[Télé] Interview Josef Schovanec

Livres, publications, films, ressources en rapport avec l’autisme : donnez ici votre avis.
Avatar du membre
samoju
Prolifique
Messages : 784
Enregistré le : vendredi 12 février 2010 à 22:36
Localisation : draguignan

Re: Interview Josef Schovanec

Message par samoju »

Oui.

Mais je pense sincèrement qu on ne peut pas aborder un média nationnal avec le même genre de documentaires qu'un milieu professionnel. Quand on s'adresse au grand public on touche un public de non initiés, le plus difficile dans la sensibiliation à l autisme c est d'arriver a véhiculer que le handicap est pluriel, qu'il est important et parfois invisible mais que derrière tout cela il y a avant tout des personnes avec des compétences et des problèmatiques différentes.

Je ne crois pas que ce soit un exercice simple. Les attentes sont différentes si on se place du coté des parents , du coté des personnes ted et souvent elles le sont suivant les personnes. Chaque personne est unique et elle attend une aide personnalisée, une prise en compte personnalisée et une sensibilisation au public personnalisée, c'est comme cela que je l'ai perçu en écoutant ou lisant les témoignages.

En France le préambule a toute action correcte me semble passer d'abord par un changement de regard sur le handicap en général et nous en sommes encore loin.

Le point positif que je relève face aux réactions des non initiés à qui je montre les reportages c'est un étonnement : " Ils sont autistes ? :shock: " Je pense que ces interventions serviront a expliquer que l 'autisme ce n'est pas que le gamin assis qui se balance et ne parle pas, parce que pour une grande majorité de Français l'autisme se résume encore à cela.
Modifié en dernier par samoju le vendredi 23 novembre 2012 à 13:17, modifié 1 fois.
Nathalie Leca , maman de 3 phénomènes et passionnée
Avatar du membre
Benoit
Intarissable
Messages : 8889
Enregistré le : lundi 28 septembre 2009 à 13:55
Localisation : オルセー

Re: Interview Josef Schovanec

Message par Benoit »

samoju a écrit :(...), le plus difficile dans la sensibiliation à l autisme c est d'arriver a véhiculer que le handicap est pluriel, qu'il est important et parfois invisible mais que derrière tout cela il y a avant tout des personnes avec des compétences et des problèmatiques différentes.

Je ne crois pas que ce soit un exercice simple. Les attentes sont différentes si on se place du coté des parents , du coté des personnes ted et souvent elles le sont suivant les personnes. Chaque personne est unique et elle attend une aide personnalisée, une prise en compte personnalisée et une sensibilisation au public personnalisée, c'est comme cela que je l'ai perçu en écoutant ou lisant les témoignages.

En France le préambule a toute action correction me semble passer d'abord par un changement de regard sur le handicap en général et nous en sommes encore loin.
Merci de l'écrire
Je crois que sans ce regard approprié sur le handicap l'interprétation du documentaire pourrait même nous surprendre, et pas en bien ("il leur faut des psys, les interner, les guérir"?)
La plupart des gens connaissent les dispositifs techniques, les contraintes légales, mais rien entre les deux et surtout pas leur rôle.
Personne n'est au courant des quatre modèles par exemple. Ou du problème de société soulevé sur cette page.

Est-ce que quelqu'un sait où se procurer une feuille facile à comprendre sur le sujet ?
Histoire que les gens qui sont capables de ce regard aient accès à cette information avant Mardi ?
Avatar du membre
samoju
Prolifique
Messages : 784
Enregistré le : vendredi 12 février 2010 à 22:36
Localisation : draguignan

Re: Interview Josef Schovanec

Message par samoju »

Trés intéressant les 4 modèles , cela illustre parfaitement une conversation que j'ai eu hier avec mon compagnon. Tant que la France restera dans le modèle médico-carritatif à mon avis tout sera trés compliqué.
Pour que les choses avancent il faudrait que notre société adopte les deux autres modèles , mais cela revient à dire qu'il faut changer tout le contexte culturel de notre pays et cela ne peut être fait que par une énorme volonté politique.
Nathalie Leca , maman de 3 phénomènes et passionnée
Avatar du membre
Etienne
Passionné
Messages : 426
Enregistré le : jeudi 29 mars 2012 à 18:52

Re: Interview Josef Schovanec

Message par Etienne »

J'espère que les "professionnels" de l'accompagnement des personnes handicapés sont en train de se sentir dans leurs petits souliers comme on dit.
Dimanche faisait encore partie de la semaine de l'emploi et du handicap, où il n'y a été question ni d'autisme ni d'asperger.
Pour ça il faudrait qu'ils ne soient pas passés à côté de la campagne médiatique en cours, télé, radio, etc...

