Asperger et masturbation

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
stef_asper
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Asperger et masturbation

Message par stef_asper »

Bon j’espère ne pas m’être trompé de rubrique ni choquer par mes propos assez crus, sinon excusez moi.

Ma question est : les aspers se masturbent ils ? Ont ils réussit naturellement ou cela a t il été le résultat d'un apprentissage ? (acquisition d'une compétence)

Tout d'abord je dois dire que je n'ai jamais réussi à avoir le moindre plaisir comme ca juste car j'ai rarement essayé sauf pour essayer de faire comme les autres car j'avais jamais compris à quoi ca servait.

J'ai trouvé il y a deux ou trois jours un guide sur internet sur le theme : "apprentissage de la sexualité chez les autistes". Expliquer à l'autiste comment faire. Je passe les premières phrases du genre : "tu vérifies que tu n'es pas dans un lieu public...." puis il est indiqué : "tu fais avec la main des mouvements de haut en bas pour simuler le mouvement dans le vagin".

C'est bizarre mais à chaque fois que j'ai essayé j'ai toujours fait les mouvements de bas en haut. En fait j'avais jamais fait le rapprochement que ca devait simuler le mouvement dans le vagin. Apres coup ca me parait tout bete mais j'y avais jamais pensé. :geek:
Modifié en dernier par stef_asper le lundi 22 juillet 2013 à 20:53, modifié 1 fois.
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freeshost
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Re: Asperger et masturbation

Message par freeshost »

Je ne m'y connais pas dans le domaine, mais il paraît qu'il y a plusieurs manières.

Je ne pensais et ne pense toujours pas que le fait d'être Asperger soit lié à une ignorance dans le domaine. Si ?
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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zad
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Re: Asperger et masturbation

Message par zad »

je ne crois pas que les ted est du mal à comprendre la mécanique (au pire, il y a les guides dont tu parles). j'ai lu une étude sur la sexualité des handicapés mentaux*, et il y était écrit qu'au contraire, le problème est parfois de limiter la fréquence d'usage :-P

par contre, savoir où et quand c'est possible (en privé, pas en public, pas à tel endroit, ne pas glisser la main dans le pantalon ...), ça semble être un apprentissage social (parfois) nécessaire aux jeunes ted, non ?

* : malheureuse formulation
TSA :mryellow:
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Lupine
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Re: Asperger et masturbation

Message par Lupine »

Bon je suis une fille mais, dans mon cas j'ai jamais eu de problème technique avec la masturbation, j'ai même plutôt eu le problème inverse.
Enfant on a du m'apprendre à pas le faire n'importe où, n'importe quand, comme le dit had, c'était plus le problème d'un apprentissage sociale, mais je ne pense pas que ce soit spécifique aux aspers...

Tout les petits garçons/petites filles après la petite enfance où on se stimule sensuellement d'une manière ou d'une autre se demande comment faire et le découvre chacun d'une manière différente ( et le pratique de manière différente aussi) à la pré-puberté.

(je parle de ça suite à mes emplois auprès d'un public d'enfant allant de 3 à 11 ans où j'ai découvert que les enfants (tout sexe confondu) se touchait le sexe naturellement, pouvait même se stimuler sensuellement par interaction avec des objets ou d'autre enfants de manière spontanée n'importe où, n'importe quand en toute innocence, à la puberté ça devient plus sexuel et "technique" car on est déjà socialement formaté je pense.)

Après savoir si on pratique ou non la masturbation, je connais des NTs qui ne la pratique pas ou très rarement car il n'en ressente pas le besoin... Je sais pas si la libido/désir sexuel et le TED ont vraiment un lien de causalité neurologique ou si c'est une question de développement hormonal "autre" en plus du TED...
Question à creuser (ou qui doit déjà être à l'étude je pense).

