Je vois qu'on a tous eu des chemins différents, pour moi c'était assez étrange.
Comme la plupart ici, gros sentiment de décalage et plein de difficultés sociales, sensorielles et autres, que je n'arrivais pas à expliquer (ni mes parents) depuis l'enfance.
J'avais envisagé plusieurs pistes, étudié plein de sujets, mais ça ne cliquait jamais. Évidemment je n'avais jamais envisagé l'autisme, simplement parce que je ne connaissais pas grand chose au sujet, et avait donc le fameux cliché affreux du 'je peux parler, j'ai quelques amis, ça peut pas être ça'.
Et puis un jour, il y a deux ans environ (j'avais 33 ans), j'étais à l'anniversaire du conjoint de ma mère. S'y trouvait un de ses amis d'enfance avec qui j'ai pas mal discuté. J'étais dans une période un peu compliquée, et puis en fin de soirée, après avoir longuement échangé, il me lâche une bombe :
"As-tu déjà fait une évaluation psy? Désolé de te parler de ça mais je suis obligé, depuis que l'on discute j'ai l'impression de voir mon fils, qui a exactement ton âge. Il est autiste asperger (lui avait été diag il y a très longtemps quand on utilisait encore ce terme), et même si je ne peux pas en être sûr, je te conseillerai d'explorer cette piste."
Il s'est un peu excusé, se demandait si c'était pas un peu déplacé, mais il a tellement bien fait...
Le lendemain, j'ouvre mon ordinateur en me disant 'bon il devait faire un transfert, c'est sûrement pas ça, mais on va aller voir pour la science quoi...'
Et puis là c'est le choc, je me rends compte que je coche toute les cases. Je commence à lire/regarder des témoignages, et je me sens pris d'un sentiment bizarre d'avoir l'impression que ces gens racontent ma vie. L'impression de découvrir une matrice qui explique tout. Tous ces éléments différents que je croyais être sans lien les uns avec les autres s'emboîtent et tout commence à faire sens.
S'en suit une période de recherche, de doute énorme, de questionnement, un RDV au CMP qui ne donne rien (bonjour la maltraitance), puis une prise de RDV avec un psychiatre, qui m'envoie après quelques séances dans la file d'attente du CRA, puis l'attente, puis les tests, puis enfin le bilan, qui me dit que j'ai un TSA sans l'ombre d'un doute pour l'ensemble de l'équipe. J'ai eu la chance d'avoir mes deux parents pourtant séparés depuis mes deux ans qui ont coopéré dans cette affaire (eux aussi avaient bien envie de comprendre...) et des vidéos de moi enfant à disposition, ça a bien aidé.
Comme quoi c'est important de parler de ces sujets, si cette personne n'avait pas osé, je pense que je serais encore en train de chercher, et je n'aurais pas pu mettre en place toutes ces choses qui m'ont aidé depuis à éviter de me retrouver dans des situations ingérables et à comprendre ce qu'il se passe.
Encore merci à lui même si je lui ai dit en direct
Jusqu'au jour du bilan au CRA j'avais un énorme doute. Je pensais même qu'ils allaient me dire que j'avais des traits mais qu'ils ne retiendraient pas le diag. Parce que jusque là, je m'en suis pas trop mal sorti même si c'était très dur et éprouvant. Eh ben pas du tout, c'était sans appel pour toute l'équipe, comme quoi mon autodiag était bon...
Pour tous ceux qui ont un doute, faites vous confiance. C'est pas sûr que ce soit ça, mais si ce sujet devient un intérêt spécifique, et que ça clique vraiment pour vous, ça vaut le coup d'aller au bout.
Votre déclic qui a mené au diagnostic
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Re: Votre déclic qui a mené au diagnostic
Trouble du spectre de l'autisme diagnostiqué au Centre Expert TSA-SDI du CRA de Bordeaux.
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Re: Votre déclic qui a mené au diagnostic
Bonjour, je me permets d'apporter mon témoignage sur le sujet.
