Asperger?

[Jean]

J'ose à peine dire bienvenue à Freluc, tellement j'arrive bien tard.

Les parents qui travaillent dans la psychiatrie ou choses proches ne sont pas terribles pour le diagnostic de leurs enfants. D'une part, ils peuvent avoir une vision limitée à ce qu'ils connaissent des autistes dans leur vie professionnelle et n'en ont pas une vision générale.

Un exemple parlant : la mère de Christophe Lemaître.

D'autre part, même s'ils connaissent bien l'autisme, c'est extrêmement difficile pour eux d'en arriver à admettre qu'ils n'ont pas vu ce qui aurait du leur crever à la figure, leur sauter aux yeux : çà revient inconsciemment à dire qu'ils ne sont pas des bons professionnels et des parents ignares en plus. Difficile d'accepter une telle remise en cause. Ne pas en rajouter en parlant des questions que tu te poses sur ton père.

Un autre professionnel aura normalement la distance nécessaire.

Te faire conseiller par le SUSA, c'est quand même l'idéal. Mais compte tenu de ton âge, c'est quasiment impossible de le faire sans l'accord de ta mère, non ? Sans compter que sa participation, et notamment les souvenirs qu'elle garde de tes premières années, sont importants dans le processus.

Tu analyses beaucoup, tes réflexions sont pertinentes. Pense aussi à l'effet Barnum dont parle Emmanuel Data.
http://laboitebleue.comuv.com/effet_bar ... barnum.htm
http://laboitebleue.comuv.com/effet_bar ... barnum.htm

[Jacquie]

J'ai répondu en toute franchise oui, mais ça me choque un peu justement. Je vais essayer de prendre rdv quelque part mais ça reste tendu car ma mère n'a pas l'air de vouloir l'accepter et me dit que je n'ai rien. En même temps, c'est vrai que je ne pense pas être asperger "grave", c'est assez léger mais bon...

en tant que maman je la comprends mais tu sais arrive un jour on on atterrit sur terre
moi la chute est toute récente et elle a été dure mais bon, c'est pas la maman qui doit être soutenue
c'est la personne handicapée, c'est elle qui vit sa différence au jour le jour
la maman il lui faut du temps, beaucoup beaucoup de temps et je doute qu'un jour elle admette vraiment
moi je ne sais pas si je me dirai reellement un jour "mon fils est handicapé" pour moi il est juste différent des autres.

quand à asperger "grave" pour moi je ne sais que te répondre
on est aperger ou pas mais je me trompe peut être

[Mars]

Bonjour et bienvenue Freluc

[freluc]

J'ai répondu en toute franchise oui, mais ça me choque un peu justement. Je vais essayer de prendre rdv quelque part mais ça reste tendu car ma mère n'a pas l'air de vouloir l'accepter et me dit que je n'ai rien. En même temps, c'est vrai que je ne pense pas être asperger "grave", c'est assez léger mais bon...

en tant que maman je la comprends mais tu sais arrive un jour on on atterrit sur terre
moi la chute est toute récente et elle a été dure mais bon, c'est pas la maman qui doit être soutenue
c'est la personne handicapée, c'est elle qui vit sa différence au jour le jour
la maman il lui faut du temps, beaucoup beaucoup de temps et je doute qu'un jour elle admette vraiment
moi je ne sais pas si je me dirai reellement un jour "mon fils est handicapé" pour moi il est juste différent des autres.

quand à asperger "grave" pour moi je ne sais que te répondre
on est aperger ou pas mais je me trompe peut être

Ouai je sais... Je doute que quelqu'un autour de moi l'admettra même... J'en ai déjà parlé à un ami que je connais et qui me connaît assez bien, il l'avoue un peu mais il a du mal à s'imaginer que je sois handicapé. Alors, déjà lui, j'imagine pas ma mère...
Oui et je suppose qu'il est de cet avis aussi. En tout cas, moi je me dis pas vraiment que je suis autiste, je me dis que je suis différent.

Je viens de voir sur internet qu'on était autiste ou où on ne l'était pas. Maintenant, asperger est un peu un autisme "de haut niveau", ce qui fait qu'on peut vivre presque normalement ce qui n'handicape pas pendant un moment.

Mais même pour rire, on m'a déjà dit que j'étais un peu "mongol", quand on me connaissait mieux et qu'on me voyait en vrai (pas seulement par msn). Je n'étais pas tout à fait normal. A la maison, par contre, ça va encore ce qui fait que ma mère s'en rend encore moins compte. Je crois l'avoir caché en fait pendant plusieurs années, c'est pour ça.

[freluc]

Bonjour et bienvenue Freluc

Bonjour et merci Mars

[Benoit]

Je viens de voir sur internet qu'on était autiste ou où on ne l'était pas. Maintenant, asperger est un peu un autisme "de haut niveau", ce qui fait qu'on peut vivre presque normalement ce qui n'handicape pas pendant un moment.

