Humour et Asperger
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Humour et Asperger
Bonsoir à tous,
Je ne suis pas Asperger mais je fais une recherche sur le sujet pour un dossier dans le cadre d'un concours pour entrer dans une école de cinéma.
Plus précisément, mon sujet concerne les comportements rituels que l'on peut constater dans la plupart des troubles du spectre autistique, et je m'intéresse particulièrement à la question de la perception de l'humour.
En effet, ma soeur, qui est aspie, a une nette tendance à la routine dans son appréhension du rire. Elle peut revoir une même video d'un quelconque youtubeur (elle a 12 ans et demi, c'est de son âge) 5 fois de suite et rire avec autant d'intensité, se rappeler en boucle les mêmes détails qui l'ont faite rire et s'en amuser comme d'une nouveauté. Elle a aussi des "blagues rituelles": par exemple elle me pique très fréquemment les petits chapeaux des écouteurs de mon lecteur mp3, sans tenir compte de l'effet de lassitude qu'elle engendre (je suis plutôt patient mais avec d'autres personnes elle s'oppose à des réactions explosives - ce qui semble parfois augmenter sa satisfaction d'ailleurs). D'une certaine manière, j'envie cette espèce d'innocence dans l'humour qui lui permet de rire comme la première fois à un élément comique. J'étais gêné de ne plus pouvoir rire avec autant d'intensité lorsqu'elle m'évoquait, encore et encore, le passage d'un reportage qui nous avez fait nous esclaffer ensemble, je me suis navré qu'en moi-même la pureté de l'émotion comique de l'instant s'atténuait en un vague souvenir.
Voici donc ma première question:
Reconnaissez vous une certaine routine dans vos comportements humoristiques présents ou passés? Le comique d'une situation est-il pour vous presque inépuisable, et peut être répété encore et encore avec le même effet?
Ensuite, j'ai remarqué que ma petite soeur était particulièrement sensible à certains types d'humour notamment transgressif et d'impact (pour prendre l'exemple le plus extrême: https://www.youtube.com/watch?v=LHTlupqMqcY), c'est de son âge il faut dire, et globalement tout ce qui est excessif, absurde, déjanté.
Le week-end dernier nous avons vu en famille le film Ricky Bobby: roi du circuit avec Will Ferrell et le type d'humour (régressif, explosif) semblait lui plaire. Cependant, durant une scène devant laquelle nous étions pliés de rire (mais vraiment), elle était totalement hérmétique au comique de la situation et nous a demandé ce qui était drôle. Voici la scène en question (désolé pour les anglophobes): https://www.youtube.com/watch?v=N5magAtuOaI. La séquence joue sur des subtilités de jeu et d'attitude dans une situation sociale extrême (une interview), le comique résultant alors de l'inadaptation du comportement du personnage de Will Ferrell dans cette situation (il parle pas assez ou trop fort, ne sait pas quoi faire de ses mains). Il y a là des modulations d'expressions qu'elle ne perçoit sans doute pas.
Et vous quels types d'humour vous font particulièrement rire? Quelles sont vos références en matière de comédie?
Et à l'inverse: quel type d'humour vous laisse indifférents?
Y a t-il des situations considérées comme humoristiques par les neurotypiques que vous ne sentez pas ou au contraire, y a-til des situations qui vous semblent comiques contrairement à l'avis général?
Enfin, je me posais la question de ce qu'un aspie pouvait penser d'une fiction qui utilise le SA comme un vecteur d'humour. Comment considérez vous une série comme Big Bang Theory dont une grande part de l'effet comique est produit par les oppositions entre le personnage de Sheldon, qui est une caricature d'Asperger, avec son environnement, et dont les comportements rituels constituent la base du comique de répétition de la série (sa place réservée sur le canapé, sa manière de toquer à la porte etc.)?
La série Community, me semble, avec le personnage d'Abed, présenter une bien meilleure représentation du syndrome, moins caricaturale, et surtout, en fait une ressource humoristique d'une grande richesse, puisque l'obsession du personnage pour la culture populaire et notamment télévisuelle structure complètement l'humour méta de la série (notamment dans les formidables épisodes parodiques, qui reprennent des codes de genres populaires pour les intégrer dans l'environnement de la série, et où Abed devient souvent une sorte de chef d'orchestre qui affiche les limites du système de pastiche et le réfléchit).
