(Je reprends seulement ce passage, mais je vais l'étoffer en intégrant d'autres éléments que tu as mentionnés auparavant.)
En te lisant, je peux ressentir ce que cela signifie pour toi. Renoncer à certains fruits, épices ou saveurs auxquels je suis très attachée depuis l’enfance serait un sacrifice immense pour moi. J’ai déjà vécu ce sentiment de perte lorsque des récoltes ont été mauvaises ou que ces ingrédients étaient inaccessibles géographiquement. Même une légère variation dans la saveur peut parfois me troubler, car je suis très sensible aux nuances. C’est pourquoi je comprends ton désir de retrouver ces goûts familiers, même en version végétale.
Notre cerveau associe souvent des souvenirs gustatifs à des émotions positives, ce qui rend certains aliments particulièrement difficiles à remplacer. En m’intéressant aux mécanismes cérébraux et biochimiques, je trouve fascinant de comprendre comment notre cerveau fonctionne (avec les connaissances actuelles que nous avons). Cela nous pousse à aller au-delà de la simple constatation biologique que l’être humain est omnivore (Tu l’as déjà très bien expliqué).
Aujourd’hui, d’un point de vue « strictement biologique » ( ), quel avantage réel avons-nous encore à tirer de l’omnivorie, hormis dans des situations d’urgence vitale comme la malnutrition infantile (ou d’autres cas spécifiques) ?
Actuellement, les équivalents végétaux des produits thérapeutiques comme le RUTF ou les laits thérapeutiques F75 et F100 restent malheureusement hors de portée financière pour la plupart des ONG, ce qui illustre bien les défis persistants dans notre transition alimentaire globale, mais des alternatives sont en cours de développement.
Les aliments riches en graisses et en protéines animales, par exemple, stimulent la libération de dopamine et créent un système de récompense qui peut ancrer profondément certaines préférences alimentaires. D’ailleurs, ce mécanisme de récompense dopaminergique existe aussi chez les animaux herbivores !
Par exemple, les éléphants recherchent activement des plantes riches en nutriments (certaines herbes et l’écorce d’arbres riches en protéines), et les chevaux montrent une préférence marquée pour des herbes spécifiques (comme la luzerne, riche en protéines). Cela reflète comment leur cerveau associe ces aliments à des sensations de plaisir.
Pour toi, cela doit être encore plus complexe à cause du TDAH, où le système dopaminergique réagit différemment. Ton cerveau est particulièrement sensible aux fluctuations de dopamine…
Quand il perçoit un déséquilibre biochimique, comme une diminution de la dopamine suite à un changement de régime alimentaire, il va instinctivement chercher à compenser ce manque de plaisir et de récompense par d’autres moyens.
Je peux totalement comprendre ce besoin impérieux, car je ressens quelque chose de similaire avec la danse. Pour moi, la danse est une manière de retrouver mon équilibre, de stimuler la libération de dopamine (et d'autres neurotransmetteurs) et de trouver ce sentiment de plaisir et de satisfaction. Chacun trouve son propre moyen de compenser ces déséquilibres, et il semble que pour toi, recréer ces goûts familiers en version végétale soit une manière de retrouver ce plaisir.
À ce propos, j’ai pensé à quelque chose qui pourrait t’intéresser !
Connais-tu Isa Chandra Moskowitz, la cheffe talentueuse derrière le restaurant Modern Love à Brooklyn ? Elle propose des recettes véganes qui réinventent de nombreux plats traditionnels avec une touche inventive. Ses créations sont disponibles sur son blog, Post Punk Kitchen, et dans ses nombreux livres. Tu y trouveras de tout, des recettes de street food aux plats plus sophistiqués, le tout dans un style bien américain. Tu pourrais y découvrir de quoi raviver cette nostalgie tout en restant fidèle à ton mode de vie.
Bien sûr, tout dépend de ton envie de cuisiner. Pour être honnête, je ne suis pas vraiment une experte dans l’art de préparer des plats… ma spécialité, c’est plutôt de dénicher les meilleurs takeout ou delivery en ville !
Cela dit, d’après les retours de plusieurs personnes qui ont fait la transition, les recettes d’Isa ont été d’une grande aide pour beaucoup, en atténuant ce sentiment de manque ou de frustration gustative. Je pense aussi que ses recettes pourraient être un excellent moyen d’introduire la cuisine végane aux enfants et ados (qui souhaiteraient s’y essayer), en leur proposant des plats qu’ils connaissent déjà, mais en version végétalienne.