Handicap. L'université pour tous
22 mars 2012 - Le Télégramme - Brest
Chaque année,la cellule handiversité accompagne les étudiants en situation de handicap pour faciliter leur accès aux études supérieures à l'UBO: plusieurs dispositifs sont mis en place pour s'adapter au mieux à leurs besoins.
L'année dernière, ils étaient 135, tous handicaps confondus, à étudier à l'UBO. Qu'ils soient en fauteuil, malvoyants, atteints de surdité ou de maladies invalidantes, ils sont accueillis chaque année par la cellule handiversité, qui va suivre leur parcours de A à Z et leur proposer des dispositifs sur mesure.
Un accompagnement humain
«Nous nous occupons de chaque étudiant au cas par cas: concernant l'accessibilité des bâtiments, notamment pour les personnes dites "à mobilité réduite", les principaux aménagements que l'on retrouve dans tous les établissements sont les ascenseurs, les plans inclinés, les trottoirs... Des places de parking spécifiques sont accordées aux personnes possédant des véhicules équipés, à proximité immédiate des bâtiments. Certains vivent en résidence universitaire, des chambres sont donc aménagées en fonction des besoins. Il reste encore des progrès à faire, par exemple l'accessibilité physique des bâtiments pour les personnes malvoyantes ou sourdes: des repères sonores ou visuels», explique Kader Boudarène, responsable de la cellule handiversité à l'UBO.
Adaptations aux cours
Bien sûr, il faut aussi penser à ces handicaps non visibles: pour les personnes malvoyantes, tout un dispositif est mis en place pour suivre les cours (lire le témoignage de Julien, ci-dessous). Pour la surdité, deux moyens sont déployés actuellement : la création de contrats étudiants pour la prise de notes, avec des exigences de clarté et de lisibilité vérifiées par les enseignants, ou encore la présence d'un interprète en langage des signes. «C'est un système qui marche très bien et qui rend l'accompagnement plus humain», constate Kader Boudarène. Le handicap invisible, c'est aussi la prise en compte des troubles intellectuels, cognitifs, comme l'autisme, ou des maladies psychiques: les cas sont suivis médicalement et les cursus s'adaptent, toujours en fonction des besoins. Les troubles du langage, comme la dyslexie, sont également traités.
Et après?
À la fin des études, la cellule handiversité est toujours présente pour faciliter au mieux l'insertion professionnelle des étudiants en situation de handicap. «C'est la finalité de tout le travail d'équipe que nous avons mené au long du cursus d'un étudiant. On leur facilite les démarches, comme par exemple avec le forum Handirecrut', qui s'est déroulé la semaine dernière. Notre collaboration avec Handisup Bretagne est très précieuse et nous permet d'ouvrir des portes aux diplômés», conclut Kader Boudarène, qui continue chaque année à accueillir et suivre individuellement chaque cas avec son équipe.
L'UBO, une université handi'accueillante
Dans le cadre de sa politique en faveur de l'intégration des étudiants en situation de handicap, l'Université de Bretagne occidentale a choisi de mener plusieurs grandes actions, en ce mois de mars. La première d'entre elles s'est tenue le 15mars: le forum Handirecrut' aidait les jeunes à trouver un stage, un job d'été ou un emploi.
Tables rondes et ateliers
Aujourd'hui, une seconde action sera menée dans le cadre de la campagne Handivalides, organisée tous les ans. Grâce à des ateliers de mise en situation, des témoignages et des rencontres avec des professionnels, le but est de sensibiliser le plus grand nombre au handicap à l'université. Pour cela, plusieurs rendez-vous, ouverts à tous, sont fixés : de 10h à 12h, table ronde «Handicap à l'université: entre représentation et mobilisation, quel rôle pour les étudiants valides?», à la salle d'animation culturelle du Clous, sur le site du Bouguen. Puis, de 12h à 16h30, ateliers ludiques de mises en situation, dans le hall de la faculté de lettres.