C'est censé être leur métier à eux d'aider, d'offrir des solutions à tout ce que tu demandes.
A leur place, je poserai une RTT pour mercredi prochain... jusqu'à Noël.
Parce que mon petit doigt me dit que leur téléphone risque de sonner plus qu'à l'accoutumée après la diffusion du documentaire.

edition/précision: c'est pour ça que j'ai mis cet avatar assez connu.
Le citoyen lambda devant son poste a tout à fait le droit de "ne pas savoir".
Pas des professionnels.
Message Posté: Jeudi 22 Novembre 2012 à 11:47
En ce qui concerne les pros,y'a deescaa qu'est sur le coup.Et je ferais remonter à la ministre les réponses.T'inquiète pas que des coups de fil ils vont en recevoir surtout des très très hauts placés...

Les assoc comme l'adapt ne pouvaient pas dire "je ne savais pas".

Oui.

Mais je pense sincèrement qu on ne peut pas aborder un média nationnal avec le même genre de documentaires qu'un milieu professionnel. Quand on s'adresse au grand public on touche un public de non initiés, le plus difficile dans la sensibiliation à l autisme c est d'arriver a véhiculer que le handicap est pluriel, qu'il est important et parfois invisible mais que derrière tout cela il y a avant tout des personnes avec des compétences et des problèmatiques différentes.

Je ne crois pas que ce soit un exercice simple. Les attentes sont différentes si on se place du coté des parents , du coté des personnes ted et souvent elles le sont suivant les personnes. Chaque personne est unique et elle attend une aide personnalisée, une prise en compte personnalisée et une sensibilisation au public personnalisée, c'est comme cela que je l'ai perçu en écoutant ou lisant les témoignages.

En France le préambule a toute action correcte me semble passer d'abord par un changement de regard sur le handicap en général et nous en sommes encore loin.

Le point positif que je relève face aux réactions des non initiés à qui je montre les reportages c'est un étonnement : " Ils sont autistes ? :shock: " Je pense que ces interventions serviront a expliquer que l 'autisme ce n'est pas que le gamin assis qui se balance et ne parle pas, parce que pour une grande majorité de Français l'autisme se résume encore à cela.
Bah pour que le changement intervienne,faut que la ministre l'impulse,y compris à coup de décrets ministeriels si il le faut et aussi en usant de son autorité pour faire condamner certaines personnes.

Ca fera pas de mal à certains d'aller faire un séjour en prison et de payer des dommages et intérêts aux victimes...

Trés intéressant les 4 modèles , cela illustre parfaitement une conversation que j'ai eu hier avec mon compagnon. Tant que la France restera dans le modèle médico-carritatif à mon avis tout sera trés compliqué.
Pour que les choses avancent il faudrait que notre société adopte les deux autres modèles , mais cela revient à dire qu'il faut changer tout le contexte culturel de notre pays et cela ne peut être fait que par une énorme volonté politique.
Oui a perdre son côté d'âme charitable.Mais bon si on veut que ca change,tu sais quoi faire samoju:du lobbyng auprès des politiques.Et pour une fois,asperansa,satedi et même deescaa pourraient travailler ensemble dans cet objectif.
http://aspitoyendefrance.over-blog.com/

Mon blog personnel

je fais mon nid petit à petit...
Avatar du membre
Benoit
Intarissable
Messages : 8889
Enregistré le : lundi 28 septembre 2009 à 13:55
Localisation : オルセー

Re: Interview Josef Schovanec

Message par Benoit »

Encore une interview :
Vivre FM a écrit : Joseph Schovanec est à l'Est - Invité(s) : "Je vis avec l'autisme", écrit Joseph Schovanec, revendiquant ainsi ce qu'il considère plus comme une qualité que comme un handicap. Ce voyageur, passionné des civilisations anciennes, revient d’Éthiopie. Diplômé de Sciences-Po, il maîtrise une dizaine de langues et possède un doctorat en philosophie. Son livre retrace son parcours psychiatrique aberrant : il a évité de peu l'internement.
Aujourd'hui à 17h00 en streaming sur le site de la radio.
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)

話したい誰かがいるってしあわせだ

Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
Avatar du membre
Benoit
Intarissable
Messages : 8889
Enregistré le : lundi 28 septembre 2009 à 13:55
Localisation : オルセー

Re: Interview Josef Schovanec

Message par Benoit »

La fin du programme (après la pub) est intéressant, c'est la première fois que je l'entend aborder (et se livrer sur) le problème de son travail.