Bref que pensez vous en général de l'utilisation du syndrome d'Asperger dans les fictions (cinématographiques, télévisuelles, romanesques etc.)?
Merci d'avoir prêté attention à ce gros pavé
Je ne suis pas Asperger mais je fais une recherche sur le sujet pour un dossier dans le cadre d'un concours pour entrer dans une école de cinéma.
Plus précisément, mon sujet concerne les comportements rituels que l'on peut constater dans la plupart des troubles du spectre autistique, et je m'intéresse particulièrement à la question de la perception de l'humour.
En effet, ma soeur, qui est aspie, a une nette tendance à la routine dans son appréhension du rire. Elle peut revoir une même video d'un quelconque youtubeur (elle a 12 ans et demi, c'est de son âge) 5 fois de suite et rire avec autant d'intensité, se rappeler en boucle les mêmes détails qui l'ont faite rire et s'en amuser comme d'une nouveauté. Elle a aussi des "blagues rituelles": par exemple elle me pique très fréquemment les petits chapeaux des écouteurs de mon lecteur mp3, sans tenir compte de l'effet de lassitude qu'elle engendre (je suis plutôt patient mais avec d'autres personnes elle s'oppose à des réactions explosives - ce qui semble parfois augmenter sa satisfaction d'ailleurs). D'une certaine manière, j'envie cette espèce d'innocence dans l'humour qui lui permet de rire comme la première fois à un élément comique. J'étais gêné de ne plus pouvoir rire avec autant d'intensité lorsqu'elle m'évoquait, encore et encore, le passage d'un reportage qui nous avez fait nous esclaffer ensemble, je me suis navré qu'en moi-même la pureté de l'émotion comique de l'instant s'atténuait en un vague souvenir.
Voici donc ma première question:
Reconnaissez vous une certaine routine dans vos comportements humoristiques présents ou passés? Le comique d'une situation est-il pour vous presque inépuisable, et peut être répété encore et encore avec le même effet?
Ensuite, j'ai remarqué que ma petite soeur était particulièrement sensible à certains types d'humour notamment transgressif et d'impact (pour prendre l'exemple le plus extrême: https://www.youtube.com/watch?v=LHTlupqMqcY), c'est de son âge il faut dire, et globalement tout ce qui est excessif, absurde, déjanté.
Le week-end dernier nous avons vu en famille le film Ricky Bobby: roi du circuit avec Will Ferrell et le type d'humour (régressif, explosif) semblait lui plaire. Cependant, durant une scène devant laquelle nous étions pliés de rire (mais vraiment), elle était totalement hérmétique au comique de la situation et nous a demandé ce qui était drôle. Voici la scène en question (désolé pour les anglophobes): https://www.youtube.com/watch?v=N5magAtuOaI. La séquence joue sur des subtilités de jeu et d'attitude dans une situation sociale extrême (une interview), le comique résultant alors de l'inadaptation du comportement du personnage de Will Ferrell dans cette situation (il parle pas assez ou trop fort, ne sait pas quoi faire de ses mains). Il y a là des modulations d'expressions qu'elle ne perçoit sans doute pas.
Et vous quels types d'humour vous font particulièrement rire? Quelles sont vos références en matière de comédie?
Et à l'inverse: quel type d'humour vous laisse indifférents?
Y a t-il des situations considérées comme humoristiques par les neurotypiques que vous ne sentez pas ou au contraire, y a-til des situations qui vous semblent comiques contrairement à l'avis général?
Enfin, je me posais la question de ce qu'un aspie pouvait penser d'une fiction qui utilise le SA comme un vecteur d'humour. Comment considérez vous une série comme Big Bang Theory dont une grande part de l'effet comique est produit par les oppositions entre le personnage de Sheldon, qui est une caricature d'Asperger, avec son environnement, et dont les comportements rituels constituent la base du comique de répétition de la série (sa place réservée sur le canapé, sa manière de toquer à la porte etc.)?
