Humour et Asperger

[Dori]

Ce sujet de l'humour m'intéresse beaucoup car il est très communément admis que les personnes autistes sont dépourvues d'humour ou du moins de certaines formes d'humour surtout celles comprenant du non-sens, de l'absurde, de l'ironie, de la dérision.

Bien qu'ayant beaucoup de soucis de compréhension avec les codes sociaux et les conventions sociales, mon humour est très basé sur le second degré, le sarcasme, l'humour absurde et l'humour noir, j'aime également les jeux de mots et les calembours.

En revanche, l'humour à connotation sexuelle et vulgaire me désole et le succès e l' 'humour relatant des faits quotidiens me laisse perplexe.

Parfois, je regarde des humoristes qui racontent des choses très banales et pas drôles ( à mon sens du moins) et je suis toujours surpris de voir le public s'esclaffer au bout de deux phrases prononcées.

Je me dis que je ne dois pas être bon public et ne pas avoir le rire facile de cette forme d'humour peut-être.

Idem.

[Tea Bo]

Il m'arrive très rarement d'éclater d'un rire franc.

Je ne suis pas très porté sur les comiques : je peux regarder à l'occasion un sketch par curiosité si je tombe dessus, mais je n'irai pas voir un spectacle.
Les incontournables Inconnus ; oui par contre.

L'humour au cinéma davantage : si il est absurde (Monthy Pythons) ou noir (certains films de Bertrand Blier).



Ah oui, dans le registre absurde aussi : les Nuls .

par exemple



Je peux être gêné par contre parfois si on fait un trait d'humour sur moi . Enfin, je pense que cela a du m'arriver. Je ne sais pas comment dois je le prendre alors. Si derrière cela se cache une vrai critique sur ma personnalité ou juste une légèreté .

[mathieu frank]

je comprends bien l humour
je suis tres ironique voir trop et ca passe souvent mal ou de second degré compris par moi seul
sinon j ai tendance a m approprier des répliques de film ect

[Morgane26]

Bonjour à tous,
Un sujet qui me cause bon nombre de difficultés dans la vie quotidienne avec le SA.
Je me sens depuis toujours en décalage permanent avec les autres jeunes de mon âge par exemple au lycée et ai du mal à m'exprimer au second degré etant donné que je prends tout à coeur pour "moi" et le prof de francais m'a dit un jour il y a 3 mois "Si tu ne comprends pas le second degré, tu ne pourras jamais t'intégrer en société avec les autres". Cette phrase m'a blessé et depuis, quand je lève la main, il me dit "baisse ta main, je ne t'interroge pas". Comme si mon humour dérange la classe ou lui.
Avec mon frère et soeur de 14 ans, leur humour est complexe à distinguer et les visages encore pire. nos relations sont devenues invisibles et à cause de ma difficulté à comprendre l'humour, on me dit "mais t'es débile ma pauvre! c'est de l'humour!!"
Depuis toute petite, je m'exprime au 1e degré. J'arrive pas à comprendre l'humour.
Et vous, auriez vous des conseils à me donner pour mieux comprendre l'humour des gens? Comment faites vous avec votre différence pour ne pas passer pour des personnes que vous n'êtes pas justement? j'évite de dire le mot...
Arrivez vous à rire avec les gens malgré tout au travail par exemple ou pas?
Je m'inquiète pour ma future vie professionnelle surtout au niveau de mon type d'humour.

[freeshost]

On peut déjà faire la distinction entre comprendre une certaine forme d'humour et apprécier celle-ci, en séparant alors en trois groupes au moins :

- les blagues que je comprends et que j'apprécie (1),
- les blagues que je comprends et que je trouve peu drôles (2),
- les blagues que je comprends et que je trouve déplacées, irrespectueuses (3),
- les blagues que je ne comprends pas (4).

Le groupe 1 te fait rire à chaudes larmes. Pas de problème !
Le groupe 2 te fait dire "blague à deux balles, c'est du réchauffé". Il y a bien un effet de lassitude, et l'on n'y peut pas grand-chose, éventuellement faire semblant d'être dans le cas 1 (faut pas trop surjouer, ou la personne va remarquer que tu fais semblant).
Le groupe 3 te fait rire jaune, voire réagir (par exemple une blague sexiste alors que tu trouves le sexisme irrespectueux, inacceptable). Là, ça dépend des décisions que tu vas prendre quant à tes réactions à ces blagues, et quant aux personnes qui les sèment à tous vents.
Le groupe 4 te fait t'étonner. "Pourquoi tout le monde rit et pas moi ?" Là, peut-être lire des livres de blagues, voire des livres qui analysent précisément les différentes formes d'humour et les groupes de personnes que ça fait rire, et les groupes de personnes que ça ne fait pas rire, puis voir comment tu te positionnes face à chaque type d'humour.

