Et bien Ogam, le moins que l'on puisse dire c'est que je me retrouve dans ta description et l'enfer que j'ai traversé l'an dernier.
Je suis actuellement PES en renouvellement, après une reconversion d'un métier que j'aimais énormément (médiatrice en musée, je pouvais parler des heures de mes tableaux et les gens trouvaient ça normal) mais qui ne me permettait plus de vivre. Et accessoirement ce milieu est très peuplé de gens 'toxiques" car c'est relations et compagnie (moi je n'en ai pas...)
J'ai passé le concours en candidat libre, préparé en 6 mois pendant que j'étais au chômage. J'ai été admise sur liste complémentaire dans une académie très demandée. Ca m'a un peu aidé à reprendre confiance dans mes capacités intellectuelles. Seulement, juillet et août sont passés et personne ne m'a appelée. Finalement on m'a appelée le 28 août pour me dire pré-rentrée demain dans une école à 250 km de chez moi avec deux classes et deux niveaux différents. A l'époque j'ignorais mon TSA et mon angoisse était de ne jamais trouver d'emploi. Donc j'ai dit oui. Déjà je trouve que autiste ou pas cette façon de traiter son personnel est inadmissible... mais c'est ainsi dans l'éducation nationale. Point négatif : vous n'êtes qu'un pion. Ce qui implique que vous devez déménager tout le temps, vous adaptez tout le temps selon l'humeur de l'EN. Pour un autiste = stress intense
Je ne vais pas entrer trop dans les détails mais en gros j'ai subi les mêmes humiliations que toi Ogam.
- Les élèves sont difficiles ? non, c'est parce que vous êtes nulle et que vous vous y prenez mal
- Les élèves ne vous écoutent pas ? Vos cours ne sont pas intéressants (c'est "amusant" j'ai eu le droit quasiment mot pour mot à ce qu'on t'a dit ton monotone - visage inexpressif -manque de mise en scène. Et ensuite je me fais rabrouer parce que soit disant je ne suis pas assez cordiale avec les parents d'élèves ?! mais moi je ne me permettrais jamais de leur dire des choses pareilles
- Par exemple je n'ai pas dit que je n'étais pas clown chez Pinder et que je n'étais pas là pour "amuser" la galerie. je me contente de penser pire
)
- Vous ne vous en sortez pas en cours ? vous ne faites pas assez d'efforts. Vous ne communiquez pas assez avec vos collègues.
-J'ai sollicité toutes les aides : le médecin du travail, les trucs de groupes de soutien, personne ne bougeait le petit doigt alors que clairement j'étais en danger (on m'a dit que cela se voyait physiquement) et pire je mettais mes élèves en danger.
- Clou u spectacle, à bout de forces, je vais voir la hiérarchie en disant la situation est invivable et je souhaiterai changer d'école ? Non, ça ne servirait à rien ça ne ferait que déplacer le problème. Et puis de toutes façons c'est dur pour tout le monde donc faites avec. Donc j'étais le problème. Et j'étais en train de lui dire que c'était invivable donc très littéralement que je préferais mourir que continuer et il évacuait ça d'un signe de main.
Résultat fin octobre j'étais en depression sévère, sous anxiolitique, antidépresseurs, somnifère... un mois d'arrêt et je ne sais toujours pas comment, j'y suis retournée. (D'ailleurs puisqu'il y a des enseignants ici qui ne savent peut être pas nou pouvons bénéficier d'une aide psychologique gratuite par le réseau pass de la MGEN. Cette psy a été formidable. Je ne l'ai eu que au téléphone, pendant 3 'consultations' et elle a su m'aider à accepter l'arrêt de travail, les médocs, elle n'a porté aucun jugement et elle a tout de suite senti la détresse...Moi qui hait le téléphone j'attendais ses appels avec impatience. Tout était anonyme je ne saurais jamais qui c'était mais si des membres du réseau passent par ici : merci vous m'avez sûrement sauvé la vie)
J'ai fini tant bien que mal l'année, en jugulant le stress les angoisses grâce aux médicaments. Et à mon psychiatre.
