Joli programme.Spoiler :
Mais c'est quand-même décevant qu'il n'y ait pas de stand sur la rumpologie...
Joli programme.Spoiler :
Depuis le début de la pandémie, des références à Nuremberg ont régulièrement surgi : chaque fois, leurs auteurs contestent la légitimité du port du masque, du passeport vaccinal ou des vaccins, en faisant un parallèle entre ces mesures et les atrocités nazies de la Deuxième Guerre mondiale. Le Détecteur de rumeurs décortique sur quoi s’appuient ceux qui font ce parallèle.
[...]
Le lien tracé avec le nazisme n’est pas innocent et est une tactique récurrente des complotistes, qui se placent ainsi dans une position de victime, résumait récemment Tristan Mendès France, maître de conférences associé à l’Université Paris Diderot. De plus, en référant à un tribunal qu’ils qualifient de « populaire », les complotistes veulent se positionner du bon côté de l’histoire, celui des révolutionnaires, des résistants contre le « totalitarisme », expliquent plusieurs spécialistes.
Spoiler : Extrait :
Spoiler : ▮▶ :
Spoiler : Extrait :
Notre société, nos règles, notre immunité collective, notre hôpital public.
Manque de fiabilité
La controverse s’est poursuivie quand il s’est agi de valider l’efficacité de ce type d’appareil, dont la pénétration dans la culture populaire a été énorme, mais dont la rigueur scientifique a toujours été mise en doute. Larson lui-même reconnaissait que sa technique avait de sérieuses limites et n’a jamais été d’accord avec l’énorme importance que d’autres ont fini par lui accorder, ni avec son utilisation aveugle et politiquement discutable, au point qu’en 1961, il a même regretté d’avoir participé à son développement.
Les plus ardents défenseurs du polygraphe revendiquent avec optimisme un taux de réussite de plus de 90 %. D’autres chercheurs, plus objectifs, estimeraient sa fiabilité – en partant toujours de la thèse non démontrée que le mensonge a son propre registre physiologique – entre 64 % et 85 % des cas.
Cependant, précisément en raison des marges d’erreur statistique que permet cette technique, de nombreux systèmes judiciaires la considèrent comme inadmissible. Et ce n’est pas étonnant : si l’on admet généreusement qu’il est correct dans 75 % des cas, sur un échantillon de 1000 personnes accusées d’un crime quelconque et soumises au polygraphe, et dont 750 étaient réellement coupables, un faux positif – ou un faux négatif – pourrait être trouvé pour environ 180 cas.
Ainsi, face au discrédit progressif des systèmes d’enregistrement psychophysiologique et à la facilité avec laquelle ils mettent en péril les droits fondamentaux, la recherche scientifique s’est progressivement orientée vers le domaine de la crédibilité du témoignage.
Ca me fait penser à une scène de The Wire. Le gars qui opère la machine dit clairement à la détective, un peu atterrée : "Je suis là pour vous détective."Tugdual a écrit : ↑vendredi 8 avril 2022 à 10:33 Le « détecteur de mensonges » :
Extrait :Manque de fiabilité
La controverse s’est poursuivie quand il s’est agi de valider l’efficacité de ce type d’appareil, dont la pénétration dans la culture populaire a été énorme, mais dont la rigueur scientifique a toujours été mise en doute. Larson lui-même reconnaissait que sa technique avait de sérieuses limites et n’a jamais été d’accord avec l’énorme importance que d’autres ont fini par lui accorder, ni avec son utilisation aveugle et politiquement discutable, au point qu’en 1961, il a même regretté d’avoir participé à son développement.
Les plus ardents défenseurs du polygraphe revendiquent avec optimisme un taux de réussite de plus de 90 %. D’autres chercheurs, plus objectifs, estimeraient sa fiabilité – en partant toujours de la thèse non démontrée que le mensonge a son propre registre physiologique – entre 64 % et 85 % des cas.
Cependant, précisément en raison des marges d’erreur statistique que permet cette technique, de nombreux systèmes judiciaires la considèrent comme inadmissible. Et ce n’est pas étonnant : si l’on admet généreusement qu’il est correct dans 75 % des cas, sur un échantillon de 1000 personnes accusées d’un crime quelconque et soumises au polygraphe, et dont 750 étaient réellement coupables, un faux positif – ou un faux négatif – pourrait être trouvé pour environ 180 cas.
Ainsi, face au discrédit progressif des systèmes d’enregistrement psychophysiologique et à la facilité avec laquelle ils mettent en péril les droits fondamentaux, la recherche scientifique s’est progressivement orientée vers le domaine de la crédibilité du témoignage.