P.S.: (il n'y a pas de technique précise de masturbation car nous n'avons pas tous le même corps, ni les mêmes sensibilités sensuelles, l'histoire du bas en haut ou du haut en bas avec une main ou les deux, avec trois doigts ou deux dépend de l'individu et de ses zones érogènes propres.)
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laboulette
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Re: Asperger et masturbation

Message par laboulette »

Il y a une psychologue (quebecoise, je crois) qui a écrit sur ce sujet :

Sexualité et syndrôme d'Asperger , Education sexuelle

I. Henault (Auteur) - Essai (broché). Paru en 04/2010
Et un lien ici:
http://www.psychologue-montreal.ca/livr ... /index.php
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Jean
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Re: Asperger et masturbation

Message par Jean »

Voir aussi :
http://www.cra-rhone-alpes.org/spip.php?article1751

La vie affective et la sexualité des personnes avec autisme – par M. Patrick Elouard, psychologue clinicien
8 vidéos.
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stef_asper
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Re: Asperger et masturbation

Message par stef_asper »

@Lou morgan, Had :

Merci pour vos commentaires. je comprends qu'il existe chez les autistes une diversité de la situations.

@Laboulette et Jean :

Merci pour le lien et la vidéo. je vois avec la vidéo que la notion de consentance ne pas pas de soi pour un autiste même majeur et je confirme (voir plus loin dans mon message).

Pour comprendre il faut mettre en parallèle mes tentatives de plaisir solitaire avec ce qui s'est passé avec partenaire. Il faut dire j'ai eu peu de partenaires donc peu de recul, concentré sur une assez courte période il y a environ dix ans. Il y en a qu'une avec qui "mécaniquement" ca a marché. Si on peut dire.

A vrai dire sans rentrer dans les détails des circonstances la stimulation mécanique était tres forte. On a fait plusieurs fois. A chaque fois j'ai éjaculé.
Premiers détail étonnant à chaque fois c'est elle qui s'en est rendu compte en premier et qui me l'a fait remarquer ou constater. Ce qui sur le moment est un peu ridicule pour moi.
Mais je crois bien que j'ai joui sans désir, mécaniquement. Je ne vois pas d'autre explications.

Les jours qui ont suivi ca a posé chez moi beaucoup de questions. Et surtout beaucoup d'angoisse.

En fait au depart j'ai accepté de faire en me disant : le desir viendra en faisant. (l’appétit vient en mangeant)

Apres coup un sentiment bizarre. d'avoir eu du plaisir à mon corps défendant. Alors je me suis consolé en me disant que au moins j'avais rendu service à quelqu'un. J'ai fais ca comme un travail.

Ca ramène à la notion de consentement. Pourtant je ne suis pas déficient intellectuel, mais pourquoi ai je autant de problème pour savoir si j'ai envie ou pas ?

Probablement des psy diraient que comme je passe mon temps à cogiter, toutes mes pensées sont une sorte de plaisir de remplacement, un plaisir non genital mais qui canalise et absorbe ma libido.

En même temps ca fait aussi penser aux gens qui ont vecu un traumatisme (agression...) et dont la mécanique du desir est en quelque sorte endormie. Anesthésiée.

J'ai pas de désir mais j'ai du désir d'avoir du désir. Sinon je serais pas en train d'ecrire ce message.

Ce qui est étonnant c'est que je suis assez sensible à la beauté des femmes. Un peu comme on est sensible à la beauté d'un paysage. Mais ca n'a rien de sexuel.

J'ai pris conscience récemment avec les ateliers auxquels je participe que je ne sais pas respirer. Je respire mal.

Ben là c'est pareil. C'est comme j’étais coupé d'une partie de moi meme.

Comme si il y avait un déséquilibre au niveau de mes sens. Par exemple je suis tres sensible au bruit (dans un lieu public je n'aime pas la musique trop forte) mais semble bien hypo sensible à d'autres choses.

@Lou Morgan
Tout les petits garçons/petites filles après la petite enfance où on se stimule sensuellement d'une manière ou d'une autre se demande comment faire
En effet. Chez moi cette curiosité ne s'est jamais produite.
C'est peut etre juste que la sexualité n'a jamais fait partie de la liste de mes "intérêts restreints"
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Lupine
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Re: Asperger et masturbation

Message par Lupine »

stef_asper a écrit :@Lou Morgan
Tout les petits garçons/petites filles après la petite enfance où on se stimule sensuellement d'une manière ou d'une autre se demande comment faire
En effet. Chez moi cette curiosité ne s'est jamais produite.
C'est peut être juste que la sexualité n'a jamais fait partie de la liste de mes "intérêts restreints"
Après j'ai bien précisé sensuellement et pas sexuellement, dans le sens de stimulation sensoriel diverse (caresser le bras de quelqu'un d'autre de manière un peu excessive, appuyer un objet contre son corps entier très fortement...) qui provoque du plaisir sensitif quasi érogène. Mais c'est juste la découverte de son corps par la stimulation. Après oui, il y a des enfants pour qui ça ne se passe pas dans la petite enfance soit par absence d’intérêt pour son corps, soit par un plaisir érogène passant plus par l'esprit que par le corps.

