On est si monstrueux que ca ?!

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lo²
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Re: On est si monstrueux que ca ?!

Message par lo² »

C'est dur de lire des témoignages comme ceux là... :( Je me reconnais tout à fait dans ce que décrivent ces femmes lorsque elles parlent de leur conjoint, et je retrouve les craintes que j'ai moi-même lorsque je tente de me représenter la façon dont mon amour me perçoit. L'impression d'avoir l'air d'un bloc de glace, savoir que je ne parviens pas lui montrer ce que je ressens, qu'elle ne trouvera pas les signes qu'elle serait en droit d'attendre, des preuves d'amour, qu'elle doit supporter mes crises... A chaque fois que j'y pense, je me dis qu'un jour elle me quittera, que c'est inévitable... Et en lisant ces témoignages, je n'ai pu m'empêcher de repenser à cela... au début... Puis, au fur et à mesure de ma lecture, gardant en tête la question initiale ("Sommes-nous si monstrueux que cela ?"), je n'ai pu m'empêcher de me dire que, finalement, ce sont ces femmes les monstres : elles qui sont NT, sensées être capables d'empathie, ouvertes... Elles ne semblent pas faire le moindre effort pour comprendre ce que ressent leur conjoint, elles parlent de le quitter, mais ne semblent même pas en avoir parlé avec lui !

Ce qui me rassure est que ma compagne s'est faite la même réflexion en lisant ces témoignages. Elle ne comprend pas que l'on puisse penser de telles choses d'un conjoint aspie et ne pas faire la démarche d'en parler avec lui plutôt que de tout de suite penser à le quitter. Elle n'envisage pas de vivre sans moi... 0uf ! Car je ne pourrais quant à moi vivre sans elle... Mais je lui en fais baver, et j'ai peur d'être "monstrueux" envers mes enfants, et qu'un jour elle doive partir pour les protéger... Cette crainte me hante...

D'un autre côté, même si on parle peu (on peut débattre des heures sur des questions théoriques au carrefour de nos champs de recherches, mais on ne se raconte pas les banalités d'usage, qui pour nous n'ont aucun intérêt et nous insupportent dans nos relations avec d'autres personnes - moi en plus elles me terrifient car je ne sais comment y répondre :/ En fait, en gros je ne parle jamais que de mes recherches... J'ai aussi beaucoup de mal à "faire semblant" et passe le plus clair de mon rare temps en situations sociales à chercher à m'esquiver. :/ Comme dit Meï, je peux apprécier une discussion lorsque il y a un sens, mais pas le "relationnel" qui consiste à parler de rien. - et on ne va pas se raconter une vie que l'on connait déjà tous les deux, puisqu'on la partage !), si on a peu de contacts physiques (au moins, avec elle, et elle seule, je les supporte...), si j'ai besoin d'être seul souvent, si on donne généralement l'impression d'une certaine distance entre nous, je nous trouve finalement bien plus équilibrés que les couples NT que nous connaissons : chez nous, pas de sous-entendus ; certes il y a de violentes explosions, mais au moins les choses sont dites, sans détours. 0n parle peu, mais on parle vrai, et des choses importantes que les NT se cachent et qui bouffent un couple. 0n se laisse vivre quand les autres empiètent chacun sur le territoire de l'autre. cela ne nous viendrait pas à l'esprit d'empêcher l'autre de vivre sa vie, ses passions, alors qu'autour de nous nous voyons les couples gangrénés par cette propension qu'ont beaucoup de NT à brider leur conjoint(e), et ils ne se disputent pas : ils ravalent leur frustration et cela les ronge, ronge leur couple de l'intérieur...

Peut-être ma femme est-elle un peu aspie aussi (d'après l'aspie-quizz elle le serait au moins pour certaines catégories)... Peut-être un aspie ne peut-il pas vivre avec un NT... Quand je vois les NT autour de moi, je me dis que je serais incapable de vivre avec une femme qui leur ressemble. Je suis bien mieux avec mon amour, aussi étrange que moi ou presque, et tant pis si on est des monstres : au moins sommes nous des monstres heureux ensembles, même si on ne ressemble pas vraiment à un couple normal. Je ne veux pas juger les NT, mais simplement je ne pourrais pas être en couple avec ceux que j'ai connus : je serais incapable de m'adapter à leur fonctionnement. Ce n'est pas un jugement moral (dire que les aspies sont supérieurs aux NT ou l'inverse), c'est juste que je ne pourraixs pas.

