freeshost a écrit : ↑mercredi 1 janvier 2020 à 22:44
Et si tu envisageais un processus de diagnostic en solo ? Ou de parler de tous ces détails qui n'auraient pas été communiqués ?
Et de ne plus avoir peur des "
étiquettes".
S'intéresser aux différences pour ne pas les diaboliser.
Merci. En effet, suite à leur réponse, je me demande comment réagir.
J'ai notamment envisagé le fait : de ne plus en parler à personne / de considérer que l'on ne rentrait pas forcément dans des cases définies.
Dans ce cas, je pourrais à la fois être une personne ayant seulement des similitudes avec les personnes ayant un TSA, ou alors être une personne avec TSA mais passant inapperçu.
super...
Alors, pour faire la liste des détails dans lesquels je me reconnais, honnêtement, c'est dûr!
J'ai toujours eu du mal à l'exposer.
Autant quand je lis sur le sujet, je me reconnais, et dieu sait que j'ai lu des livres et des livres, des témoignages et des témoignages, ai rencontré des personnes concernées, etc... Autant pour l'exposer clairement, c'est dur. Il aurait fallu que je tienne un journal de progression dans la construction de cette "identité"... Car il semblerait que mon cerveau oublie ces détails d'identification, comme s'ils étaient insaisissables.
Mais si je tente quand même d'en faire la liste, je sais que ça ne va pas forcément être clair ni exhaustif… après tout j'en sais mieux aujourd'hui qu'il y a deux ans… Voilà ce que ça donne (désolée si c'est un peu dans le désordre) :
- Quand je suis dans un transport en commun, je deviens très vite surchargée sensoriellement, au point que mon soutien-gorge me gène, alors qu'il me gène rarement. Désolée de commencer par cet exemple, mais je le trouve parlant.
- Quand plus d'une personne me propose une invitation, j'ai un réflexe de repli et un sentiment de panique qui font que je me mets à réfléchir intensément sur des excuses à donner à toutes les personnes et la décision de m'isoler de tout le monde. Parfois il me prend même l'envie de m'isoler sur la longue durée voire définitivement.
- Quand je vois un ami, je ressens souvent après un sentiment de "dépersonnalisation". Comme si la discussion avait boulversé ma manière de penser, ce qui me pousse alors à vouloir m'isoler pour me retrouver.
- Souvent quand je parle avec des personnes, proches ou non, les émotions suscitées par la conversation, qu'elles soient positives ou négatives, m'envahissent tellement que cela devient désagréable et même angoissant.
- Quand je marche dans une foule, non seulement c'est désagréable, mais j'ai l'impression d'être différente des autres. J'ai l'impression que personne ne me voit, que personne n'analyse son environnement, et que moi j'analyse tout.
- Quand j'ai l'occasion de m'intéresser à quelque chose, j'ai souvent peur que cela me fatigue, et souvent, je fuis l'information. Je m'intéresse uniquement à certains sujets dont je ne me lasse pas qui concernaient auparavant: la médecine , la diététique… et qui concernent actuellement: l'autisme, la psychologie… à savoir des choses qui me paraissent utiles, intéressantes et sur lesquelles j'accumule des informations et aime discuter. Par ailleurs, je me lasse vite des conversations avec les autres et ai l'impression de me forcer à tenir ces discussions, ou de saturer rapidement.
J'ai tendance à me renseigner sur mes sujets d'intérêt dans les moments où je suis mal… et à oublier le reste. Quand je suis concentrée dessus, ou sur toute chose susceptible de focaliser ma concentration, je peux oublier le reste (notamment de manger, etc...).
- Je n'ai pas la notion de l'argent. Je suis trop généreuse, trop concentrée sur mes besoins, etc... Mais pas assez sur la nécessité de tenir mes comptes. Je suis même parfois un peu hors de la réalité. J'essaie beaucoup trop d'être à la hauteur et de compenser mes difficultés.
- J'ai une routine quand je suis stressée à savoir d'aller dans un endroit fermé comme une boulangerie mais dont le cadre est apaisant et de consommer quelque chose, ainsi que de réfléchir, ce qui me reconnecte à moi même.
- J'ai une routine avant de m'endormir: ranger, me laver d'une certaine manière, boire un verre d'eau, sentir certaines odeurs.
