Détester être autiste

[Hydrean]

Est-ce une chose que vous vous dîtes parfois au point de considérée que vous auriez préféré ne pas l'être ?

[Lapintéressé]

Un peu en vrac, ce que ça m'évoque.
-Je pense au texte qui est (était ?) sur le site d'Asperansa, où il était indiqué que dire "j'aurais aimé que mon enfant ne soit pas autiste" revenait à dire qu'on aurait préféré un autre enfant. Donc la question de ce qu'on est, assurément je ne suis pas uniquement autiste, mais je le suis aussi.
-Faudrait avoir un comparatif avec ce que c'est de le ne pas l'être. Je vois les autres, mais je ne sais pas ce qu'ils ressentent ou vivent et en quoi cela diffère de ma propre expérience du monde. Il n'y a pas de livre pour expliquer le fonctionnement des gens normaux
-Cela dépend de ce que tu entends pas "détester" : assurément, les choses seraient plus simples si je n'étais pas autiste. Ou, quand je m'en veux vraiment, est-ce que je m'en veux à moi parce que je suis autiste, ou à moi globalement ?
Ce ne sont que des esquisses (je ne peux pas modifier mes routines du matin )

[Flower]

Ça m'arrive régulièrement, oui. Parce que je n'arrive pas toujours à faire ce que je veux et que j'ai l'impression d'un potentiel qui est gâché parce que le quotidien me bouffe toute mon énergie. Je déteste être constamment fatiguée, je déteste ne pas arriver à faire des trucs en principe simples... On parle des points forts associés au TSA, mais je n'en identifie pas chez moi. S'il y avait un traitement pour me débarrasser du TSA, je le prendrais.
C'était encore bien plus marqué il y a quelques années, et le diagnostic de TSA n'a d'ailleurs que mis un nom sur le problème.

[Lilas]

Personnellement, j'aime être moi, sans distinguer ce qui relève de l'autisme ou de ma personnalité propre.
Ce fut loin d'être toujours le cas, mais aujourd'hui je suis en paix avec moi-même.

[David68]

Bonjour

J'aime être ce que je suis.
Je me suis posé des questions, d'où mon diag tardif...
Mais ce diag m'a donné un référence et je suis ainsi.
En plus, je vois bien les autres agir différemment, avec un référentiel qui n'est pas le mien. Mais en même temps, je ne les comprend pas. Aussi, comment pourrai je regretter quelque chose que je ne connais pas. Je ne sais pas ce que c'est que d'être atypique.

J'ai la chance d'avoir pu faire mon chemin avec mon handicap. J'ai la chance d'avoir pu profiter des points forts qu'il m'a donné, entre autre, grâce à mes intérêts spécifiques. Il aurait pu être bien pire...
Donc je l'accepte, c'est mon identité et je fais avec.
Je n'ai pas le droit d'avoir des regrets. Je suis tombé du bon côté.
Excusez moi si vous me trouvez maladroit.

Bonne journée

[Yann73]

Moi, quand c'était trop difficile, avant que je sois diagnostiqué, je voulais avoir des moments ou je serais "normal" pour souffler. Je mettais ça sur le compte du HPI. En fait, j'étais autiste.....caramba....

[lucius]

À la question de depart, je ne peux y répondre. J'ai une maladie en plus d'autres. Toute ma vie je me suis basé dessus pour la surmonter dans mon quotidien et face aux autres. Ce qui fait que je ne ressens pas vraiment le TSA dans mes difficultés mais plus ma maladie et ses impacts. Cette maladie m'a tellement affecte que cela a empêché de me faire diagnostiquer plus tôt. Même les medecins psy se focalisaient sur ma maladie.

[ikh]

On ne déteste ce qu'on est qu'au travers du prisme de l'incompréhension — voire du mépris — qu'on peut ressentir de la part des autres (ce qui ne vaut pas que pour l'autisme d'ailleurs). Une fois qu'on a appris (souvent à la dure) à en faire fi, on se vit d'expérience bien mieux.

[Crochou]

Personnellement je me déteste moins et m’en veux moins depuis que je sais que je suis autiste.
Par contre j’aurai aimé ne pas l’être pour savoir aller vers les autres et les comprendre… Et ne pas être passée à côté de pas mal de choses certainement.