C'est un peu des préjugés de neurotypique que tu ressors, là...

Donc, en fait non, c'est pas vraiment ça que ça veut dire "haut niveau".
C'est une facilité de traduction pour "de haut niveau de fonctionnement", qu'on transforme parfois en "sans déficience intellectuelle".
De toute façon d'ici six mois ça n'existera plus.

C'est juste une question de "potentialité", d'"autonomie", et je ne crois pas vraiment qu'aucun Asperger reconnaitraît avoir une (ou qualifierait son existence de ) "vie presque normale". Quant'au "non handicap", c'est avant tout une question de confrontation avec l'environnement (et les 98% de personnes ayant un autre fonctionnement), et je n'ai pas vraiment l'impression que la société (et la pression) soit dans l'état qui convient pour qu'il n'y a pas de situation de "handicap".

L'Asperger c'est un truc sérieux et irréversible, surtout en France en 2012.
Si tu l'as, commences à te faire à l'idée que c'est vraiment très très loin d'être un truc "cool", ou de "geek" comme disent les jeunes.

[freluc]

Je viens de voir sur internet qu'on était autiste ou où on ne l'était pas. Maintenant, asperger est un peu un autisme "de haut niveau", ce qui fait qu'on peut vivre presque normalement ce qui n'handicape pas pendant un moment.

C'est un peu des préjugés de neurotypique que tu ressors, là...

Donc, en fait non, c'est pas vraiment ça que ça veut dire "haut niveau".
C'est une facilité de traduction pour "de haut niveau de fonctionnement", qu'on transforme parfois en "sans déficience intellectuelle".
De toute façon d'ici six mois ça n'existera plus.

C'est juste une question de "potentialité", d'"autonomie", et je ne crois pas vraiment qu'aucun Asperger reconnaitraît avoir une (ou qualifierait son existence de ) "vie presque normale". Quant'au "non handicap", c'est avant tout une question de confrontation avec l'environnement (et les 98% de personnes ayant un autre fonctionnement), et je n'ai pas vraiment l'impression que la société (et la pression) soit dans l'état qui convient pour qu'il n'y a pas de situation de "handicap".

L'Asperger c'est un truc sérieux et irréversible, surtout en France en 2012.
Si tu l'as, commences à te faire à l'idée que c'est vraiment très très loin d'être un truc "cool", ou de "geek" comme disent les jeunes.

Ben je le sais, je commence à en avoir conscience... Mais je voulais dire qu'au début, ça pouvait encore passer. Par exemple, quand on est enfant, on nous demande pas de faire des trucs "impressionnants" contrairement à quand on se dirige de plus en plus vers l'âge adulte. Enfin, je sais pas si vous me comprenez car j'ai du mal à m'expliquer parfois.

En même temps, je vais toujours voir chez un spécialiste si je lui suis pas parce que j'ai vu que comme c'était mal connu, on peut vite devenir hypocondriaque... Mais si c'est pas ça, je sais pas ce que c'est alors parce que ça fait longtemps que je cherche qui je suis...

[Benoit]

Ben ça se discute aussi. Il y a des soucis spécifiques au cadre scolaire.

Des enfants asperger peuvent être "évacués" du système scolaire parce qu'ils ne sont pas réceptifs à la méthode d'enseignement mise place par le prof. Evacuer ça veut dire que le prof va expliquer aux parents qu'il faudrait mieux l'envoyer "en institution spécialisée", sous entendu "s'il ne comprend pas ma façon de faire c'est un débile".

Au lycée, l'instinct grégaire du reste des enfants et l'absence fréquence d'esprit de compétition aspi peut aussi causer des situations graves. Je crois que ça devient de plus en plus la norme dans les écoles, alors que les adultes ont tout de même tendance à se limiter aux préjugés et ne pas "passer à l'acte". A mon époque, taper dessus un autre gamin c'était cause de punition pour le gamin qui tape de la part de l'institution et de ses parents. Maintenant, j'ai l'impression que c'est limite la faute du gamin de ne pas savoir se défendre et de "provoquer" la progéniture parfaite des autres.

Et celles et ceux qui "jouent la comédie" de la normalité depuis leur plus jeune âge pêtent je crois - statistiquement - souvent les plombs au moment de l'adolescence.

[freluc]

Ben ça se discute aussi. Il y a des soucis spécifiques au cadre scolaire.

Des enfants asperger peuvent être "évacués" du système scolaire parce qu'ils ne sont pas réceptifs à la méthode d'enseignement mise place par le prof. Evacuer ça veut dire que le prof va expliquer aux parents qu'il faudrait mieux l'envoyer "en institution spécialisée", sous entendu "s'il ne comprend pas ma façon de faire c'est un débile".