Je suis d'accord quant au fait qu'il ne faut pas généraliser, ni d'un côté ni de l'autre : dire "tous les NT..." ou "tous les aspies..."... En même temps, il y a bien des généralités que l'on peut faire pour l'ensemble d'une population, mais dès-lors que l'on fait une généralisation MORALE c'est problématique. Je veux dire par là que l'on peut dire que tous les aspies présentent telle ou telle particularité, mais dire que tous les aspies / NT sont gentils / méchants, non seulement c'est intenable, mais cela ne fait pas avancer le schmilblick, au contraire ! Cela ne fait qu’entraîner une spirale de haîne, chacun rendant l'autre responsable de ses maux, et l'autre se sentant agressé agressant à son tour. Et je dis ça alors que j'ai moi-même bien du mal avec les NT, et ce depuis bien avant même de connaître le terme NT. Quand j'étais ado je parlais des "moutons" pour désigner les gens normaux, et ils me rendaient malade. Il faut dire que j'étais continuellement l'objet de leurs brimades. Quand Liane écrit :"mon copain avant qu'on soit ensemble, il était persuadé qu'il passerait et finirait sa vie seul, parce que - entre autre à cause de sa différence je pense - il a toujours été utilisé/manipulé/abusé par les gens. Il ne connaissait des rapports humains que la "soumission à l'autre". Il était l'objet de toutes les personnes qu'il côtoyait avant moi... Alors je peux te dire que niveau confiance en l'humain, il était au trente-sixième sous-sol !", je ne peux qu'y reconnaitre mon propre parcours jusqu'à l'isolement total auquel je me suis abandonné vers la vingtaine. Mais par suite, avec le temps j'ai rencontré des NT gentils, ouverts et intelligents, notamment ici (même si mes relations sociales sont proches de zéro, se limitant à la famille proche et ce qui est matériellement nécessaire). Cela fait du bien et amène à relativiser son jugement. Toutefois, sans vouloir froisser nos amis NT, je ne me verrais absolument pas vivre au quotidien avec une personne NT. Et je pense que ce serait aussi bien trop éprouvant pour elle. c'est triste, j'aimerais dire que NT et aspies peuvent vivre ensemble, mais en ce qui me concerne au moins, ce serait invivable ! A vrai dire, avant de rencontrer ma femme dans des circonstances pour le moins extra-ordinaires (sur un forum sur lequel traînaient, disons, des gens pas très sociables, l'exact opposé d'un site de rencontres), je m'étais résolu à vivre à jamais seul. Je n'ai rien fait pour attirer l'amour... mais je ne l'attendais pas. Il s'est présenté de lui-même, et je l'ai cueilli. J'avoue que j'ai eu une chance incroyable ! Nous avons eu un coup de foudre réciproque, non sur des critères physiques (et encore moins les phéromones, qui à ma connaissance ne s'envoient pas par msn ! :D) pour le coup, puisque nous ne nous étions jamais vu : juste à nous lire, très vite, nous nous sommes aimés, absoluments. C'était il y a 8 ans... Depuis, les choses ont évoluées, les sentiments, la passion insouciante du départ se sont transformés en autre chose de peut-être mieux encore, une complicité radicale, même si je pense qu'elle n'est pas vraiment perceptible d'un regard extérieur. C'est drôle : autour de nous, je vois des couples rechercher la "fusion"... Nous ne l'avons jamais recherchée, mais au final nous sommes devenus tellement proches que nous pensons la plupart du temps la même chose au même moment à propos des mêmes choses.