J'ai toujours senti que j'étais plus anxieux et "casanier" que d'autres. Les déplacements et événements sociaux ont toujours été sources d'appréhension et j'en ai décalés (souvent annulés) plusieurs. Je pensais que ça faisait tout simplement partie de ma constitution psychique, de ma personnalité quoi. J'avais bien sûr déjà expérimenté des attaques de panique, remontant pour la plus ancienne en année de 3eme au collège, mais hormis le fait qu'elles étaient impressionnantes, je ne comprenais tout simplement pas en quoi elles consistaient vraiment, ce qui les déclenchait, ou comment les éviter. Je n'avais jamais eu goût pour l'école malgré de bons résultats, et comme beaucoup (voire davantage) d'enfants j'ai souvent simulé des maux de ventre pour rester à la maison.
Mon déclic a été de me rendre compte dans un premier temps de mes centres d'intérêt très restreints. Je n'ai jamais été intéressé par autre chose qu'un certain domaine, dans lequel je me suis lancé à l'université, en 2017. Je n'avais aucune idée des "débouchées" mais je m'y sentais plutôt bien, c'était dans mes cordes et me permettait de continuer à bouquiner à fond dans ce domaine.
Arrive le confinement de 2020 durant ma première année de Master. J'étais tout simplement aux anges, je pouvais rester tranquillement chez moi, rendre mes devoirs à distance, ne pas m'embêter avec les interactions sociales de la Faculté, bouquiner à fond tranquillement en vue de mon mémoire, etc.
Puis le retour à la Faculté en septembre : catastrophe. J'étais extrêmement mal à l'aise et anxieux à l'idée de revenir en présentiel, le fait même de m'imaginer passer plus d'un après-midi sur place m'angoissait. J'ai réussi à tenir un seul après-midi, un mercredi, dans un état de tension très forte et avec des accès d'angoisse. Il me restait deux jours entiers à tenir après celui-ci. Je suis rentré chez ma mère, épuisé, je me suis endormi assis à 20h et me suis réveillé en sueur et avec la nausée vers 5h pour repartir. Impossible de finir le trajet. Je me suis arrêté sur un parking à 20 minutes de la Faculté jeudi matin à 7h20, j'ai envoyé un message à ma mère pour lui dire que j'avais besoin d'aide et que je pensais devoir arrêter mes études.
Je suis rentré chez moi, j'ai passé la pire semaine de ma vie avec des cauchemars horribles et une anxiété à couper au couteau, en me disant que je n'avais plus d'avenir, que c'était fini. Dans un état de cas de quasi désespoir j'ai essayé d'entamer une autre formation à distance histoire de « faire quelque chose » . Mes symptômes anxieux se sont à peine atténués, tandis que je me suis rendu compte que j'avais des difficultés de compréhension (et surtout d'intérêt) énormes vis-à-vis de cette nouvelle formation à distance, dans un domaine totalement différent de ce que j'avais étudié jusque-là . C'est comme si j'étais incapable de comprendre ce que je lisais, ma motivation était absolument absente, remplir la moindre feuille ou accomplir le moindre exercice me demandait autant de temps que l'équivalent d'un devoir entier dans mon précédent domaine d'étude. C'est là que j'ai compris que j'avais un problème, enfin en tout cas c'est comme ça que je le voyais. J'en ai parlé à un ami, qui m'a dirigé vers un ami à lui qui se trouve être psychiatre dans une ville à côté. Il exerçait dans un service d'addictologie, mais semblait être assez intéressant et compétent, selon mon ami. J'en ai donc profité pour le voir, et je lui ai parlé de tout ce que je viens d'écrire.
Après 2 entrevues il a avancé une suspicion du syndrome d'Asperger. Je ne savais même pas ce que c'était, et quand il me l'a expliqué je pensais à une blague. En fait c'est comme s'il était en train de me dire qui j'étais, et de me dire que c'était une condition à part entière. Non, je n'étais pas timide, casanier, froid, indifférent, nerveux, ou malade. Le syndrome d'Asperger a posé un nom sur tout, y compris sur mes centres d'intérêt restreints et mon anxiété. Ce psychiatre m'a dirigé vers le Centre Expert Asperger du coin, et 2 ans plus tard me voilà diagnostiqué.
Autant dire que mon déclic a été violent, il a fallu que je me retrouve au pied du mur pour en apprendre davantage sur moi et faire les démarches appropriées.
