Il ne s'agit pas de « limiter les cas trop complexes et chronophages », puisque les cas complexes relèvent des CRA.
Il s'agit de filtrer les cas pour lesquels le « matériel » nécessaire pour effectuer le diagnostic est insuffisant.
Il ne s'agit pas de « limiter les cas trop complexes et chronophages », puisque les cas complexes relèvent des CRA.
Spoiler :
Je suis de ton avis PetitNuage, j'espère en effet que pour nos enfants et nos petits enfants il existera un bilan sanguin, ou génétique ou une imagerie avec une sensibilité et une spécificité suffisantes pour établir un diagnostic sans avoir à se soumettre à la subjectivité de professionnels qui malgré leurs bonne volonté sont pétris de biais et de limites dont ils n'ont même pas conscience. Quand on est qualifié d'"expert" on tombe vite dans un biais de confirmation des ses premières impressions en ignorant, de bonne foi, tout ce qui va à l'encontre de son premier jugement...PetitNuage a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 11:53 Je ne te trouve pas cynique Thomise mais réaliste
car effectivement il y a de très fortes inégalités sur le territoire
et d'encore plus fortes inégalités au niveau du parcours individuel de chacun.
J'espère qu'un jour on pourra trouver des marqueurs biologiques
qui permettront de détecter les signes du TSA et d'autres TND
sans avoir besoin de passer par l'anamnèse
pour que chacun puisse recevoir ou pas
un diagnostic fiable qui n'est pas biaisé par tout ce que évoques.Spoiler :
Désolée, mais je n'adhère pas à la systématisation que tu sembles faire.
Spoiler :
Loin de moi cette généralisation, je n'ai rien dit de tel. En revanche, j'ai peut-être encore l'illusion qu'une personne qui a été diagnostiquée TSA (en collant parfaitement aux critères requis du DSM) sera aidée et soutenue comme cela me semble devoir être le cas... Mais la réalité de terrain est peut-être bien loin de cela au vu de ce que tu suggères, malheureusement. Et c'est inacceptable, en effet.Lilas a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 15:06Désolée, mais je n'adhère pas à la systématisation que tu sembles faire.
On peut bien heureusement être aidé et soutenu sans avoir reçu de diagnostic de TSA, comme on peut avoir reçu ce dernier et ne pas trouver le soutien dont on a besoin.
Un diagnostic de TSA n'est pas un sésame pour une vie heureuse et sans plus de problèmes.
Thomise a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 11:42 Les réponses de chacun sont intéressantes. Merci de vos retours
En effet, les CRA sont en théorie censés s'occuper des cas dits "complexes" et c'est là entre autre que le bât blesse. La notion de complexité.
Un adulte, qui plus est femme, éventuellement HPI avec une histoire de vie difficile (par ex : orphelin, maltraitance, isolement familial précoce, traumatismes divers, déracinement, migrant...etc et j'en passe, les parcours de vie complexes sont légion) qui est malgré tout parvenue à travailler, avoir des enfants, conduire (au prix d'une sur adaptation constante, d'effondrements réguliers, de souffrances tues car incomprises...) n'est pas considéré comme un cas de TSA potentiel complexe car il est plus simple de dénier un éventuel trouble neurodéveloppemental au motif qu'elle n'a plus de parents (au sens large car migrant ou enfant unique, ou avec des déracinements multiples et aucune attaches sociale de l'enfance...) ni de documents de l'enfance (les familles maltraitantes ne gardent pas soigneusement les livrets scolaires, les enfant ne sont pas suivi médicalement...etc à fortiori il y a 30 ou 40 ans) et se "contenter" de diagnostiquer une comorbidité anxio dépressive en lieu et place d'un effondrement autistique par surcharge de masking.