Je ne crois pas que l'amour véritable soit "choisi". Comme dit Mizton, on "T0MBE" amoureux. Je crois au contraire, à la suite de Kant, qu'il ne peut y avoir d'injonction (morale, divine...) à aimer, car l'amour, comme la haine, s'impose mais ne se choisit pas. L'on peut et l'on doit choisir le respect, la solidarité (ce que Reflet appelle "l'amour du prochain" : ne pas lui vouloir de mal... ou lui vouloir du bien ? C'est encore autre chose, peut-être la différence entre le seul respect, négatif et passif, et la solidarité, positive et active ; et c'est tout l'enjeu de l'éthique que d'assumer ce choix même envers des personnes que l'on n'aime pas), mais pas l'amour qui est un sentiment échappant au contrôle de la raison. Bien sur, la raison peut le moduler, le rationaliser voire le raisonner, mais je ne crois pas qu'elle puisse le provoquer. 0n peut choisir de succomber à l'amour ou d'y résister, c'est à dire d'accepter ce sentiment ou de lutter contre, mais on ne le provoque pas. 0n peut choisir de faire des choses par amour, ça oui, d'entretenir cet amour, mais un amour choisi, ce n'est pas de l'amour, c'est autre chose, une volonté. Je n'ai pas choisi d'aimer ou non ma femme, ma mère, ma famille ; c'est un sentiment qui s'est imposé. En revanche, je choisis ou non d'aider une personne dans le besoin, indépendamment de mes affinités envers elle. Que je sois bienveillant envers une personne, précisément parce qu'elle est une personne, n'implique pas que je l'aime en tant que l'individu singulier qu'elle est. J'appelle cela de la solidarité, je ne vois pas le rapport avec l'amour : je n'agis pas parce que cette personne singulière compte pour moi, m'est chère, mais pour des raisons éthiques, parce que ce qu'il y a en elle d'universel, son humanité m'est précieuse. A la limite, on pourrait dire que la solidarité est amour du genre humain, mais cela soulève certains problèmes puisqu'il existe des solidarités communautaires. Vaste débat... En tous les cas, je demeure convaincu que la distinction entre l'amour d'une personne et l'attachement à l'humanité ou à une communauté sont deux choses différentes, même si dans les deux cas il s'agit d'un attachement, et que je ne le crois pas purement rationnel mais toujours motivé par un sentiment, qui peut être ou non rationalisé. Je crois à la suite de Mill que l'attachement à l'humanité (ce qu'il appelle le désir de justice) provient d'une rationalisation du désir (sentiment) de liberté. L'amour éprouvé pour une personne singulière me paraît en revanche être un attachement d'une autre nature, un attachement (sentiment) à ce qu'elle est en sa singularité, en elle-même ; c'est cela que j'appelle amitié ou amour amoureux (la relation entre ces deux types d'attachements étant, je crois, fort complexe).

