Je ne sais pas si c'est pareil pour d'autres. Ma notion du temps est assez étrange et j'ai toujours eu un mal fou à me projeter dans l'avenir (la semaine prochaine n'existe pas ou alors elle se situe dans trois siècles... Et je ne vous parle pas de la semaine dernière

Jusqu'à ce que je travaille en tant que formateur dans le milieu de l'animation, et que je découvre la démarche de projet. Depuis, dans les moments de ma vie où les choses sont difficiles (ou plutôt "plus" difficiles puisque je n'ai pas vraiment connu autre chose), je me sers de cette méthode pour à peu près tout et n'importe quoi : me remettre en forme, retrouver un rythme de sommeil satisfaisant, aller faire des courses, déménager, faire une démarche administrative, faire un travail quand j'en avais encore un, ou me lancer dans un projet d'écriture, qu'il soit court (poème) ou long (roman).
Je pense que cette méthode est adaptable pour à peu près tout et n'importe quoi, y compris sur des temps très brefs ou sur des choses qui peuvent paraître insignifiantes (mais qui ne le sont pas forcément pour nous, voire que l'on ne doit justement pas considérer comme insignifiantes). Ce que j'appelle un projet, ce qu'on appelle un projet, n'est pas (et ne doit pas) forcément être quelque chose qui doit avoir une finalité importante ou durer des semaines ou des mois. Faire un bête gâteau, le ménage, prendre une douche, etc... peut être vécu comme un projet, ce qui permet aussi d'en retirer des bénéfices considérables pour l'estime de soi

Et quand c'est raté, plutôt que de se sentir mal, le vivre en tant que projet, le comprendre comme une démarche de projet, peut permettre d'analyser ce qui n'a pas marché pour pouvoir le réussir la prochaine fois.
Je ne suis pas un grand manitou super sauveur (ouf

Alors, la démarche de projet, qu'est-ce que c'est ? Je réadapte un peu pour les besoins du forum, mais en gros ça donne ça :
COMEDEE
Constat : j'ai besoin de quelque chose ou je veux faire quelque chose.
Objectif(s) : le but à atteindre, clairement défini.
Moyens : humains, financiers, matériels, environnementaux.
Etapes : pour des projets longs ou compliqués, des étapes peuvent être nécessaires.
Difficultés : toutes celles que l'on peut d'ores et déjà prévoir et qui vont freiner la réalisation du projet.
Evaluation : évaluer le projet à la fin, mais aussi en cours de route pour voir si on est sur la bonne voie ou non, et réadapter l'objectif si besoin.
Enseignement : si le projet est réussi, tirer tout ce qui est positif pour l'estime de soi. Si le projet n'est pas réussi, comprendre ce qui l'a empêché pour la prochaine fois.
Ca peut paraître abstrait, alors je le décline avec deux exemples (le premier en bleu, le second en rouge) :
Constat : Je n'ai rien à manger pour le goûter. J'ai envie d'écrire un roman.
Objectif(s) : Je veux réaliser un gâteau. Je veux écrire un roman.
Moyens : Ingrédients et matériel de cuisine. Du temps pour écrire, matériel informatique, connexion internet (pour vérifier certaines de mes connaissances), du calme, un minimum de forme, quelques lecteurs pour être sûr que mon histoire tient la route.
Etapes : Aucune. En deux étapes : écrire un brouillon (2-3 mois), corriger (3-4 mois).
Difficultés : Je n'en ai jamais fait. Projet sur une longue durée (entre 5 et 7 mois), pas très en forme en ce moment (projet de remise en forme en parallèle), mon environnement n'est pas complètement calme (mais je peux écrire à certaines heures).
Evaluation (option 1, j'ai réussi. Option 2, je n'ai pas réussi) : Option 1 : mon gâteau est bon. Option 2 : mon gâteau n'est pas bon.
Evaluation en cours de route : toutes les semaines, avancée, difficultés, blocages éventuels. Evaluation finale : Option 1 : j'ai réussi à écrire mon roman. Option 2 : Je n'ai pas réussi à écrire mon roman.
Enseignement : Option 1 : Je suis capable de faire un gâteau, je me suis régalé, youpi. Option 2 : Je n'ai pas mis assez de sucre, j'aurai besoin d'un verre doseur pour la prochaine fois. Je l'ai trop cuit, je devrais davantage surveiller la cuisson plutôt que de traîner sur internet la prochaine fois. Option 1 : Je suis capable de mener ce genre de gros projet, je suis satisfait de moi et de mon travail. Option 2 : Je me suis découragé par l'immensité de ce projet, j'aurais peut-être dû viser moins gros (une nouvelle par exemple) avant de l'entamer. Je n'étais pas assez en forme avant de le commencer, pour la prochaine fois, je ferai d'abord mon projet de remise en forme tout en écrivant une nouvelle, et puis je me lancerai dans un roman.
Il est possible que beaucoup de projets ratent, c'est toujours ce qui risque d'arriver lorsqu'on entreprend quelque chose. Mais l'échec est souvent nécessaire au succès (j'ai même envie de dire que l'échec est la répétition du succès si je ne suis pas en train de pomper ça sans m'en rendre compte dans un bouquin que j'ai lu).
Et des projets réussissent ! Il faut aussi ne pas viser trop haut pour commencer, savoir des fois revenir en arrière, abaisser les objectifs quand c'est nécessaire. Et ne pas se décourager parce que tout projet réussi, même "insignifiant", est une réussite !