La série Community, me semble, avec le personnage d'Abed, présenter une bien meilleure représentation du syndrome, moins caricaturale, et surtout, en fait une ressource humoristique d'une grande richesse, puisque l'obsession du personnage pour la culture populaire et notamment télévisuelle structure complètement l'humour méta de la série (notamment dans les formidables épisodes parodiques, qui reprennent des codes de genres populaires pour les intégrer dans l'environnement de la série, et où Abed devient souvent une sorte de chef d'orchestre qui affiche les limites du système de pastiche et le réfléchit).
Bref que pensez vous en général de l'utilisation du syndrome d'Asperger dans les fictions (cinématographiques, télévisuelles, romanesques etc.)?
Merci d'avoir prêté attention à ce gros pavé
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Re: Humour et Asperger
Oui, les blagues sur les neurotypiquesMystère Orange a écrit :Y a t-il des situations considérées comme humoristiques par les neurotypiques que vous ne sentez pas ou au contraire, y a-til des situations qui vous semblent comiques contrairement à l'avis général?
Plus sérieusement, je pense qu'il y a beaucoup de diversité chez les autistes, beaucoup d'histoires différentes, donc beaucoup d'humours différents. Oui, il y a des choses qui me font rire à chaque fois que je les vois. Je ne pense pas que ce soit un trait autistique – c'est juste des choses drôles, quoi...
"I don't know what to do with my hands" : pour rire de ça, il me faut du recul sur moi, parce que j'ai souvent l'impression d'avoir deux bras en trop. Je comprends que ta soeur, avec moins de recul, ne voie pas ce qu'il y a de drôle là dedans, c'est juste un documentaire.
Bon, et puis j'aimerais bien rire de Sheldon, mais les rires enregistrés me crispent ; le débat est lancé avec les bigbangtheoryphiles
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Re: Humour et Asperger
WinstonWolfe a écrit :Oui, les blagues sur les neurotypiquesMystère Orange a écrit :Y a t-il des situations considérées comme humoristiques par les neurotypiques que vous ne sentez pas ou au contraire, y a-til des situations qui vous semblent comiques contrairement à l'avis général?
Oui bien sûr, c'est plus dans la structure rituelle qu'il me semblait y avoir quelque chose de "typique", notamment dans les blagues ou taquineries qu'elle fait elle même.Plus sérieusement, je pense qu'il y a beaucoup de diversité chez les autistes, beaucoup d'histoires différentes, donc beaucoup d'humours différents.
Après oui moi aussi il y a des trucs qui me font marrer même à répétition. Bon c'est peut être que ce qui la fait rire en boucle ce sont des trucs que je ne trouve pas très drôles à la base (humour de préado quoi)...
"I don't know what to do with my hands" : pour rire de ça, il me faut du recul sur moi, parce que j'ai souvent l'impression d'avoir deux bras en trop. Je comprends que ta soeur, avec moins de recul, ne voie pas ce qu'il y a de drôle là dedans, c'est juste un documentaire.
Hum... Oui sauf qu'il m'arrive aussi d'être très mal à l'aise en public et dans mon corps, ça ne m'empêche pas d'être écroulé de rire devant cette scène et la précision dans la maladresse du jeu de Will Ferrell (les mains qui remontent discrètement et qui se crispent, puis la main du présentateur qui lui baisse, sa façon d'attraper le micro à la fin). Bon après j'aime particulièrement l'humour qui joue sur le malaise type The Office (UK).
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Re: Humour et Asperger
Je suis autiste, ta soeur aussi. Mais je n'ai plus douze ans depuis presque deux fois et demie douze ans, et je suis un gars... Démêler ce qui vient de l'autisme, de l'âge, du genre, du vécu, tout ça me semble bien compliqué. Aurais-tu ri de cette scène à douze ans ? Moi non, je ne crois pas. Peut-être parce que je suis autiste, ou peut-être pas. Est-ce que tous les neurotypiques rient de cette scène ? Sans doute quelques uns, mais elle m'a fait rire aussi.
Il y a des scènes qui font rire les gens et qui me font zapper, parce que la situation dégage un tel sentiment de gêne que je ne peux la supporter, même par écran interposé. Ca arrive quand des éléments me rappellent de trop près un vécu. Mais là encore, est-ce un trait spécifique ? Je ne sais pas.
