Travail : dois-je dire que je suis autiste Asperger ?

[EmmaJoy]

Bonjour,

Une question pas aussi simple qu'il n'y paraît : est-ce que je dois informer mes responsables et mes collègues que je suis autiste Asperger ?

Je l'ai déjà fait dans un précédent job et cela s'est mal passé : le patron utilisait mon autisme contre moi, justifiait que j'avais un problème, et ne m'a plus jamais prise au sérieux dès lors que je lui ai dit. Et bien entendu, il profitait de ma gentillesse et timidité... Il m'a même demandée de l'annoncer à toute l'équipe, ce qui a eu pour effet que plus personne ne me prenait au sérieux, et justifiait mes paroles et actes "parce que je suis autiste". Alors qu'avant de le dire, tout allait bien...
Je crains d'être à nouveau dévalorisée et discriminée si je le dis dans ma nouvelle équipe...

En vous remerciant par avance pour vos réponses...

[freeshost]

Ça dépend des personnes.

Ont-elles l'habitude de t'accepter comme tu es ?

Est-ce nécessaire ?

[EmmaJoy]

Disons que je fais le plus d'efforts possible pour paraître neurotypique... Donc cela ne se voit pas trop. Et cela ne fait que 2 mois que je suis à mon nouveau poste. Je ne connais pas encore bien mes collègues.

Le PDG a l'habitude de traiter nos développeurs web "d'autistes" de manière péjorative, alors qu'il n'en sait rien du tout... Cela me blesse beaucoup, donc à partir de ce moment-là, je n'ose pas trop me dévoiler :/

[Dinolette]

Coucou,
Au vu de ce que tu nous dis,de tes expériences précédentes et sur tes collègues actuels vaut mieux ne rien dire. Tu as une RQTH ?

[Fluxus]

Je ne saurai pas quoi conseiller étant donné que je ne suis pas dans la vie active mais je suis choquée de lire à quel point les gens peuvent être c*ns.

C'est presque discriminatoire (si ça ne l'est pas déjà).

[freeshost]

Disons que je fais le plus d'efforts possible pour paraître neurotypique... Donc cela ne se voit pas trop.

Attention à trop d'efforts invisibles qui peuvent déboucher en burn-out autistique. Le camouflage autistique, ça pèse.

À toi de peser (encore une histoire de pèze !) le pour et le contre, d'essayer de voir comment les personnes réagiraient.

[EmmaJoy]

Coucou,
Au vu de ce que tu nous dis, de tes expériences précédentes et sur tes collègues actuels vaut mieux ne rien dire. Tu as une RQTH ?

Non, pas de RQTH

[lucius]

Par expérience à cause d'une maladie, je ne suis pas très favorable à le dire.
Le problème est que l'on peut être blacklisté ou mis de côté (promotion, projets, augmentation, formation...) dés que l'on parle d'un handicap, d'une maladie ou d'un TSA. On peut vous mettre sur des tâches sans intérêt juste pour vous occuper.

Je le dis car j'ai vécu cela à cause de ma maladie et encore je n'avais pas eu le diagnostic de mon TSA à l'époque.

[Tree]

Si tu le dis, après, c'est irréversible, ça te suivra tout le temps.
C'est quitte ou double.
Si tu as des collègues bienveillants, fondamentalement gentils et compréhensifs, voire qui ont eux-mêmes un proche autiste, il est possible de se dévoiler.
Mais par expérience, le monde du travail est quand même assez violent, il peut y avoir une ou deux personnes qui vont te renvoyer ton autisme à la figure par des remarques, des sarcasmes, du dénigrement.

Si tu ne rencontres pas de problème particulier au travail, que tu arrives à gérer ton quotidien en te camouflant, et que cela ne te coûte pas trop en énergie, je te conseillerais d'attendre avant de te dévoiler.
Qu'est ce que cela t'apporterait de dire que tu es autiste ?
Les gens ne vont pas modifier leur façon de travailler pour autant.
Dans le monde du travail, les autres ne s'adaptent que rarement au handicap d'autrui, d'autant plus si celui-ci est invisible.
Par contre, se dévoiler, c'est aussi tendre la perche à 1 ou 2 collègues malveillants et toxiques.
Peut-être que mon message est un peu pessimiste sur la nature humaine, mais je te fais part de mon expérience, rien de plus.
Amicalement

[Moumster]

Je dirais que tout depends de ce que tu espères en le disant. Et de l état d esprit général de tes collègues.

