Benoit a écrit :Pour la partie "comprendre ses émotions", peut être qu'essayer de les rattacher au volet sensoriel peut t'aider. Les cerveaux autistes sont réputés être de machines très bizarres dans leur façon de traiter les "informations" liées aux sens, et de les combiner aux sentiments justement.
Si tu ne l'as pas vu, il doit y avoir des vidéos sur le site du "Cerveau d'Hugo", à commencer par celle intitulée Une autre perception.
Je reste focalisée là dessus.
A essayer de comprendre vraiment le fonctionnement des émotions/sentiments chez les autistes.
J'ai du mal à trouver des articles pointus dessus.
Par exemple, j'ai adoré cet article (
http://autisme.aveyron.free.fr/spip.php?article7 ), et en le relisant, je tombe là dessus
Nous avons dit plus haut que le penseur visuel n’a pas la capacité comme le penseur verbal de développer une visée du monde. Celui-ci développe une vision du monde tel qu’il se présente, le penseur visuel ne peut que constater la vision qu’il a de son environnement, il ne peut le juger à l’instar du penseur verbal. Cette prévalence de la vision du monde sur la visée, engendre une certaine forme de sentiment de soi éclatée et analytique qui ne donne pas accès à l’ambivalence émotionnelle. En effet, l’ambivalence émotionnelle est très directement liée à l’idée de conflits mentaux qui se développent essentiellement avec les émotions d’arrière-plan qui sont les émotions qui s’impliquent le plus profondément dans la construction de l’intentionnalité du sujet, mais aussi à l’idée d’invariance structurelle et de continuité de référence du Soi. L’ambivalence émotionnelle permet en effet d’engendrer chez le sujet une référence singulière et stable, car ce n’est que lorsque l’on a accès à l’ensemble de la panoplie émotionnelle que l’on développe alors cette singularité individuelle d’où émane une stabilité du Soi. Chez le penseur visuel les sentiments sont plus francs que chez le penseur verbal et les émotions restent de ce fait plus simples. Le penseur visuel a une moindre capacité à dissimuler ses émotions, il ne peut les déguiser. Les émotions mitigées sont absentes chez lui, le penseur visuel ne ressent pas comme le penseur verbal de tourments affectifs. Il existe bien entendu une gradation dans l’émancipation de ce type de ressenti et le plus haut degré de cette monovalence émotionnelle est atteint par les penseurs visuels autistiques telle que le décrit Temple Grandin dans son livre.
J'aime bien ce passage, entre autres.
Puisque c'est ce que j'ai observé toute ma vie. D'ailleurs je trouve ça gênant en parlant avec d'autres.
Cet automatisme à juger et à se faire un avis sans avoir pris en compte l'ensemble des données.
Et leur manière de penser que tout le monde fonctionne de cette façon.
Bien souvent, je me fâche, parce que moi je ne fais que constater, qu'on ne me prête pas un avis qui n'est pas le mien... Je ne peux aller jusqu'à juger puisque je ne sais pas vraiment comprendre les interactions entre toutes les données. Il y a tellement à prendre en compte.
Je vois donc, et je surveille ce qui se passe, pour voir comment ça va se comporter.
Je semble avoir ce qu'ils appellent un sentiment de soi éclaté.
Je n'ai pas une stabilité de soi.
Cette histoire d'ambivalence émotionnelle est encore floue quand même...
J'ai l'impression d'être noyée dans ma recherche de compréhension.
Meï a écrit :mais j'ai bcp bcp dis de bêtises aussi, parti ds tous les sens sans doute, oublié de choses..d'ou l'importance d'un écrit à leur proposer.
C'est le danger du virtuel.
Quand je te lis, tu sembles si éloquente.
Alors je ne t'imaginais pas communiquer de manière diffuse (d'ailleurs, je me suis demandée donc si j'étais la seule à avoir des problèmes de ce genre, me disant ah ben non, ce n'est peut être pas le SA, dans le SA, les gens semblent éloquents).
Mais c'est vrai que sur un forum ou un autre lieu virtuel, on a le temps de réfléchir à ce qu'il faut dire et comment le dire.
Ce qui n'est pas du tout le cas dans la sphère spontanée qu'on nomme communément IRL.
L'éloquence, d'ailleurs, que veut dire ce mot. Quand j'écris sur un forum, le dictionnaire est toujours à portée.
Ah non c'est bien ce que je pensais.
Bien souvent, je ressens la signification des mots. Les définir autrement que par un ressenti, un sentiment, est difficile.
