J'aimerais avoir votre avis sur celui-ci. je ne souhaite pas faire un flop, car je compte aussi convaincre une rédaction d'un petit média local de le publier dans une tribune libre et pour ce faire, mon texte doit un minimum être lisible et pertinent. J'ai aussi comme projet de le diffuser sur mon propre blog ainsi qu'en petit livret que je compte laisser dans des lieux où ils seront susceptibles d'être lu par des féministes ainsi que part des "professionnelles de la santé" ou de le vendre à prix libre dans des vernissages d'expo si un jour, je me remotive a ré-exposer une partie de mes dessins.
J'ai déjà bien travaillé dessus avec l'aide de certaines personnes de mon entourage et je sais qu'il est a améliorer encore.
Je vous le met ici :
L’hypocrisie de la société française face aux besoins amoureux, affectifs et sexuels des personnes en situation de handicap
Depuis ma jeunesse, je constate avec dégoût, impuissance et tristesse que les personnes en situation de handicap du point de vue de la société française – dont je fais partie, ayant la particularité de l’autisme Asperger - ont beaucoup de mal à avoir des relations sexuelles et affectives, et à vivre vraiment des histoires d’amour dignes de ce nom.
Pire encore, nous pouvons être considérés comme étant de dangereux prédateurs et harceleurs sexuels par la majorité de la société française, car nous n’avons pas la même façon d’exprimer nos envies sexuelles, affectives ainsi que nos sentiments amoureux vis-à-vis des personnes qui nous attirent ou que nous aimons. Nous sommes aussi perçus – par le corps médico-éducatif, et parfois par nos proches eux-mêmes – comme de vulgaires malades difformes qui n’auraient pas besoin de tout cela pour être heureux dans ce bas monde. D’autant plus que dans certains cas notre entourage peut ne pas souhaiter que nous fondions notre propre famille, car nous serions selon eux irresponsables et inconscients. Cela fut le cas pour moi un temps mais depuis les mentalités ont évolué dans ma famille.
Un exemple pour appuyer mes propos précédents
Un exemple funeste dans le livre « Éloge des intelligences atypiques » co-écrit par Dr David Gourion et Séverine Leduc publié chez Odile Jacob dans le chapitre 8 - quelques pistes pour aller mieux - Sexe et neurodiversité – On ne badine pas avec l’amour, page 221 - 223.
C’est la tragique histoire d’un adolescent neurodivergent qui était tombé amoureux de l’une de ses camarades de classe. Celle-ci faisait semblant de l’aimer dans un premier temps pour ensuite se moquer de lui en organisant un canular de mauvais goût, c’est à dire une fausse cérémonie de mariage. Il y crut naïvement et tomba follement amoureux d’elle. Ne comprenant et ne voulant pas croire que ce n’était qu’une vaste mascarade pour le faire souffrir et l’humilier durant toute son année scolaire. Il tenta désespérément de lui parler et de vivre une histoire avec elle par tous les moyens possibles : lettres et poèmes d’amour, SMS, cadeaux… Pourtant certains élèves de son collège tentèrent de le résonner mais sans effets. Il alla encore plus loin en désespoir de cause et parce qu’il ne comprenait toujours pas la situation. Il l’attendit à plusieurs reprises en bas de chez elle et lui envoya comme ultime cadeau pour la convaincre de son amour sincère, quelques poils de pubis accompagnés très certainement d’une énième lettre d’amour. Erreur fatale ! Les parents de la peste exigèrent son exclusion définitive du collège dans lequel il était et portèrent plainte contre lui à la police. Finalement il fut convoqué au poste de police où il subit un traitement brutal et humiliant. Il finit par la suite dans une institution spécialisée et se suicida peu de temps après avec de l’eau de javel.
Mon parcours personnel
De mon adolescence à aujourd’hui, j’ai énormément souffert de la situation décrite ci-avant. Des années 2001 jusqu’en 2009, j’ai subi de nombreuses brimades, des violences physiques, des punitions à répétitions, des râteaux à la pelle et quelques menaces de poursuite judiciaire de la part des autres jeunes. Du haut de mes 11 ans, j’ai aussi reçu des menaces de plaintes par une partie des éducateurs spécialisés et des professeurs… et ce, jusqu’à ma funeste dernière année en IME (Institution Médico-Educatif). Durant cette période de ma vie, je ne savais comment m’y prendre avec les autres. Je regrette certains de mes agissements de cette époque qui ont pu faire fuir ou faire du mal à certaines personnes involontairement.