M'enfin, je parle que de mon humble et riquiqui expérience auprès des enfants d'horizon très varié (on travaillais avec des NTs et des enfants autistes/hypéractifs/trisomique de culture et de religions différentes etc...).

Comme tu l'as dis il y a une diversité énorme chez les autistes aussi, mais j'ai parfois l'impression qu'ils s'expriment toujours de manière assez excessive. Pour ma part le rapport au corps est une obsession depuis la petite enfance, je ne sais pas si on peut parler d’intérêt restreint mais ça prenait une place énorme dans ma vie. Pas forcément par plaisir mais parce que c'était envahissant, un simple souffle ou un simple effleurement m'envahissait parfois jusqu'au vertige ou la nausée, c'est dur à décrire. C'était aussi effrayant que fascinant. Alors que j'ai pu lire le témoignage de personne qui étaient à l'extrême opposé, ne ressentait rien ou tout du moins avait une grande difficulté à accéder au ressentie sensitif.

Toujours des extrêmes donc...

P.S. : Il faut que je lise/regarde la vidéo car le point sur la notion de consentance me parle et m'interpelle.
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Jean
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Re: Asperger et masturbation

Message par Jean »

Sur ce sujet, les informations viennent au moins de 4 sources :
  • 1 - la pratique personnelle spontanée;
    2 - l'éducation (parents, école, autres ...)
    3 - les autres enfants ou jeunes (les pairs de même sexe - sur ce sujet)
    4 - Internet.
La 3ème source va poser problème du fait des interactions sociales particulières.

Internet permet d'accéder facilement à des images et des vidéos pornographiques, mais ne permet pas d'avoir une compréhension correcte de tout ce qu'impliquent les relations sexuelles, qui ne peuvent jamais être réduites à des actes techniques.

J'ai eu l'occasion de consulter des guides d’éducation sexuelle pour autistes lors d'une formation avec Charles Durham. Dans mon souvenir, l'aspect éducation sur la masturbation portait surtout sur les interdictions en matière de contexte (se retirer dans un lieu privé) et sur les précautions à prendre pour éviter de se blesser. Sur ces précautions, cela concerne surtout des jeunes avec autisme sévère.

Le seul objectif de la masturbation, c'est de se donner du plaisir. En l'absence de plaisir, çà n'a presque [*] aucun intérêt.

[*] en plus du plaisir, çà peut aider à s'endormir. [/size]
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stef_asper
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Re: Asperger et masturbation

Message par stef_asper »

@Jean
[*] en plus du plaisir, çà peut aider à s'endormir.
Merci j'y penserais si j'ai du mal à m'endormir. :)

Pour exprimer le rapport particulier que j'ai au corps de l'autre, il y a une grande disymetrie entre toucher l'autre (realisable, voir pas desagreable) et etre touché par l'autre (provoque instantanement un raidissement)

Quand je caresse ma partenaire elle doit se laisser guider et ma main sur son corps constitue une sorte de langage dont la trame n'est rien d'autre que la continuation de mon monologue interieur.

Mais ca n'a rien de sexuel, c'est plutot sensuel.

Par exemple il y a un chat dans ma rue. On est devenus amis. J'aime le caresser. Une personne normale n'a pas un orgasme car elle caresse le chat. C'est pourtant sensuellement pas desagreable. Pour moi caresser le chat ou caresser une fille c'est exactement pareil. Je respecte beaucoup les animaux. C'est juste que je mets tout sur le meme plan.

