OK, j'ai tenu mon challenge d'attendre avant de me consacrer à ma réponse.
J'ai un peu triché (pas pu m'empêcher de suivre le fil).
Maintenant, je lâche l'IR !
Je vais me concentrer sur l'aspect alimentaire du véganisme, au travers de ma propre expérience.
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Pour celles et ceux que ça intéresse, il y a
ce topic sur le véganisme (allant au-delà du régime alimentaire) ainsi que
ce topic sur l'éthique animale (pas forcément le véganisme).]
Juste un petit préambule sur pourquoi j'ai fait le switch :
Je souhaitais que ma manière de consommer soit en adéquation avec non seulement mon amour de toujours pour les animaux, mais aussi et surtout avec des valeurs morales que l'on applique déjà aux animaux de compagnie — du moins dans les foyers sensés.
Même dans les élevages les plus respectueux, l'animal est abattu au bout du compte. Et même en admettant que cet abattage se fasse sans aucune douleur ni aucun stress, il n'en demeure pas moins qu'on ôte la vie à un être sensible.
Si demain j'abats mes chats pour les manger, même s'ils ont eu une vie heureuse et que je m'assure que leur mort ne les fasse pas souffrir, mon acte resterait malgré tout immoral. En plus d'être illégal...
...Et pourtant : le cochon est très proche du chien, la dinde apprécie d'être caressée sur la tête un peu comme un chat, le lapin est présent dans de nombreux foyers... or, il est parfaitement légal de les tuer, eux.
Le régime en lui-même maintenant :
Je vais regrouper par idées reçues que j'ai vues passer au fil de mon parcours ; c'est non-exhaustif et pas dans un ordre précis.
Pas forcément ! Moi, j'ai toujours adoré la malbouffe, les fast foods, les sucreries, et ça continue ! Je mange des frites, des hotdogs, des pizzas, des nuggets, des Oreo
(oui c'est vegan), des Kitkats vegan, des chips BBQ... la liste est longue. Je bois aussi des sodas (Coca, Fanta...).
Je ne mange pas que cela non plus bien sûr, je cuisine aussi des choses plus saines, mais jamais ultra-healthy (pas mon truc).
- "Le régime vegan expose à des carences"
Il peut s'il est mal équilibré ou si la personne assimile mal certains nutriments. En revanche, les carences peuvent survenir dans n'importe quel régime. Et puis, quelques suppléments si vraiment un ré-équilibrage ne suffit pas, ce n'est pas la fin du monde.
Attention pour la B12, supplémentation obligatoire.
- "En parlant de cette fameuse B12... s'il faut se supplémenter, c'est que le régime ne tient pas la route, non ?"
Au départ, naturellement, en effet l'être humain n'est pas vegan. C'est justement parce que l'on dispose de cette B12 en supplément que l'on peut être vegan. Entre un supplément qui me coûte 14 € pour 4 mois et des produits animaux, qui en plus de poser un problème moral coûtent beaucoup plus cher, le choix est vite fait !
- "Un régime vegan coûte cher"
Si on se contente d'un régime basique avec des produits économiques (riz, céréales, légumineuses en conserves, fruits/légumes dans leurs formes les moins chères, ...) et qu'on se passe de superflu, c'est en réalité le régime équilibré le moins coûteux.
Après, si on rajoute les produits classiques, nombre d'entre eux sont exactement les mêmes que dans une alimentation non-vegan (exemples : des Palmito, du ketchup, du café, du chocolat noir, de la bière [attention à l'abus d'alcool
] ...).
Là où ça devient effectivement assez cher c'est dans le domaine des simili-carnés, des desserts élaborés... Mais comparé à des produits animaux des meilleurs élevages, cela reste correct. Sachant que ces produits sont optionnels, et qu'il n'est pas insensé de payer un peu plus cher pour une saucisse qui ne vienne pas d'un animal mort.
- "Être vegan c'est rechercher la pureté végétale absolue"
Que nenni ! Alors pour certaines personnes peut-être, mais objectivement il n'y a pas de souci à acheter un produit avec des traces (allergènes) animales, puisque ça ne fait pas partie des ingrédients du produit que l'on achète. En revanche, s'il y a ne serait-ce qu'une infime quantité de produit animal dans une recette (donc ajouté volontairement), alors cet achat entretient la demande pour les produits animaux.
- "Être vegan c'est ne pas aimer les produits d'origine animale" / "Mais pourquoi vouloir imiter les produits animaux ?"
