Quelle est votre relation au travail?

[meili]

On dévie un peu du sujet mais certains autistes sont tout à fait capable de soutenir plusieurs conversations en même temps à partir du moment où elles sont bien dissociées, j'ai des souvenirs sympathiques de discussions sous cette forme en Café.

Je le sais: mon compagnon est autiste Asperger et est plus doué que moi à ce niveau là
Je n'aime pas du tout quand on me pose une question alors que je suis au téléphone avec quelqu'un d'autre (même si c'est une de ces petites musiques d'attente en fait...) par exemple. Mais le réel problème pour moi est d'abord de trouver quelque chose à dire et ensuite d'oser le dire car j'ai toujours l'impression d'être en hors-sujet.

[meili]

Puis ils ont voulu me donner des responsabilités techniques. Ok. Puis humaines. Pas ok.

Est-ce qu'il est possible de tout bonnement refuser ce genre de "promotion"?
Tes collègues étaient au courant que tu es autiste ou pas?

Dans les toutes petites sociétés, le social est primordial, pas moyen de rester semi anonyme comme dans les méga trusts.

Combien y avait-il de personnes dans cette toute petite société?
Dans les grosses boîtes on a quand même plusieurs collègues avec qui il faut travailler en équipe...tu as trouvé qu'ils étaient finalement moins nombeux que l'ensemble des employés de la petite société c'est ça?

Je ne sais pas quel est ton travail exactement mais peut être que travailler dans une microentreprise qui vient à peine de se créer serait une solution: tu aurais tout le temps de t'habituer aux 2 ou 3 personnes et eux aussi.

[Manichéenne]

Est-ce qu'il est possible de tout bonnement refuser ce genre de "promotion"?

Même avec de bonnes capacités de communication, ç'aurait été difficile.

Tes collègues étaient au courant que tu es autiste ou pas?

Je ne l'étais pas moi-même.

Dans les toutes petites sociétés, le social est primordial, pas moyen de rester semi anonyme comme dans les méga trusts.

Combien y avait-il de personnes dans cette toute petite société?
Dans les grosses boîtes on a quand même plusieurs collègues avec qui il faut travailler en équipe...tu as trouvé qu'ils étaient finalement moins nombeux que l'ensemble des employés de la petite société c'est ça?

Moins de 40 personnes. (je sais, c'est pas super petit, mais par rapport à 100.000...)
Travailler en équipe n'impose pas les mêmes contraintes sociales dans une grosse boite que dans une petite. Dans une petite structure, celui qui part seul tous les midi est mal vu. Dans une grosse structure, plein de gens ont des collègues dans d'autres services ou d'autres équipes, avec qui ils prennent les pauses café/repas, donc l'absence d'une personne est moins remarquée. En plus, en petite société, tout se sait, il y a des repas avec tout le monde ou presque, etc. Les RH tentent plus volontiers d'avoir une bonne ambiance, de souder les gens et de faire aimer l'entreprise à un petit groupe travaillant ensemble qu'à des milliers de numéros répartis sur des dizaines ou centaines de sites. Et ça passe par des regroupement sociaux fort désagréables.

Je ne sais pas quel est ton travail exactement mais peut être que travailler dans une microentreprise qui vient à peine de se créer serait une solution: tu aurais tout le temps de t'habituer aux 2 ou 3 personnes et eux aussi.

Ca impliquerait une réorientation. Même dans l'informatique, il y a de très nombreux domaines. Les microentreprises ne gèrent pas les échanges de millions de données, et n'ont pas un poste uniquement pour la maintenance applicative.

[Mariemento]

Je suis professeure de français. J'ai la chance d'avoir pu travailler dans un domaine qui fait partie de mes intérêts spécifiques : les mots et la littérature. De plus, je trouve que travailler avec les enfants est bien plus facile qu'avec les adultes (ils ont moins de sous-entendus, moins d'implicite). Du coup, je ne travaille pas que "pour le salaire" (c'est à débattre car ce salaire, j'en ai besoin pour vivre), mais aussi parce que ça me passionne.
De plus, comme j'ai beaucoup souffert à l'école, je me suis donnée comme mission d'aider au maximum mes élèves pour adoucir un peu cette période délicate. Je me suis un peu "spécialisée" dans les classes à projets (c'est un hasard au départ, puis les chefs d'établissement m'en ont confié chaque année), c'est à dire les classes pour élèves en situation de handicap ou en détresse scolaire.
Ce qui est pénible, par contre, c'est le vacarme de la salle des profs, et les interactions avec certains collègues (notamment les stupides qui pensent encore que "il faut que jeunesse se passe" quand il y a des problèmes de harcèlement, ou qui refusent d'appliquer quelques éléments simples pour aider les élèves en difficultés). De plus, j'ai du mal à "faire la conversation". Quand je suis au travail, je parle travail et c'est tout. Je me suis rendue compte que défendre les élèves pouvait me donner une énergie folle et me faire faire des choses que je n'imaginais pas possible (comme rentrer en conflit avec une collègue qui a traité mes élèves de "stupides qui n'arriveront à rien")...