Le fichier podcast : sur le site de la radio.

Dommage que l'interviewer semble ne rien comprendre au sujet...
e: Surtout que je viens de voir qu'il était Président de la Fédération Française des Dys

Code : Tout sélectionner

Vincent Lochmann: Est-ce que vous avez besoin d'un accompagnement, d'une adaptation ? Vous travaillez aujourd'hui à la Mairie de Paris.
Joseph Schovanec: Je travail grâce à Hamou Bouakkaz adjoint au Maire de Paris. Sans lui probablement je serai au mieux au R.S.A. ...
V.L.: Malgré vos diplômes, et vos qualifications, et les langues que vous parlez.
J.S.: Et je crois que c'est un défi majeur dont on ne parle absolument pas, quels débouchés professionnels pour les adultes avec autisme.
V.L.: Est-ce que vous, il a fallu - je ne sais pas - aménager le poste ? Organiser quelque chose ? Quel est votre travail ? Comment celà se passe au quotidien ?
J.S.: Alors moi j'ai eu la chance d'avoir un travail quasiment sur mesure, c'est à dire un travail qui convient à mon profil, un travail de rédaction qui me permet de travailler même la nuit. Si je veux, je peux écrire les textes la nuit. 
J'ai la chance d'avoir un lieu de travail calme, d'être seul dans le petit bureau. J'ai la chance, également, d'avoir un patron qui sache comment travailler avec moi, qui passe les demandes essentiellement par e-mail; le mail est plus facile à décoder qu'un téléphone qui sonne à tout moment. Qui a choisi mon type d'activité en fonction de ce que je peux faire, s'il m'avait confié un poste de secrétariat, j'aurai craqué en dix minutes, etc... Ce travail là, on ne le fait pas. 
Et puis aussi, pendant les premières semaines, les premiers mois, il a eu une forme de compréhension par rapport à ce que je ne savais pas, mes ratés, ma manière de dire bonjour qui n'était pas du tout adaptée, petit à petit je me suis un peu rôdé. Mais demeure le fait que je me sens tout à fait incapable de faire le même travail pour un autre patron, parce que je me retrouverais face à mes blocages et puis probablement face à l'échec final. Donc, c'est toujours très difficile.
Mais ce que je veux dire c'est qu'un employeur de personnes avec autisme ne devrait pas le faire par humanisme ou droit-de-l'hommisme ou par esprit rêveur, non, c'est pour des raisons d'efficacité économique. Quand vous avez des collaborateurs qui préfèrent rester au bureau jusqu'à 23h pour fuir l'heure de pointe dans le métro qui est vers 18h-19h, donc là vous pouvez espérer une belle productivité si vous savez comment faire.

Code : Tout sélectionner

Joseph Schovanec: (...) je pense qu'il est nécessaire que tous les adultes avec autisme et les jeunes puissent bénéficier d'un apprentissage et que ce qui a été un peu entre guillemets "l'exception" dans mon cas et dans d'autres cas de jeunes avec autisme, que cela puisse bénéficier à tous pour que l'on puisse avoir au moins 80% d'enfants autistes scolarisés comme aux U.S.A., en Suède c'est encore un peu plus, pour qu'on puisse avoir des gens à l'Université, etc. 
Ce n'est pas un rêve, c'est possible, mais on n'en est pas encore là.
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)

話したい誰かがいるってしあわせだ

Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
Avatar du membre
ardoise
Assidu
Messages : 281
Enregistré le : mercredi 19 août 2009 à 18:54

Re: Interview Josef Schovanec

Message par ardoise »

Nath62
Prolifique
Messages : 2508
Enregistré le : vendredi 7 décembre 2012 à 22:15

Re: Interview Josef Schovanec

Message par Nath62 »

Je pose ici mes ressenti sur la publicité faite à l'autisme en général et à l'Asperger en particulier ces derniers temps.

Je suis sensée être NT, je n'ai jamais eu de contact avec des autistes, quelqu'ils soient et n'ai pas eu à m'intéresser au sujet. Je sais, c'est bâteau ce que je dis mais c'est hélas, je pense, quelque chose de général. Ma référence "autiste", c'était Rain Man ou l'ado (désolée, son prénom m'échappe) de Rose Red... Donc éminemment fausse.