Si elle me touche ca se complique. Le truc le pire c'est celle qui cherche à me faire une fellation. Je ne la laisse pas faire. Comme un homme normal aime forcement ca ma grande peur est que face à mon indifference cela trahisse le fait que je ne suis pas normal, que le masque tombe.

Mais il y a encore pire : c'est celle qui veut me faire une fellation car elle a envie de me faire un truc qui me fait plaisir, une petite gaterie.
Car ce que je deteste par dessus tout est quand quelqu'un "veut" provoquer chez moi un plaisir, veut faire un truc pour provoquer un lien de cause à effet comme si j'etais une simple mecanique. Si elle fait ca car elle, elle aime, ca passe mieux. Finalement il vaut mieux qu'elle soit "egoiste".
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Mizton
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Re: Asperger et masturbation

Message par Mizton »

Je crois qu'il doit exister des hommes qui n'apprécient pas la fellation ^_~

Est-ce que quand tu caresses une partenaire tu le fais pour lui faire plaisir aussi, ou uniquement pour le "plaisir agréable" que ça te procure ?

Tu dis qu'en fait tu n'apprécies pas qu'on essayes de te faire plaisir ? Sexuellement certes, mais du coup, si quelqu'un veut te faire plaisir et genre, comme il sait que (par exemple) tu adores les oiseaux, il te ramène un super bouquin sur les oiseaux du pays qu'il vient de visiter, ça ne va pas te faire plaisir ? Est-ce que te faire plaisir c'est considérer que tu n'es "qu'une simple mécanique"(oiseau = plaisir chez toi) ? Est-ce que en voyant les choses sous cet angle tu ne manques pas un aspect essentiel, celui de l'intention ? L'intention de te faire plaisir (que ce soit en ayant pensé à toi à telle occasion et en t'offrant un truc, en te faisant un bon petit repas un jour où tu avais besoin de réconfort après une sale journée, ou en te faisant une fellation (parce qu'on croit que ça pourrait te faire plaisir.... car oui, tous les "présents" ne tombent pas toujours juste. Ceci dit, l'intention, elle, est là... ^^

Est-ce que tu crois que ton rapport au contact avec l'autre peut s'arranger avec le temps ? En y allant petit à petit, en rendant le contact de plus en plus familier etc ? Je pense à ça car selon la cause, ça peut jouer, ça peut évoluer et en se basant sur une relation de confiance, on peut apprendre à apprécier certains contacts.
Compagnon NPTT (neuro-pas-très-typique) d'aspicot :) -> HPI confirmé
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laboulette
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Re: Asperger et masturbation

Message par laboulette »

J'ai retrouvé le lin avec les extrait du livre d'Isabelle Hénaut sur la sexualité des aspergers :

http://books.google.fr/books?id=6PKWqPw ... ts&f=false
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Faisceau Concentré
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Re: Asperger et masturbation

Message par Faisceau Concentré »

Stef_asper, je m’excuse de répondre après si longtemps, tu remarqueras que mes interventions sont souvent sporadiques ^^.

Je trouve cette thématique assez originale mais d’une certaine manière je pense qu’elle est propice à mettre en lumière des choses intéressantes. Finalement, la question de la masturbation ne me semble pas vraiment centrale ici. Tout ça est très certainement à mettre davantage en lien avec un rapport au corps différent chez certains autistes mais aussi et surtout avec une réceptivité différente à un stimuli donné (ici les stimulations d’ordre sexuelles).

Pour ma part, je n’ai aucun désir sexuel propre. J’entends par là que je n’ai jamais désiré une autre personne. Toutefois, les personnages de mes mondes ont de tels désirs. Mon rapport à la beauté physique est très comparable au tiens. Je l’évalue en termes d’équilibre de composition, de contraste de matière et de couleur, de fluidité de mouvement et de tonalité de sons. En ce sens, la beauté n’est pas seulement visuelle et surtout elle est asexuée et sans âge.