Pour le second degré, ce n'est pas évident. Il n'y a pas un algorithme ou une recette toute faite qui permet de prédire sa réalisation et sa non-réalisation. Ça dépend du contexte, du langage non verbal, de la personne, du niveau de complicité que tu as avec la personne, etc. Il y a plusieurs trucs :

- toujours envisager le second degré (ironie, on te charrie, on joue la comédie, etc.), mais cela ne t'avance pas beaucoup,
- évaluer si ce que dit la personne est crédible ou non ("J'ai vu Napoléon et il m'a laissé monter sur son cheval blanc." ), cela dépend de tes connaissances ; en l'absence de connaissances, tu auras toujours un doute (par exemple si je te dis que le rapport entre la grande diagonale d'un cube et son arête égale la racine carrée de 3 et que tu n'as pas appris comment vérifier si ce que je dis est vrai ou non), d'où mon encouragement à apprendre (l'ignorance fait le jeu de l'idéalisation, de la diabolisation et du doute, des faiseurs de doutes),
- observer le langage non verbal (ton de la voix, mimiques faciales, suivez le regard, etc.) pour voir s'il n'y aurait pas anguille sous roche, prendre note des observations.

Contexte pour s'entraîner : regarder des films drôles (que des personnes te conseillent), des sketches d'humoristes (les réactions [de rire] du public sont une rétroaction*, qui t'aidera à situer où il y a du drôle), etc.

* Il s'agit de montrer (via le langage verbal ou via le langage non verbal) que tu as reçu, compris et, le cas échéant, apprécié le message/l'action de l'autre à ton intention.

Autre ensemble de trucs : pratiquer l'humour, ses différentes formes, t'entraîner à faire semblant, à faire ton cinéma (mach' doch kein Theater = fais pas ton cinéma), à user de l'ironie, et à petites doses, à doses imprévisibles. L'imprévisible est l'une des forces de l'humour (donc ça ne joue pas avec la prévisibilité, le déterminisme, la monotonie, les routines ) comme c'est l'une des forces et nécessités du poker : soit un joueur trop prévisible, et les autres joueurs comprendront ta stratégie rapidement, et ne manqueront pas de s'y adapter. Répète toujours les mêmes blagues à la même fréquence, et les autres s'en lasseront très rapidement ("les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures" ). Bref, il s'agir de coder/créer/composer et pas seulement décoder/percevoir/consommer, tout comme pour les langues, où il s'agit de coder (écrire, parler) et de décoder (lire, écouter [et comprendre]). Le codage peut aider le décodage, et inversement.

Tu prends tout à cœur ? T'es-tu déjà entraîné à prendre du recul ? À relativiser l'importance des choses ?

Hmmm... c'est à la fois si simple et si compliqué*, comme dirait le capitaine Haddock (à la fin de l'album Tintin au pays de l'or noir).

* Dans mes explications, il y a divers trucs où les personnes spectro-autistes ont, en général, plus de difficultés (second degré, sous-entendus et autres implicites ; rétroaction ; certaines figures de style ; langage non verbal ; prendre des initiatives et créer le changement, l'imprévisibilité).

[freeshost]

Au fait, je me demandais... imaginez le scénario suivant :

Tu te rends à une conférence sur l'autisme. Même si tu as déjà beaucoup appris sur l'autisme, ayant reçu le diagnostic d'autisme, ayant rencontré plein de personnes autistes, ayant parcouru plein de ressources sur l'autisme, cette conférence peut t'apprendre de nouvelles choses auxquelles tu n'avais pas pensé. Bref... tu t'y rends, en pleine motivation.

Il y a pas mal de monde qui arrive - cette conférence doit sûrement être du plus grand intérêt ! - ce qui te met un peu mal à l'aise. Mais il y a suffisamment pas assez de monde pour que tu t'installes dans la salle.

Tu suis avec intérêt les dires de la personne, voire tu prends des notes.

Et là ! À un moment donné, elle fait une blague ! Le public dans son ensemble éclate de rire ! Toi aussi, tu la trouves marrante.

Voici la question :

Prends-tu cela plutôt comme positif (humour, joie, détente, zygomatiques, confiance, complicité, etc.) ou comme négatif (surcharge sensorielle, cet immense et inattendu éclat de voix éparses) ?

[EnHans]

Prends-tu cela plutôt comme positif (humour, joie, détente, zygomatiques, confiance, complicité, etc.) ou comme négatif (surcharge sensorielle, cet immense et inattendu éclat de voix éparses) ?

Je suppose que beaucoup de paramètres seraient à prendre en compte, notamment l'état de fatigue à ce moment précis. Etat lié aux difficultés rencontrées pour se rendre dans cette salle ou à la qualité des nuits précédentes... etc
Il faudrait également savoir, au delà de la surcharge sur l'instant... comment tu encaisses ça ensuite, les répercussions pouvant se manifester plus fortement après avoir quitté la salle...

[EnHans]

- les blagues que je comprends et que j'apprécie (1),
- les blagues que je comprends et que je trouve peu drôles (2),
- les blagues que je comprends et que je trouve déplacées, irrespectueuses (3),
- les blagues que je ne comprends pas (4).