J'ai rencontré vai Internet une jeune femme, il a fallu une demande dema part pour qu'elle m'invite chez elle. Avant cela, pour éviter d'être jugée, mal comprise, enfin, vous aurez compris la chose, elle m'a dit être autiste Asperger, parfois un peu bizarre pour les gens normaux même si elle faisait de gros efforts. J'ai trouvé symaps qu'elle me prévienne mais je n'ai pas tout capté, j'ai aussi mes bizarreries et je n'ai aps l'habitude de juger les gens, surtout ceux qui ont la gentillesse de m'inviter chez eux.

Le séjour s'est bien passé, le courant est super bien passé avec ma petite fille. De fil en aiguille, elle m'a expliqué le SA, elle m'a parlé de ses bizarreries (son centre d'intérêt à elle, est scientifique, je sais quand elle est stressée quand elle m'appelle, elle oublie que je n'y connais rien en programmation informatique :) )... Que personnellement, je n'ai pas trouvé si louches que ça de visu.

Et puis, suite à un autre séjour chez elle, sans prendre de gants (évidemment), elle me dit, "tu devrais t'inquiéter pour ta fille, elle est comme moi quand j'étais petite"... Ma fille était suivie en CAMSP depuis de longs mois et personne n'avait évoqué quoi que ce soit à ce sujet.

Non seulement elle a sans doute raison (maintenant, TED NS, Asperger léger, autre chose encore, c'est le corps médical qui le dira) et elle a repéré cela avant que ma fille commence ses écholalies.

J'ai pris des infos, j'ai appris, j'ai accepté, j'ai aussi compris que j'avais quelques traits autistiques qui me faisaient ne pas considérer folle ma copine parce que j'étais pareille sur certains points, j'ai compris le comportement de mon grand (c'est très léger chez lui).

Je n'ai pas appris grand chose lors du doc sur la partie "humaine" du SA, mais sur les parties pratiques, la bataille au quotidien des parents, les barrières qu'il faut faire tomber, oui, énormément. Mais c'est parce que je m'étais renseignée avant. Honnêtement, je pense que j'aurais regardé même si je n'avais pas eu ce doute vis à vis de ma fille et ça aurait été un choc. J'ai pleuré à certains moments car j'y revoyais ma fille. C'est dur et en même temps preuve de recherche de vérité.

Je pense que cette espèce de vulgarisation ne peut évidemment pas être parfaite mais elle a le mérite d'exister et il était évident qu'il ne pouvait y avoir de témoignages que de personnes ayant appris pas mal de choses pour pouvoir s'exprimer en public et faire passer des messages.

Elle n'aura pas permis à ma mère (qui ne l'a pas regardé) de regretter ses paroles "ta fille ne peut pas être autiste, elle est intelligente et elle apprend très vite" mais peut être à d'autres de comprendre que l'autre "bizarre" ne l'est peut être pas pour faire "genre" mais ne le fait pas exprès. J'ai enregistré ce docu pour le faire voir à ma puce quand elle sera en âge de le regarder, comme moyen de communication, si nécessaire, par rapport au SA.

On peut toujours faire plus, faire mieux et faire basculer la société et les mentalités ne se fera pas en un tour de main mais il semblerait que pas mal de personnes (suis allée un peu voir ce qui se disait sur le forum de France 2 suite au documentaire) aient enfin mis un mot sur leurs troubles grâce au documentaire. Si ça a au moins servi à ça, je trouve que c'est déjà pas mal.

Ma réaction au doc n'a pas été celui d'une entière néophyte mais tout de même ayant encore beaucoup à apprendre sur le sujet, ça a ouvert des portes à des interrogations, ça m'a aussi incitée à sauter le pas pour enfin m'inscrire sur un forum dédié au SA (j'attendais le diagnostic mais me suis rendue compte que je pouvais encore attendre longtemps et que j'avais besoin d'en parler avec des personnes autant dedans que moi avant de plonger).
Mère absolument atypique (mais à quel niveau ?) d'une petite atypique de 5 ans dont le diagnostic est enfin en route..
Avatar du membre
Murielle
Intarissable
Messages : 11097
Enregistré le : vendredi 21 octobre 2005 à 11:05
Localisation : Plougastel-Daoulas

Re: Interview Josef Schovanec

Message par Murielle »

Témoignage intéressant Nath.! :bravo:

Merci pour le partage.!!!!
Murielle,
Maman de Pauline 21 ans,Léo (asperger) 17 ans et demi .
Savoir profiter du moment présent ,
Savoir vivre pleinement chaque instant et ne pas uniquement penser aux jours à venir, voilà un défi à relever maintenant.
Nath62
Prolifique
Messages : 2508
Enregistré le : vendredi 7 décembre 2012 à 22:15

