Je pense qu'il y a aussi une différence de sens, dans le "ça va" selon qui le pose, et selon le lien qui existe avec la personne en face :
- Un praticien, professionnel de santé qu'on voit régulièrement, attend un état des lieux réel, physique ou mental, de comment on va.
C'est important pour le lien qu'il y a entre lui et nous, dans le sens du suivi de soins. Selon notre "allergie au ça va", le professionnel peut le demander autrement, mais pour lui la réponse est importante. (Enfin pas toujours, mais je parle de personnes bienveillantes).
- Pour quelqu'un de très proche, la question attend aussi, la plupart du temps, un état des lieux exact, bien qu'il puisse s'agir aussi d'un échange particulier, un contact qui permet de dire en un tout, je suis là, je te vois, je t'entends, je prends soin de toi. Mes fils me demandent vingt fois par jour, si ça va, et je leur demande la même chose. Pour nous, et quelques autres liens, c'est ce qu'il y a dans ce ça va. On n'a pas envie de dire plus, mais on est là.
- Pour un collègue, quelqu'un dont on n'est pas proche, il ne s'agit que d'un code social, qui n'attend qu'un oui, parce que l'autre n'est pas prêt, n'a pas envie d'entendre autre chose. A ceux là, je réponds "et toi / vous ?", sans dire oui ou non. Je n'y arrive pas, peut-être parce que je sais qu'il n'y a pas de sens dans la question, que je n'ai pas envie qu'il sache comment je vais, je ne sais pas trop.
Je conçois en revanche, qu'on puisse être très peiné d'une attente mise dans le ça va, de quelqu'un qu'on peut penser proche, et quand on s'aperçoit qu'il n'est pas chargé de sens, ou même qu'il n'existe pas...