Salut Masebastmasebast a écrit : ↑mardi 10 janvier 2023 à 10:02 Bon... je ne suis pas du tout à l'aise avec ce que j'ai écris ici. Je vous explique pourquoi :
Dans une relation
- Il y a ce que l'un des deux peut en dire. Et c'est toujours le point sur lequel s'appuie tout ce qui est développé. Ce point est de l'ordre de l'intime, c'est un reflet de soi même sur la texture de l'autre, une inhérence qui ecrit un texte difficilement lisible en soi. Ce qu'il y a à en dire ne peut concerner que soi et l'autre indirectement avec lequel on est en inhérence.
- Il y a "l'expérience" ou l'histoire telle qu'elle s'est développée entre deux personnes, mais à partir de quoi ? L'autre. Mais l'autre reste toujours une hypothèse dans cette histoire. C'est comme si tout ce qu'il se passe permettait de saisir l'autre. Mais comme ce qu'il se passe est changeant, l'autre l'est aussi d'une certaine façon, insaisissable pour une part; L'autre se découvre à chaque instant dans la relation effective tout en étant le même. De la même façon, cette histoire ne regarde que les personnes qu'elle concerne.
- Il y a les échanges des inhérences (je ne sais pas comment dire ça) dans lesquels toute la relation se miroite; Et la dedans, il n'y a pas de point de survol. Ni espace vide duquel on peut observer quoique ce soit. S'imaginer que l'on puisse dire quelque chose là dessus, c'est un impossibilité, sauf en revenant au premier point (et l'autre disparait en quelque sorte par la même occasion).
Bref. Je pense que dans une rencontre il n'y a rien à dire à l'extérieur parce que c'est impossible par principe, sauf dans une idée qui la dénature. Et ca, je n'aime pas du tout. A la rigueur, il y a une beauté esthétique dans la relation qui peut s'exprimer dans l'art, la poésie, etc., qui est un symptome de ce qui s'y est développé, mais pas la relation elle-même.
La pudeur face à la dignité d'une relation c'est quelque chose d'important !
Je sens ton message plus que je ne le comprend. Mais je vais te donner des images pour pointer ce que j'en ressens. Ça revient à commenter cette phrase :Je pense que dans une rencontre il n'y a rien à dire à l'extérieur parce que c'est impossible par principe
C'est à partir de cette impossibilité avec laquelle je suis bien d'accord que je vais essayer de te rencontrer avec une approche qu'on pourrait qualifier d'impressionniste ou esthétique.
J'aime bien faire cette blague a ma fille lorsqu'elle me demande de lui poser une question absurde : "Quelle est la différence entre un lapin ?" ... et elle me répond "avec quoi ?"
ce que je ressens, c'est que c'est cette question que tu interroges.
On dit qu'il y a un point d'accord, la rencontre de deux droites, c'est un point, comme si dans une relation on s'accordait sur un point, sur une façon de faire 1.
Mais il n'y a pas de un, d'objet, c'est une impossibilité. L'objet n'existe pas, seule la relation existe. Mais ce serait quoi une relation sans objet ?
Tu disais dans un autre message un truc avec lequel je suis en désaccord : Une dissymétrie relationnelle est par nature un problème.
Je pense tout le contraire. Entre un homme et une femme, il y a une dissymétrie irréductible. Si je rapporte de façon géométrique (c'est imagé) le corp de l'homme et celui de la femme, ou même leur condition, je vois bien que je droit procéder à une transformation topologique de l'un ou de l'autre pour que les points se retrouvent un à un. Il n'y a pas de "rapport", de "symétrie" possible entre l'homme et la femme et pourtant ce sont bien ses deux-là qui font relation.
J'aime la blague de Michel Blanc "sur un malentendu on peut conclure". Parce qu'une relation débute et se poursuis longtemps sur une sorte de malentendu. L'objet. Pour autant, il y a bien quelque chose de ce malentendu qui s'entend très bien dès le départ mais que l'on ne peut pas pointer, autour duquel on tourne, comme on tourne autour du pot. Ce point qui n'en est pas un, cet impossible, c'est ce qui fait le nœud de la relation et d'où jailli toute beauté. Un intervalle dans l'unicité. Et ce n'est pas grave qu'il y ait malentendu, parce que ce malentendu dans ce qu'on entend paradoxalement très bien, a un effet : la relation. Même si on se manque inévitablement, d'une façon certaine, on se trouve.
Je trouve ça magique.