Re: Interview Josef Schovanec

Message par Nath62 »

Désolée, j'ai encore du mal avec le forum, je viens de voir (grace aux "messages non lus" qu'il y avait un post sur le cerveau d'Hugo, j'autorise le déplacement si les modérateurs le trouvent opportun.
Mère absolument atypique (mais à quel niveau ?) d'une petite atypique de 5 ans dont le diagnostic est enfin en route..
Avatar du membre
Jacquie
Passionné
Messages : 447
Enregistré le : mardi 12 avril 2011 à 17:10
Localisation : Dordogne

Re: Interview Josef Schovanec

Message par Jacquie »

Nath62 a écrit :
Elle n'aura pas permis à ma mère (qui ne l'a pas regardé) de regretter ses paroles "ta fille ne peut pas être autiste, elle est intelligente et elle apprend très vite" mais peut être à d'autres de comprendre que l'autre "bizarre" ne l'est peut être pas pour faire "genre" mais ne le fait pas exprès. J'ai enregistré ce docu pour le faire voir à ma puce quand elle sera en âge de le regarder, comme moyen de communication, si nécessaire, par rapport au SA.

.

Mes parents n'ont pas voulu non plus regarder le film, car ça leur "fait mal au coeur de savoir
que leur petit fils est autiste"

ils ont "accepté" le diagnostic, ils savent mais le sujet est tabou
on n'en parle surtout pas :naugty:
Jacqueline (52 ans - NT) mère d'un jeune aspie de 27 ans, diagnostiqué à 24 ans (CRA Bordeaux)
Nath62
Prolifique
Messages : 2508
Enregistré le : vendredi 7 décembre 2012 à 22:15

Re: Interview Josef Schovanec

Message par Nath62 »

Je n'en ai pas parlé à ma mère, elle a appelé dans la soirée et l'arrière plan ne m'a pas paru être le cerveau d'Hugo (j'ai regardé sur Pluzz le lendemain soir, pas de télé ici). Je pense que tant qu'il n'y a pas diagnostic, elle restera dans la déni même si difficultés scolaires déjà en moyenne section, et quand il tombera, je ne sais pas comment elle va réagir... Et sur ce coup, je me vois mal "tu vois, ça fait x ans ou x mois que je te dis que c'était ça".... Pas sur ce sujet....
Mère absolument atypique (mais à quel niveau ?) d'une petite atypique de 5 ans dont le diagnostic est enfin en route..
Avatar du membre
Jean
Modérateur
Messages : 22562
Enregistré le : lundi 24 octobre 2005 à 22:39
Localisation : Finistère

Re: Interview Josef Schovanec

Message par Jean »

Interview de Josef Schovanec, sur Télérama. 17/12/2012
Josef Schovanec : “En France, ‘autiste’ est synonyme d'‘enfant’. C'est curieux quand on y songe”

Saviez-vous que la « Grande cause nationale » de 2012, choisie par l’ex-Premier ministre François Fillon pour figurer douze mois durant au cœur des préoccupations des Français, a été l’autisme ? Probablement pas. C'est d’autant plus désolant que les médias n’auront guère évoqué l’autisme que sous le prisme de la guerre de tranchée qui oppose – si l’on résume grossièrement – un courant d’inspiration psychanalytique (selon lequel les autistes sont victimes de mères peu aimantes) et les tenants d’une pathologie congénitale de l’autisme (qui prônent une prise en charge éducative, via des techniques de rééducations comportementales). L'année a-t-elle été tout de même bénéfique aux autistes ? Entretien avec Josef Schovanec, 31 ans, diplômé de Sciences-Po et docteur en philosophie atteint du syndrome d’Asperger. Schovanec est tout récemment l'auteur d'une autobiographie poignante, Je suis à l'est (1), et intervennait dans le docu-fiction Le Cerveau d'Hugo, diffusé le mois dernier par France 2 et toujours visible en intégralité sur le site de France 2.

L'autisme fut la Grande cause nationale de 2012. L'année se termine, quel bilan dressez-vous ?