Je pense donc que les cas les plus complexes et les moins bruyants, celles et ceux qui ont appris à survivre en prenant toujours sur eux-mêmes, à s'effondrer le soir en silence dans leur lit où dans les toilettes pour pouvoir le matin revêtir le costume du travailleur respectable, ceux-là n'ont rien à attendre ni des CRA ni d'aucune structure. Ils faut bien sacrifier quelques têtes sur l'autel des critères rigides du DSM qui n'a été établi que sur des cohortes de cas "purs" qui ne reflètent pas la complexité réelle de la vie des humains.
Si on rajoute l'inégalité considérable de compétence des personnels des CRA sur le territoire (Paris et sa région et quelques mégapoles de provinces ont toujours attirés les meilleurs, toutes professions confondues, du fait du centralisme Français), la personne qui habite dans une région de province inattractive a droit à une triple peine. Pas d'accès au CRA qui est de tout façon saturé et peu compétant pour les cas complexes atypiques, pas de psychiatres libéraux et les seuls accessibles après des mois d'attente sont plus souvent d'obédience psychanalytique, pas d'accès à une psychothérapie car les CMP eux aussi priorisent las cas dits "lourds".
Ne reste qu'à travailler, s'épuiser, rester dans sa solitude et un jour, après avoir été un bon citoyen et payé ses impôts pendant des dizaines d'années pour financer ces structures inaccessibles, envisager de mettre fin à ses jours, discrètement et sans faire de bruit, pour ne pas déranger celles et ceux qui s'occupent des vraies personnes en souffrance...et qui rentrent à merveille dans les cases du DSM et les abaques de l'ADOS, L'ADI-R, CARS, M-CHAT... Et puis après tout, un suicidé ça en fait toujours un de moins dans la file d'attente (et en prime une retraite de moins à payer) et donc le malheur des uns fait le bonheur des autres...
Je suis désolée pour la caractère cynique et désabusé de mon message mais il reflète ce que je constate depuis longtemps sur le terrain et je suis dépitée de l'absurdité et l'incohérence de ce monde.
Malgré tout prenez soins de vous, et pour les plus chanceux qui avez pu avoir accès à une véritable aide savourez votre chance et activez tout les leviers à votre disposition pour vous ménager une belle vie .
Non, c'est exact. C'est juste un bout de réponse qui peut aider à se comprendre, comprendre certains éléments de son propre vécu par exemple. Cela reste individuel. Ensuite, c'est propre à chacun de décider ce qu'on fait avec "cette information".
Tout à faitMrMétaphysique a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 16:08[...]
Dernière chose : il faut rester ouvert à la possibilité d’un autre diagnostic. L’important, c’est de bien exposer sa situation, ses problèmes et de passer des tests. Ensuite, le résultat doit faire sens, positif ou négatif. Un médecin n’est pas là pour vous dire ce qui vous fait plaisir, en revanche il doit toujours dire quelque chose d’argumenté qui fait sens.
Et qu'est-ce qu'apporterait de plus de diagnostiquer un effondrement autistique ? A part de dire que dans ce cas c'est lié au fonctionnement de la personne et qu'il n'y a pas de remède ?
Je suis surprise (et amusée) de me découvrir dépressive et paranoïaque... J'en parlerai à ma psychologue qui me connait bien. Elle a dû passer à côté d'un truc...MrMétaphysique a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 16:08 Ton message n’est pas cynique, mais à tendances fortement paranoïaque et dépressive.
On est d'accord, en effet. Les cas complexes sont pas définition difficile à bilanter, chronophages et non rentables au vu des exigences des ARS (Agences régionales de Santé) qui demandent aux structures sanitaires (Hôpitaux publics et structures qui s'y rapportent comme les CMP, CRA...entre autres) d'être rentables. Je n'invente rien, je connais très bien le fonctionnement le monde sanitaire de l'intérieur pour y avoir travaillé longtemps.MrMétaphysique a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 16:08 Les CRA sont censés s’occuper des cas complexes, mais dans les faits ça n’est justement pas le cas, car les psychiatres ne respectent absolument pas les recommandations.