Rousseau disait que la raison peut dicter les moyens, mais que ce sont les sentiments qui dictent les fins. Je suis d'accord avec lui : la raison seule ne désire, par définition rien, donc n'agit pas. Elle calcule, soupèse des croyances et des motivations qui doivent avoir une source affective. Il faut une impulsion, un désir, un sentiment, qui puisse servir de matière à la raison. Par exemple, je peux savoir que le chocolat fait grossir et qu'il est apprécié par la plupart des gens... La belle affaire ! Pour que je décide ou non de manger du chocolat, il faut bien qu'à un moment donné j'ai un désir, qui sera certes travaillé par la rationalité, mais sans lequel je n'aurais aucune raison d'agir. Je peux décider, choisir de manger ou non ce chocolat, parce que je désire son goût mais que je ne veux pas grossir, et que j'ai rationnellement soupesé le pour et le contre, mais il faut bien que j'ai des envies à soupeser. Il m'a fallu du temps pour le comprendre, j'ai eu du mal à l'accepter, mon ultrarationalisme en a pris un sacré coup et ça a été une grosse remise en question de mon fonctionnement général, mais je ne saurais aujourd'hui nier que ce sont, à la base, les sentiments qui dictent l'action. Se met ensuite en place une dialectique complexe entre raison et sentiments, la première modifiant les seconds en les confrontant les uns aux autres ainsi qu'à l'expérience et aux informations rencontrées dans l'existence, c'est ainsi que l'on se construit peu à peu. Mais la raison ne saurait tourner à vide : un ordinateur, sans instruction, ne fait rien ; il faut qu'une VOLONTÉ (vouloir, désirer) le meuve, appuie sur le bouton. L'on pourrait comparer l'intelligence à un langage de programmation ou autre : aussi bien conçu qu'il soit, il n'est qu'une forme à laquelle il faut donner un contenu pour que quelque chose s'exécute. Et que je sois aspie ou non ne change rien à cette conclusion à laquelle je suis arrivé... rationnellement. ;) Longtemps j'ai cru qu'il fallait s'abstraire de tout sentiment, être un être de raison pure... ce que je croyais d'ailleurs être (flattant ainsi mon égo), puisque j'intellectualise tout, mais il m'a bien fallu admettre que, quelque part, même si c'est bien caché, il y a un sentiment à la racine de mes actions, même s'il est vrai que ma raison théorique est bien plus développée que mes aptitudes affectives (que l'on appelle d'ailleurs... RAISON pratique). J'avais au départ une conception individualiste et libérale de l'Autonomie (Auto-Nomos : se donner à soi-même sa propre loi, conception kantienne du libre-arbitre), notion centrale de mon mémoire et à laquelle je consacre aujourd'hui ma thèse : être autonome serait se détacher de toutes ses appartenances ; mais j'ai fini par comprendre qu'être autonome, et donc capable de choix libres, c'est bien plutôt se rendre responsable de soi, donc de ses appartenances, et que cela implique de les reconnaître, donc de ne pas nier ses attaches affectives. Il ne s'agit pas de ne pas ressentir et de faire des choix strictement rationnels (c'est impossible), mais de comprendre au maximum (cette compréhension ne peut être absolue) d'où nous viennent nos sentiments et ce que nous devons en faire, comment les équilibrer... Et l'on ne luttera jamais contre un sentiment qu'en vertu d'un autre dont nous aurons fait une raison supérieure. Cela m'a amené à lier Autonomie et Solidarité à travers l'idée que l'on se construit dans la relation à l'autre, que l'on ne devient paradoxalement authentiquement soi que par un certain rapport à l'autre, mais c'est une autre histoire...
N'est-on pas plus mature lorsque l'on a appris à utiliser un couteau sans se blesser (et sans blesser les autres) que lorsqu'on a préféré vivre toute sa vie sans toucher un couteau ?
:bravo:


Au passage, j'aimerais assez visionner les films ADAM et couleurs autismes. sauriez-vous comment je peux me les procurer ? Je crois que Couleurs autisme est dispo au CRA, mais j'en suis assez loin. :/

PS : "Pourquoi ne vous baladeriez-vous pas avec un carnet afin d'y noter ce que vous voulez dire, et comme ça vous pouvez attendre votre tour pour vous exprimer ! :p" -> C'est ce que je fais ! ^^ Autant je ne parle pas, autant qu'est-ce que j'écris ! Cela dit, comme Schehade j'ai de plus en plus tendance à abandonner le carnet pour prendre des notes sur mon smartphone... Il commence à y avoir un peu moins de post-its et de feuilles griffonées partout dans la maison ! ^^"
Il ne faut pas être trop sérieux avec les NT. Les discussions sur la météo ou l'économie sont vraiment difficiles parce qu'ils ne veulent pas savoir mais se plaindre. Surtout pour l'économie, un de mes intérêt est l'école d'économie Autrichienne... mais la dernière fois que j'ai expliqué la théorie monétaire je crois que j'ai emmerdé le NT parce qu'ils ne me parlent plus de ça! Il se plaint d'autres choses]
Ah ah ! Ça m'arrive tout le temps ! :/ Mais c'est peut-être aussi vrai de certains aspies... moi le premier, sans doute ! Mizton a raison : moi la théorie de la monnaie (pas seulement l'autrichienne du reste) m'intéresse alors que l'architecture je n'en ai rien à foutre (mais l'écologie j'aime bien), chacun ses centres d'intérêts (même si je trouve les miens plus importants... ->[] :oops:). En tout cas, a priori je ne suis pas NT, mais je me plains beaucoup. :)

