et les sentiments des
autres) ;
la cohérence centrale (la tendance à assembler les choses, à les considérer comme des
sous-éléments dans un même tout) ;
les fonctions exécutives (planification, motivation, contrôle des impulsions, perception
interne de la notion de temps) ;
la capacité d’organisation visuo-spatiale.
Toutes ces activités mentales peuvent être sources d’obstacles importants pour les
personnes atteintes d’autisme avec retard mental, et ont pour conséquence des échecs à
certains stades du test. La réussite à certains subtests dépend du facteur temps, alors que
les personnes avec autisme ont d‘importantes difficultés pour appréhender le concept de
temps, cela constitue en conséquence une difficulté supplémentaire, et nourrit des
sentiments d’échec et de panique. De même, quand est évalué le niveau intellectuel au
moyen de tests d’efficience, les subtests constituant l’échelle verbale ne sont pas
suffisamment adaptés. En ce qui concerne les subtests qui permettent l’évaluation du
quotient de performance, ces derniers requièrent des schémas de compréhension élaborés.
Ils font appel à une intelligence logicomathématique, spatiale et temporelle, et les consignes
données impliquent que le sujet testé puisse faire des inférences concernant ce que
l’examinateur attend de lui. Les tests « classiques » utilisés pour l’évaluation des
compétences intellectuelles quantifient les résultats obtenus par l’échec ou par la réussite. Il
n’existe pas de cotation intermédiaire, et le nombre d’essais est limité. Les limitations
constatées proviennent également d’un matériel inapproprié et d’un environnement
insuffisamment adapté au plan des stimuli sensoriels. Les consignes données sont
majoritairement verbales, et l’utilisation renforcée d’indices visuels demeure insuffisante pour
permettre à l’adulte avec autisme d’accéder à la compréhension des consignes ainsi que
pour mobiliser ses capacités attentionnelles.
3.1.3 Peu d’outils spécifiques standardisés
Peu d’outils sont traduits en français et, encore moins, sont validés en français. La validation
en langue anglaise ne préjuge pas de la validation en langue française.
Il existe des personnes pour lesquelles on peut se référer aux outils ayant été utilisés pour
poser le diagnostic pendant l’enfance, puisque la période classique d’apparition des troubles
se situe avant 3 ans.
Mais, il existe encore des personnes pour lesquelles aucun diagnostic n’a été posé
préalablement, et donc les informations sont à recueillir sur la période de l’enfance parfois
lointaine ou dans le cadre de l’observation actuelle.
Notons enfin une difficulté particulière pour les personnes adultes déficitaires. Il y a peu
d’outils diagnostiques et peu d’outils d’évaluation du fonctionnement actuellement
disponibles pour ces personnes.
La démarche comporte deux versants :
un diagnostic médical selon les critères des classifications internationales (CIM10, DSMIV-TR)
;
des évaluations du fonctionnement permettant d’apprécier les ressources d’une
personne pour l’élaboration du projet personnalisé.
Pour les personnes hors établissements médicalisés
Il existe des outils d’autorepérage par quizz-test disponibles sur internet (par exemple : le
questionnaire d’Attwood) et diffusés par les médias. Mais ces outils manquent de spécificité,
et peuvent conduire les personnes à des erreurs diagnostiques. C’est pourquoi le groupe de
travail insiste, dans cette population, sur l’importance d’un repérage accompagné par un
professionnel.
Certains outils diagnostiques, traduits en français mais non validés en français, sont utilisés
en pratique pour le repérage. Pour les autistes de haut niveau, l’Autism Spectrum Quotient
(AQ) (11), l’Empathy Quotient (EQ) (12), le Systemizing Quotient Revised (SQ-R) (13),
peuvent être utilisés en questionnaire de dépistage, en attendant la validation du diagnostic
(Tableau 4) (Annexes 6 – 7). L’AQ peut également être utilisé pour le repérage de traits
autistiques chez les apparentés.
Une version française des questionnaires AQ, EQ et SQ pour les adolescents de 12 à 18
ans est en cours de validation (14).
Recommandations de pratique clinique
Destinées à tous les acteurs qui participent au diagnostic (cf 1.3)
Le recueil des éléments cliniques doit tenir compte des comportements dans divers
contextes et, de ce fait, il doit inclure des observations directes ou rapportées par les
différents intervenants.
Destinées aux psychiatres et aux psychologues
Le diagnostic comprend une anamnèse portant sur l’enfance (début des TED avant l’âge de
3 ans dans les formes typiques) et sur l’évolution de la symptomatologie aux différents âges
de la vie.
Le diagnostic clinique est précisé par l’utilisation d’outils standardisés qui seront choisis selon
les possibilités du sujet (Tableau 5).
En l’état actuel des pratiques, malgré les limites des outils, il est proposé en fonction des
situations d’utiliser les échelles suivantes : l’ADI-R, l’ADOS, l’AAA, CARS.
► Diagnostic différentiel des TED chez l’adulte
Schizophrénie
Le diagnostic différentiel entre la schizophrénie et le syndrome d’Asperger, plus fréquents
chez les sujets masculins, n’est pas toujours aisé parce que (66) :
l’altération des interactions sociales peut être difficile à distinguer des périodes de retrait
observées dans la schizophrénie ;
les personnes avec un syndrome d’Asperger ont un contact singulier du fait de leurs
difficultés à exprimer leurs émotions de façon adaptée. L’absence apparente d’affects, la
rareté du contact visuel et le manque d’expressivité de leur faciès, peuvent donner une
impression de bizarrerie qui peut être prise à tort pour la discordance de la
schizophrénie ;
l’altération des capacités de communication dans le syndrome d’Asperger avec un
langage verbal singulier, peu informatif, le fait que des sujets ont beaucoup de mal à
comprendre les indices verbaux et non verbaux permettant de participer à la
conversation en tenant compte de l’interlocuteur, le fait que leur discours peut sembler
hermétique, émaillé de néologismes et d’explications étranges. Ces signes peuvent
s’apparenter aux troubles de la pensée caractéristiques de la schizophrénie.