Bref, je me suis bien débrouillé pour écrire plein de choses qui se résument en un "je ne sais pas"... désolé !
Il y a des scènes qui font rire les gens et qui me font zapper, parce que la situation dégage un tel sentiment de gêne que je ne peux la supporter, même par écran interposé. Ca arrive quand des éléments me rappellent de trop près un vécu. Mais là encore, est-ce un trait spécifique ? Je ne sais pas.
Bref, je me suis bien débrouillé pour écrire plein de choses qui se résument en un "je ne sais pas"... désolé !
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Re: Humour et Asperger
Héhé, pas de problème.WinstonWolfe a écrit :Bref, je me suis bien débrouillé pour écrire plein de choses qui se résument en un "je ne sais pas"... désolé !
Pour revenir à la discussion, ce qui m'a intrigué ce n'est pas qu'elle ne rie pas à la scène - cela effectivement c'est une affaire de goût, d'âge etc. - mais qu'elle n'en saisisse pas la nature humoristique (elle a demandé texto: "mais qu'est ce qui est drôle?"), qu'elle ne voit pas le mécanisme comique en jeu.
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Re: Humour et Asperger
Pour ma part, je précise déjà que je ne suis pas encore sûr d'être Asperger, autiste ou autre.
Diverses blagues me font rire, mais pas toutes (exemple : les blagues racistes, sexistes ; il y a une dissonance en moi entre "on peut rire de tout" (dans le but de dé-sacraliser) et "le langage a un impact, parfois négatif" (la menace du stéréotype, par exemple)). Ne me font pas rire les blagues sur les sujets qui ne m'intéressent pas (les voitures, le ski, le sexe, les jeux audiovisuels, etc.). Parfois, ça ne dépend pas de la blague en soi, mais du contexte et de son impact : si une blague nuit au moral ou à la confiance d'une personne (la personne "ridicule" dans la blague), elle me fera moins rire. De là, je me demande s'il y a des blagues où l'on ne se moque de personne (exemple : blagues où l'on se moque d'un être imaginaire).
Je n'ai pas le truc pour les raconter. Faut dire que je n'ai pas vraiment essayé, et que je fais rarement des recherches sur les blagues.
Il y a certains fous rires qui me font rire (par contagion). Par exemple : celui-ci, d'autant plus hilarant que c'est dans un contexte qui se veut, de prime abord, sérieux, le parlement (suisse). C'est l'ancien conseiller fédéral Hans-Rudolf Merz. (même si vous ne comprenez pas l'allemand, vous pouvez rire facilement )
Certains comiques de situations peuvent me faire rire à chaque fois que je les lis. Mais comme ils peuvent devenir lassants, y compris pour moi, je ne m'en fais pas une overdose.
Qu'est-ce que j'aime comme comique ? Astérix et Obélix, Tintin et Milou, Spirou et Fantasio, Bob et Bobette, Lucky Luke, les schtroumpfs, Johan et Pirlouit. Le dessin est simple, coloré, relativement uni. Chaque personnage est caricaturé d'une certaine manière. Sinon, il y a Louis de Funès dans "Le Gendarme...", La Grande Vadrouille.
J'aime aussi les jeux de mots, mais n'en abuse pas car ils ne font pas rire beaucoup d'autres personnes. Et le jeu de mot sonore est rarement traduisible en une autre langue.
Je crois ne pas encore avoir vu de films où le syndrome d'Asperger est caricaturé. Faut dire, je suis très peu cinéphile. Je préfère la lecture de caractères.
Sinon, comme je n'aime pas être sollicité "socialement" (très peu, mettons ; j'essaie donc de rester discret), et comme le rire attire les personnes vers soi, je m'abstiens de rire tout seul. Par contre, si tout le monde rit dans la salle, pas de problème pour rire (presque inévitable, par "contagion").
Il m'arrive parfois de rire par hypocrisie. Parfois, si tu ne ris pas, des personnes te croient "trop sérieux" ou "bizarre" ou "condescendant". Je ne vais pas non plus suivre aveuglément la foule.
