aspi_rateur a écrit : ↑samedi 30 décembre 2023 à 22:24
Pour ma part, j'ai plus l'impression d'être du côté du harcelé qui finira forcément par mettre fin à ses jours, usé par chaque épisode, et ressassant sans cesse les épisodes passés. Alors que mes harceleurs n'auront jamais été inquiétés par les RH ou la police. Certains ont même souhaité verbalement que je me suicide. Le pire est que ces personnes trouvent le moyen de légitimer ce harcèlement.
Heureusement, je ne suis plus dans cette entreprise ! Mais je ne pourrais jamais oublié tout ce qu'ils m'ont fait subir.
oui, quitter l'univers toxique, quand cela est possible, est la meilleure des solutions. Je valide complètement. Tu as fais ce qu'il fallait.
Il n'y a pas de honte à se sentir comme celui qui sera perdant. L'important est de résoudre (c'est ainsi que je résonne).
Quand on est atypique, on est rarement pris au sérieux par l'entourage, y compris, parfois, par les autorités judiciaire, surtout, si on est tout de suite perçu comme étant déficient ou trop vulnérable. (d'où la raison pour laquelle beaucoup d'entre nous s'appliquent à compenser par la dissimulation de nos différence).
Moi aussi, j'ai finit par démissionner de mon travail, sur recommandation de mon médecin, qui m'avait dit que sinon je risquais de mourir. J'en étais arrivé à faire presque une hémolyse toutes les deux ou trois semaines, alors que d'habitude je n'en faisais qu'une par année (je suis thalassémique qui est une variante méditerranéenne de la drépanocytose, maladie génétique de l'hémoglobine).
A l'époque, il n'y avait pas les garanti salariale d'aujourd'hui. J'étais trop fatiguée pour saisir le prud'homme. Ensuite, je n'ai jamais pu retrouver du travail en tant que salarié, tant ma santé était détruite.
Le harceleur a fait la même chose à celle qui m'a remplacée. Il lui a dit : "Je te ferai la même chose que j'ai fait à "Victoire" !" (Victoire n'est pas mon vrai nom, donc je le mets en guillemet)
Elle aussi s'est retrouvé malade avec une tachycardie. Elle n'était pas asperger et n'avait pas les maladies génétiques que j'ai. Donc elle a eu la force de porter plainte et de saisir les prud'homme.
Elle m'a contacté pour que je témoigne pour elle. J'ai témoigné. Grace à mon témoignage elle a gagné son procès. (au niveau judiciaire je suis inutile pour moi-même, mais chaque fois que j'ai témoigné pour autrui, la personne a gagné son procès. J'ai la sensation parfois que la justice ne sais pas que je suis une personne et que je mérite, moi aussi d'être dédommagée ! bref ! ).
Quand je dis que quand il y a un harcèlement qui ne se résout pas (qui ne s'arrête pas), cela finit par la mort soit du harcelé, soit du harceleur, je ne pense pas obligatoirement au suicide.
Dans mon cas, par exemple, je risquais de mourir par épuisement. Parce que ce harcèlement au travail avait affecté lourdement mon état de santé. Pour survivre, tout comme toi, je n'ai pas eu d'autre choix que de démissionner. A l'époque, une démission m'aurait privé de tous mes droits. Heureusement, le patron me considérait comme sa fille. (c'était une petite entreprise, le harceleur était le fils du patron. Le patron ne pouvais pas le sanctionner directement, mais il m'avait demandé de porter plainte contre son fils. Je n'en avais pas la force). J'ai pu négocier mon licenciement en m'inventant une faute que je n'ai jamais commise et que je n'aurais jamais pu commettre d'ailleurs. La faute professionnelle inventée était "le retard", sachant que l'une de mes particularités est que je suis toujours très en avance à tous mes rendez-vous, puisque cela me rassure. Je ne supporte pas d'être en retard. donc, je n'aurais pas pu commettre la faute d'être toujours en retard.
Il y a des cas, où, malheureusement, on ne peut pas s'échapper du harcèlement, et dans ce cas, il faut vraiment se rappeler qu'il faut vouloir vivre avec rage.
Actuellement, je subis dans ma vie personnelle, encore du harcèlement, mais, depuis cette affaire dont je viens de te parler, je me répète tous les jours que je veux vivre. Et je me répète à chaque fois que ce n'est pas moi qui va mourir, que c'est le harceleur.
Du coup, cela mobilise, dans mon subconscient, toutes mes capacités cognitives pour trouver des solutions. et le reste, c'est la providence qui le fait.
Je ne sais pas si cela pourra fonctionner pour toi, parce que chacun de nous est particulier. Mais, il me semble que la rage de vivre peut faire déplacer des montagnes.
Il faut que tu te rappelles que tu es une personne, que tu as le droit de vivre et que personne n'a le droit de t'enlever ce droit.
Parfois, je suis épuisée, et découragée. Parfois, j'ai la sensation que je suis en train de m'éteindre tant je suis épuisée. Ce sont des moments où je suis tentée de me laisser mourir. Mais, à force de nourrir cette rage de vivre en moi, jour après jour, il y a toujours cette pensée qui me rappelle que je veux vivre et que ce n'est pas moi qui va mourir.