Pour ma part je l ai dit et cela a eu les conséquences que j esperais:

Avant je camouflais à l excès, j étais toujours très proche du burn out et il m est arrivé de craquer complètement.
Mes paroles étaient souvent mal interprétées, mes collègues y voyaient des sous entendus la ou il n y en avait pas et cela créerait des situation compliquées.
On me confiait des missions épuisantes, parfois avec énormément d interactions, parfois avec des déplacements imprévus, C était compliqué.

Maintenant beaucoup de choses sont plus simples. J en ai parlé ouvertement à toute mon équipe. Ils ne s adaptent pas plus que ça a mon handicap mais ils acceptent mes différences. Ils savent qu ils ne faut pas chercher de sous entendu dans mes propos, ils acceptent que j ai des avantages comme celui de choisir le bureau le plus calme ou droit à plus de télétravail sans que cela ne crée de conflit. Du côté des missions aussi ça a changé, plus de deplacements du tout, des sujets impliquant moins de monde (10 personnes max au lieu des + de 50 que j ai pu avoir avant)

Bien sur le changement dans le type de mission fait que je vais moins évoluer mais cela ne me gêne pas, je cherche à être bien au quotidien plus qu à évoluer vers plus de responsabilités.
Et j ai de la chance, j ai des collègues bienveillants et une entreprise ou la discrimination pour handicap passerait vraiment très mal. Ce n est malheureusement pas forcément partout pareil

[Piquéchou]

Maintenant beaucoup de choses sont plus simples. J en ai parlé ouvertement à toute mon équipe. Ils ne s adaptent pas plus que ça a mon handicap mais ils acceptent mes différences. Ils savent qu ils ne faut pas chercher de sous entendu dans mes propos, ils acceptent que j ai des avantages comme celui de choisir le bureau le plus calme ou droit à plus de télétravail sans que cela ne crée de conflit.

C’est aussi ce que j’attends en demandant la RQTH, et si je l'obtiens, je compte m’en servir.

Aujourd’hui, ce que mes collègues du siège appellent mes « caprices » (« et si tout le monde faisait comme ça… ») ne sont acceptés que par peur que je ne parte, ce qui ne contribue pas, vous le comprendrez, à créer des relations sereines avec mon environnement professionnel

Même si, globalement, les gens sont bienveillants.

J’étais déjà dans cette boite, il y a 10 ans, et je suis partie au fond du trou, parce que je n’y arrivais pas : je ne pouvais pas et travailler correctement, atteindre les résultats souhaités, et participer à toutes leurs interactions sociales (réunions, ateliers, déjeuners, déplacements…)
Ce n’est pas faute d’avoir essayé !

Quand je suis partie de mon dernier poste (au fond d’un trou un peu plus profond encore), illes m'ont acceptée « en l’état ». Illes savaient que j’étais fatiguée (ça se voyait aussi, lol), donc illes sont sympas, quand même

Et comme je sais que la crise a beaucoup fragilisé notre équilibre économique, vu mes résultats, j’en ai profité pour imposer mes NON, qui ont été acceptés à contrecœur pour certains (car à l’encontre de l’esprit collaboratif).
La RQTH pourrait être une bonne justification, plutôt que l’épreuve de force dans laquelle nous sommes entrées (de ma faute, mais un peu malgré moi, puisque de toute façon, je ne peux plus ni moralement ni physiquement).

J’ai RDV mardi pour faire le point sur mes résultats 2021 et poser mes objectifs 2022, et je pense que je vais parler de mon diagnostic…

Je vous dirai

[Ivanovna]

Bonjour,

Une question pas aussi simple qu'il n'y paraît : est-ce que je dois informer mes responsables et mes collègues que je suis autiste Asperger ?

