Jolteon a écrit : ↑lundi 28 septembre 2020 à 16:50
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Essonne : le désarroi des parents de Melvyn, autiste, harcelé puis renvoyé de son collège
Ce garçon de 12 ans se retrouve sans établissement après avoir été renvoyé du collège Dunoyer-de-Segonzac, à Boussy-Saint-Antoine, après une crise déclenchée par ses camarades.
Quincy-sous-Sénart (Essonne), ce lundi 18 mai 2020. Melvyn, autiste de 12 ans, est soutenu par sa mère Armèle après avoir été renvoyé de son collège.
Quincy-sous-Sénart (Essonne), ce lundi 18 mai 2020. Melvyn, autiste de 12 ans, est soutenu par sa mère Armèle après avoir été renvoyé de son collège. LP/Bartolomé Simon
Par Bartolomé Simon
Le 18 mai 2020 à 20h17, modifié le 18 mai 2020 à 21h20
Ce lundi, une partie des collégiens de France en zone verte retrouve les bancs de l'école après le confinement. Melvyn, lui, reste pour l'instant à la maison. Cela fait plus de deux mois que ce garçon de 12 ans a été renvoyé du collège Dunoyer-de-Segonzac, à Boussy-saint-Antoine, où il avait pourtant débuté sa sixième en septembre 2019.
Mais pour Melvyn, diagnostiqué autiste Asperger, cette rentrée ne s'est pas passée comme prévu. « Il est fort scolairement, mais pas socialement », résume sa mère, Armèle, installée à Quincy-sous-Sénart. Melvyn interprète toute bousculade involontaire ou trait d'humour comme une agression, plus ou moins grave. « Il déclenche alors des crises », explique sa maman.
Harcelé dans les toilettes ou dans la cour
Sa singularité a éveillé les plus bas instincts de certains de ses camarades. « Lors d'une sortie, Melvyn a touché un poteau dans la rue tout juste peint, raconte son père, Yannick. À son retour au collège, en se lavant les mains, il a été roué de coups par cinq élèves dans les toilettes. » Melvyn complète : « L'un d'entre eux m'a étranglé ».
En état de « crise » suite à cette agression ce jour-là, Melvyn agresse à son tour son auxiliaire de vie scolaire. Il est exclu 15 jours. « On n'a même pas eu de conseil de discipline, note Armèle. Quand j'ai parlé de harcèlement, la principale du collège m'a juste dit : Oh, vous savez comment ça se passe, dans les collèges… ».
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En classe, Melvyn performe. En attestent ses bulletins scolaires aux appréciations encourageantes, voire excellentes en mathématiques ou en physique. « Il aide même les autres en cours », précise son père. Grâce à cela, le garçon se fait des amis.
Exclu après avoir frappé une surveillante
Un mois après son arrivée, en octobre 2019, un Geva-Sco, ou guide dédié aux équipes enseignantes pour évaluer les besoins d'un élève en situation de handicap, est mis en place au collège. Il y est conseillé de surveiller Melvyn pendant les récréations, où une partie des collégiens s'amusent à le titiller pour provoquer ses crises.
« C'est devenu un jeu pour eux », rapporte une maman d'élève à Armèle. On retrouve parfois Melvyn seul dans les couloirs car il tente d'esquiver certains de ses camarades. En février, c'est la crise de trop : insulté de « connard » et de « pédé » dans la cour, le collégien réagit mal et s'en prend à une surveillante qui tentait d'intervenir.
«On était seul contre tous»
Il est définitivement exclu le 28 février par un conseil de discipline. « Avec ma femme, on était seuls contre tous, lance Yannick, le papa : face à nous, il y avait beaucoup de professeurs remplaçants qui ne connaissaient pas Melvyn. La direction a tenté de nous faire culpabiliser d'avoir un enfant autiste, et de faire croire qu'on s'en occupait mal. Ils n'ont surtout jamais respecté les engagements du Geva-Sco. »
Depuis, les parents de Melvyn attendent une solution viable pour scolariser leur fils à nouveau. L'Académie de Versailles leur a proposé le collège Albert-Camus des Hautes-Mardelles, à Brunoy. Un quartier classé comme prioritaire de la ville, dont ne veulent pas les parents de Melvyn. « Il risque de se faire encore plus harceler, oppose Armèle. En plus, c'est trop loin : comme il ne mange pas à la cantine, il faudrait y aller quatre fois par jour ».
L'exclusion contestée par un recours auprès du rectorat
L'idéal, pour les parents, serait de maintenir leur fils au collège de Boussy-Saint-Antoine « dans des conditions acceptables ». Pour y parvenir, le couple a déposé un recours auprès du rectorat de Versailles le 9 mars pour contester la décision du conseil de discipline. « La procédure est toujours en cours », indique la direction académique de Versailles, qui précise qu'un retour de Melvyn à Boussy serait envisageable si le recours aboutissait. « Il faudrait aussi qu'une place se libère », ajoute-t-elle.
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De nombreux élus et associations ont apporté leur soutien à la famille. Parmi eux, le président (LR) du conseil départemental de l'Essonne, François Durovray, mais aussi les députés Marie Guévenoux (LREM) et Nicolas Dupont-Aignan (DLF), ou encore la maire (DVD) de Quincy-sous-Sénart, Christine Garnier.
Le mot de soutien adressé à Melvyn par ses camarades après son exclusion. LP/B.S
Le mot de soutien adressé à Melvyn par ses camarades après son exclusion. LP/B.S
« J'ai écrit à l'Inspection académique pour que son cas soit pris en considération, justifie cette dernière. Je m'étonne que cet enfant soit écarté de la sorte. » Les parents de Melvyn veulent désormais que leur combat dépasse leur cas personnel. « Le président de la République, Emmanuel Macron, parle de Rentrée inclusive, mais c'est l'inverse qui se produit », note Armèle.
Lorsque Melvyn a été exclu définitivement, une quinzaine de ses copains ont signé une lettre en laissant leurs numéros de téléphone. Au nom « de toute la classe, nous sommes vraiment désolés pour Melvyn […], écrit l'un d'eux sur une feuille blanche. Nous aussi on trouvait ça injuste […] c'est des élèves qui le poussaient à bout ».
Ci joint la lettre des élèves "non alignés" qui trouvent injustes ce qui c"est passé. C'est donc une brochette de belecistes avec la complicité de l'administration de son ancien collège.
J'aurais trouvé proportionné qu'il soit convoqué à un conseil de discipline pour le premier incident.
Violation du gevasco: déclaration de guerre.
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