[Mémoire] Reconnaissance des émotions et particularités sensorielles chez l'adulte

Toutes discussions concernant l'autisme et le syndrome d'Asperger, leurs définitions, les méthodes de diagnostic, l'état de la recherche, les nouveautés, etc.
Avatar du membre
Curiouser
Modératrice
Messages : 5641
Enregistré le : mardi 3 septembre 2019 à 9:43
Localisation : Vosges

Re: [Mémoire] Reconnaissance des émotions et particularités sensorielles chez l'adulte

Message par Curiouser »

Merci pour ce retour, Laurine :bravo:
Diagnostiquée TSA en janvier 2021. Conjoint diagnostiqué TSA en octobre 2020.

Site : Tout Sur l'Autisme (ressources et documents)
Laurine
Nouveau
Messages : 7
Enregistré le : jeudi 13 mai 2021 à 15:36

Re: [Mémoire] Reconnaissance des émotions et particularités sensorielles chez l'adulte

Message par Laurine »

Avec plaisir !

Merci WinstonWolfe !
Spoiler : 
WinstonWolfe a écrit : samedi 17 juillet 2021 à 13:30 Le test de reconnaissance des émotions de Baron-Cohen a été beaucoup utilisé dans les recherches sur l'autisme, il met en évidence le fait qu'une partie des autistes a une réussite égale voire supérieure à la population générale, et une autre partie montre un déficit. Il a été suggéré de s'intéresser aux ressources mises en oeuvre pour réussir ce test (sont-elles les mêmes que les non-autistes, jusqu'à quel point la méthode par élimination est-elle plus efficace...), et le temps de reconnaissance est effectivement un facteur important.
Effectivement, il y a plusieurs variables à prendre en considération dans ce test : le type de présentation, le type d'émotion (10 simples, 10 complexes) et beaucoup d'autres j'imagine ! C'est exactement ce que je cherchais à démontrer, il est possible que les ressources soient différentes et il serait intéressant de pouvoir les répertorier. Bien entendu, ce test a été énormément utilisé et les résultats sont parfois contradictoires, d'où mon intérêt pour cette étude. Il est vrai qu'il est important de préciser que les résultats mis en avant dans ce mémoire ne sont valables que dans le contexte de cette étude et pour le groupe étudié. Cela ne peut pas confirmer des résultats à une plus grande échelle, il faudrait étendre l'étude. :)
WinstonWolfe a écrit : samedi 17 juillet 2021 à 13:30 C'est assez récurrent :
Laurent Mottron a écrit :Plus encore, il est maintenant établi que l’intelligence autistique est largement dépendante de l’instrument avec lequel on la mesure. Les Matrices de Raven sont étalonnées chez la personne neurotypique à un niveau rigoureusement identique aux échelles de Wechsler, Pourtant, elles révèlent chez une proportion considérable de personnes du spectre autistique un niveau d’intelligence moyenne supérieur de 30 percentiles à celui obtenu avec les échelles de Wechsler (Dawson, Soulières, Gernsbacher et Mottron, 2007).
Pour les matrices, j'en parle ici car c'est un point qui a beaucoup été discuté ici. Mais pour mon mémoire, il ne s'agissait que d'une variable contrôle. Effectivement, les résultats peuvent être supérieur mais je me permets d'émettre une réserve. Comme précisé plus bas, il existe une très grande hétérogénéité d'expression des traits autistiques, c'est aussi pour cela que les performances peuvent être supérieures, inférieures, égales. Si on se permet d'utiliser les anciennes terminologies, on peut dire que cette étude a principalement recruté des personne TSA de "type syndrome d'asperger". Ce qui limite encore une fois les résultats. Dans le détail également, trois de ces participants présentaient également un HPI. Le HPI comprend également des particularités de fonctionnement qui peuvent interférer dans les résultats. Pareil pour les suivis par exemple (et tant d'autres chose me diriez vous !). Si mon enseignante m'a proposé d'utiliser ce test, cela était simplement dans le but de contrôler une potentielle interférence, tout en considérant évidemment, un outil qui serait le plus "pur" possible pour évaluer les compétences cognitives. On sait que les Matrices ne sont pas dépendantes du langage ou de la culture par exemple, ce qui en fait un choix intéressant. Mais là encore, nous n'avons utilisé qu'une seule série des APM.
WinstonWolfe a écrit : samedi 17 juillet 2021 à 13:30 C'est très courant dans les recherches sur l'autisme. Il y a plus de variation dans les groupes autistiques que dans les groupes de contrôle. C'est un point à connaître : la diversité du monde autistique est plus grande que celle du monde non-autistique. Ce qui pousse la recherche, depuis quelques années, à considérer qu'il y a plusieurs sous-groupes d'autisme, et à s'attacher à les caractériser.
Comme évoqué précédemment, vous avez tout à fait raison. Bien que cela soit courant, cela peut tout de même biaiser les résultats, il est important de le souligner. En même temps, comme je l'ai préciser dans la conclusion du mémoire, cela reflète parfaitement l’hétérogénéité du TSA (d'où le terme "spectre"). Je comprends l'intérêt de sous-groupes, mais il faudrait pour cela qu'il y ait un réel consensus. C'est un élément pertinent car les résultats et donc ce que l'on peut proposer pourrait être différent ! Mais pour le coup, cela est valable pour beaucoup de trouble du neuro-développement, dont on retrouve des liens (TDA/H et TSA par exemple). Ainsi je m'interroge beaucoup quant à l'idée de "cliver" (sous-groupe) ou rassembler (TND - trouble du neuro-développement) et ce qui serait le plus aidant. Je ne sais pas si vous connaissez le concept essence de Gillberg ? Très intéressant à ce sujet. Je vous laisse la référence dans le cas où vous souhaiteriez en savoir plus (Gillberg, C. (2010). The ESSENCE in child psychiatry: Early Symptomatic Syndromes Eliciting Neurodevelopmental Clinical Examinations. Research in Developmental Disabilities, Nov-Dec;31(6):1543-51. doi: 10.1016/j.ridd.2010.06.002).
WinstonWolfe a écrit : samedi 17 juillet 2021 à 13:30 Ceci commence à être assez bien documenté. Les contraintes liées au social camouflaging sont de plus en plus quantifiées. Quelques liens dans cette étude (par ailleurs très intéressante).
On en parle de plus en plus effectivement mais je ne suis pas assez renseignée sur le sujet. Concernant la reconnaissance des émotions, j'ai trouvé beaucoup de données contradictoires. Ce qui m'a conduit à vouloir étudier ce sujet. Je vous remercie beaucoup pour ce partage qui me semble tout à fait intéressant ! :D
Merci à tous pour ces échanges constructifs, ce forum est vraiment très enrichissant :)
Etudiante M2 Psychologie TSA et autres TND
Avatar du membre
WinstonWolfe
Modérateur
Messages : 4443
Enregistré le : dimanche 8 décembre 2013 à 17:40
Localisation : Deuxième étage