Faire des efforts pour vivre "avec les gens", j'aimerais bien mais je ne sais pas faire... Quoique, à la réflexion, je dois en faire un minimum en fait, et que finalement je ne sais pas si j'en ai vraiment envie :$. De ce fait, je vis généralement "à côté des gens" et cela me convient tout à fait. En fait, je crois que je suis prêt à faire des efforts pour les rares personnes que j'aime et "avec" qui j'ai envie de vivre (ma femme...), mais j'ai vraiment l'impression d'en être incapable. :/

Jonquille, moi aussi je fais mon possible pour me tenir à distance, mais j'ai beau faire, les gens viennent toujours me parler... -___-' Enfin, ceux qui me connaissent au bout d'un temps finissent par s'éloigner, comprennent que je suis solitaire. Je ne comprends pas quand les gens se plaignent d'être seuls et cherchent à tout prix à s'associer à d'autres. J'ai toujours pensé qu'il vaut mieux être seul que mal accompagné, mais on dirait que les autres préfèrent être mal accompagnés. Comme Schehade, lorsque je suis seul je ne pense pas à ceux qui sont absents, et ils font la gueule quand je les revois ; c'est à ce moment là que je me rends compte que je ne leur ai donné aucune nouvelle depuis des mois. Je n'aime pas non plus recevoir du monde ou aller chez des gens, même lorsque je les apprécie. 0n ne se voit que lorsque il y a une raison "matérielle". J'aimerais aussi ne pas vexer ceux que j'aime, mais j'ai l'impression que quoi que je fasse ils se vexeront... C'est tellement compliqué tout ça ! :/

En effet, lorsque l’on a besoin de quelqu’un d’autre pour survivre, c’est que nous parasitons cette personne
... "parasitage"... ou symbiose ? Je rapporcherais plus l'amour d'une symbiose, qui implique une certaine dépendance mutuelle. Il n'y a pas que la concurrence et le parasitage comme modes d'être.
janise
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Re: On est si monstrueux que ca ?!

Message par janise »

lo2 : j'ai vu ADAM en streaming en bonne qualité . tu tape "adam en streaming " sur google et tu as plusieurs liens qui fonctionnent bien :wink:
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lo²
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Re: On est si monstrueux que ca ?!

Message par lo² »

Merci Janise : je l'ai trouvé. :) Je pense que nous allons le visionner avec mon ange. J'espère que ce ne sera pas trop éprouvant !

Et pour Couleurs Autisme, y a-t-il moyen d'en avoir une copie ?
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samoju
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Re: On est si monstrueux que ca ?!

Message par samoju »