Bref... je pense que le travail peut devenir un plaisir s'il est associé à un intérêt restreint, mais qu'il peut très vite devenir une souffrance.

[freeshost]

Je suis professeure de français.

De plus, comme j'ai beaucoup souffert à l'école, je me suis donnée comme mission d'aider au maximum mes élèves pour adoucir un peu cette période délicate.

On écrit je me suis donné parce que, dans cette phrase, me est COI. Le COD, après d'aider au maximum mes élèves, est après le verbe.

Par contre, on peut écrire je me suis donnée si me est COD, comme dans la phrase suivante :

Je me suis donnée à lui.

Je me suis rendue compte que défendre les élèves pouvait me donner une énergie folle et me faire faire des choses que je n'imaginais pas possibles

possibles



Mais il est vrai que les enseignants ne devraient pas proférer des propos fatalistes tels que "Tu ne seras jamais qu'un bon à rien." à cause de l'effet Rosenthal (entre autres prophéties auto-réalisatrices).

[Mariemento]

On écrit je me suis donné parce que, dans cette phrase, me est COI. Le COD, après d'aider au maximum mes élèves, est après le verbe.

Par contre, on peut écrire je me suis donnée si me est COD, comme dans la phrase suivante :

Je me suis donnée à lui.

c'est le verbe être.
On accorde le participe passé avec le sujet lorsque l'auxiliaire est être, avec le COD placé avant lorsque l'auxiliaire est avoir. le sujet est "je", hors je suis une femme.

Je me suis rendue compte que défendre les élèves pouvait me donner une énergie folle et me faire faire des choses que je n'imaginais pas possibles


possibles

On accepte les deux, car on accepte l'accord avec choses, ou le fait de possibilité.

Il m'arrive souvent de faire des fautes, surtout quand je tape. C'est pourquoi je ne me permets jamais de remarques sur les fautes des autres... Peut-être devriez-vous en faire autant, surtout quand vous soulignez des fautes qui n'en sont pas.
Et ce n'est pas l'objet du topic.

[meili]

De plus, je trouve que travailler avec les enfants est bien plus facile qu'avec les adultes (ils ont moins de sous-entendus, moins d'implicite)

Ce n'est pas difficile de gérer autant de jeunes?

[freeshost]

Juste pour terminer :

On accorde le participe passé avec le sujet lorsque l'auxiliaire est être, avec le COD placé avant lorsque l'auxiliaire est avoir.

- explications et exercices.

[Mariemento]

itation:
De plus, je trouve que travailler avec les enfants est bien plus facile qu'avec les adultes (ils ont moins de sous-entendus, moins d'implicite)


Ce n'est pas difficile de gérer autant de jeunes?

Je trouve ça plus facile de gérer 30 sixièmes que deux collègues profs . Mais par contre, je ne sais pas expliquer comment je fais. Cela fonctionne, depuis que j'ai commencé à enseigner, tous les ans, ça fonctionne et je ne sais pas pourquoi. La salle de classe est un endroit où je me sens bien...
Ma psychologue dit que c'est pare ce que je m'y sens utile. Elle a sans doute raison.

[freeshost]

Ouais, c'est clair qu'aider des enfants à apprendre est plus utile que vendre du coca.

Bon, par contre, gérer trente enfants, je ne pourrais pas. Une dizaine au maximum, s'il vous plaît !

[meili]

Je trouve ça plus facile de gérer 30 sixièmes que deux collègues profs . Mais par contre, je ne sais pas expliquer comment je fais. Cela fonctionne, depuis que j'ai commencé à enseigner, tous les ans, ça fonctionne et je ne sais pas pourquoi.

Dans mes options pour la suite de mon orientation il y a professeur des écoles. J'ai failli faire une licence 3 de sciences de l'éducation mais je me suis dit que ça me fermait trop de porte. Je vais donc valider ma licence 3 de gestion ( car à l'issue de celle-ci je peux soit continuer en gestion/commerce soit tenter le master MEEF pour passer le concours et c'est plus simple si un jour je souhaite me reconvertir...)

Ce qui me dérangerait dans ce métier c'est de ne pas forcément réussir à tenir ma classe (en plus des problèmes relationnels avec les autres enseignants...sachant que dans le 1er degré il y a surtout des femmes et que beaucoup d'entre nous sont très douée pour faire des histoires... Mais bon à la limite, même si il y a de plus en plus de projets inter-classes, ça ne représente pas la majorité du temps de travail). Et puis de nombreux professeurs me déconseillent vivement ce métier à cause du côté financier et "de la jeunesse d'aujourd'hui" (il faut les excuser, je sais que ces personnes se sont vues agressées par leurs élèves.)

Ce qui me plait par contre c'est que l'on est utile, que c'est varié, que l'on peut monter des projets pédagogiques innovants, faire attention aux élèves en difficulté et sensibiliser les jeunes à diverses problématiques civiques. Un autre point est que je pense que le directeur ne fait pas de réprimandes aux enseignants sur leur façon de faire classe (je ne supporte pas les réprimandes: j'y pense pendant toute la journée...) . C'est peut-être faux.