- J'ai une pré-disposition naturelle à être naive et à mal comprendre les mauvaises intentions des autres, notamment des hommes, ou les contextes de séduction. Cela m'a mené plusieurs fois dans des situations dangereuses et je me suis pris des remarques concernant le fait que ce n'était pas sensé se produire à mon âge. Ces évènements m'ayant marqué, cela m'arrive moins souvent ou dans des proportions beaucoup moins inquiétantes.
- Dans un contexte social (exemple : un repas professionnel), je passe très facilement pour une idiote sur des détails, car je suis décalée. Il y a des choses que je ne comprends pas, des fois où je ne sais pas comment réagir, y compris au travail.
- J'ai une pensée en tout ou rien. Si je pense d'une certaine manière, un détail peut me faire basculer dans l'opinion opposée. Ce n'est pas pratique du tout pour gérer au quotidien… A vrai dire je retrouve des capacités de raisonnement acceptables quand je suis reposée, mais je m'épuise vite à raisonner comme tout le monde.
- J'ai un soucis d'adresse, avec mes mains, notamment pour cuisiner… je renverse facilement des trucs et je me décourage… là aussi, surtout quand je suis fatiguée… Mais c'est une raison pour laquelle cuisiner me demande beaucoup d'énergie…. Dans des moments d'épuisement, je compense en mangeant quelque part, ce qui ne m'aide pas à gérer mes comptes… Le problème est aggravé par le fait qu'en situation de stress je suis très sensible au goût des aliments et n'aime pas les choses que je cuisine moi-même : pas assez de goût… A l'autre extrême, j'ai des périodes où je n'aime pas les choses qui ont trop de goût, ou trop de goûts différents…
- Dans le domaine des relations amoureuses, je me reconnais dans le fait d'être instable au niveau affectif: soit je ressens les choses très fortement, soit du jour au lendemain j'ai l'impression de ne plus rien ressentir, ce qui peut être très déstabilisant.. j'ai également du mal à exprimer mes émotions et une certaine maladresse de ce côté là… un problème avec les rôles homme/femme et les convenances… Une tendance à me poser beaucoup trop de questions, à bloquer, à faire des obsessions… ce qui est accentué par le fait que je vis des relations compliquées souvent, notamment actuellement… Alors que je me sens assez exclusive, je suis capable d'être amoureuse d'une personne libertine (pas uniquement ce type de personne)… Enfin, une seule personne à la fois. Je suis très ouverte d'esprit. Ce qui compte pour moi est la connexion que j'ai avec cette personne, notre ressemblance, ce qu'elle me fait ressentir, ce que je lui apporte, etc.
- Je suis très sensible au toucher au niveau du ventre, j'ai eu des réactions parrait-il exagérées avec des osthéopathes, ou quand on me chatouille… Ca peut devenir extrêmement désagréable.
Quand un homme me touche près du ventre, je peux être très tendue même si j'aime la personne…
Concernant les rapports intimes, j'estime également avoir des problèmes de sensibilité (hypo ou hypersensibilité).
- J'ai tendance à dire uniquement la vérité et à parler sans censure… ce qui est un véritable problème au quotidien: au travail, avec ma famille. Il y a des choses à ne pas dire, et je ne maitrise pas cela. Je ne maitrise pas non plus la diplomatie avec la même facilité que les autres. Avec des efforts, je suis capable d'être très diplomate, mais uniquement pour certaines choses apprises… Dans d'autres cas, c'est catastrophique.
Des détails que je donne aux autres me retombent parfois dessus, car je n'aurais pas du les dire. Je ne sais pas respecter ma limite de vie privée, je ne sais pas me protéger de ce côté là.
- Pire encore, j'ai beaucoup de mal à dire non, ou à exprimer mes opinions ou mes ressentis d'une manière générale, ce qui je vous l'assure, peut me causer préjudice…
J'ai également du mal à convaincre. Quand je veux dire quelque chose, j'ai l'impression de dire autre chose, c'est extrêmement frustrant.
Ou alors, je sais quoi dire, mais trop tard.