Rousseau disait que la raison peut dicter les moyens, mais que ce sont les sentiments qui dictent les fins. Je suis d'accord avec lui : la raison seule ne désire, par définition rien, donc n'agit pas. Elle calcule, soupèse des croyances et des motivations qui doivent avoir une source affective. Il faut une impulsion, un désir, un sentiment, qui puisse servir de matière à la raison. Par exemple, je peux savoir que le chocolat fait grossir et qu'il est apprécié par la plupart des gens... La belle affaire ! Pour que je décide ou non de manger du chocolat, il faut bien qu'à un moment donné j'ai un désir, qui sera certes travaillé par la rationalité, mais sans lequel je n'aurais aucune raison d'agir. Je peux décider, choisir de manger ou non ce chocolat, parce que je désire son goût mais que je ne veux pas grossir, et que j'ai rationnellement soupesé le pour et le contre, mais il faut bien que j'ai des envies à soupeser. Il m'a fallu du temps pour le comprendre, j'ai eu du mal à l'accepter, mon ultrarationalisme en a pris un sacré coup et ça a été une grosse remise en question de mon fonctionnement général, mais je ne saurais aujourd'hui nier que ce sont, à la base, les sentiments qui dictent l'action. Se met ensuite en place une dialectique complexe entre raison et sentiments, la première modifiant les seconds en les confrontant les uns aux autres ainsi qu'à l'expérience et aux informations rencontrées dans l'existence, c'est ainsi que l'on se construit peu à peu. Mais la raison ne saurait tourner à vide : un ordinateur, sans instruction, ne fait rien ; il faut qu'une VOLONTÉ (vouloir, désirer) le meuve, appuie sur le bouton. L'on pourrait comparer l'intelligence à un langage de programmation ou autre : aussi bien conçu qu'il soit, il n'est qu'une forme à laquelle il faut donner un contenu pour que quelque chose s'exécute. Et que je sois aspie ou non ne change rien à cette conclusion à laquelle je suis arrivé... rationnellement. Longtemps j'ai cru qu'il fallait s'abstraire de tout sentiment, être un être de raison pure... ce que je croyais d'ailleurs être (flattant ainsi mon égo), puisque j'intellectualise tout, mais il m'a bien fallu admettre que, quelque part, même si c'est bien caché, il y a un sentiment à la racine de mes actions, même s'il est vrai que ma raison théorique est bien plus développée que mes aptitudes affectives (que l'on appelle d'ailleurs... RAISON pratique). J'avais au départ une conception individualiste et libérale de l'Autonomie (Auto-Nomos : se donner à soi-même sa propre loi, conception kantienne du libre-arbitre), notion centrale de mon mémoire et à laquelle je consacre aujourd'hui ma thèse : être autonome serait se détacher de toutes ses appartenances ; mais j'ai fini par comprendre qu'être autonome, et donc capable de choix libres, c'est bien plutôt se rendre responsable de soi, donc de ses appartenances, et que cela implique de les reconnaître, donc de ne pas nier ses attaches affectives. Il ne s'agit pas de ne pas ressentir et de faire des choix strictement rationnels (c'est impossible), mais de comprendre au maximum (cette compréhension ne peut être absolue) d'où nous viennent nos sentiments et ce que nous devons en faire, comment les équilibrer... Et l'on ne luttera jamais contre un sentiment qu'en vertu d'un autre dont nous aurons fait une raison supérieure. Cela m'a amené à lier Autonomie et Solidarité à travers l'idée que l'on se construit dans la relation à l'autre, que l'on ne devient paradoxalement authentiquement soi que par un certain rapport à l'autre, mais c'est une autre histoire...
C'est excellent et mériterait d être publié. Au final j'ai hésité au départ a te lire en voyant l ampleur de ta réponse mais je ne regrette pas, cette partie valait bien un effort de lecture :) Mais en lisant cela je me dis que tu as certainement atteind un stade de compréhension complexe et si tu parviens a obtenir cet équilibre dont tu parles en acceptant tes sentiments je te tire mon chapeau.
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Liane
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Re: On est si monstrueux que ca ?!

Message par Liane »

Ah! Je vais me (re)mettre à cette lecture alors. Je n'avais encore lu que la moitié du texte de Lo, que je trouve déjà très intéressant. :bravo:
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janise
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Re: On est si monstrueux que ca ?!

Message par janise »

lo² a écrit :Merci Janise : je l'ai trouvé. :) Je pense que nous allons le visionner avec mon ange. J'espère que ce ne sera pas trop éprouvant !

Et pour Couleurs Autisme, y a-t-il moyen d'en avoir une copie ?
de rien , je t'en prie !! :D J'ai trouvé le film très bien mais j'ai ressentis beaucoup de peine . bon film :bravo:
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lo²
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Re: On est si monstrueux que ca ?!

Message par lo² »

Merci, Liane et Samoju (Samoju, content que tu aies finalement pris le temps de me lire ^^) :oops: bah c'est déjà publié ici du coup :D , et j'espère publier un jour vraiment ma thèse... mais il faut déjà la terminer ! Je ne sais pas si j'ai atteint "un stade de réflexion complexe", sûrement plus complexe qu'il y a quelques années, cela c'est certain. J'ai eu la chance de pouvoir reprendre des études, notamment de philosophie et sociologie après avoir passé le bac en candidat libre suite à une déscolarisation. Cela me permet de compenser quelque peu mes difficultés et notamment les carences de ma gestion des émotions. J'apprends aujourd'hui à accepter et gérer mes sentiments, ce n'est pas tâche aisée, il me reste encore un long travail à accomplir dans ce domaine, mais jour après jour j'avance. La philosophie m'y aide grandement ! Sans elle, je ne m'en serais jamais sorti (déjà qu'avec, j'ai du mal ! ^^").