Lors de cette période, j’ai failli me faire violer à deux reprises. Une fois par un adulte, sur un terrain vague à côté du lieu de travail de ma mère ; heureusement, au dernier moment, il a eu une étincelle de lucidité et m’a dit de fuir car il était très dangereux… La seconde fois, c’était à l’ITEP (Instituts thérapeutiques éducatifs et pédagogiques) de Biviers au cours d’une sorte de classe verte, par un autre jeune ayant une attirance obsessionnelle pour les autres hommes. Celui-ci m’a sauvagement sauté dessus alors que j’étais nu sur le lit où j’avais posé mes bagages en attendant que la douche se libère. Il ne s’est rien passé de plus : il m’a lâché au bout de quelques secondes… Il m’a harcelé pendant presque 3 ans avant qu’il ne s’arrête de lui-même. Bref, c’était un véritable enfer sur terre.
Ensuite, ma situation a peu évolué entre 2009 et 2016 : les punitions ont laissé place aux remarques désobligeantes de la part des femmes que j’abordais. J’ai aussi été victime d’insultes, de harcèlement en ligne et de menaces d’agression physique dans la vie réelle à travers le MMORPG « World of Warcraft » : ces menaces venaient d’individus bien réels, proches des femmes que je tentais désespérément de séduire dans le jeu, car elles me plaisaient beaucoup, dont une qui était témoin de Jéhovah. En 2013 une écrivaine poétesse faisant dans l’ésotérisme et dans l’abjecte visiblement, me brisa le cœur et me fit déprimer durant plus de six mois.
Les choses ont commencé à évoluer positivement à partir de l’été 2016, c’est-à-dire au moment de ma première relation sexuelle avec une ancienne amie que je désirais à l’époque et qui m’acceptait plus ou moins comme j’étais : elle trouvait ça injuste que je n’aie pas pu plus tôt découvrir les joies du plaisir charnel. Par la suite, des copines acceptèrent de dormir avec moi dans le même lit sans pour autant qu’il se passe quoi que ce soit de sexuel, seulement de longs câlins affectueux. J’ai aussi pu apercevoir quelques rares poitrines et forêts vierges, et en caresser quelques-unes pendant quelques secondes. En 2018, j’ai de nouveau eu des rapports sexuels avec une très bonne amie, cette fois bien plus intenses et sensuels, et ce dans de meilleures conditions que la précédente relation. Les dernières femmes avec qui j’ai tenté ma chance, et avec lesquelles ça n’a pas fonctionné, ont su m’expliquer avec bienveillance qu’elles n’étaient pas intéressées. Je les remercie de l’avoir fait avec douceur. Depuis je n’ai toujours pas de compagne, mais ces derniers mois beaucoup de choses évoluent positivement et restent malgré tout assez compliquées pour moi.
Mes constats suite à mon vécu
De mon côté, les femmes avec qui j’ai eu envie de découvrir et de m’adonner aux joies de la chair m’ont toujours avancé trois arguments fallacieux pour ne jamais passer à l’acte alors que certaines d’entre elles me provoquaient là-dessus constamment, ce qui devenait illogique, incompréhensible et frustrant. Ça peut aller du « Je serais mal à l’aise de le faire avec toi, car je connais trop ta mère et ta famille » au « J’aimerais beaucoup devenir accompagnatrice sexuelle pour personne en situation de handicap mais toi c’est différent… ». Heureusement, il y a d’autres personnes qui ont eu des arguments bien plus solides et légitimes pour ne pas s’engager dans une relation sexuelle avec moi. Du type « Je n’ai pas envie de te faire du mal car j’ai peur qu’après tu tombes amoureux de moi », ou encore « On se connaît depuis longtemps, je préfère qu’on reste amis ».
Par expérience, j’ai remarqué que la majeure partie de la société dans laquelle nous vivons est hypocrite, lâche et méchante avec celles et ceux qui portent une différence en eux, souvent par méconnaissance, par peur ou simplement par bêtise. Une partie de celle-ci se cache derrière la bonne morale puritaine catholique, BCBG ou celle d’un féminisme outrancier et inquisiteur, de manière (consciente ou non) à nous rejeter, nous et nos besoins d’affection, nos désirs sexuels et nos sentiments amoureux. Nous sommes vulgairement amalgamés avec ceux qui commettent l’irréparable envers la gente féminine. D’autant plus que les féministes radicales comme Marion Seclin, Solveig Halloin ou Caroline Fourest ainsi que les mouvements tels que les Femens, Metoo, Balance ton porc ou Nous toutes créent la confusion la plus totale dans l’esprit collectif, ce qui ne nous facilite pas du tout la tâche.
