Murielle a écrit :
Et toi Jonquille, est-ce que Mystério te disait les choses?
Pour mysterio, je dirai que tant que les choses se passaient bien, il racontait. Dès que c'était négatif, il se taisait.
Exemple : à son entrée en maternelle, il était déjà différent et bien sûr, je me faisais un peu de soucis pour l'intégration à l"'école. Alors, pendant toutes les grandes vacances qui ont précédées la rentrée, je n'ai cessé de lui dire que l'école, c'était super, qu'il se ferait plein de copains ( comme j'étais naïve !

), qu'il apprendrait plein de choses nouvelles, etc, etc.
Donc, dès la rentrée, mysterio rentrait apparemment content de ses journées, et me racontait tout ce qu'il avait fait... jusqu'au jour où je vis la maîtresse et qu'elle me dit que jamais elle n'avait vu un enfant aussi isolé que mysterio : il ne participait à rien, ni au travail, ni aux jeux et ne se mêlait jamais avec les autres enfants, même quand il y avait des goûters d'anniversaire ( pourtant, événement qui d'ordinaire arrivait à " décoincer " les élèves les plus timides.. ). Il ne parlait pas, ne faisait rien, restait impassible à tout.. Cela s'est débloqué petit à petit. Bref, j'ai compris que mysterio me racontait ce que moi j'avais envie d'entendre...
Au primaire, à part au cp où il se plaignait constamment qu'il s'ennuyait, il n'y a pas eu de vrais problèmes et donc, il me racontait vraiment ce qu'il faisait... mais ne se plaignait jamais quand il était en situation difficile, comme par exemple en récréation, où là encore, j'ai appris par d'autres que c'était difficile pour lui...
Au collège, cela a été le mutisme total. La seule chose qu'il arrivait à me dire est que c'était tellement dur qu'il préférait mourir plutôt que de continuer à aller à ce collège... Bref, je ne vais pas de nouveau raconter son parcours.
Donc, pour conclure, je dirai que mysterio me disait les choses agréables, et se taisait dès que c'était trop difficile pour lui.
Maintenant, je lui ai tellement rabâché qu' il ne devait jamais se trouver victime de quoi que ce soit sans en parler, qu'il dit les choses plus facilement.
Pour ce qui est du fait que les jeunes le traitaient d' handicapé après l'intervention de la directrice au dernier collège qu'il a fréquenté, il n' y en eut pas beaucoup, et pour lui, en général, cela a amélioré ses relations avec les autres.
Dire que l'autisme n'est pas un handicap me fait aussi réagir. Oui, je sais que cela peut ne pas plaire aux personnes concernées. Le mot handicapé est souvent très subjectif.. Et nos enfants sont effectivement plein de ressources et ont énormément d'atouts ( j'ai souvent pensé que c'étaient les autres qui étaient parfois plus handicapés que mysterio ! ) et de potentiels...
Cependant, quand on voit toutes les difficultés qu'ils doivent surmonter, et ceci toute leur vie, il m'est difficile de ne pas considérer l'autisme comme un handicap. Et il n'y a rien de péjoratif dans mes propos.. Quelqu'un d' excessivement timide est aussi handicapé. Quelqu'un qui bégaie l'est aussi. Bref, pour moi, dès que quelqu'un doit surmonter des difficultés qui sont dûs à une particularité qui lui est propre mais pour lequel il ne peut rien, c'est un handicap.
Oui, Mars, tu as raison : seul dans sa chambre, l'autiste n'est pas handicapé : c'est sans doute pour cela que mysterio y passe autant de temps !