Bien au contraire, c'est du travail rapide, simple et rentable pour les équipes des CRA. Un cas typique sera toujours bienvenu dans un CRA, et c'est en soi une bonne chose vu que malheureusement les psychiatres libéraux en France sont très mal formés à l'autisme et que les bilans neuropsychologiques en libéral coûtent des centaines d'euros. Toute personne TSA, typique ou atypique a besoin d'être aidée et soutenue, donc si les CRA servent au moins à diagnostiquer et à orienter vers les bonnes aides les personne TSA typiques c'est déjà bien .MrMétaphysique a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 16:08 Je n’ai pas entendu d’histoire d’un CRA qui aurait refuser un cas car « trop simple ».
Les traumatismes en tant que tels, non en effet. En revanche les situations familiales et documentaires qui parfois en découlent directement (parents décédés, absence de proche de l'enfance, perte ou destruction des documents liés à l'enfance...etc) sont eux exclusifs bien souvent. Je cite : "pas de parents présents, pas de rendez-vous"MrMétaphysique a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 16:08Je n’ai lu nulle part que des traumatismes passés servaient à exclure par principe un diagnostic d’autisme.
Les études de cohorte en santé regroupent toujours des cas dits "purs". Il y a des cas "purs" sur tout le spectre (à ne pas confondre avec l'autisme anciennement catégoriel dit "prototypique"). La pureté se définissant comme l'absence de comorbidités ou particularités associées, ce qui est le plus souvent la règle dans la vie réelle.MrMétaphysique a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 16:08 Je ne pense pas non plus que le DSM ait été rédigé en considérant des cas « purs » puisque le concept même de « spectre » de l’autisme cherche à anéantir la pureté du concept pour lui préférer une sorte de variation sur thème.
On est d'accord.MrMétaphysique a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 16:08 Les CRA sont réputés inégaux en compétence pour l’autisme adulte, oui.
Ca dépend où... Dans ma région la plupart te répondent qu'ils ne prennent plus de nouveaux patients... Moi j'ai fait le deuil d'une aide possible (au pire je garde l'idée pour plus tard que quand ma souffrance sera trop intense et que je n'y arriverai plus, il me restera l'option suicidaire qui ne coutera rien à la société, n'empêchera pas le monde de tourner et laissera une place disponible pour un autre dont les difficultés sont plus légitimes), mais je rencontre de par mon travail bien des gens en grande détresse (adultes comme enfants) pour lesquels il n'y a pas d'aide possible même en urgence, à moins d'être suicidaire et ou en décompensation psychotique aigue. Je trouve ça grave... et triste dans un pays comme la France . L'errance diagnostique est plus la règle que l'exception.MrMétaphysique a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 16:08 En revanche, il existe beaucoup de psychiatres libéraux disponibles. Il n’y a pas tant de mois d’attente que ça à faire. J’en ai rencontré plusieurs cette année. Le plus long a été trois mois. Si le diagnostic est si vital, je pense qu’on peut attendre trois mois.
Dans ma région c'est justement tout l'inverse! Les psychologues sont beaucoup plus d'orientation TCC que psychanalyse , ce qui n'est pas le cas des psychiatres dont la moyenne d'âge est plus proche de 50 ans que de 30!MrMétaphysique a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 16:08 La plupart des psychiatres, surtout les nouveaux, ne sont pas du tout psychanalystes. Au contraire. C’est plutôt les psychologues le problème.
Pour ma part, j'ai comme je l'ai dit fait le deuil d'une aide. Je ne suis de toute façon pas en capacité de faire 50 ou 100km pour un suivi , de plus la psychiatrie étant soit sectorisée soit surbookée je doute que cela soit une solution pérenne.MrMétaphysique a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 16:08Il y a inégalité territoriale, oui, mais comme pour certaines maladies ou opérations chirurgicales, il faut accepter d’aller consulter dans d’autres villes, même éloignées. Du moins, si c’est réellement vital.
Je suis contente pour toi . C'est super de savoir que c'est parfois possible.MrMétaphysique a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 16:08Personnellement, j’étais persuadé que j’aurais à me battre comme pas possible pour que ma demande de test soit perçue comme légitime, et ça n’a pas du tout été le cas ! Il faut donc accepter de rassembler ses forces et d’aller à la rencontre d’un inconnu, le psychiatre.