Nous avions beaucoup d'espoir, même moi, l'éternel sceptique. Le label Grande cause nationale donne une visibilité médiatique à des sujets qui n'en ont guère, et en France l'autisme en a besoin. Mais le retour à la réalité fut rapide et rude. D'une part parce qu'on a surtout entendu des spécialistes de l'autisme – souvent autoproclamés, d'ailleurs ! – parler de sujets quasi ésotériques, des discussions bizantines pour ainsi dire, sur l'origine de telle mitochondrie... C'est très intéressant, mais pendant ce temps les autistes crèvent... D'autre part car le retard dans le domaine de l'autisme est tel, en France, qu'il faudrait bien davantage que quelques documentaires à la télé pour changer la donne. Pensez que l'autisme est presque totalement absent de l'enseignement destiné aux médecins ! Aujourd'hui si vous étudiez des années durant en fac de médecine, le temps consacré à l'autisme ne devrait pas dépasser... une heure. Mais peut-être était-il illusoire de placer tant d'espoir dans une opération Grande cause nationale. En 2011, c'était la lutte contre la solitude. Si ce fléau avait été terrassé, ça se saurait, non ?!

« Dans les écoles américaines, être « aspi » c'est comme avoir un père banquier : plutôt flatteur... »


Il est vrai que fin 2012, le cliché selon lequel l'autiste est forcément un enfant enfermé dans un monde intérieur semble encore bien vivace...
Hélas oui. Voyez les Etats-Unis ou la Suède par exemple. Dans ces pays les télés parlent de l'autisme toute l'année. Sur CNN, par exemple, j'ai vu un sujet consacré au « Noël d'un enfant autiste », comment il bricole de magnifiques guirlande, etc. Un sujet ordinaire de la vie quotidienne, donc. Cette démarche transversale a des effets à long terme : dans ces pays tout le monde connaît le syndrome d'Asperger, comme en France tout le monde connaît la grippe ou le cancer. D'ailleurs, être autiste c'est presque chic. Dans les écoles américaines, être « aspi » c'est comme avoir un père banquier : plutôt flatteur...

N'est-ce point l'extrême inverse ?
Sans doute. Certains affirment même que l'autisme est le stade suivant de l'évolution de l'humanité ! En tout état de cause, il vaut mieux vivre dans un cadre où votre particularité est connue et reconnue. En France, « autiste » est synonyme d'« enfant ». C'est curieux quand on y songe. Quand on dit « aveugle » ou « sourd », on ne pense pas forcément à des enfants !

Comment l'expliquer ?
Derrière chaque autiste, il y a bien souvent des parents qui se battent avec une énergie invraisemblable – et tout à fait nécessaire d'ailleurs. Ce sont eux qui constituent l'essentiel des associations. Résultat, ils se focalisent essentiellement sur les questions du diagnostic et de la scolarisation. Très peu sur le devenir à l'âge adulte.

« Imaginons un adulte avec autisme sans emploi. Quel organisme contacter pour décrocher un job qui lui soit adapté ? »


L'image de l'autiste a tout de même évolué ces dernières décennies, non ?
Historiquement, les médias ont véhiculé plusieurs points de vue. Misérabiliste, d'abord. On a montré des personnes autistes souvent gravement déficitaires. Dans des poses indignes, souvent figées, sans qu'il nous soit précisé qu'elles étaient gavées de comprimés. On sous-entendait que c'était du fait de la « psychose infantile », comme on disait à l'époque. Un deuxième point de vue est apparu il y a une dizaine d'années avec une émission de Jean-Luc Delarue : l'autiste « petit génie ». Les jeunes avec autisme auraient des capacités extraordinaires. Certes, c'est plus valorisant, mais on a fait l'impasse sur le principal : ce qui fait notre vie humaine, ce n'est pas de savoir extraire de tête des racines treizième, c'est de pouvoir mener une existence autonome, de choisir et d'exercer telle profession, de choisir un logement, etc. Personne ne s'est demandé ce qu'allait devenir tel petit génie des mathématiques une fois adulte.

En France, les médias ont cette année surtout relayé le débat virulent autour de la prise en charge de l'autisme, qui oppose un courant d'inspiration psychanalytique et les tenants d'une prise en charge éducative...
Quel dommage. Cela a créé une terrible diversion. Je crois que c'est ce qui a foutu en l'air l'opération Grande cause nationale. Cette éternelle discussion a repris avec une véhémence incroyable, on s'est crêpé le chignon pendant des milliers d'heures médiatiques autour de Lacan, sans aborder les vraies questions. Par exemple, supposons que je sois un adulte avec autisme sans emploi. Quel organisme contacter pour décrocher un job qui me soit adapté ? Pour l'instant, ça n'existe pas. Et puis, on n'a pas assez dit qu'il y a encore en France certaines pratiques barbares qui n'ont pas lieu d'être. Par exemple le packing. Quand vous dites à un professeur canadien, qui n'a jamais entendu parler du packing, que ça consiste à déshabiller l'enfant autiste, a le mettre dans des draps d'eau glacée et d'attendre la guérison, ils ne le croit pas ! Il trouve ça moyennageux ! Ce genre de pratiques ne peut avoir lieu en Suède, tout simplement parce que c'est une atteinte grave aux droits de la personne. On a complètement manqué de pragmatisme. En France, les personnes âgées avec autisme ont été complètement zappées. Vous n'en entendrez jamais parler.