Un certain nombre d’éléments peuvent aider au diagnostic différentiel :
l’isolement social est présent dans les deux pathologies, mais les personnes atteintes de
syndrome d’Asperger peuvent développer des relations de meilleure qualité avec autrui,
notamment avec des conversations récurrentes sur les thèmes qui les intéressent. Leur
discours reste bien organisé autour de thèmes précis ;
le langage a des aspects particuliers dans le syndrome d’Asperger. Les difficultés sont
essentiellement centrées sur les aspects pragmatiques du langage. Les difficultés de
compréhension du second degré, le manque d’imagination, les questions incessantes
sont particulièrement fréquents dans le syndrome d’Asperger. Le discours foisonne de
détails et se transforme en un monologue interminable.
Spek et al. ont rapporté des points communs et des différences entre autisme et
schizophrénie, observés à l’aide de l’Autism Spectrum quotient (AQ) et du Schizotypal
Personality Questionnaire (SPQ), à partir d’une étude portant sur 21 sujets avec autisme
appariés à 21 sujets avec schizophrénie (67). La comparaison des résultats à l’AQ et au
SPQ a montré principalement que :
les sujets avec autisme avaient plus de difficultés pour les compétences sociales, la
flexibilité attentionnelle et la communication ;
les sujets schizophrènes avaient plus de caractéristiques de dimension positive de
schizotypie ;
cependant, de toutes les sous-échelles de l’AQ et du SPQ, seules les compétences
sociales et la dimension positive de la schizotypie étaient utiles pour différencier les
deux groupes de sujets.
Troubles de la personnalité (schizoïdie, schizotypie, personnalité obsessionnelle-compulsive,
etc.)
Certains troubles de la personnalité peuvent être difficile à distinguer d’un TED.
Ainsi :
la personnalité schizoïdie, avec détachement des relations sociales et restrictions de la
variété des expressions émotionnelles ;
le trouble schizotype, avec déficit social et interpersonnel, gêne aiguë et compétence
réduite dans les relations proches, distorsions cognitives et perceptuelles, conduites
excentriques, (idées de référence) ;
la personnalité obsessionnelle-compulsive, avec lutte anxieuse contre les obsessions.
Troubles du langage de type expressif ou mixte
Chez l'adulte, tout comme chez l'enfant, les troubles de la communication et du langage des
TED sont à différencier des troubles spécifiques du développement du langage et de la
parole tels que la dysphasie sémantico-pragmatique ou la dysphasie réceptive.
► Limites du diagnostic
Le diagnostic peut être méconnu par insuffisance de formation des professionnels, surtout
chez les personnes avec TED autonomes.
Le diagnostic peut être techniquement difficile, en raison des limites des outils aux deux
extrémités du spectre. Les outils diagnostiques sont peu discriminants dans le cas où le
retard mental est important et l’intensité des mécanismes autistiques est faible.
► Annonce des résultats diagnostiques et d’évaluations
L'annonce nécessite généralement d'informer des résultats la personne, sa famille et/ou le
représentant légal de la personne. Ceux-ci doivent pouvoir être accompagnés dans la lecture
des informations.
Chez l’adulte, l’annonce des résultats nécessite de prendre en compte la complexité
fréquente des relations au sein de l’entourage de vie du sujet. Souvent, les situations
témoignent de trajectoires cahotiques avec rupture multiple de liens soit affectifs, soit
sociaux (parents séparés, perte de relations, structures alternatives de vie dans le même
temps, suivi médical précaire, etc.).
Une attention particulière sera apportée à discerner dans le respect de la loi les
correspondants, notamment médicaux, aptes à exploiter les données fournies.
Les principaux diagnostics différentiels des TED chez l’adulte sont la schizophrénie, des
troubles graves de la personnalité et des troubles du langage de type expressif ou mixte.
Il est recommandé de réévaluer régulièrement le diagnostic, porté d’autant plus sur des
trajectoires longues.
Ce n'est pas moi qui l'invente : votre diagnostic, sans suivis adéquat, il vaut rien.
Les recommandations HAS sont la base de discussions pour parler du diagnostic. Depuis genre ... Tout le temps ici.
Si les outils standardisés ne sont pas utilisés, votre diagnostic ne tiens pas face a un collège de psychiatres. Il faut le refaire.
Le diagnostic doit être réévalué après un certain temps.
Le diagnostic TED n'est pas définitif dans sa forme.
Le diagnostic TED est spécifique a la personne, a contextualisé dans son histoire (anamnèse) et sont état actuel, face a l'état de l'art.
Le différentiel est donné ici et il est clair.
Retour sur un précédent post :
http://forum.asperansa.org/viewtopic.php?f=6&t=4773
Mars a écrit :Je confirme que ce sujet, dont Had dit, d'entrée, que c'est un "sujet chaud", est celui où les échanges sont les plus vifs.
Rien ne t'oblige, Laurent, à le fréquenter.
Tu es le bienvenu sur le forum, aspie avec étiquette, aspie auto-diag ou pas aspie du tout.
Surtout si tu es là pour essayer de mieux te connaître en échangeant avec les autres.
Tu as pu remarquer que la plupart des membres affichent leur "couleur de diag" en signature. Je trouve cela très sain, tu sais ainsi avec qui tu échanges, en connaissance de cause.
Ceci dit, sachant le retard de la France en matière de diagnostic, il est parfois légitime de s'interroger sur la qualité de certains d'entre eux. Mais c'est un autre débat.
Aspie "cru 2014".