Diverses blagues me font rire, mais pas toutes (exemple : les blagues racistes, sexistes ; il y a une dissonance en moi entre "on peut rire de tout" (dans le but de dé-sacraliser) et "le langage a un impact, parfois négatif" (la menace du stéréotype, par exemple)). Ne me font pas rire les blagues sur les sujets qui ne m'intéressent pas (les voitures, le ski, le sexe, les jeux audiovisuels, etc.). Parfois, ça ne dépend pas de la blague en soi, mais du contexte et de son impact : si une blague nuit au moral ou à la confiance d'une personne (la personne "ridicule" dans la blague), elle me fera moins rire. De là, je me demande s'il y a des blagues où l'on ne se moque de personne (exemple : blagues où l'on se moque d'un être imaginaire).
Je n'ai pas le truc pour les raconter. Faut dire que je n'ai pas vraiment essayé, et que je fais rarement des recherches sur les blagues.
Il y a certains fous rires qui me font rire (par contagion). Par exemple : celui-ci, d'autant plus hilarant que c'est dans un contexte qui se veut, de prime abord, sérieux, le parlement (suisse). C'est l'ancien conseiller fédéral Hans-Rudolf Merz. (même si vous ne comprenez pas l'allemand, vous pouvez rire facilement )
Certains comiques de situations peuvent me faire rire à chaque fois que je les lis. Mais comme ils peuvent devenir lassants, y compris pour moi, je ne m'en fais pas une overdose.
Qu'est-ce que j'aime comme comique ? Astérix et Obélix, Tintin et Milou, Spirou et Fantasio, Bob et Bobette, Lucky Luke, les schtroumpfs, Johan et Pirlouit. Le dessin est simple, coloré, relativement uni. Chaque personnage est caricaturé d'une certaine manière. Sinon, il y a Louis de Funès dans "Le Gendarme...", La Grande Vadrouille.
J'aime aussi les jeux de mots, mais n'en abuse pas car ils ne font pas rire beaucoup d'autres personnes. Et le jeu de mot sonore est rarement traduisible en une autre langue.
Je crois ne pas encore avoir vu de films où le syndrome d'Asperger est caricaturé. Faut dire, je suis très peu cinéphile. Je préfère la lecture de caractères.
Sinon, comme je n'aime pas être sollicité "socialement" (très peu, mettons ; j'essaie donc de rester discret), et comme le rire attire les personnes vers soi, je m'abstiens de rire tout seul. Par contre, si tout le monde rit dans la salle, pas de problème pour rire (presque inévitable, par "contagion").
Il m'arrive parfois de rire par hypocrisie. Parfois, si tu ne ris pas, des personnes te croient "trop sérieux" ou "bizarre" ou "condescendant". Je ne vais pas non plus suivre aveuglément la foule.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
Diagnostiqué autiste en l'été 2014
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Re: Humour et Asperger
tient je me reconnais dans ta sœur .
je suis du genre a faire des tours au travail souvent . je dois me modérer et apprendre quel personne vont bien le prendre et lesquelles ne le supporte pas .
comme humoriste , j'aime l'humour sensé , réfléchie , les jeu de mots . un humour qui n'est pas méchant basé sur le mépris .
grand fan de Daniel Lemire ici au québec . a chaque fois il passait a la tv , je le regardais . c'est dommage mais il approche de la retraite . on le vois moins souvent .
http://www.youtube.com/watch?v=XSSsmkDQ3r0
je suis du genre a faire des tours au travail souvent . je dois me modérer et apprendre quel personne vont bien le prendre et lesquelles ne le supporte pas .
comme humoriste , j'aime l'humour sensé , réfléchie , les jeu de mots . un humour qui n'est pas méchant basé sur le mépris .
grand fan de Daniel Lemire ici au québec . a chaque fois il passait a la tv , je le regardais . c'est dommage mais il approche de la retraite . on le vois moins souvent .
http://www.youtube.com/watch?v=XSSsmkDQ3r0
philippe diagnostiqué syndrome asperger .
vivant au Québec
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Re: Humour et Asperger
Ah ! au Québec, j'aime beaucoup François Pérusse.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
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Re: Humour et Asperger
Je dirais que moi aussi, une vidéo qui me fait rire une fois pourra me faire rire 50 fois avec la même intensité. J'ai remarqué que c'était beaucoup plus prononcé que chez mes amis, chez qui voir une vidéo humoristique une seconde fois ne leur fait plus aucun effet.Mystère Orange a écrit :Bonsoir à tous,
Je ne suis pas Asperger mais je fais une recherche sur le sujet pour un dossier dans le cadre d'un concours pour entrer dans une école de cinéma.