Au lycée, l'instinct grégaire du reste des enfants et l'absence fréquence d'esprit de compétition aspi peut aussi causer des situations graves. Je crois que ça devient de plus en plus la norme dans les écoles, alors que les adultes ont tout de même tendance à se limiter aux préjugés et ne pas "passer à l'acte". A mon époque, taper dessus un autre gamin c'était cause de punition pour le gamin qui tape de la part de l'institution et de ses parents. Maintenant, j'ai l'impression que c'est limite la faute du gamin de ne pas savoir se défendre et de "provoquer" la progéniture parfaite des autres.

Et celles et ceux qui "jouent la comédie" de la normalité depuis leur plus jeune âge pêtent je crois - statistiquement - souvent les plombs au moment de l'adolescence.

Ben ouai je sais presque pas me défendre... Je sais même pas comment me battre pourtant un ami à moi a voulu m'apprendre mais j'avais beaucoup de mal... Il s'énervait vite sur moi d'ailleurs ^^

Ah ouai je vois... Et ça arrive vers quel âge? Vers 16 ans? Parce que j'ai l'impression que ça commence au point de plus savoir rien faire du tout (sauf peut-être à l'école, mais faut le temps que je démarre à travailler mais sinon quand je commence, mais faut encore que ça m'intéresse sinon j'arriverai pas, je travaille très vite... j'ai déjà fait plusieurs "grosses rédactions" en français en 1h-2h et c'est la même chose pour étudier)

[Benoit]

Pour l'adolescence, je me figure qu'il y a une question de (gros) changement des comportements humains, du coup il peut y avoir des soucis dans la copie.

Faudrait que la réponse vienne de quelqu'un qui en a eu une, d'adolescence. Je suis sûr qu'il y a des neurotypiques qui passeront par le forum.

Tu peux aussi lire l'opinion d'un spécialiste (l'australien T. Attwood) sur le forum, et particulièrement ce message. Si tu comprends l'anglais, n'hésite pas à écouter l'interview en entier.

[freluc]

Ouai sûrement... Je n'ai jamais su draguer par exemple... (mon père non plus d'ailleurs, c'est justement lui que je soupçonne avoir été aussi asperger, personnellement, je ne sais pas comment il le vivait car il n'exprimait pas beaucoup ses sentiments comme moi et il ne parlait pas beaucoup de ses problèmes comme moi aussi)

J'espère qu'il y aura des neurotypiques qui vont venir ici...

Merci, mais il n'y a pas une traduction en français? Car je n'ai jamais fait d'anglais, et même si je suis doué en langue, je ne comprends que le quart voire moins.

[Benoit]

Tu pourrais lire tout le message que j'ai mis en lien avant de critiquer. La traduction est dans les "cases" de citation.

Bon, c'est sûr, si tu n'as jamais fait d'anglais, tu n'avais pas moyen de savoir que c'est bien la traduction.

Ah, sauf si tu trouves que ce qui est dans les cadres fait "anglais", auquel cas je vais me mettre à bouder.

[freluc]

Tu pourrais lire tout le message que j'ai mis en lien avant de critiquer. La traduction est dans les "cases" de citation.

Bon, c'est sûr, si tu n'as jamais fait d'anglais, tu n'avais pas moyen de savoir que c'est bien la traduction.

Ah, sauf si tu trouves que ce qui est dans les cadres fait "anglais", auquel cas je vais me mettre à bouder.

Ahh désolé. Je ne critiquais pas mais je n'avais pas remarqué que c'était la traduction, je m'excuse.

[freluc]

Voilà, j'ai lu mais je me questionne sur une chose. Certains garçons peuvent, comme les filles et inconsciemment (ou consciemment ça dépend), se rendre compte qu'ils sont différents? Je me souviens que petit, par exemple, je n'aimais pas jouer au foot et tout ça et je restais plutôt avec des filles (parfois je restais quand meme un peu avec les garçons pour dire que je suis pas fille manquée non plus mais bon). Et je me souviens aussi que je voulais pas être surdoué de peur de devoir passer une année et d'être perturbé par la suite.

[Benoit]

T. Attwood se réfère je crois à l'environnement qu'il connait, la culture australienne (anglo saxonne) où les enfants ont davantage de stéréotypes garçon=casse-cou - fille=sociable par rapport à chez nous.
Je me fais l'idée que là bas, ne pas vouloir grimper aux arbres ou jouer au foot rend un garçon suspect. C'est un peu un pays de sauvages, encore

Il indique bien que les garçons asperger peuvent tout aussi bien poser un problème d'identité sexuelle (rattachement au féminin), ça peut sembler logique de s'identifier à l'autre "genre", ça évite d'avoir à se poser la question de sa "différence".

Une précision tout de même, ces questions ne sont absolument pas constitutives (caractéristiques) de l'autisme, ça arrive aussi chez les neurotypiques (par exemple chez les trans-genre).