Bref. Inspection sans suprise, je ne suis pas titularisée je dois passer devant une commission d'aptitude qui me demande 'mais si c'était si difficile que ça pourquoi vous y êtes allée ? Vous êtes masochiste ?" (je jure que ce sont leurs mots). Et ensuite m'a demandé "mais pourquoi ne pas avoir demander à changer d"école alors?" J'étais tellement abasourdie que je ne pouvais plus parler. Je suis sortie absolument épuisée, j'ai dormi deux jours et je me suis dit c'est mort. Trouve autre chose. Finalement u bout de 3 semaines ils me renvoient un courrier "nous acceptons de vous onner une euxième et dernière chance". Mais rien d'autre. Entre temps j'avais fait des courriers, mon TSA commençait à se concrétiser à travers de bilans neuropsy orthophonique etc. J'ai demandé à pouvoir être rapprochée de mon médecin, qui a fait des certificat disant que c'était nécessaire. Aucune réponse. Le stress est monté. J'ai du reprendre des rdv avec la neuropsy pour essayer de gérer. Fin août on m'appelle en me disant que j'étais nommée exactement au même endroit que l'an dernier (pas la même école quand même) mais en maternelle. Et que je devais me pointer deux jours après. J'ai dit non. Non je ne serais pas là lundi j'ai rendez-vous avec mon médecin. Et aujourd'hui je continue à dire non (d'où mon pseudo
) non à certains cours que j'ai déjà suivi non je n'irai pas à des conférences sur mon temps perso etc.
Les points positifs de cette nouvelle année : je suis bien en maternelle. Je n'imaginais même pas que ce soit possible. Je suis partie très stressée évidemment (vu le passif et l'aspect dernière minute). Mais les petits se moquent de mes bizarreries. Ils trouvent tout ce que je fais formidable. Pour mon ego qui était très meurtri c'est vraiment chouette. Et je peux laisser livre cours à ma créativité parce que les programmes de maternelle sont peu cadrés. Je peux donc dessiner mon propre cadre, choisir des méthodes.. ca c'est le gros point positif de l'enseignement. La liberté pédagogique. Ce n'est pas une école "facile" très loin de là (on a eu de gros incidents) et je galère avec les parents. Mais ès que je referme ma porte et que je lis une histoire.. je me sens mieux.
J'ai une bonne classe qui a été bien insonorisée (par rapport au vieux truc de l'an dernier dont les murs vibraient). J'ai des récré plus longue qui me permettent de faire des pauses sensorielles et la sieste de l'après-midi est pour moi aussi un moment de repos (même si je ne peux pas dormir, le noir, le calme, la possibilité de jouer avec mes fidgets)
Maintenant j'ai mon diagnstic officiel. J'attends ma RTQH. Et je vais monter un dossier avec les syndicats pour qu'on me donne des conditions de travail décentes l'an prochain : un poste fixe (pas de remplacement à droite à gauche) et des maternelles. Ce sont les deux choses les plus difficiles à obtenir pour un enseignant même avec de l'expérience. Mais si on ne me les accorde pas, je démissionnerai (j'ai un véritable stress psot traumatique du à mes CM2, selon le psychiatre) (et je n'exclut pas d'alerter les associations pour discrimination à l'embauche... puisque en tant qu'enseignante je dois faire de l'inclusion, il me paraît justifié d'avoir le droit à la même bienveillance).
Pfiou... c'était long. Je ne sais pas si vous avez tout lu. Mais si vous l'avez fait que vous êtes PE e=épuisée mais motivée, je vous souhaite bon courage. Comme a dit la psychiatre qui a posé le TSA "vous avez fait tellement d'efforts jusqu'ici, à nous maintenant de vous aider pour que vous puissiez profiter des fruits de votre travail".
Je veux savoir comment je m'y prendrais, moi aussi, pour être heureuse. Vous dites que cest si beau, la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre." Anhouil
TSA depuis octobre 2019 - QI hétérogène