Bien qu'il y ait des personnes véganes qui n'aiment pas la viande, le lait et autres, beaucoup n'arrêtent pas pour cette raison. À titre personnel, j'aimais les produits d'origine animale. J'en adorais certains, même. Si je pouvais faire apparaître des steaks ou des Napolitains par magie, alors oui, ma foi, j'en mangerais... mais ça ne marche pas comme ça. C'est ce qu'il y a derrière le produit qui pose problème, pas le produit dans son existence physique si je puis dire. Pour autant, ils ne me manquent pas !
Ce que j'aime en revanche, ce sont les goûts et les textures qui ne font pas "végétal brut". C'est valable aussi pour les aliments transformés qui n'imitent pas la viande (exemple : des gnocchi).
- "Si c'est végétal c'est vegan"
Pas toujours. Il y a de vins par exemple qui passent par une étape de collage pendant la fabrication (avec des substances animales), des jus de fruits enrichis en vitamine D avec de la laine de mouton
(mhm miam), des noix de coco cueillies par des singes exploités, ...
- "Oui mais regarde LÀ (ou LÀ) il y a une incohérence"
La cohérence parfaite n'existe pas, le but est de tendre vers un mieux et certainement pas vers la perfection.
Un exemple personnel : j'avais deux chats avant de devenir végane. J'ai toujours deux chats. Je leur donne effectivement des produits d'origine animale (normalement à base d'insectes, récemment j'ai dû ajouter de la pâtée classique pour môsieur Kronk).
Sauf que pour eux, je n'ai pas le choix. Je ne peux pas prendre le risque de tester la nourriture vegan pour eux, car le temps de se rendre compte qu'il y a un problème, celui-ci sera déjà bien installé... Ce sont des carnivores, c'est trop délicat. Ils sont sous ma responsabilité.
Moi par contre, comme énormement de personnes dès aujourd'hui, je peux manger vegan sans risque. Tant que je ne mange pas que des légumes verts (ce qui serait mortel) et que je prends bien ma B12.
- "Mais du coup tu te prives"
De certains produits, oui, mais j'estime que c'est un moindre mal (les animaux eux se voient privés de leur vie). Ensuite, j'ai largement de quoi me faire plaisir avec ce qu'il reste.
Il existe pléthore de recettes végétales. Certaines cuisines se prêtent très bien au végétal (la cuisine asiatique par exemple), tandis que d'autres peuvent être revisitées... Pour ma part, je ne suis pas très inventive en cuisine, assez routinière, et je parviens malgré tout à satisfaire mon plaisir de manger des bonnes choses.
- "Oui mais je pourrais jamais devenir vegan, j'aime trop [tel ou tel produit]"
Clairement, je ne m'imaginais pas devenir vegan ! J'ai été sensible aux problématiques du véganisme des années avant de faire le switch. Je me disais
"je suis d'accord sur le fond mais je pourrais jamais et puis ça ne sert à rien, le monde est fichu, tout ça".
Et puis, moi, ne plus jamais manger de Pim's, de P'tits Cœurs LU, de Napolitains ?! Lol, ça va pas ou quoi ! Oh wait...
Bon, plus sérieusement, je compatis si vous avez des difficultés avec des habitudes très ancrées. Je pense qu'il est important de reconnaître que
oui, selon la personne, devenir vegan peut être difficile au début. Sauf que je me cachais derrière ça, c'était une excuse...
- "Oui m'enfin, ça ne change rien au problème global..."
Et c'est vrai. Le fait que je consomme vegan ne sauve pas d'animaux. Le fait que la consommation de viande ne diminue pas malgré les prises de conscience progressives est vrai aussi. Mais plus on sera nombreux·ses à le faire, plus on aura de chances que ça change.
Il ne faut pas oublier qu'en attendant que plus de personnes ne fassent le switch vers le véganisme, il y a de plus en plus de personnes qui — sans arrêter les produits animaux — végétalisent de plus en plus leur assiette. Je les vois, moi, ces nouveaux produits vegan apparaître dans les rayons. Ces saucisses végétales prises d'assaut pendant les périodes de barbecues. Ces Subway qui affichent une petite vignette sur leur porte indiquant qu'on peut y manger vegan. Cette pâtisserie végane qui a ouvert l'année dernière à Brest et qui ne désemplit pas. (...)
Et
même si rien ne change au final, eh bien cela reste la moindre des choses. Ça n'est pas pour se donner bonne conscience mais pour être plus cohérent·e.