J'ai toujours senti que j'étais plus anxieux et "casanier" que d'autres. Les déplacements et événements sociaux ont toujours été sources d'appréhension et j'en ai décalés (souvent annulés) plusieurs. Je pensais que ça faisait tout simplement partie de ma constitution psychique, de ma personnalité quoi. J'avais bien sûr déjà expérimenté des attaques de panique, remontant pour la plus ancienne en année de 3eme au collège, mais hormis le fait qu'elles étaient impressionnantes, je ne comprenais tout simplement pas en quoi elles consistaient vraiment, ce qui les déclenchait, ou comment les éviter. Je n'avais jamais eu goût pour l'école malgré de bons résultats, et comme beaucoup (voire davantage) d'enfants j'ai souvent simulé des maux de ventre pour rester à la maison.
Mon déclic a été de me rendre compte dans un premier temps de mes centres d'intérêt très restreints. Je n'ai jamais été intéressé par autre chose qu'un certain domaine, dans lequel je me suis lancé à l'université, en 2017. Je n'avais aucune idée des "débouchées" mais je m'y sentais plutôt bien, c'était dans mes cordes et me permettait de continuer à bouquiner à fond dans ce domaine.
Arrive le confinement de 2020 durant ma première année de Master. J'étais tout simplement aux anges, je pouvais rester tranquillement chez moi, rendre mes devoirs à distance, ne pas m'embêter avec les interactions sociales de la Faculté, bouquiner à fond tranquillement en vue de mon mémoire, etc.
Puis le retour à la Faculté en septembre : catastrophe. J'étais extrêmement mal à l'aise et anxieux à l'idée de revenir en présentiel, le fait même de m'imaginer passer plus d'un après-midi sur place m'angoissait. J'ai réussi à tenir un seul après-midi, un mercredi, dans un état de tension très forte et avec des accès d'angoisse. Il me restait deux jours entiers à tenir après celui-ci. Je suis rentré chez ma mère, épuisé, je me suis endormi assis à 20h et me suis réveillé en sueur et avec la nausée vers 5h pour repartir. Impossible de finir le trajet. Je me suis arrêté sur un parking à 20 minutes de la Faculté jeudi matin à 7h20, j'ai envoyé un message à ma mère pour lui dire que j'avais besoin d'aide et que je pensais devoir arrêter mes études.
Je suis rentré chez moi, j'ai passé la pire semaine de ma vie avec des cauchemars horribles et une anxiété à couper au couteau, en me disant que je n'avais plus d'avenir, que c'était fini. Dans un état de cas de quasi désespoir j'ai essayé d'entamer une autre formation à distance histoire de « faire quelque chose » . Mes symptômes anxieux se sont à peine atténués, tandis que je me suis rendu compte que j'avais des difficultés de compréhension (et surtout d'intérêt) énormes vis-à-vis de cette nouvelle formation à distance, dans un domaine totalement différent de ce que j'avais étudié jusque-là . C'est comme si j'étais incapable de comprendre ce que je lisais, ma motivation était absolument absente, remplir la moindre feuille ou accomplir le moindre exercice me demandait autant de temps que l'équivalent d'un devoir entier dans mon précédent domaine d'étude. C'est là que j'ai compris que j'avais un problème, enfin en tout cas c'est comme ça que je le voyais. J'en ai parlé à un ami, qui m'a dirigé vers un ami à lui qui se trouve être psychiatre dans une ville à côté. Il exerçait dans un service d'addictologie, mais semblait être assez intéressant et compétent, selon mon ami. J'en ai donc profité pour le voir, et je lui ai parlé de tout ce que je viens d'écrire.
Après 2 entrevues il a avancé une suspicion du syndrome d'Asperger. Je ne savais même pas ce que c'était, et quand il me l'a expliqué je pensais à une blague. En fait c'est comme s'il était en train de me dire qui j'étais, et de me dire que c'était une condition à part entière. Non, je n'étais pas timide, casanier, froid, indifférent, nerveux, ou malade. Le syndrome d'Asperger a posé un nom sur tout, y compris sur mes centres d'intérêt restreints et mon anxiété. Ce psychiatre m'a dirigé vers le Centre Expert Asperger du coin, et 2 ans plus tard me voilà diagnostiqué.
Autant dire que mon déclic a été violent, il a fallu que je me retrouve au pied du mur pour en apprendre davantage sur moi et faire les démarches appropriées.
Diagnostiqué du Syndrome d'Asperger à intensité modérée, en septembre 2023