Je ne pense pas du tout que le monde "soit contre moi" . Je ne suis rien à l'échelle du monde et ce serait bien prétentieux et égocentrique de penser ça. Je crois juste que la condition humaine est injuste, qu'il y a des gens dont le destin est de souffrir et de mourir et d'autre qui ont plus de chance à la grande loterie de l'existence.MrMétaphysique a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 16:08Le monde n’est pas forcément contre vous. Je le dis en ayant moi-même souvent cette impression. Il faut dépasser les tergiversations et passer à l’acte.
Ce n’est pas facile, mais ce n’est pas l’enfer que vous décrivez.
En effet, un médecin est même rarement là pour dire "ce qui fait plaisir", par définition même apprendre que l'on est malade, quelle que soit la maladie n'est, je pense, agréable pour personne !MrMétaphysique a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 16:08 Dernière chose : il faut rester ouvert à la possibilité d’un autre diagnostic. L’important, c’est de bien exposer sa situation, ses problèmes et de passer des tests. Ensuite, le résultat doit faire sens, positif ou négatif. Un médecin n’est pas là pour vous dire ce qui vous fait plaisir, en revanche il doit toujours dire quelque chose d’argumenté qui fait sens.
Merci de ce partage LilasLilas a écrit : ↑dimanche 22 octobre 2023 à 18:46Et qu'est-ce qu'apporterait de plus de diagnostiquer un effondrement autistique ? A part de dire que dans ce cas c'est lié au fonctionnement de la personne et qu'il n'y a pas de remède ?
J'ai eu mon daignostic de TSA il y a quelques années maintenant.
J'en ai fait part à mon travail, à un moment où j'allais de moins en moins bien du fait de l'organisation du travail qui avait évolué.
Résultat, tout a été mis sur mon dos et sur celui de mon TSA, sans se dire que c'est l'organisation qui était malade. Et rien ne s'est arrangé.
Au final, j'ai fini dans le cabinet d'une psychiatre, pas du tout spécialisée dans les TSA, avec une indication de trouble anxio-dépressif. Elle a pris en compte mon TSA mais m'a traitée pour ce second trouble, m'a prescrit des anti-dépresseurs et un anti-psychotique contre l'anxiété, ainsi qu'un arrêt de travail de plusieurs mois. Elle m'a remise d'aplomb. L'organisation a changé. J'ai repris le travail et tout va bien. Pourtant, je suis toujours porteuse de TSA. Mais j'ai surmonté mon trouble anxio-dépressif. Et c'est bien celui-ci qui m'empêchait de vivre et de travailler, et non mon TSA, et heureusement que la psychiatre ne s'est pas arrêtée à ça pour me dire que c'était lié à mon fonctionnement et qu'il n'y avait pas de remède.
Mais justement, c'est là où le diagnostic de TSA peut être néfaste car on lui attribue à tort le problème là où la cause peut être extérieure.
C'est le rôle du professionnel de déterminer la cause justement... Si le pro n'a pas en tête l'existence du burn-out autistique, il risque aussi de ne pas traiter la bonne cause, ne pas identifier les sources de stress de la personne, parce que ces éléments ne seraient pas source de stress pour une personne non TSA. Moi j'ai vraiment l'impression que les pros que j'ai appelés à l'aide pour mes difficultés me laissent couler parce qu'ils ne comprennent pas la fatigue et le stress provoqués par des simples imprévus, des simples interactions, des simples dossiers à monter, etc. Parce qu'ils n'envisagent pas que ces choses-là puissent mener au burn-out, et qu'ils continuent à croire que me pousser à interagir plus et à travailler plus va m'aider. Après, ça ne veut pas dire que le pro doive forcément tout expliquer par le TSA, justement il faut trier... Mais expliquer par le TSA n'implique pas non plus de partir du principe que c'est comme ça et qu'on ne doit rien y faire, au contraire.