Les traduire devrais-je plutôt dire. Traduire une définition ressentie en définition verbale n'est pas une chose simple.
Sinon, j'aurais bien une question.
N'avez-vous pas été moqué parfois d'utiliser des mots trop soutenus ? (pédant pour reprendre le mot utilisé dans la symptomatologie du SA)
Je me souviens que ma soeur n'aimait pas ça. Parfois elle se fâchait.
Puis plusieurs fois lors de mon parcours, on m'a méprisée à cause de ça. Elle parle comme une "dame", ma soeur me disait ça.
Donc, en plus des difficultés pour trouver une formulation pour décrire mes ressentis de ce dont je voulais parler, il fallait en plus que j'étudie les conversations des gens pour trouver des synonymes plus familiers et les intégrer pour à mon tour parler aux gens.
Pour passer plus inaperçue.
Mais malgré ça, ma construction de phrases est souvent compliquée pour parler d'une chose simple. Je suis quand même obligée parfois d'utiliser des mots moins courants.
Mais du coup, ma citation de l'article plus haut.
Comment se fait-il qu'un psy puisse n'y voir que du feu ?
Que se dit un psy devant un tel tableau ?
Comment l'interprète t'il ?
J'ai souvent vu ma psy dubitative face à mes dires... Mais comment voyait-elle les choses ?
Je n'arrive pas à la faire parler, je suis tellement directe quand je parle avec elle... Mais plus elle me refuse mon explication, plus je me plais à être directe, puisque je vois bien qu'elle n'est pas à l'aise. J'aimerai tellement qu'elle soit directe elle aussi, qu'elle me dise ce qu'elle a remarqué, ce qu'elle ne comprend pas, ce qu'elle en pense.
Moi j'essayerai d'exploiter ses dires, pour en rejeter une partie lorsque je les aurais travaillé. Et je remonterai quelques pistes si elles me parlent.
J'ai du mal avec le fait d'avoir toutes les réponses en moi et de devoir les trouver seule.
Cette politique ne me plait pas.
J'ai beaucoup de mal à trouver les réponses seule.
Si j'envisage la piste du SA, c'est parce que j'ai fait un travail de gestion mentale avec une orthophoniste, ça m'a beaucoup appris sur mon fonctionnement particulier. Sans ça, j'en serais au même point qu'avant au niveau compréhension de mon fonctionnement.
Maintenant je commence à être capable d'analyser vraiment le problème.
Par exemple, hier. A l'école, un prof était en train de se rendre à l'école avec un gros carton dans les bras. Moi je partais, comme il était presque face à moi j'ai vu des mouvements, donc je l'ai vu.
Voyant la grosse chose dans ses bras, j'ai fait demi tour (2m) pour lui ouvrir la porte.
Il m'a dit que ce n'était pas la peine, que son paquet n'était pas lourd.
Ah oui, je n'avais pas présumé du poids de son carton.
J'ai vu carton = entrave = aide.
Mais quand il me parlait, enfin je n'ai pas compris pourquoi il refusait mon aide. Mais quand je lui parlais, je ne le voyais plus.
Je ne sais donc pas où se pose mon regard quand je parle aux gens, puisque je ne les vois pas. Mais dès que j'arrête de parler, je le revois.
Mais j'ai même l'impression que je dois faire un choix entre voir et entendre quand les gens me parlent.
Ca m'arrive surtout lorsque je suis prise de court. Quelqu'un que je ne connais pas et qui me parle, je vais privilégier la vision, donc je ne l'entendrais pas. C'est très gênant tout ça quand même.
Un autre exemple. Hier je me suis rendue dans une parapharmacie, elle était vide de clients.
Je rentre, et plusieurs secondes s'écoulent avant que je réalise que la vendeuse est passée devant moi. Le temps que je la perçoive et que je repère d'où émanait un son que je lui ai attribué ensuite (bonjour)...
Il m'a fallu trouver des repères fixes peut être. Et une fois un bref schéma de la structure du lieu en tête, j'ai pu commencé à être plus réceptive aux mouvements et aux sons ?
Je ne sais pas comment m'expliquer concrètement que je ne vois et n'entends pas les gens qui sont proches de moi et qui me parlent. C'est hallucinant.
Bon et puis, j'ai l'impression que ça ne lui a pas plu à la dame de se voir ainsi ignorée ^^.
J'ai pourtant dit bonjour quand j'ai commencé à prendre conscience de sa présence et du fait qu'elle avait parlé.
Elle a été très désagréable à la caisse.
L'art de partir dans tous les sens
Et encore, mon texte est court ^^