Deoxys a écrit : ↑samedi 24 août 2024 à 13:40
Et donc, si tu n'as pas déjà saisi : ici, on parle d'un progrès positif.
Positivement accueilli, ça par contre, je veux bien reconnaître que non.
Parce que ce n'est pas à nous qu'il profite. Le végétalisme, quand il est possible, n'est pas plus avantageux que l'omnivorisme. Le vrai avantage, le vrai progrès, concerne les animaux.
Quand on voit déjà combien le progrès humain est difficile à faire passer, combien il peut demander des efforts et se heurter à une résistance sans merci, au détriment de personnes qui payent pour le refus d'autres de se mettre à jour.
Mais alors, un progrès qui menace le contenu de l'assiette, le quotidien, le plaisir personnel, les codes/cercles sociaux, les traditions, les fausses croyances, l'image personnelle, l'image renvoyée aux autres, une vision du monde ancrée depuis l'enfance, l'activité, le confort cognitif, etc. ... Ah ben y'a pas photo, c'est sans doute celui qui demande le plus d'efforts, le plus de sacrifices.
Merci pour ton accueil !
Je comprends parfaitement ce que tu veux dire, et il est indéniable que le progrès humain, qu'il soit social, technologique ou écologique, rencontre souvent des résistances profondes et tenaces. Ce n’est pas simplement une question de volonté de changement, mais bien une lutte contre des inerties culturelles, des habitudes profondément ancrées, et des identités façonnées par des décennies, voire des siècles, de traditions et de croyances.
Lorsque l'on parle de transformations qui touchent directement nos modes de vie, du contenu de notre assiette, des plaisirs quotidiens, des rituels sociaux et culturels, on s’attaque aux fondations mêmes de l'identité humaine. Ces éléments ne sont pas de simples choix, mais des expressions intimes de notre appartenance, de notre histoire personnelle, et de notre vision du monde. Ils sont au cœur des interactions quotidiennes, des célébrations, des réconforts. Les remettre en question, c’est inviter chacun à revisiter ses valeurs, ses pratiques, et même la perception qu'il a de lui-même.
La résistance au changement est donc compréhensible, mais elle devient problématique lorsqu’elle se fait au détriment des autres (humains et non humains), des générations futures, et de la planète elle-même. Les fausses croyances, les traditions rigides, et le confort éphémère du statu quo se transforment alors en murs infranchissables qui bloquent l’évolution nécessaire pour bâtir un avenir plus équitable et durable.
C’est un défi immense, car il ne s’agit pas seulement de remplacer une habitude par une autre, mais de transformer en profondeur notre relation à la nature, aux autres, et à nous-mêmes. Cela demande une grande ouverture d’esprit, une capacité à se remettre en question, à accepter l’inconfort de l’inconnu, et à faire des sacrifices personnels pour le bien commun. C'est une révolution intérieure autant qu’extérieure, un véritable bouleversement de notre façon d’être et de penser.
Il faut bien reconnaître que ce chemin vers le changement ne sera ni rapide ni facile. Il demandera des efforts collectifs, une éducation continue, des politiques publiques qui incitent plutôt que contraignent, une baisse des coûts de production pour rendre les pratiques durables plus accessibles, un système de santé pro-actif qui soutient le bien-être de tous, et une volonté de dépasser les intérêts personnels pour adopter une vision plus large et généreuse de notre place dans le monde.
Mais n’est-ce pas justement ce qui fait l’essence de l’humanité ? Cette capacité unique à s’adapter, à innover, à transformer les obstacles en opportunités ? C’est cette flexibilité d’esprit, cette résilience face à l’adversité, qui nous a permis de traverser les âges, de surmonter des défis apparemment insurmontables et de continuer à évoluer. L’histoire de l’humanité est une histoire de réinvention, de reconfiguration de nos modes de vie, de révision de nos systèmes, et d’harmonisation avec de nouvelles réalités.
Un progrès authentique, même s’il est douloureux et exigeant, est celui qui nous pousse à devenir de meilleures versions de nous-mêmes, plus conscientes, plus responsables, plus équitables, à la hauteur des défis et des aspirations de notre époque.