« Beaucoup d'autistes sont à la rue. Je rencontre régulièrement des clochards polyglottes. »


Et alors, où donc vivent les adultes avec autisme ?
Il y a en France un demi-million d'autistes. Egarer dans la nature des centaines de millions personnes, ce n'est pas rien ! En réalité, beaucoup d'autistes sont à la rue. Je rencontre régulièrement des clochards polyglottes, j'en connais un qui parle un allemand presque parfait. Il pourrait donner des cours à la fac ! Certains ne réclament même pas le RSA auquel ils ont pourtant droit. Il y a ceux qui vivent en hôpital psychiatrique, et qui souvent n'ont rien à y faire. Leurs difficultés ne sont pas dues à un quelconque problème mental, mais au fait qu'ils ont passé leur vie à l'hôpital plutôt que sur les bancs de l'école. Et puis, il y a des métiers qui constituent un refuge pour nombre de travailleurs autistes, l'informatique par exemple. On dit que 70 à 80 % des adultes avec autisme vivent avec leurs parents – et c'est pas moi qui vais démentir les statistiques, j'en fait partie. Et après le décès des parents, qu'arrive-t-il ? Il n'existe pas de chiffres sur l'espérance de vie des autistes, ce n'est sans doute pas très glorieux. Avez-vous lu un seul article, en 2012, sur les suicides d'autistes ? Ils sont pourtant nombreux. Voilà ce que deviennent les adultes ! Ce n'est pas très réjouissant, mais il faut le dire.

Avez-vous été consulté par la Haute Autorité de santé (HAS), qui en mars dernier a rendu des recommandations sur la prise en charge des autistes ?
Nous sommes trois autistes à avoir été consultés pendant les travaux de la HAS. J'applaudis ce qui a été accompli, c'est un beau progrès. Mais ce n'est pas suffisant. Elle n'a pas parlé des adultes ! Deuxièmement, la HAS n'a pas réussi à impliquer le ministère de l'éducation nationale. Alors que la recommandation porte essentiellement sur des questions éducatives !

Selon vous, quelle proportion d'autistes peut suivre une scolarisation normale ?

Dans ce qu'on appelle « le spectre de l'autisme », il n'y a pas de compartiment hermétique. On parle du syndrome d'Asperger, de l'autisme de haut niveau, de l'autisme de Kanner, de l'autisme non spécifié... ce sont des termes qui n'ont pas de délimitations parfaites. Tel psychiatre diagnostiquera un syndrome d'asperger, telle autre un autiste de haut niveau, etc. A mon sens il ne faut pas apposer des étiquettes sur le front des gens.

« Aux Etats-Unis, 80 % des enfants autistes sont scolarisés. En France, on plafonne à 20 %. »


Mais quelle est la prévalence de la déficience mentale chez les personnes avec autisme ?
Traditionnellement, dans les années 60, on posait les deux comme presque synonyme : autisme = déficience mentale. On a démontré depuis que la déficience mentale est tout à fait minoritaire. D'autant que les déficiences sont souvent induites : si vous croyez que votre enfant n'est pas capable de parler, vous ne lui apprendrez pas à parler et il sera incapable de parler. Il aura une vie « animale », comme disent certains psychiatres. Parvenu à l'âge adulte, c'est plus compliqué de corriger tout ça. Beaucoup d'autismes sont déficients non pas du fait de l'autisme, mais à cause de la déficience de l'école ou de son entourage. Aux Etats-Unis, 80 % des enfants autistes sont scolarisés. En Suède, on approche les 95 %. En France, avec tous les progrès réalisés ces dernières années, on plafonne à 20 %. Et les 80 % éliminés, que deviendront-ils dans vingt ou trente ans ? Quelle charge pour la société représenteront-ils ?

