Une des questions qui y est soulevée est apparemment de savoir comment sortir de la suradaptation ? Lo le dit très bien ainsi que Francesca, après des décennies de compensation, nous sommes épuisés, au bout du rouleau, etc... et ce n'est rien de le dire. Nous ressentons viscéralement le besoin de lâcher prise, de retrouver notre fonctionnement naturel mais chaque jour la vie nous l'interdit.
En ce qui me concerne, avec les années (52 ans bientôt), je suis disons comme formatée. Je ne sais plus être naturelle, hormis vraiment quand je craque complètement et m'enfonce dans la dépression.
Depuis que je connais ce forum et que j'ai entrepris les démarches auprès du CRA, je m'apperçois que je compense du matin au soir

La suradaptation est à l'aune du trouble....envahissante.
Me lever le matin et anticiper la journée des mes proches : de quoi vont ils avoir besoin ? que vais-je leur faire à manger ? Bref, tenir compte des besoins et attentes des gens qui dépendent de moi ou qui simplement m'aiment est un effort colossal mais incontournable.
Leur sourire même, au réveil, ne m'est pas naturel

Toujours garder à l'esprit que je ne suis pas seule au monde et que le regard que l'on porte sur moi a des conséquences sur la façon dont sont perçus mes enfants, mon compagnon, etc...
Du coup, penser à mon apparence, à ma démarche, à contrôler mes impulsions, à ne pas avoir l'air trop maussade, à ne pas parler toute seule dans la rue, ne pas faire de commentaires à voix haute quand quelque chose me gène ou me choque, à ne pas être trop familière avec le sdf de la boulangerie, etc...
Je me suis rendu compte que je me suis auto-formatée. Pour certaines choses je n'arrive plus à fonctionner autrement, naturellement, et parfois même quand je suis seule tant les automatismes sont puissants.
Comme quelques un des plus âgés d'entre nous, j'ai eu une éducation un peu terroriste : menaces, punitions, injonction de faire des efforts, etc... et çà a marché, je suis toujours dans l'effort et c'est en train de me tuer. Il y a bien longtemps que j'ai entamé mon capital d'énergie vitale, je suis au-delà de la réserve .
Etre naturelle supposerait donc de prendre conscience de tout ce que j'ai fait comme efforts pour m'adapter tant bien que mal (et je suis loin d'avoir fini , ce que je découvre me fait peur) et me mettrait en position de foutre en l'air toute ma vie familiale.
J'ai envie de confronter mon expérience à la vôtre.
Parmi toutes les stratégies conscientes que vous avez mises en place, quelles sont celles qui vous semblent les plus faciles à "désinstaller" ?
Par exemple moi, j'ai tendance à me parler quand je marche dans la rue ou quand je suis seule en général et même si je fais très attention, çà finit toujours par se produire. J'ai donc pris l'habitude quand je réalise que l'on me regarde (heureusement je ne me parle pas très fort ! ) de me mettre à chantonner ce qui socialement passe beaucoup mieux.
Si j'étais seule au monde je m'en ficherais éperduement du regard des autres, mais j'habite une petite ville et je veux épargner mes filles. Elles ont déjà eu à souffrir du côté atypique de notre famille là où nous vivions avant alors je fais tout pour limiter les dégâts.
C'est un exemple parmi des milliers, qui peut passer pour drôle, mais épuisant car il nécessite une vigilence de tous les instants : je fais tout mes déplacements à pieds ou en bus.
A bientôt
Mumbzh