D'une certaine manière, je pense que mes difficultés sont aussi une chance : elles m'ont contraint à combler les déficits, à conscientiser, verbaliser et conceptualiser ce qui normalement fait l'objet d'une compréhension intuitive et qui chez moi fait défaut (affects, normes sociales), m'obligeant ainsi à "entrer en philosophie" comme on dit. C'est ce qui fait que je vis cette discipline, qu'elle m'est vitale, quand tant d'étudiants se contentent d'ingérer des doctrines. Finalement, je ne regrette pas d'avoir ces difficultés, de devoir faire ces efforts : c'est ce qui m'a forcé à m'intéresser aux questions du langage, de l'Autonomie, des structures sociales... et c'est ce qui fait de moi ce que je suis, cela m'a obligé à développer ma pensée.

Bon, nous allons peut-être regarder ADAM ce soir, ce sera fort à propos... :/ La sortie de cet après-midi dans un grand magasin fut un grand moment autistique ! ><
Arduinna
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Re: On est si monstrueux que ca ?!

Message par Arduinna »

Je n'ai lu qu'une page pour l'instant. Je me reconnais totalement dans le témoignage de ces femmes, j'ai déjà posté ici sur ce sujet.
Ce qui rend impossible la séparation à mon sens, c'est que justement vous n'êtes pas "monstrueux". Mon mari est plein de gentillesse, mais son comportement (dont il ne se rend absolument pas compte) est d'une violence terrible pour la NT que je suis. (et vu de l'extérieur, par ma famille, c'est incompréhensible que je reste avec un homme "comme ça").

Je vais lire la suite.
Arduinna
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Re: On est si monstrueux que ca ?!

Message par Arduinna »

mashka a écrit :les banalités c'est d'un chiant, d'un ennuie monstre !
je sais que c'est manquer de tact, on arrête pas de me le dire, mais tant qu'on me raconte des banalités, je continue à dire que ça m'ennuie et que je m'en fiche :mryellow:
oui je m'en fou de la pluie et du beau temps, je m'en fou des ragots, je m'en fou de ce qui t'est arrivé hier, je m'en fou des trucs pas pertinents en fait :mrgreen:
Je ne cite qu'un message de la page 4 car tous m'ont fait sourire. C'est exactement pareil pour mon mari : les banalités, le sport, il n'en a rien à secouer ! et il le dit ! :crazy:
Quand les femmes NT disent souffrir, c'est beaucoup à cause de ce genre de comportement : les trucs que vous jugez pas pertinents le sont pour nous, parce que ce qui importe, ce n'est pas le contenu (la banalité) mais le lien : le sentiment de partager la même chose, la même humeur, le même ressenti. C'est fondamental à l'équilibre psychique d'un NT.
Arduinna
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Re: On est si monstrueux que ca ?!

Message par Arduinna »

:bravo: le message lo.
Effectivement repérer des différences de fonctionnement, ce n'est pas la même chose qu'émettre un jugement moral sur qui fait les choses bien ou pas.
Cependant, quand les NT se plaignent des aspis, c'est parce que leur indifférence exprimée clairement sur ce qui ne les intéresse pas est perçu comme un rejet de la personne (même si ce n'est pas l'intention de la personne Asperger au départ).
Depuis que je sais que mon mari est Aspie, même si ça reste super compliqué, ça va un peu mieux car j'apprends à ne pas prendre personnellement ses remarques.
Du coup, j'ai l'impression de développer un côté Aspie moi aussi, parfois je me dis que je suis trop directe avec mes collègues NT ! :lol:
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samoju
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Re: On est si monstrueux que ca ?!