De plus, je déteste plus que tout être désirée. Le désir de l’autre, qu’il soit d’ordre sexuel ou non, m’est très difficile à soutenir, je le trouve oppressant. A ceci s’ajoute un rapport au contact physique qui m’est très désagréable, voir insoutenable. Or, j’ai longtemps pensé à cette intolérance aux contacts, qui reste l’une de mes plus grandes difficultés, parce qu’elle m’assaille quotidiennement. J’ai fini par la mettre en relation avec mon rapport à mon propre corps. A vrai dire, lorsqu’il n’est pas stimulé, je ne sens pas du tout mon corps. Je le ressens uniquement lorsque j’éprouve de la douleur où lorsque que j’exerce une pression sur lui. Ainsi, j’aime porter des vêtements serrés et avoir des bracelets larges aux poignets, c’est en quelque sorte une manière de ressentir les limites de mon propre corps qui me reste inaccessible autrement.

Mais les sensations provoquées par ces contacts que j’exerce sur moi je les contrôlent. C'est-à-dire que je décide de quand je sens et quand je ne sens pas mon corps. Mais lorsqu’un tiers touche mon corps, ces sensations me sont imposées. Les contacts et surtout les pressions d’un autre corps sur le mien induisent une sur-stimulation qui bien au-delà de m’indisposer peuvent en arriver à me dégouter. Cela provoque chez moi un sentiment d’enfermement. Un peu comme si on vous cloisonnait dans une boite complètement ajustée à votre corps. En fait, plus que le contact lui-même, c’est l’absence de contrôle sur celui-ci que je trouve oppressant, mes sensations dépendent alors du désir de l’autre et c’est insoutenable.

Lorsque je parle de désir, c’est au sens large. J’éprouve le même malaise face à des contacts chargés de désir sexuel que lorsqu’une petite fille veut me faire un câlin tout simplement affectueux. Le problème reste toujours le contact avec une chose qui a sa propre volonté et qui par ce simple fait me l’impose. Je me demande si le fait que tu ne supportes pas qu’une personne essaye de te stimuler sexuellement pour ton propre plaisir n’est pas à mettre en lien avec le désir de l’autre. Je m’explique, si quelqu’un fait quelque chose pour te faire plaisir, d’une certaine manière il est en attente de ton plaisir. Et c’est peut-être cette attente qui est la plus difficile à gérer, le fait de devoir agir et surtout réagir selon le désir d’autrui alors que ce n’est pas une réponse qui nous est naturelle. C’est en tout cas ce que j’entends lorsque je dis que le désir de l’autre (au sens large) m’est insoutenable.

Le désir sexuel est motivé par la recherche d’un plaisir intense qui est en l’occurrence concentré dans les organes sexuels et les zones érogènes. Je pense que dans mon cas, les zones classiquement sources de plaisir ne sont pas réactives aux contacts. Par exemple, les seins ne sont pas pour moi une zone érogène. Je ne perçois aucune différence entre contact avec ces derniers et mon bras par exemple. Par contre, j’ai le crâne très sensible. J’éprouve un grand plaisir lorsqu’on me masse la tête, dès lors que je peux y mettre fin à convenance. Toutefois, ce plaisir ne provoquera pas de réactions dans les autres parties de mon corps. Alors que les zones érogènes, lorsqu’elles sont stimulées, sont censées créer un plaisir qui se répand dans le corps et stimule indirectement les organes génitaux. Ou alors, si c’est le cas, je ne ressens pas cette réaction. Après tout, ce ne serait pas si surprenant puisque je ne ressens mon corps que si j’exerce une pression sur lui. De ce fait, je n’éprouve pas de plaisir dans les intéractions sexuelles, voire elles me sont insoutenables à partir du moment où j’ai le sentiment d’en perdre le contrôle. Dès lors, on comprend aisément que je n’éprouve pas de désir sexuel, puisqu’il n’est pas source de plaisir.

Peut-être que je m’avance quelque peu, mais en te lisant j’ai l’impression qu’il en va de même pour toi. La société nous imprègne de l’idée que le sexe est la source d’un grand plaisir et il parait naturel de vouloir l’expérimenter. Toutefois, lorsque les perceptions et les sensations que ces dernières procurent sont différentes chez certains individus, ce pré-requis qui associe sexe/plaisir n’est plus forcement avéré. Il semble probable que tes zones sensibles ne sont simplement pas localisées au même endroit que chez les autres hommes et qu’ainsi les stimulations dites sexuelle n’ont pas d’influence sur toi. Mais d’un autre coté, c’est ton statut d’homme tel qu’il est défini par la société qui semble être remis en question par cette absence de désir sexuel et peut-être est cela qui nourrit ton désir d’avoir du désir ?