Dans votre livre (1) vous évoquez une période de votre vie durant laquelle vos psychiatres vous ont prescrit des montagnes de médicaments. Vous le relatez avec humour, sans rancoeur...
A quoi bon nourrir une rancune. Pour moi, c'est du passé. Avec le recul, je me rends compte que mes psychiatres étaient sans doute encore plus embarrassés par mon cas que je ne l'étais moi-même. Ils ne parvenaient pas à établir de diagnostic. On ne peut pas en vouloir à des gens qui ne savent pas. J'en veux à ceux qui ne veulent pas savoir et refusent d'avancer. Comme dit mon ami le médecin Jean-Claude Ameisen, « le pire ce nest pas l'ignorance, c'est le refus de connaître ». Il y a encore des psychiatres en France qui disent que le syndrome d'Asperger est « un truc américain », qu'on n'a pas ça en France. Ce serait comme le nuage de Tchernobyl qui s'arrête à la frontière... Il y a aussi le refus de s'informer, de lire, d'autant que les bonnes publications sur l'autisme sont rédigées en anglais à 95 %. Le refus de savoir est plus fort chez les professionnels d'un certain âge, qui ont hélas des positions hiérarchiquement élevées dans le milieu de la santé.

On l'apprend tout juste (début décembre, ndr), des chercheurs français assurent avoir mis au point un traitement prometteur, un diurétique, pour atténuer certains des symptômes de l'autisme. Voilà qui redonne de l'espoir, non ?
Je ne connais pas les détails de la recherche que vous évoquez, ma réaction ne peut donc être que très partielle et mal informée. Ceci étant, il en faudrait beaucoup plus pour que je déborde d'optimisme. D'une part, car on a très régulièrement ce type d'étude. D'autre part, car généralement l'amélioration des symptômes est souvent marginale. Troisièmement, je me méfie des traitements à effets secondaires : vais-je devoir être mis sous diurétiques ? A une époque, on faisait des chocs insuliniques et autres fortes fièvres artificielles qui, effectivement, réduisaient un peu les symptômes, mais à quel prix. Ici, je crois que les toilettes seront mises à contribution (désolé pour l'humour noir). Je crois, jusqu'à preuve du contraire, que le meilleur traitement est l'apprentissage de la différence, et ce des deux côtés.

Comment le monde de l'autisme a-t-il accueilli le docu-fiction de Sophie Révil, Le Cerveau d'Hugo, diffusé sur France 2 le mois dernier ?
Ce fut un moment fédérateur. Il a créé une unanimité remarquable. Et puis cela n'a pas été qu'un événement communautaire. J'ai été très frappé, il y a deux jours, au café dans lequel nous autres Asperger nous réunissons une fois par mois, du nombre de gens étrangers à l'autisme. Certains sont venus par curiosité, d'autres parce qu'ils veulent devenir bénévoles. Cela donne beaucoup d'espoir.

(1) Je suis à l’Est !, éd. Plon, 256 p., 18,50 €.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
Avatar du membre
temp-995
Assidu
Messages : 232
Enregistré le : mercredi 9 novembre 2011 à 17:17

Re: Interview Josef Schovanec

Message par temp-995 »

Merci Jean pour la diffusion de l'article
Josef Schovanec a écrit :Certains affirment même que l'autisme est le stade suivant de l'évolution de l'humanité !.
Qui sont ces personnes ? des autistes aspergers je suppose...
Autant on peut envisager que l'autisme correspond à une évolution normale/inéluctable de l'espèce humaine à cause de notre environnement modifié (pollution, pesticides etc.), autant j'ai du mal à comprendre comment certaines personnes puissent affirmer que l'autisme est une évolution naturelle ou un stade évolutif de l'espèce humaine...
Avatar du membre
Benoit
Intarissable
Messages : 8889
Enregistré le : lundi 28 septembre 2009 à 13:55
Localisation : オルセー

Re: Interview Josef Schovanec

Message par Benoit »

Des Aspies Nords Américains. Là bas, le créationisme est une science, ceci peut expliquer cela.

Ou alors des gens qui en ont eu marre d'être considérés/qualifiés comme des rebuts génétiques, peut être pour certains lassés de voir dans des manifs des associations de parents demander de l'argent pour eradiquer l'autisme.

Ou tout simplement des gens isolés qui ont eut besoin de cette idée pour acquiérir un peu d'estime de soi.

Cela dit, il y aura toujours quelqu'un pour estimer qu'ils sont autant condamnables que leurs tortionnaires, alors qu'il ne s'agit qu'une idée de discussion de bar sans grand impact ni intérêt.

e: en vrai, la source semble provenir d'une pièce de théatre.
/HS

Merci pour l'article, il va falloir que je le trouve avant qu'on éteigne la photocopieuse.
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)

話したい誰かがいるってしあわせだ

Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.