Merci pour l'ouverture de ce sujet, bonne idée! J'ai l'impression de me lire dans quasiment chacun de vos messages.
Je me retrouve bien dans le message de @mjk : pas de dépit + oscillations entre diagnostic envisagé comme positif ou non + pas envie de m'identifier de trop (si j'ai bien retenu).
Je me retrouve aussi tellement dans les messages de @neigeblanche et d'@evie!
Je rejoins pleinement le message d'@alexgalere, j'essaie moi aussi de ne pas me centro-centrer
en faisant de cette éventuelle nouvelle donnée un fondement de mon identité. Oui oui et oui, la question cruciale est bien celle du besoin d'appartenance mêlé à celui de la reconnaissance individuelle. Je vois ça comme un problème de contenant pas adapté: on fait partie d'ensembles dans lesquels on ne se sent pas à l'aise, et on aimerait être contenu avec d'autres dans un espace qui respecterait quand même notre essence. Je crois que c'est les dimensions qui ne sont pas adaptées: on est forcément toute sa vie très seul et pourtant entouré par les autres. Le fait de ressentir un fossé et de ne pas pouvoir lier ces deux états, passer de l'un à l'autre en s'y sentant bien, est la source de mon malaise.
lulamae a écrit : ↑dimanche 7 avril 2019 à 11:48
C'est simplement que je n'ai pas trop envie d'essayer de comprendre complètement à fond des trucs qui finalement ne me concerneraient pas. On n'a pas de toute façon les mêmes manifestations du TSA, et, si je reconnais une familiarité très nette quand je suis avec des autistes (c'est vraiment ça, j'ai l'impression d'être "en famille", avec ma famille paternelle, mon frère ou ma soeur), je ne me reconnais pas dans tout, et j'ai des particularités que d'autres n'ont pas (surdité par exemple).
Ce qui me manque dans le diagnostic, et rend difficile l'attente, c'est que j'ai l'impression que ça expliquera pourquoi je n'arrive plus à faire confiance aux gens, même en amitié. En m'autorisant désormais à être moi-même, je développe zéro tolérance envers les manquements humains, les maltraitances psychologiques (manipulation, chantage affectif). Je déprime en présence de personnes qui du jour au lendemain ne m'adressent plus la parole sans me dire pourquoi, ça me fait partir en vrille, surtout quand je fais l'effort d'expliciter ce que je ressens, alors que ça m'est difficile, et que je demande explicitement de clarifier les choses. A noter que je parle de relations IRL, pas de personnes du forum !
Je crois qu'en fait, je vais être déçue si j'attends que le diagnostic m'aide à ne plus avoir ce type de problème, et il faudrait que je m'y prépare psychologiquement... Que j'aie un TSA ou autre chose, je ne pourrai pas empêcher que certaines personnes ne fassent jamais l'effort d'expliciter leurs réactions, même quand on en a besoin, qu'on le demande. Et j'appelle ça jouer avec mes sentiments, et ne pas respecter mes demandes. Ou alors, qu'on me dise qu'on n'en est pas capable, qu'on m'explique quoi faire.
Bon, j'aurais pu tout aussi bien poster ces deux derniers paragraphes dans "juste pour gueuler", mais si vous me dites, les non-diagnostiqué(e)s, que vous pouvez aussi être concerné(e)s par ce type de difficultés, je me sentirai moins seule !
Je fais ma fainéante, je copie-colle.
Oh oui je suis concernée, mot pour mot! Mais pour moi c'est quand même grandement lié à ma confiance en moi: si j'étais plus sûre de moi, que j'attendais moins des autres, alors je serais plus détachée lorsqu'ils disparaissent sans raison. J'ai un équilibre à trouver à ce niveau. Je ne serai bien sûr jamais indifférente, je ne me leurre pas. Mais en projetant moins au départ sur les autres et en me sentant libre moi-même de ne plus les voir si j'ai envie, je crois que ça me ferait moins mal. Bref pour moi il est basiquement question de sécurité affective que je ne réussis pas à bâtir de moi-même pour moi-même.
Mais je suis comme toi hein, ça me rend dingue de ne pas comprendre. Ce n'est même pas pour la personne elle-même, c'est juste pour le principe. (ah je pourrais râler des heures durant sur ce sujet, tellement ça me dépasse et m'horripile).
1 an bientôt pour la restitution:
C'est de la maltraitance à ce stade non? Moi qui attends mon RDV en novembre, je n'ai même pas essayé d'anticiper une date de résultat, sinon j'abandonnerais illico je crois.
Comme toi je ne veux pas me plonger dans le sujet pour rien, j'ai surtout besoin de me laisser vivre. Je n'ai plus le temps ni l'âge pour me chercher. Simplement, depuis que j'ai lu quelques descriptions, je ne lésine plus sur les adaptations. C'est simple: en faisant comme si j'étais diagnostiquée, j'agis en conséquence pour me faciliter la vie. Et du coup il y a des choses qui vont mieux.
Le temps est tellement long avant de pouvoir consulter, que je ne sais plus trop ce que j'attends du diagnostic. J'ai juste envie de pouvoir parler à quelqu'un de choses que je n'ai jamais dites (parce que je ne soupçonnais même pas que les autres pouvaient fonctionner différemment sur certains points), d'être entendue et pas juste écoutée. Avoir quelqu'un en face qui sait vraiment de quoi je parle.
ça serait quand même la première fois.
Parce qu'au début, il y a longtemps... quand je disais que j'avais une phobie sociale, la personne lambda me disait "mais non, tu es juste très timide".
Quand bien plus tard, je disais à des HPI que j'avais du mal à rester en leur compagnie aussi longtemps (bref je leur exposais la théorie des cuillers de manière détournée), ils ne comprenaient pas ma fatigue. (y a-t-il d'autres HPI sur ce fil?)
Donc le sentiment de ne jamais fonctionner comme les autres, ça devient pesant.
Comme Evie, tant que j'évite tout va bien évidemment - une illusion.
Mais le souci c'est qu'il faut bien vivre dans le monde extérieur de temps en temps. Et aussi que les autres veulent toujours trouver des points communs parce que ça les rassure, ils ont un instinct grégaire de ouf. Moi aussi sûrement, mais ce besoin n'a jamais été bien assouvi, je me suis trop habituée à m'adapter et à voir les autres comme toujours différents de moi. Je crois qu'à force c'est ça aussi qui fait que je fais moins d'efforts pour connaître la vie des gens, m'intéresser aux trucs de surface les concernant: je sais d'avance que ça n'ira pas bien loin et je n'ai pas l'énergie de faire comme si on allait pouvoir se rapprocher. D'où certainement une distance que les gens ressentent en ma présence, pourtant j'aime les gens, mais ce qui m'intéresse c'est ce qu'ils ont dans les tripes et ça leur fait peur de se dévoiler comme ça directement.
Au final j'attends surtout du diagnostic qu'il me permette de m'autoriser à me reposer, comme pas mal d'entre vous. Parce que j'avoue que je suis fatiguée en fait... et l'après, je n'y pense pas parce que je sais qu'il n'y a rien de prévu. Je sais que je devrai continuer à me débrouiller seule, j'espère juste trouver un psy compétent, spécialisé ou non, pour souffler de temps en temps.