Peut-être que la solution serait de chercher d’autres zones que ton sexe pour te procurer du plaisir et ainsi désirer, non ?
Modifié en dernier par Faisceau Concentré le jeudi 8 août 2013 à 18:43, modifié 1 fois.
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freeshost
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Re: Asperger et masturbation

Message par freeshost »

Il est vrai que les zones "érogènes" varient d'une personne à l'autre. Chaque personne a sa propre peau. Et le plaisir peut être différent selon les lieux de la peau touchés et la manière, le contexte, les jours.

- des bisous sur les joues, sur le front,
- le fait de frotter une certaine partie de la face cachée des pieds,
- étreindre le doux duvet (et ne pas vouloir se lever du lit).
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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stef_asper
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Re: Asperger et masturbation

Message par stef_asper »

@faisceau concentré

Je me retrouve en effet dans ce que tu dis. Dans le rapport à ton corps et au desir de l'autre tel que tu en parles.
Ainsi, j’aime porter des vêtements serrés
Pour moi c'est l'inverse, on me dit souvent que je porte des vetements trop larges. Je dois avoir un sentiment d'etouffement.
De plus, je déteste plus que tout être désirée. Le désir de l’autre, qu’il soit d’ordre sexuel ou non, m’est très difficile à soutenir, je le trouve oppressant. A ceci s’ajoute un rapport au contact physique qui m’est très désagréable, voir insoutenable.
Oui pour moi c'est ca
Les contacts et surtout les pressions d’un autre corps sur le mien induisent une sur-stimulation qui bien au-delà de m’indisposer peuvent en arriver à me dégouter. Cela provoque chez moi un sentiment d’enfermement.
Tout à fait d'accord avec toi. Par rapport au desir de l'autre il faut faire la difference entre lorsque l'autre desire mon mal et lorsque l'autre desire mon bien. Face aux gens qui veulent mon mal (exemple : quelqu'un veut me voler mon portefeuille dans le metro) je reagit d'une facon tout à fait standard, je suis capable de me defendre mais sans en rajouter non plus, d'une manière generale face aux gens qui ne me respectent pas j'ai la capacité à mettre des limites sans heurter non plus la personne.

Par contre face aux gens qui veulent mon bien, mon plaisir, là ca se complique. Mais tu vois etre touché et etre regardé c'est exactement pareil. C'est "être possédé".

Ca me fait penser par exemple si on essait d'observer des animaux sauvages dans la nature. Le simple fait de se rendre compte qu'ils sont observés ils ne vont pas faire leurs activités comme si de rien n'etait, ils ne seront pas eux meme comme si de rien n'etait. Si on les met dans une cage ils vont se laisser deperir. Et bien moi c'est pareil : enfermé dans le desir de celui qui "veut mon bien" c'est comme si en moi une petite lumiere s'eteignait, je me retrouvé pris dans un filet, quelque chose de mortifere.
Peut-être que la solution serait de chercher d’autres zones que ton sexe pour te procurer du plaisir et ainsi désirer, non ?
D'un point de vue genital c'est comme si j'etais paralysé. Par contre bizarrement je ne ressens pas la meme chose par rapport au gustatif. Par exemple je peux apprecier la bonne cuisine, et puis quand je vois une jolie fille dans la rue je me dis : "tiens, je l'embrasserais bien". Si j'avais l'opportunité d'embrasser son sexe, je ferais bien, juste pour voir. Donc ici j'arrive à me laisser guider par une sorte de curiosité.

Peut etre que les psy diraient que je suis bloqué au stade oral, celui ou le bebe ressent un plaisir à la tété, et que je ne suis pas allé plus loin.

Ensuite le probleme de l'exploration des zones de plaisir c'est que j'ai pas trop envie de rentrer dans des trucs deviants ou bizarre. Meme si le plaisir est important malgré tout pour moi le plaisir n'est pas mon moteur. Je ne pense pas que se realiser ca passe par ca. Je vois plus la realisation comme etre en harmonie avec l'univers ce genre de choses ......