Message par samoju »

Quand les femmes NT disent souffrir, c'est beaucoup à cause de ce genre de comportement : les trucs que vous jugez pas pertinents le sont pour nous, parce que ce qui importe, ce n'est pas le contenu (la banalité) mais le lien : le sentiment de partager la même chose, la même humeur, le même ressenti. C'est fondamental à l'équilibre psychique d'un NT
C'est important ce que tu écris Arduina parce que c'est valable aussi je pense pour la majorité des parents. Et c'est ce qui fait que beaucoup de parents font des dépressions ou sont malheureux. C'est justement parce que même si ils le souhaitent ils ne peuvent pas décider de ne plus en avoir besoin. C'est un parallèle qui explique aussi que le mécanisme est identique qu on se place d un coté ou de l autre. " Ce n est que la personne ne veut pas c'est qu elle ne peut pas".
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Mars
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Re: On est si monstrueux que ca ?!

Message par Mars »

Après avoir lu ces 9 pages, je retiens le commentaire de Liane " Plus un enfant est élevé dans la tolérance, le respect, le dialogue puis il a des chances de devenir un adulte ayant ces qualités... entre autre avec ses partenaire(s) de vie." En tant que prof, c'est ce que j'ai tenté de faire (je dis bien tenté), la présence dans mon établissement d'une douzaine d'autistes a créé des conditions stimulantes.
Je pense, cependant, que le fait de se sentir "hors norme" facilite la compréhension entre NT et aspies, voire plus si affinités :wink:
Modifié en dernier par Mars le dimanche 5 août 2012 à 16:30, modifié 1 fois.
Atypique sans être aspie. Maman de 2 jeunes filles dont une aspie.
Franck Derrien
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Re: On est si monstrueux que ca ?!

Message par Franck Derrien »

bonjour

j'ai lu cetn article rapidement

je pense que le probleme pour un personne de vivre avec un autiste asperger c'et surtout que pour une femme etre marie a un autiste asperger peut faire honte par rapport a sa famille

en effet si la personne autiste est invite par exemple a manger chez la famille de sa femme cela peut faire honte dans la famille de sa femme qu'elle se soit marie a querlqu'un qui fait des gaffes

donc les personnes peuvent avoir peur se se marier a un autiste asperger car cela peut faire honte a la famille d'etre marie a quelqu'un qui est auttiste , donc je pense que c tres dur pour les asperger de trouver une relation durable avec une femme

bonne journee

franck derrien
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Rose
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Re: On est si monstrueux que ca ?!

Message par Rose »

Je crois, Franck que si une femme aime assez un homme pour vivre avec lui, qu'il soit asperger ou pas, il arrive qu'il y ait des moments d'incompréhension ( ce que tu nommes faire des gaffes), avec la famille. Mais ce n'est pas le plus important. la copine de jo, ce qui lui manquait le plus c'était le coté câlins, mots d'amour... la famille acceptait assez bien Jo. Peut-être que ce que tu vis avec ta famille te pousse à penser que c'est le plus dur. Peut-être que c,est mon âge qui me fait penser ça, mais la honte, finalement, qu'est-ce que c'est? Un trop plein d'empathie? penser à la place des autres? parce qu'au final, nous ne savons pas ce que les autres pensent. La honte (selon moi) est un pur produit de notre imagination.
Donc n'aies pas peur de cette honte, elle n'existe pas.
"Ne le secouez pas, cet homme est plein de larmes." Charles Dickens.
Arduinna
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Re: On est si monstrueux que ca ?!

Message par Arduinna »

C'est pas tellement les gaffes, le problème. Pour moi, c'est surtout l'agressivité (dont on sait maintenant qu'elle est due à une fatigue ou une surcharge quand il y a trop de monde ou du monde trop longtemps) avec des paroles blessantes voire violentes (genre "oui, c'est ça casse-toi, on t'a assez vu" à notre fils qui va se coucher. Jamais dans ma famille, on n'a parlé comme ça à un enfant, ça c'est véritablement choquant, mais pas moyen pour mon mari de dire "tes cris et ton excitations me tapent sur le système, je serai plus tranquille quand tu seras couché" ; ça sort cash et d'autant plus cash que son degré de saturation est atteint)