[AspiNono]

Plus de 60 années épuisantes à imiter les autres, à tenter de soigner trouble anxieux généralisé, attaques de panique, agoraphobie, phobies diverses etc., par tous les moyens à disposition : psychothérapie, psychanalyse, TCC, EMDR (et ces variants) et ne pas "guérir", de quoi perdre toute estime de soi et déprimer...
Si j'avais su bien plus tôt que j'étais "asperger", je me serais épargné bien des épreuves pour passer pour "normale" !
Ma conclusion : "Autisme, je t'aime !"

[EnHans]

C'est sûr qu'avec l'autisme, tu pars pas avec une quinte flush.

[Zaubette5488]

Bonsoir, y'a des jours j'en suis très fière car je vis les choses intensément. et y'a des jours ou ,ça me met encore en colère. et des jours ou je suis triste! bref j'ai pas encore decidé

[Nic' AuDHD]

Coucou, vous allez-bien ?
Pour ce qui est de moi, j'ai longtemps été comment dire, "dans le déni" de mon/mes trouble(s), et souvent je ne réalisais pas à quel point l'autisme était une configuration différente du cerveau / des connexions neuronales, il y'a certains points à l'époque (en masquant souvent j'imagine) où j'arrivais à me retrouver chez certains, mais je sentais constamment un décalage par rapport aux autres, des réactions un peu différentes, un fatiguabilité émotionnelle / sensorielle plus rapide, une anxiété assez présente quand j'entamais des discussions avec les gens, des difficultés à reconnaître certaines émotions (notamment lorsqu'une personne sourit, ne pas penser que c'est de moi que la personne rigole, etc...), aujourd'hui j'ai réussi à travailler assez dessus je pense et ça se voit peut-être un peu moins, mais tout de même un peu, j'ai aussi des activités très prenantes (la production musicale pour ma part et tout ce qui touche ce domaine), je dirais que je suis content d'être tel que je suis, j'ai appris à m'aimer et être en paix intérieure, j'ai tout de même encore des difficultés à rentrer en communication, à oser, discuter longtemps sur les mêmes sujets que et avec les autres, etc... Mais d'un autre côté sans me vanter, j'apprends pas mal de choses assez rapidement, j'ai appris par exemple à lire et écrire très tôt, j'excelle à ma façon dans les domaines que j'aime, n'étant jamais vraiment sûr de moi à certains moments

[Asphodèle]

Je trouve cette question très intéressante !
Pour ma part je me détestais quand j'étais enfant, et surtout adolescente. Je me trouvais nulle, pas intéressante...
Ça s'est brièvement amélioré pendant mes études (seule période de ma vie où il m'est arrivée d'avoir l'impression d'être à peu près normale, et même d'avoir un groupe d'amis).
Puis ça a recommencé un peu avec le travail, mais à ce moment-là je connaissais aussi mes points forts, contrairement à l'adolescence, ce sentiment de "nullité" était moins présent, et quand il l'était c'était dans la sphère personnelle, quasiment jamais dans la sphère professionnelle.

Mais je dirais que globalement ça va bien mieux depuis le diagnostic. Moi qui ne comprenais pas pourquoi les autres arrivaient à faire 3 fois plus de choses que moi, ni comment leur cerveau n'était pas en surcharge quand ils devaient interagir dans un groupe ( analyser les attitudes des autres, penser à regarder au bon moment, faire attention à ce qu'on disait, attention à son attitude...), maintenant j'ai compris.

Ce qui n'empêche pas que parfois je peste contre la fatigue (rendez-moi mes 20 ans, tout me fatiguait sans doute autant mais j'avais bien plus d'énergie !). Ou contre ma maladresse (physique et sociale), contre ma lenteur, ma difficulté à changer de tâche (ça a clairement empiré avec l'âge).
Il y a toujours des moments où je déteste ce que je suis, mais globalement moins, et je m'accepte mieux.
Quand au travail ma persévérance me permet d'accomplir des choses, ça me réconforte (surtout quand ça rend service au reste de l'équipe).