Je l'ai déjà fait dans un précédent job et cela s'est mal passé : le patron utilisait mon autisme contre moi, justifiait que j'avais un problème, et ne m'a plus jamais prise au sérieux dès lors que je lui ai dit. Et bien entendu, il profitait de ma gentillesse et timidité... Il m'a même demandée de l'annoncer à toute l'équipe, ce qui a eu pour effet que plus personne ne me prenait au sérieux, et justifiait mes paroles et actes "parce que je suis autiste". Alors qu'avant de le dire, tout allait bien...
Je crains d'être à nouveau dévalorisée et discriminée si je le dis dans ma nouvelle équipe...

En vous remerciant par avance pour vos réponses...

Bonjour,

Pour répondre à la question initiale, d'après mon expérience, je déconseille.
J'en ai déjà parlé dans un précédent service et après ça, on a toujours déprécié ce que je disais (j'admets le principe que je puisse me tromper mais pas systématiquement tout de même).

Je suis partie loin, dans un autre service ; j'ai juste dit que j'avais un problème avec le bruit et les ai prévenu que s'il y a trop de bruit, c'est comme si j'étais en état d'ébriété, risque de vomito compris.
J'ai la chance, après tous mes arrêts pour burn-out, d'avoir suffisamment remonté pour que mon autisme se remarque moins, et passe pour une originalité.
Et puis le service est tellement dépouillé que les collègues n'ont absolument pas le temps de chipoter.

Pour autant, je ferme scrupuleusement ma bouche sur mon autisme à moi, alors que j'évoque celui du fils de mes voisins de pallier pour faire passer des informations sur les difficultés des personnes handicapées. Je me méfie tout de même tout en militant.

Bref, motus sur mon autisme tout en n'essayant pas non plus d'essayer de passer pour une neurotypique que je ne serai jamais. J'assume juste un côté "original", un peu comme une soupape de sécurité.
C'est plus économe en énergie au quotidien pour le masking, qui est une précieuse compétence que je préfère conserver.
Mais maintenant, ce n'est plus en permanence. Je travaille à 80% mais descends même en ce moment à 60% en prenant des congés. Ben je suis moins crevée comme ça.

Bon courage en tout cas !

[lucius]

L"un des problèmes lorsque l'on dit que l'on est Asperger est que l'on peut devenir un bouc-émissaire des problèmes rencontrés alors que l'on y est pour rien. On peut quitter son entreprise et de dire à sa nouvelle équipe son état d'Aspie mais cela risque de se reproduire encore et encore. On n'a pas le luxe de pouvoir changer d'employeur en permanence jusqu'à trouver un bon avec une équipe ouverte.

[Ivanovna]

On n'a pas le luxe de pouvoir changer d'employeur en permanence jusqu'à trouver un bon avec une équipe ouverte.

Oui. Je peux encore me le permettre car dans la fonction publique, plutôt débrouillarde pour rédiger des demandes de mutation et professionnellement, plus peur de grand chose (à part des open-space bien sûr).
Le contexte est important.
Celà dit, même ici, le monde est petit et ça cause volontiers à plusieurs centaines de kilomètres... Il faut rester prudent !

[lucius]

Oui. Je peux encore me le permettre car dans la fonction publique, plutôt débrouillarde pour rédiger des demandes de mutation et professionnellement, plus peur de grand chose (à part des open-space bien sûr).
Le contexte est important.
Celà dit, même ici, le monde est petit et ça cause volontiers à plusieurs centaines de kilomètres... Il faut rester prudent !

Dans la fonction publique, tout finit par se savoir (j'ai quelques anecdotes amusantes dessus - et pas méchante- sur ce petit monde du secteur public). Et en réessayant 3-4 postes en espérant un accueil différent, c'est dépenser son énergie psychique et physique en reprenant tout depuis le début: nouer de nouvelles relations professionnelles, s'impliquer dans l'équipe, trouver sa place ou comprendre le poste et les attendus. On peut mettre des mois. C'est un effort trop intense pour moi de tout recommencer trop souvent.