Je vous trouve bien anxieux et agités dis-donc !
Bon, je vais essayer d'apporter de l'eau au moulin (sans noyer personne). Je n'ai pas lu ces livres de près mais me suis renseignée un peu avant d'écrire.
Stef, fais toi conseiller de bonnes lectures qui t'aideront vraiment dans ta compréhension de l'autisme, pas des trucs qui datent et dont on a prouvé qu'ils étaient un ramassis d'inepties.
A te lire Nath on croirait qu'il y a des bonnes lectures et des mauvaises. C'est l'impression que ça donne mais c'est peut-être pas ce que tu voulais dire, hein.
Personnellement sur cette question, et sur cette controverse un peu futile à mon goût qu'on fait autour du bonhomme : je pense qu'il y a des lectures, seulement. C'est à force de qualifier des livres de bons ou mauvais qu'on ne les lit plus, ils finissent par nous faire peur avant même de les ouvrir. Combien de personnes ressentiraient de la peur face à.. mein kampt par exemple ! (hop le point goldwin

en même temps Bettelheim fait référence à l'expérience des camps..). Il peut y avoir de bonnes idées dans un livre que l'on juge mauvais sur l'ensemble. A trop vouloir catégoriser, faire une généralité, on oublie les finesses d'un système qui n'a pas toujours la prétention d'être à 100% cohérent et opérable. Déjà il faudrait que l'on me prouve qu'un système (qu'il soit psychologique, philosophique, scientifique, etc) peut l'être tout à fait.
Ce que je veux dire c'est que je crois qu'il n'y a pas tout à rejeter chez Bettelheim, comme chez Freud, comme chez beaucoup d'autres, et chacun est libre de faire le tri entre différentes théories et différentes pratiques. Bettelheim a semble-il solutionné certains problèmes chez certains enfants, pas tous, aujourd'hui ses thèses auraient besoin d'être rafraîchies par les changements sociologiques opérés ces 20 dernières années, bien sûr. Mais ce qu'il reprend à Kanner me semble encore valable
dans certains cas. Il y a des parents froids, c'est aussi une réalité. Et je ne veux pas dire par là qu'ils sont froids parce que distants, ou froids parce que pas aimant, non, on peut être distanciés sans être froid émotionnellement, on peut être aimant et froid. On peut aimer son enfant et paraître froid envers lui, comme une certaine peur, c'est une histoire de communication je crois...
Je me souviens avoir fait du babysitting de petits et grands voire très grands, et notamment dans la famille. Bien sûr ce n'est pas comparable d'avec avoir un enfant, ok. Mais permettez une analogie. Et bien.. personnellement j'ai toujours été froide émotionnellement même si j'essayais de m'appliquer avec ces enfants. Il me faut du temps, beaucoup de temps pour m'habituer à la présence d'un enfant, dont il n'est pas toujours évident de cerner les besoins et les émotions. (Mais je souhaitais le garder pour autant, ce petit dans la famille, je trouve ça passionnant). Seulement pendant que moi je m'habitue à lui, lui il attend, et me témoigne moins d'affection. J'ai mis deux mois pour ressentir de l'attachement à ce petit que je gardais, je m'étais forcée à m'intéresser à son monde, si étrange, si différent du mien, incommensurable, comment communiquer ? Bon ok on fait "coucou je me cache", mais après ? Et après on fait quoi ? Je me sentais mal face à ce petit homme, oui.
Sur la croyance en la psychanalyse : si on entend par croyance le fait d'adhérer complètement voire rapidement à une théorie, cela peut en effet être critiquable. Il y a des individus qui rentrent entièrement et facilement dans un dogme et n'y bougent plus, c'est alors qu'on croit en la psychanalyse, qu'on croit en un dieu d'une religion, qu'on croit dans une valeur (l'argent, par exemple, l'amour, la réussite, la beauté, la vérité, y'en a tellement..), qu'on croit de même, et là j'insiste, à la science, et qu'on croit plus qu'on ne pense/constate la réalité qui est peut-être autre. Quand la croyance empêche l'homme de penser, le rendant bête et serviable. La croyance c'est faire confiance à quelque chose d'autre que soi, et surtout à quelqu'un d'autre. Et il y a peut-être cette peur/ou l'attrait que ce quelqu'un d'autre puisse nous mettre des idées en têtes sans que nous puissions les enlever ? Avez-nous si peur de la manipulation parce que peur d'être changé par autre chose que soi ?
Personnellement, et je crois que c'est un des traits des aspergers, et qu'ils le gardent ! je ne fais confiance en personne et en aucune idée trop étrangère à moi, je ne fais confiance qu'à moi-même, mes intuitions et mes idées (enfin j'essaie, maintenant, le plus possible !). De stable et de véridique à mes yeux : il n'y a que moi, bien sûr, que puis-je donc le plus m'assurer si ce n'est moi-même ? Il n'y a que ça qui me permet de tenir debout, je ne peux pas faire confiance à ce personne pour m'aider à me lever le matin. Par contre qu'on me propose des choses, qu'on me donne une interprétation nouvelle d'une chose, bien sûr, mais je me garderai de dire oui ou non à cette nouveauté.
Désolée pour cette longue parenthèse. Je viens d'arriver sur le forum et je tombe sur une discussion comme celle-ci. J'aime pas les conflits stériles ce sont des conflits d'ego. Lire des topics avec autant d'accusations et de violences verbales ne m'enchante pas, et ça ne donne même plus envie de lire. Or on écrit sur un forum pour être lu (et pas forcément pour être apprécié..).
Pour revenir sur le post n°1 :
stef_asper a écrit :
"un an plus tard nous apprimes que peu apres son depart de l'ecole Laurie avait été internée dans un hopital pour enfants debiles. Je lui rendis visite et la trouvais dans un etat semblable à celui ou elle etait lorsque je l'avais vu pour la premiere fois.(...)Je lui dis que je n'avais aucun pouvoir pour la retirer de cet hopital bien que j'eusse aimé le faire. Elle retira lentement sa main.Je restais encore un long moment mais il n'y eu plus chez elle la moindre etincelle de reaction à ma presence."
Je ne sais pas pourquoi en lisant ces lignes je me suis mis à pleurer. Chose rare chez moi qui suis emotionnellement bloqué. Comme une comprehension. Celle de l'immense solitude de l'enfant à qui le seul choix que l'on a donné est celui du non etre. Celle du non sens. Celui d'avoir le courage in-sens-sé de traverser l'existence de cette façon là. Dans une solitude absolue.
Moi aussi juste ce passage me touche. Le concept de forteresse vide me parle, je le comprends comme l'inverse de "se faire une carapace". Les autistes n'ont pas/peu de carapace je crois.. alors ils se construisent des forteresses ? Un mur entre eux et l'autre ? Si on ne regarde pas les gens / les choses ils cessent d'exister.. pour l'anecdote je portais au collège une mèche devant les yeux pendant longtemps, sans lunettes, donc j'avais qu'un oeil à peu près opérant, c'était le pied

J'étais pas trop mal comme ça, derrière un mur de cheveux.