Plus précisément, mon sujet concerne les comportements rituels que l'on peut constater dans la plupart des troubles du spectre autistique, et je m'intéresse particulièrement à la question de la perception de l'humour.
En effet, ma soeur, qui est aspie, a une nette tendance à la routine dans son appréhension du rire. Elle peut revoir une même video d'un quelconque youtubeur (elle a 12 ans et demi, c'est de son âge) 5 fois de suite et rire avec autant d'intensité, se rappeler en boucle les mêmes détails qui l'ont faite rire et s'en amuser comme d'une nouveauté. Elle a aussi des "blagues rituelles": par exemple elle me pique très fréquemment les petits chapeaux des écouteurs de mon lecteur mp3, sans tenir compte de l'effet de lassitude qu'elle engendre (je suis plutôt patient mais avec d'autres personnes elle s'oppose à des réactions explosives - ce qui semble parfois augmenter sa satisfaction d'ailleurs). D'une certaine manière, j'envie cette espèce d'innocence dans l'humour qui lui permet de rire comme la première fois à un élément comique. J'étais gêné de ne plus pouvoir rire avec autant d'intensité lorsqu'elle m'évoquait, encore et encore, le passage d'un reportage qui nous avez fait nous esclaffer ensemble, je me suis navré qu'en moi-même la pureté de l'émotion comique de l'instant s'atténuait en un vague souvenir.
Voici donc ma première question:
Reconnaissez vous une certaine routine dans vos comportements humoristiques présents ou passés? Le comique d'une situation est-il pour vous presque inépuisable, et peut être répété encore et encore avec le même effet?
Ensuite, j'ai remarqué que ma petite soeur était particulièrement sensible à certains types d'humour notamment transgressif et d'impact (pour prendre l'exemple le plus extrême: https://www.youtube.com/watch?v=LHTlupqMqcY), c'est de son âge il faut dire, et globalement tout ce qui est excessif, absurde, déjanté.
Le week-end dernier nous avons vu en famille le film Ricky Bobby: roi du circuit avec Will Ferrell et le type d'humour (régressif, explosif) semblait lui plaire. Cependant, durant une scène devant laquelle nous étions pliés de rire (mais vraiment), elle était totalement hérmétique au comique de la situation et nous a demandé ce qui était drôle. Voici la scène en question (désolé pour les anglophobes): https://www.youtube.com/watch?v=N5magAtuOaI. La séquence joue sur des subtilités de jeu et d'attitude dans une situation sociale extrême (une interview), le comique résultant alors de l'inadaptation du comportement du personnage de Will Ferrell dans cette situation (il parle pas assez ou trop fort, ne sait pas quoi faire de ses mains). Il y a là des modulations d'expressions qu'elle ne perçoit sans doute pas.
Et vous quels types d'humour vous font particulièrement rire? Quelles sont vos références en matière de comédie?
Et à l'inverse: quel type d'humour vous laisse indifférents?
Y a t-il des situations considérées comme humoristiques par les neurotypiques que vous ne sentez pas ou au contraire, y a-til des situations qui vous semblent comiques contrairement à l'avis général?
Enfin, je me posais la question de ce qu'un aspie pouvait penser d'une fiction qui utilise le SA comme un vecteur d'humour. Comment considérez vous une série comme Big Bang Theory dont une grande part de l'effet comique est produit par les oppositions entre le personnage de Sheldon, qui est une caricature d'Asperger, avec son environnement, et dont les comportements rituels constituent la base du comique de répétition de la série (sa place réservée sur le canapé, sa manière de toquer à la porte etc.)?