Re: [Mémoire] Reconnaissance des émotions et particularités sensorielles chez l'adulte

Message par WinstonWolfe »

Laurine a écrit : samedi 17 juillet 2021 à 14:25 Ainsi je m'interroge beaucoup quant à l'idée de "cliver" (sous-groupe) ou rassembler (TND - trouble du neuro-développement) et ce qui serait le plus aidant.
Ni l'un ni l'autre, il est surtout important de savoir ce qui est le plus efficace pour ce que l'on cherche. Le concept ESSENCE fait un continuum entre plusieurs conditions invalidantes dans le développement, et cette vision holistique est nécessaire pour comprendre les racines, développer des outils de diagnostic et des idées d'intervention. Cela est important aussi pour comprendre les occurrences de comorbidités les plus fréquentes.
En revanche, quand il s'agit de comprendre et d'analyser des résultats d'essai, il est vraiment nécessaire de considérer les sous-groupes. La grande limitation dans les recherches sur l'autisme vient de la non reproductibilité des résultats d'études. C'est ce qui a poussé des chercheurs à s'interroger sur l'homogénéité des groupes d'étude, et à imputer la non reproductibilité des résultats aux variations dans les cohortes, variations qui passent inaperçues avec les catégories classiques (AHN, Asperger...) D'ailleurs, les sous-groupes proposés sont plus larges que ces distinctions, et il ne serait pas étonnant de trouver plus de points communs entre un Asperger et un autiste non verbal qu'avec un autre Asperger, par exemple. Ce qui est important ici, c'est le mode de fonctionnement, pas les symptômes apparents. D'ailleurs, peut-être, à terme, les cohortes seront constituées de groupes homogènes comprenant des TND d'un fonctionnement commun, indistinctement du type, qui sait.
Laurine a écrit : samedi 17 juillet 2021 à 14:25 Je comprends l'intérêt de sous-groupes, mais il faudrait pour cela qu'il y ait un réel consensus.
C'est vrai, le consensus se fait attendre... Pour suivre un peu le sujet, la complexité est grande, les outils statistiques tournent à plein régime, mais ça donne l'impression de commencer à converger.
Laurine a écrit : samedi 17 juillet 2021 à 14:25 Concernant la reconnaissance des émotions, j'ai trouvé beaucoup de données contradictoires.
Dans ce genre de situations, le mieux (à mon sens) est de prioriser les résultats d'études participatives (avec la participation d'autistes dans la conception, la réalisation et/ou l'analyse des résultats), ou, mieux, les études menées par des chercheurs autistes (de plus en plus nombreuses). Je trouve qu'il y a des contresens dans de nombreuses études faites sans l'appui de la communauté.
(Diagnostiqué autiste en 2013, à 40 ans)
Papa d'un petit garçon autiste né en 2018

Je sème des cailloux, ils m'échappent des doigts,
Mais je prends bien garde qu'ils ne mènent à moi.