Le raisonnement analytique au service de croyances infondées
Une explication possible de ces résultats consiste à supposer que cette polarisation sur des sujets controversés dans les milieux à fort niveau d’instruction est liée aux capacités cognitives analytiques des sujets. Elles correspondent à nos capacités de raisonnement, modélisées dans les travaux de Kahnemann 1 par un style cognitif dit analytique, opposé à un style intuitif ou heuristique (voir par exemple [4]). Des chercheurs ont ainsi montré qu’un recours au raisonnement analytique limite l’adhésion à des idées fausses [5] mais également aux contenus des thèses conspirationnistes [6]. À l’inverse, le raisonnement intuitif favorise l’adhésion à des croyances non fondées [7].
Cependant, des développements plus récents dans la littérature scientifique [8] ont montré que les facteurs motivationnels jouaient également un rôle important dans la relation entre le raisonnement analytique et l’adhésion à des croyances non fondées. Bien que les capacités cognitives déterminent la qualité du traitement de l’information, la motivation détermine l’objectif de ce traitement ainsi que les informations qui sont sélectionnées. On retrouve ici les résultats cités plus haut [3] sur l’influence des déterminants idéologiques : les capacités de raisonnement sont mises au service des croyances de base des individus et les renforcent.
Sur des sujets en lien avec des enjeux sociétaux forts (comme par exemple le réchauffement climatique, le nucléaire, les OGM ou, dans l’actualité récente, la vaccination), les individus ne tirent aucun avantage social à adhérer aux preuves disponibles lorsque les conséquences de cette adhésion sont plus coûteuses que leur rejet. En effet, les positions sur ces questions sont des marqueurs forts d’appartenance à un groupe donné (politique, idéologique) et les effets en termes de réputation (et donc de lien social et autre capital symbolique) sont très importants lorsque les preuves disponibles vont à l’encontre de l’opinion générale partagée par le groupe d’appartenance. Autrement dit, dans ce cas, il est parfaitement rationnel sur le plan instrumental et psychologique de voir des individus utiliser leurs capacités analytiques pour former et diffuser des croyances cohérentes avec leur groupe (croyances identitaires), qu’elles soient correctes ou non (ce que des chercheurs ont désigné sous le terme de « raisonnement de système analytique motivé » [9]).
En mars 2018, une étude du MIT concluait que, sur Twitter, les fausses nouvelles se diffusent beaucoup plus vite que les vraies. Le mois dernier, un reportage citait deux chercheurs qui auraient réfuté l’étude de 2018. Mais c’était une fausse info : ces chercheurs avaient au contraire confirmé les résultats. Le Détecteur de rumeurs démêle tout ça.
Entre la légende des laboratoires américains « secrets » en Ukraine, celle des faux cadavres ou celle des fausses images satellites, les désinformateurs russes ou pro-russes ont été si actifs depuis la mi-février qu’ils se sont souvent contredits dans leurs propres histoires. Mais à trop chercher une logique, on perd de vue la raison d’être de ce flot de fausses infos, explique l’auteur et vulgarisateur David Robert Grimes: « semer tellement de doute sur ce qui est vrai que cela paralyse les gens quant aux décisions à prendre. Face à une cacophonie d’affirmations étranges et conflictuelles, les gens ne font rien, incertains de ce qui est bon ».
C’est une méthode qui n’est pas nouvelle aux yeux de ceux qui étudient cet aspect très particulier de la politique étrangère russe: Grimes, dont le travail porte sur les théories du complot et la désinformation en santé, rappelle que c’est en Union soviétique que serait née la toute première agence gouvernementale au monde dédiée spécifiquement à la désinformation, en 1923. Et depuis, les historiens ont pu découvrir que les services secrets soviétiques avaient délibérément amplifié des théories du complot autour de l’assassinat de John F. Kennedy, de la fluoration de l’eau ou de l’origine du sida: selon une campagne de désinformation des années 1980, le sida serait en effet une arme biologique créée par la CIA. L’ex-KGB a reconnu la paternité de cette campagne en 1992, ce qui n’empêche pas cette fausse info d’avoir encore des adeptes aujourd’hui.
[...]
Ce sont des méthodes dont se sont inspirés les mouvements antivaccins: entre des vaccins inutiles et des vaccins qui tuent et des vaccins qui contiennent une puce 5G, il n’y a pas de logique, sinon celle de faire douter. Les arguments solides, les faits, les preuves, deviennent dès lors secondaires.
Mais ce n’est pas juste une source d’inspiration. Des chercheurs européens ont bel et bien associé ces deux dernières années des « vagues » de désinformation sur la COVID aux « usines à trolls » russes —depuis la COVID comme arme biologique jusqu’aux ondes 5G qui auraient causé le virus, entre autres.
Il est tristement ironique, écrit David Robert Grimes, que les adeptes de théories du complot puissent devenir des armes dans ce qui est un véritable complot, mais dont ils ne perçoivent pas les contours. « La popularité du mantra du virus-comme-arme-biologique est un sombre rappel que, dans l’âge des médias sociaux, de telles manipulations sont devenues encore plus faciles et plus efficaces. »