Je sors de l'entretien collectif.
J'ai été extrêmement inquiet quand j'ai vu qu'il s'agissait d'une réunion pour les "cadres", car je n'ai jamais su si je correspondais à la définition d'un cadre, que j'associe au management. Cependant, dès le début, j'ai été soulagé, car ils ont fait mention des personnes avec RQTH ou en incapacité de travailler pour des problèmes de santé. Il faudra leur préciser lors des entretiens individuels à la fin de leur conférence powerpoint. Je n'ai écouté que vaguement la suite et j'ai totalement décroché vers la moitié de la conférence.
Quand la conférence a été terminée, j'ai été le premier à être appelé en entretien individuel. j'ai mis du temps à comprendre, car elle m'a dit "venez avec moi" dans mon dos, donc je ne savais pas qu'elle me parlait à moi... j'ai été avec la conseillère qui me paraissait la plus sympa, j'étais très content déjà. J'ai précisé que j'étais en demande de RQTH/AAH et diagnostiqué TSA/TDAH. Immédiatement, elle m'a dit que ça avait dû être difficile pour moi de supporter l'entretien collectif avec d'autres personnes... surtout que j'étais à côté d'une femme très en colère d'être convoquée et qui n'a cessé de parler de son cas de cadre senior à voix haute et très fort
j'étais au pire endroit
J'étais surpris qu'elle prenne d'emblée en compte ma situation de handicap. Elle m'a dit que j'étais bien un cadre, car un cadre est défini par un diplôme BAC+3, non par le fait de diriger une équipe. Elle m'a dit qu'elle suivait une personne autiste. J'ai demandé où il en était et elle n'a pas répondu à ma question, mais dit qu'ils font de longs entretiens lors desquels ils refont le monde
Au lieu de me mettre dans les ateliers France Travail (l'angoisse totale et absolue), elle m'a orienté vers la psychologue du travail de France Travail. Je suis satisfait de ce choix.
C'est exactement pour cette raison que j'ai fait le diagnostic TSA : pour être traité avec mes handicaps (et mes forces), et ne plus devoir subir le lot commun qui me broie. Je ne sais pas encore ce que la suite va donner, mais je crois que je suis enfin sur la bonne voie. J'espère pouvoir être accompagné et ensuite rencontrer des recruteurs qui m'accepteront tel que je suis, ce qui me permettra moi, parce que je serai en confiance, de donner le maximum et d'être performant au travail (j'aime être utile).
Mes anciens emplois ont été un tel enfer relationnel que j'ai du mal à croire que je peux ne pas être maltraité au travail. J'ai hâte de le vivre, car si c'est possible, beaucoup de choses pourront se débloquer pour moi. J'ai plein de compétences potentielles, mais je suis terrorisé par l'existence des autres et leur fréquentation. Ce verrou va peut-être sauter. J'ai presque envie de pleurer en y pensant. J'ai jamais eu une place. J'ai envie d'en avoir une, d'avoir un salaire et de ne plus être un marginal au RSA.
Diagnostiqué TSA et TDAH. Sans emploi. Sous Ritaline. "À ceux qui, nourris de grec et de latin, sont morts de faim" (Jules Vallès, Le Bachelier)