Le vrai progrès concerne non seulement les humains, mais aussi les animaux, et il apporte des bénéfices indéniables pour la planète d’un point de vue écologique et durable, tout en améliorant la santé publique. Adopter des habitudes alimentaires plus végétales n’est pas simplement un acte de compassion envers les animaux, mais aussi une démarche pragmatique pour assurer la survie et le bien-être de notre planète et de nous-mêmes. De nombreux pays qui n’ont pas nos ressources financières, comme le Costa Rica, ont déjà adopté des pratiques plus durables. Certaines communautés parmi les plus pauvres, en Éthiopie ou au Népal, parviennent également à vivre en harmonie avec la nature en mettant en place des pratiques respectueuses de l’environnement.
Je ne suis pas certaine qu’une planète entièrement végane soit réalisable au cours de ce siècle, car cela dépendra largement des avancées scientifiques sur la sentience et la compréhension animale, ainsi que de l’évolution des mentalités... Peut-être que dans les générations futures, cette vision pourra se concrétiser. Pour l’instant, il est clair que les pays développés doivent déjà s’inspirer de ces exemples et rattraper leur retard. En adoptant progressivement des pratiques plus respectueuses et durables, nous pouvons espérer construire un futur plus équilibré, où le bien-être de tous les êtres vivants est véritablement pris en compte.
Il ne s’agit pas seulement de véganisme ou de végétarisme, mais de comprendre que chaque choix que nous faisons est interdépendant, formant un ensemble où l’écologie, la santé, le bien-être, la justice sociale, et le respect de la biodiversité forment un tout. Ces décisions collectives et individuelles nous invitent à repenser notre place dans le monde et notre impact global, en nous rappelant que tout est interconnecté.
On est beaucoup à rester plus ou moins accros, le cerveau n'oublie pas facilement.
Pour ma part : je suis totalement habituée à mon régime et je le vis très bien depuis que j'ai passé les 2/3 premières semaines de manque, je n'ai jamais eu à me retenir d'acheter quoi que ce soit d'origine animale. Pourtant, je garde de bons souvenirs, et je ne dis pas non quand je peux retrouver certains aspects de ces produits en version végane.
Je pense que d'une certaine manière, je suis toujours accro, attachée à cette nostalgie, mais que je ne perçois plus les vraies versions comme un truc à manger.
J'imagine qu'il y a une part de déshabituation (dans la pratique), et une part de déconstruction (donc plus mentale, où je ne vais plus voir un poulet rôti, ou des chipos, de la même façon qu'avant ; c'est même pas spécialement émotif, c'est plus une association à l'animal et à ce qui lui a été fait pour en arriver là, à l'inverse de la dissociation qui opère souvent dans le carnisme — enfin je suppose que le mécanisme est désactivé).
Et pourtant, le produit animal en lui-même (les chipos, la crème dessert, les nuggets, etc.), sa symbolique, me plaît toujours. C'est un peu comme si dès que c'était végan, mon cerveau donnait le feu vert (lol). Sans pour autant que je doive m'interdire de consommer les trucs pas végans, ça se fait "comme ça".
Je comprends à quel point il peut être complexe de décider d’arrêter de consommer des produits d’origine animale à l’âge adulte (je pars du principe que c’est le cas pour toi à partir de tes écrits ; excuse-moi si je me trompe), et je suis vraiment admirative de ce parcours
. Pour ma sœur et moi, cette prise de conscience a eu lieu très tôt, durant notre enfance, dans des circonstances assez particulières, d’autant plus que notre mère était déjà végétarienne à cette époque. Heureusement, nous avons toujours bénéficié d’un suivi médical strict et régulier pour pallier d’éventuelles carences. Nous avions décidé que nous ne mangerions plus de produits carnés, puis plus tard, plus aucun produit d’origine animale, et cela n’était pas négociable. Par conséquent, je n’ai pas de souvenir de l’attrait que ces aliments pourraient avoir. En ce qui concerne les produits laitiers, cela n’a jamais été un sacrifice de les arrêter, car ils ne me convenaient pas d’un point de vue digestif. Pour d’autres aliments, la sélectivité alimentaire et la néophobie ont également joué un rôle, ce qui fait que je ne ressens aucun manque à leur égard. Cela rend les choses bien plus faciles pour moi que pour toi…
(Pardon pour la longueur de ce message, mais je tenais à partager ces réflexions sur un sujet qui m’importe vraiment.)