Une autre catégorie : les paroles qu'on croit être de l'humour (trop absurde) et pourtant dîtes avec le plus grand sérieux par l'interlocuteur... très très difficile à appréhender comme situation. Fait il ou pas de l'humour ??

[MystAirH]

Bon, et puis j'aimerais bien rire de Sheldon, mais les rires enregistrés me crispent ; le débat est lancé avec les bigbangtheoryphiles

Arf, je ne peux pas m'empêcher de penser à la fois où j'avais lancé la lecture du DVD de la première saison de cette série qu'on m'avait tellement recommandé... Même avec beaucoup de détermination et de curiosité, je n'ai pas tenu plus de 5 minutes. Les rires enregistrés ne me dérangeaient pas tant à une époque (bien plus jeune), mais aujourd'hui ce n'est pratiquement plus possible pour moi. Donc pas de BBT pour moi, où sans le son...

La forme humoristique qui me plait le plus est l'ironie, par exemple j'aime beaucoup le contraste entre le ton utilisé (sérieux) et le fond (déjanté). J'aime beaucoup l'humour noir également car je crois qu'on peut rire de tout mais pas avec n'importe qui. (Je ne sais plus de qui c'est).

Ne serait-ce pas de Desproges ? (sans allé de faire de recherche, ce serait trop facile)

Je suis aussi fan de jouer l'air sérieux au maximum en me mettant dans un rôle grotesque où j'exprime en fait une part importante de mes ressentis primaires de manière totalement exagérée (à l'égard de mon environnement, personnes incluses). Cela, je pense maintenant avec le recul, pour me détendre inconsciemment et tenter d'en faire rires et participer les autres. Malheureusement force a été de constater que ce dernier but n'a que peu fonctionné jusqu'ici voire qu'il m'a coûté bien des amitiés débutantes ou même de longue date. Je pense qu'aujourd'hui avec les personnes mises au fait de ma différence, cela pourrait mieux passer et amener plus de satisfaction à chacun. A tester et à voir.

Je suis aussi de ceux qui ont besoin de rire de tout, sinon le côté dramatique de certaines actualités/situations (personnelles ou partagées) ne me seraient tout simplement pas supportables. Contrairement à ce que certains peuvent penser de cette attitude, cela ne dépeint en rien un profond manque de respect et d'acceptation à l'égard des victimes de ces actualités/situations dramatiques, c'est en fait tout le contraire, c'est parque que celles-ci me touchent si intensément et intérieurement (même si ça ne me touche pas directement) que j'ai besoin d'activer la soupape de sécurité permise par l'humour et le rire dont on connaît les effets relaxants.

[MystAirH]

Prends-tu cela plutôt comme positif (humour, joie, détente, zygomatiques, confiance, complicité, etc.) ou comme négatif (surcharge sensorielle, cet immense et inattendu éclat de voix éparses) ?

Euh, joker !!
Non mais les deux. J'aime rire et si c'était drôle je vais rire. Mais évidemment que la réaction "immense" va me coûter une partie disproportionnée de ma capacité à faire face "aux délires des foules".

[Artemisia69]

Tout à fait d'accord avec le fait que nous ne sommes pas tous imperméables au second degré. Perso ce sont les allusions salaces ou vulgaires que au début, je ne captais pas, et qui maintenant m'affligent juste...

Les séries style BBT, pareil que la plupart d'entre vous, j'ai du mal avec ces rires enregistrés. En revanche l'humour à froid ou absurde, j'adore. Quelqu'un a cité les Monty Python, ce sont mes maîtres à penser (mais il est vrai que ce n'est pas de la comédie à la française). J'ai un faible pour Kaamelott et Alexandre Astier en général aussi... Et les Nuls, je suis fan absolue, capable de me regarder l'Intégrule en boucle, et non seulement je glousse à chaque fois, mais je re-glousse encore chaque fois que je REPENSE à certains gags (commentaire atterré de mon mari: "Non... T'es encore là-dessus ?), ce qui confirme l'hypothèse que nous ne nous lasserions pas de la répétition de ce qui nous met en joie

Un humoriste (d'ailleurs TSA diagnostiqué) qui fait du stand-up et qui me fait presque toujours rire : le Suisse Thomas Wiesel.



(un extrait de son spectacle à Paris, pour être accessible à tous

Et hors comédie, mais une de mes références absolues niveau humour : la BD "Rubrique à Brac" de Gotlib Pour les personnes attentives aux détails, comme nous le sommes souvent, c'est délectable...

[Ostara]

Message supprimer

[Lilas]

Modération (Lilas) : 
Rappel : la section "Espace TSA", comme son sous-titre le précise, est dédiée aux témoignages des personnes diagnostiquées (voir les détails ici et la synthèse là).

[Ostara]

Je voudrais supprimer mon message du coup mais je n'y arrive pas^^

[EnHans]

Un humoriste (d'ailleurs TSA diagnostiqué) qui fait du stand-up et qui me fait presque toujours rire : le Suisse Thomas Wiesel.

Il est diagnostiqué ?? En tout cas, je viens de le découvrir et je le trouve très fort.