La série Community, me semble, avec le personnage d'Abed, présenter une bien meilleure représentation du syndrome, moins caricaturale, et surtout, en fait une ressource humoristique d'une grande richesse, puisque l'obsession du personnage pour la culture populaire et notamment télévisuelle structure complètement l'humour méta de la série (notamment dans les formidables épisodes parodiques, qui reprennent des codes de genres populaires pour les intégrer dans l'environnement de la série, et où Abed devient souvent une sorte de chef d'orchestre qui affiche les limites du système de pastiche et le réfléchit).
Bref que pensez vous en général de l'utilisation du syndrome d'Asperger dans les fictions (cinématographiques, télévisuelles, romanesques etc.)?
Merci d'avoir prêté attention à ce gros pavé
La forme humoristique qui me plait le plus est l'ironie, par exemple j'aime beaucoup le contraste entre le ton utilisé (sérieux) et le fond (déjanté). J'aime beaucoup l'humour noir également car je crois qu'on peut rire de tout mais pas avec n'importe qui. (Je ne sais plus de qui c'est)
Par exemple j'adore Groland, Raphaël Mezrahi, ou ma toute nouvelle découverte, le site Bilboquet Magazine.
Sinon je n'ai rien contre l'utilisation humoristique du syndrome dans les fictions, tant que c'est pour créer des situations comiques. Mais quand on nous sort le coup du génie incompris, là j'ai plus de mal.
TSA, diagnostic établi à mes 33 ans par le CRA de ma région.
"Ce syndrome est caractérisé chez ce patient par l’absence de détérioration intellectuelle, un syndrome dysexécutif, un déficit d'attention"
"Ce syndrome est caractérisé chez ce patient par l’absence de détérioration intellectuelle, un syndrome dysexécutif, un déficit d'attention"
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Re: Humour et Asperger
Je peux aussi regarder/lire le même film, la même série TV, le même spectacle, la même BD ou le même livre une énième fois avec autant de plaisir, en riant toujours aux mêmes moments. J'aime d'ailleurs beaucoup les running gags...Bubu a écrit :Je dirais que moi aussi, une vidéo qui me fait rire une fois pourra me faire rire 50 fois avec la même intensité. J'ai remarqué que c'était beaucoup plus prononcé que chez mes amis, chez qui voir une vidéo humoristique une seconde fois ne leur fait plus aucun effet.
F84.5 | Things go wrong so that you appreciate them when they're right, you believe lies so you eventually learn to trust no one but yourself, and sometimes good things fall apart so better things can fall together.
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Re: Humour et Asperger
Moi, c'est surtout écouter certaines chansons en boucle (même si je ne les comprends pas car certaines sont en d'autres langues). Ça ne fait pas rire, mais je m'évade à mon imagination libre et rocambolesque.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
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Re: Humour et Asperger
Je ris également toujours avec la même intensité, même au bout de 10, 15, 20 fois.. mais j'étais, jusqu'à ce post, persuadée que c'était monnaie courante. Ca ne l'est pas ? je pense quand même que si, mais finalement peut-être que non.
Pour ce qui est de l'utilisation du syndrome dans les films/séries, je trouve qu'il peut finalement donner une image faussée de ce qu'est réellement le syndrome Asperger, ce qui ne facilite ni la compréhension des pairs, ni l'identification au porteur du syndrome n'arrivant pas à trouver "ce qui cloche" chez lui.
Car, au final, comment sont les aspergers dans les séries ? des génies.. du moins dans toutes celles que j'ai vu. Aussi, pour la très grande majorité, on repère le syndrome en 5 minutes.. tout ceci est, de ce que je peux lire ici, bien loin de la réalité.
Amusant, certes, mais je ne sais pas si ça rend vraiment service aux personnes concernées.
Pour ce qui est de l'utilisation du syndrome dans les films/séries, je trouve qu'il peut finalement donner une image faussée de ce qu'est réellement le syndrome Asperger, ce qui ne facilite ni la compréhension des pairs, ni l'identification au porteur du syndrome n'arrivant pas à trouver "ce qui cloche" chez lui.
Car, au final, comment sont les aspergers dans les séries ? des génies.. du moins dans toutes celles que j'ai vu. Aussi, pour la très grande majorité, on repère le syndrome en 5 minutes.. tout ceci est, de ce que je peux lire ici, bien loin de la réalité.