J'aurais aimé travailler quelques heures par semaine dans un établissement scolaire pour voir si ça me conviendrait (soutien scolaire/ garderie/ cours de chinois) mais je suis enceinte alors cela n'est pas possible. Pour les cours de chinois j'ai hésité à faire des candidatures spontanées: ça ne doit pas être inscrit dans le projet pédagogique de beaucoup d'écoles que de faire une initiation au chinois...Et les budgets des écoles privées sont serrés.

[Mariemento]

Un autre point est que je pense que le directeur ne fait pas de réprimandes aux enseignants sur leur façon de faire classe (je ne supporte pas les réprimandes: j'y pense pendant toute la journée...) . C'est peut-être faux.

Ca dépend des directeurs, mais, quoi qu'il en soit, tous les ans tu as un entretien avec le Directeur (on appelle cela la note administrative) qui peut être très stressant. Mais c'est pas longtemps sur l'année. Moi je vois beaucoup mes Directeurs à cause des classes pour élèves en situation de handicap, mais en dehors de ça, si tu fais bien ton travail, il n'y a pas de raison d'être réprimandée. Ce sont plus les parents qui nous tombent dessus, mais parce qu'ils sont inquiets, pas parce qu'ils nous en veulent personnellement.

[jutana]

... j'ai déjà lu que des professionnels se faisaient "taper sur les doigts" par leur hierarchie ( parfois à tort c'est dommage ) ... c'est quoi l'echelle de "tapage" ?

[Mariemento]

Ca dépend des directeurs.
J'ai eu un directeur qui était pervers manipulateur narcissique. Avec lui ça a été très dur (j'ai failli changer de métier). On se faisait humilier devant les parents, les élèves, etc... Impossible de travailler en équipe car il montait les gens les uns contre les autres....
Et l'année dernière j'ai eu un directeur exceptionnel, bienveillant mais capable de dire quand il n'était pas d'accord sans jouer les chefs.

Il faut savoir que notre directeur n'est pas notre supérieur hiérarchique, en revanche il a un grand pouvoir de nuisance (emploi du temps, niveau, etc...).

[Crépuscule]

J'avais aussi créé un sujet à ce propos :

http://forum.asperansa.org/viewtopic.php?f=8&t=6289

Si j'avais un conseil à donner, ce serait de s'interroger sur la finalité du travail que l'on envisage : en quoi ce travail est-il utile aux autres, qu'apporte-t-il au monde qui m'entoure, à la société ? Au-delà du salaire qu'il rapporte.

Pour éviter de se retrouver plus tard avec des questions existentielles, de se sentir mal avec ça si cet emploi n'est pas en accord avec ce qu'on est, ce que l'on veut.
Mais peut-être l'éthique est-elle souvent un luxe, que certains choix sont dictés par les événements, qu'on fait ce qu'on peut avec ce qu'on est ?

Personnellement si j'ai commencé à travailler, c'est parce que j'y ai été obligé, étant été au chômage pendant longtemps après ma scolarité (chaotique), on vous pousse à chercher du travail. On ne voulait de moi nulle part jusqu'à ce que j'ai fait une formation pour un métier "manuel" où il y avait pénurie (imprimerie). N'ayant hérité de rien, ni argent ni statut ou réseau social, pistonage, copinage etc...
Au niveau des satisfactions, cela me laisse le sentiment de ne pas marcher sur la vie des autres et de gagner la mienne honnêtement. Je n'ai jamais couru après l'argent.

Au niveau des doléances, je participe à une entreprise polluante, j'ai honte de ça, cela me pose problème, d'autant plus que l'on triche à tous les niveaux, traitement des déchets, gaspillage et aussi droits humains, les miens ne sont pas respectés mais je sais qu'il y a des choses que je dois accepter au risque de perdre cet emploi. Et la finalité, à part produire des revenus (en particulier pour le patron ^^) elle m'échappe en grande partie, de la pub que je n'aime pas, des imprimés commerciaux, pour vendre coûte que coûte des produits inutiles au mépris des gens, parfois même de leur santé...
Donc en gros ça produit du vent, ça broie les êtres humains et ça pollue pour rien et puis participe à un système économique qui rend les riches toujours plus riches où la médiocrité est récompensée...

Et puis travailler dans le vacarme des machines, ce qui me pose de gros problèmes de concentration, d'autant que le métier en demande beaucoup et à penser à beaucoup de choses en même temps. En plus avec souvent la radio qui gueule et qu'on m'impose, avec de la pub et des jingles insupportables toutes les 5 min et puis toujours les mêmes musiques de ch. parfois plusieurs fois par jour...


C'est une expérience comme une autre
Après on voudrait que je sois zen 24h sur 24

J'aimerais avoir plus de facilité, de souplesse pour en changer et puis les capacités sociales aussi...