- Quand je stresse, il m'arrive de me mettre à ranger. Même si je suis dans la rue, je range dans mon sac. Je dois savoir où sont mes affaires, il faut qu'elles soient rangées à un endroit stratégique, logique, regroupées par catégories…
- J'ai tendance à prendre les expressions au pied de la lettre (même si je connais un grand éventail d'expressions) et à ne pas situer les choses dans leur contexte, quand on me parle. Je donne donc parfois l'impression de ne pas comprendre ce qu'on me dit. Par contre, j'arrive à suivre le fil d'une conversation en général. Au collège, j'ai fais un test d'audition car je faisais souvent répéter les autres. La personne qui m'a testée m'a dit que je n'avais pas un problème d'oreille mais de compréhension et qu'en effet j'entendais bien mieux que la normale. A l'âge adulte, j'ai refais des tests qui montraient soit une audition parfaite, soit dans certains moments, une courbe qui montait dans les aigus et dans les graves à un niveau deux fois supérieur au seuil normal.
- Quand je suis stressée, un simple bruit ou une simple idée peut me rendre dans un état d'angoisse ou d'effroi assez incroyable. Parfois, je ressens l'angoisse dans mon système digestif, ou de la pression dans ma tête. Je ressens même la tristesse dans ma tête, une sensation comme si j'avais pleuré pendant des heures.
- Je ne supporte pas tous les vêtements. Il faut qu'ils me recouvrent uniformément. Les jupes sont inconfortables pour moi, ainsi que les collants. Je ne porte rien à manches trois quarts. Je n'aime pas les choses amples, ça frotte. J'ai besoin de choses serrées, mais pas trop, surtout pas trop.
Quand je suis stressée, je mets mon bras sur mon ventre, en appuyant… (ou je me craque les doigts…, en ce moment).
-Je n'aime pas avoir beaucoup d'amis… Je ne me sens pas proche de beaucoup d'amis… Je ne me sens véritablement bien que dans une relation amoureuse. Sinon, je me sens souvent mieux seule, alors que des personnes me sont chères. Je ne ressens pas le besoin de les voir aussi souvent, j'ai un rythme différent. Le reste est trop difficile à gérer pour moi. C'est parfois une souffrance car m'isoler ne me rend pas spécialement épanouie non plus. Je sais que les autres m'apportent des choses positives, mais aussi des choses négatives (sans doute plus), et c'est un dilemme à gérer…
- Je me fatigue très facilement, soit à l'avance (avant des évènements), soit après avoir fait certaines choses. Et, beaucoup trop facilement selon moi. Exemple: aller à la boulangerie, actualiser ma situation sur le site de la caf, et préparer un repas, peut me faire exploiter l'ensemble de mon réservoir d'énergie.
Si je sors en ville (dans une grande ville), en étant au préalable plutôt en forme, je peux rentrer chez moi en me sentant vidée, voire dans un état grippal, sans la fièvre, à ne plus être capable de rien faire. La ville m'épuise et me vide. Elle me fait perdre toutes mes capacités.
- Je me reconnais très bien dans les notions de meltdown / shutdown…
En dehors de périodes de dépression plutôt modérées, que je n'analyserais pas ici… J'ai des moments de dépression soudaine, et plus exactement de détresse, caractérisés par des pleurs, ou un repli physique sur moi-même… ou encore des moments de passivité totale et de laisser-aller, imprégnés d'un profond mal-être, j'insiste sur profond. Et là, jusqu'à présent, là seule solution que j'ai trouvée à ces états est : attendre que ça passe. Rien, rien ne peut m'en sortir. Par contre, certaines choses ou réactions peuvent aggraver ces états. J'ai encore beaucoup de mal à définir les éléments déclencheurs, mais j'ai pu en analyser certains, grâce à mon information personnelle au sujet de l'autisme, à savoir: la surcharge sensorielle / informationnelle / émotionnelle , les difficultés pratiques, les incompréhensions, ou pire, plusieurs de ces choses à la fois.
L'état peut durer 20 minutes, comme plusieurs heures, ou pire, plusieurs jours.
Je suis fatiguée de lister des détails sur moi et je pense qu'il y en a d'autres mais ça devrait vous permettre d'avoir un aperçu de ce dont je parle et ce en quoi un diagnostic réduit du type "dépression/anxiété sociale" me parait inapproprié.
Merci pour ta suggestion Freeshost