Je constate qu’il y a d’énormes difficultés d’interprétation et de compréhension entre les personnes autistes Asperger, et plus largement toute personne portant un handicap/neurodiversité, et celles qui sont neurotypiques ou du moins dites valides. Les personnes lambda, contrairement à nous, utilisent les sous-entendus, le langage non-verbal ainsi que le regard pour séduire. Nous, certes, ne passons pas par quatre chemins. Nous exprimons clairement nos besoins, nos sentiments et nos désirs, ce qui peut dérouter bien souvent… Et c’est bien ça le problème : l’environnement actuel dans lequel nous évoluons déteste la franchise, l’honnêteté et la simplicité. Nous en pâtissons, car nous sommes assimilés à ce que nous ne sommes pas, c’est-à-dire aux pervers sexuels.
Le plus terrible et frustrant dans mon vécu, c’est que même les milieux artistiques, militants de gauche et anarcho-libertaire qui sont censés avoir une certaine ouverture d’esprit, des valeurs, défendre les opprimés, le vivant et la planète, sont aussi atteints du cancer de la discrimination et des préjugés à notre sujet. C’est pour l’une de ces raisons que j’ai pris quelques distances avec ces milieux-là et notamment avec le 102. L’ironie du sort, c’est qu’il s’agit d’une électrice non-militante du rassemblement national qui m’a dépucelé en 2016. (Évidemment, ce n’est pas pour autant que j’ai pris ma carte là-bas et que j’adhère à l’idéologie nauséabonde de ce parti). C’est surprenant, car je croyais que ce serait au sein de la gauche radicale et dans le milieu artistique qu’il serait plus simple de découvrir la sexualité.
Ma conclusion
Je conclurai tout ceci en affirmant que la société française doit absolument évoluer à ce niveau-là, si elle ne souhaite pas léser les personnes atypiques ou portant un handicap/neurodiversité dans leur ensemble. En les laissant sur le bas-côté, certaines d’entre elles deviennent totalement folles et perpétreront le pire, souvent par désespoir absolu, par amertume ou par méconnaissance des bonnes approches de séduction pour pouvoir vivre quelque chose d’intime et à la fois d’intense avec l’autre. L’ensemble de la communauté nationale est responsable de l’apparition de déviances sexuelles chez certains de ses concitoyens en les rejetant et stigmatisant. Il faut absolument que cela change pour la sécurité et l’épanouissement de chacun. Je refuse catégoriquement de faire du tort aux autres et de dévier sexuellement à cause d’une société arriérée qui exclut, juge et méprise les personnes comme moi qui portent en elles une particularité. Je vaux mieux que ça !
Je souhaite qu’à l’avenir soient prises des mesures concrètes par les pouvoirs publics pour nous permettre d’avoir une vie sexuelle, affective et amoureuse. Cela pourrait se traduire par la dépénalisation et légalisation des accompagnateur/trices sexuel/le/s avec des prix très raisonnables, le remboursement total par la sécurité sociale des coachs de séduction et des psychologues pour celles et ceux qui en expriment le besoin ; ou encore par l’individualisation des prestations sociales comme l’AAH pour les personnes en situation de handicap ou ayant simplement une particularité vivant en couple ; ou enfin des campagnes de sensibilisation sur le sujet afin que ce tabou soit levé une bonne fois pour toute, au sein de la société française.
Il ne faut pas croire qu’il n’existe que la misère économique et matérielle. Les misères affective, amoureuse et sexuelle doivent aussi être prises en considération si nous souhaitons vivre dans un monde meilleur, plus égalitaire et plus juste. Mais cela, peu de personnes en sont malheureusement conscientes. De manière plus générale, je souhaite qu’il y ait une prise de conscience à ce sujet car sinon rien ne changera pour nous et pour la globalité de la société française. C’est sur ces mots que je vous laisse méditer.
J’attends vos retours dans l’espace des commentaires.