Bonjour,
Je me permets de ne répondre qu'au premier message.
Tu as eu raison de créer ce sujet, qui n'a pas grand chose en commun avec le harcèlement, encore moins de rue.
Tu as aussi raison de dire qu'on ne parle pas assez du "viol masculin" (ton expression) et qu'il est minimisé. Sa minimisation est clairement liée à l'idée que c'est moins grave pour un homme qu'une femme, donc implique et impose une hiérarchisation des victimes. Non seulement tu as raison de le dire, mais ce n'est pas politiquement correct, donc socialement préjudiciable, car cela révèle la présence de présupposés dans la manière de penser le viol en général, dont le viol féminin. Les préjugés qui empêchent de penser le viol masculin sont liés aux préjugés qui servent à penser le viol féminin. Aborder ce sujet, c'est donc également remettre sur la table la question du viol féminin. Par exemple, l'idée simpliste des simplets: "tous les hommes sont coupables". Découvrir que des hommes peuvent être victimes remet en cause ce récit. Évidemment, cela déplaît.
En revanche, il y a un point fondamental sur lequel je ne suis pas d'accord : tu affirmes que les associations de lutte contre le viol sont indifférentes au viol masculin. C'est ton expérience, ce n'est pas la mienne. J'ajoute même que, dès qu'on parle de viol, que ce soit de femmes, d'hommes ou d'enfants, cela n'intéresse QUE les militantes féministes, et qu'en dehors de ces cercles militants, il n'existe aucun cercle militant contre le viol. Il n'y a pas d'association "masculine" contre le viol. Ce sont toujours des associations féministes. C'est aussi pour cette raison que la conceptualisation du viol féminin est plus développée. On peut aussi noter que le viol pédophile est plus conceptualisé. Souvent, les associations de lutte contre le viol parlent du sort des enfants violés. C'est pourquoi je trouve que cette remarque est infondée. Le peu qui a jamais été pensé au sujet du viol comme symptôme d'une société, comme un acte faussement individuel répondant en réalité à une logique collective, on le doit aux féministes et leur apport est précieux en la matière.
Ceux qui ne veulent pas entendre parler du viol masculin (y compris en le reconnaissant, mais en refusant de le penser dans sa spécificité) veulent en rester là, ceux qui parlent du viol masculin le font parfois pour remettre en cause le féminisme (classique chez les réactionnaires) ; et puis, il y a ceux, peut-être comme toi, je ne te connais pas, qui voudraient ouvrir un nouvel axe de la lutte contre le viol, qui passe d'abord par une conceptualisation spécifique et nouvelle du viol masculin. J'en fais partie.
Tu n'es donc pas seul et ta cause, si elle est bien menée, est juste. Merci pour ce sujet.
Diagnostiqué TSA et TDAH. Sans emploi. Sous Ritaline. "À ceux qui, nourris de grec et de latin, sont morts de faim" (Jules Vallès, Le Bachelier)