Du sport aussi
Organisé par le comité départemental handisport du Finistère, et en partenariat avec le club Handisport de Brest, le championnat de France de boccia se déroulera d'aujourd'hui à dimanche, au gymnase universitaire. Discipline paralympique spécifique aux personnes en situation de grand handicap physique, la boccia est pratiquée avec des balles en cuir et peut être apparenté à la pétanque: deux équipes s'opposent, la première lance une sorte de cochonnet, appelé «jack». Le but est ensuite d'envoyer les balles le plus près possible du «jack» pour marquer des points.
«Tout est adapté pour me permettre d'étudier l'anglais»
«J'ai été scolarisé dans une école primaire de voyants en région parisienne. J'ai ensuite étudié à l'Institut national des jeunes aveugles (Inja) et, pour des raisons pratiques, comme les facs parisiennes sont éparpillées sur plusieurs sites, j'ai déménagé en Bretagne, d'abord à Quimper, puis à Brest, où j'ai été très bien reçu par Kader Boudarène et l'équipe de la cellule handiversité de l'UBO. Je leur dois beaucoup. Mon handicap, j'ai appris à l'accepter, et maintenant je vis en résidence universitaire. J'ai refusé de bénéficier des services d'un auxiliaire de vie, j'apprends à me débrouiller, à être indépendant. Au niveau de la faculté, les énoncés des examens sont retranscrits en braille, j'enregistre mes cours, et les copies des profs sont envoyées à un organisme qui me les numérise: je peux y accéder avec n'importe quel ordinateur par le biais d'un lecteur d'écran vocal. Quand on veut, on peut, c'est mon credo. Et, comme l'écrivait Saint-Exupéry, dans "Le petit Prince" : "L'essentiel est invisible pour les yeux"».
Julien, 24 ans, en troisième année d'anglais, étudie à la faculté Segalen. Il bénéficie d'aménagements spécifiques pour mener à bien sa licence.
«Le handicap ne doit pas empêcher de faire des études»
«En tant qu'auxiliaire de vie, mon rôle consiste à aider Mathieu dans les gestes du quotidien qu'il ne peut pas accomplir tout seul, comme prendre des notes, enlever sa veste, prendre l'ascenseur, etc. Nous passons une trentaine d'heures par semaine ensemble. Mon rôle est d'être présent, de le seconder, mais je ne cherche jamais à l'influencer, je respecte ses choix. «Mathieu n'a jamais eu de problèmes d'intégration: par exemple, il a été élu délégué de classe les deux premières années de sa licence. Cette intégration, c'est aussi un travail d'équipe: les enseignants, le secrétariat, la cellule d'accueil des étudiants handicapés, tout le monde participe à créer cette bonne ambiance générale. «Je crois que, si un jeune a envie de faire des études supérieures, le handicap ne doit pas être un obstacle. Les parents sont souvent inquiets mais, en pratique, tout est fait pour que ces étudiants rencontrent le moins de difficultés possible».
Rodolphe Henning est auxiliaire de vie depuis quatre ans. Il accompagne au quotidien Mathieu, étudiant en L3 atteint de myopathie.
Ubo Roi.
Le festival de la création étudiante se poursuit, ce jeudi, à 20h30, à la salle du Clous, avec des projets transdisciplinaires (vidéo, chant, théâtre), des documentaires radio inédits, «Les trois âges», de Buster Keaton (ciné-concert). Sans oublier que, pendant tout le festival, Jonathan Le Borgne expose ses photos à Cub'Ink (116, rue Jean-Jaurès) en partenariat avec 'Tacle. Tous ces événements sont en entrée libre et gratuite, dans la limite des places disponibles. Conférence. L'Angleterre et la France dans la caricature: «Regards croisés sur les représentations des dirigeants politiques dans la caricature française et britannique de la fin du XVIIIe siècle à nos jours». Aujourd'hui et demain, à la faculté Victor-Segalen. Vivre la francophonie. Dans le cadre de la Semaine internationale de la francophonie, la faculté de lettres propose, demain, une série de témoignages. L'accueil se fera à 13h30, en salle A009. Dégustation. Une dégustation de sandwiches aura lieu, aujourd'hui, au Ru de la fac de lettres, à partir de 11h30. Les plus sollicités prendront place sur la carte.
«Notre politique: répondre à toutes les demandes. C'est du cas par cas» Kader Boudarène, responsable de la cellule handiversité.