Amusant, certes, mais je ne sais pas si ça rend vraiment service aux personnes concernées.
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Re: Humour et Asperger
Desproges je pense.Bubu a écrit :J'aime beaucoup l'humour noir également car je crois qu'on peut rire de tout mais pas avec n'importe qui. (Je ne sais plus de qui c'est)
Cela dépend beaucoup du temps d'espacement entre les visions, lectures, etc. Je peux rire 2 ou 3 fois de suite à un gag, mais après il me faut un certain temps (ça se compte plutôt en semaines voire mois) pour retrouver une sorte d'innocence, pour avoir un peu oublié ce qui m'a fait rire, pour être surpris et rire à nouveau.evolution650HBn°2 a écrit :Je ris également toujours avec la même intensité, même au bout de 10, 15, 20 fois.. mais j'étais, jusqu'à ce post, persuadée que c'était monnaie courante. Ca ne l'est pas ? je pense quand même que si, mais finalement peut-être que non.
Cela ne me gêne pas tellement dans le genre comique où ce sont l'ensemble des caractères qui sont exagérés au profit du gag. C'est peut-être un peu plus gênant dans Big Bang Theory où l'essentiel de l'humour consiste quand même dans le décalage de Sheldon avec les autres personnages (même si les autres personnages exceptées Penny et Bernadette sont aussi marginaux). Dans Community, même si Abed est un prototype d'Asperger et que le syndrome se repère à des kilomètres, il est dans un environnement de personnages tellement déjantés qu'il en est presque le personnage le plus sobre (à côté d'un Chang par exemple), et c'est très souvent par lui que passe l'émotion lorsqu'il y en a.evolution650HBn°2 a écrit :Pour ce qui est de l'utilisation du syndrome dans les films/séries, je trouve qu'il peut finalement donner une image faussée de ce qu'est réellement le syndrome Asperger, ce qui ne facilite ni la compréhension des pairs, ni l'identification au porteur du syndrome n'arrivant pas à trouver "ce qui cloche" chez lui.
Car, au final, comment sont les aspergers dans les séries ? des génies.. du moins dans toutes celles que j'ai vu. Aussi, pour la très grande majorité, on repère le syndrome en 5 minutes.. tout ceci est, de ce que je peux lire ici, bien loin de la réalité.
Amusant, certes, mais je ne sais pas si ça rend vraiment service aux personnes concernées.
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Re: Humour et Asperger
Ce sujet de l'humour m'intéresse beaucoup car il est très communément admis que les personnes autistes sont dépourvues d'humour ou du moins de certaines formes d'humour surtout celles comprenant du non-sens, de l'absurde, de l'ironie, de la dérision.
Bien qu'ayant beaucoup de soucis de compréhension avec les codes sociaux et les conventions sociales, mon humour est très basé sur le second degré, le sarcasme, l'humour absurde et l'humour noir, j'aime également les jeux de mots et les calembours.
En revanche, l'humour à connotation sexuelle et vulgaire me désole et le succès e l' 'humour relatant des faits quotidiens me laisse perplexe.
Parfois, je regarde des humoristes qui racontent des choses très banales et pas drôles ( à mon sens du moins) et je suis toujours surpris de voir le public s'esclaffer au bout de deux phrases prononcées.
Je me dis que je ne dois pas être bon public et ne pas avoir le rire facile de cette forme d'humour peut-être.
Bien qu'ayant beaucoup de soucis de compréhension avec les codes sociaux et les conventions sociales, mon humour est très basé sur le second degré, le sarcasme, l'humour absurde et l'humour noir, j'aime également les jeux de mots et les calembours.
En revanche, l'humour à connotation sexuelle et vulgaire me désole et le succès e l' 'humour relatant des faits quotidiens me laisse perplexe.
Parfois, je regarde des humoristes qui racontent des choses très banales et pas drôles ( à mon sens du moins) et je suis toujours surpris de voir le public s'esclaffer au bout de deux phrases prononcées.
Je me dis que je ne dois pas être bon public et ne pas avoir le rire facile de cette forme d'humour peut-être.
En cours de diagnostic.