Est-ce que les autistes et Asperger pensent à la mort ?

[J'ai un coeur]

Je n'y pense pas car je suis shooté.
J'ai 2 Prozac le matin (20mg) et deux Zyprexa le soir (15mg).
C'est un infirmier(ère) qui me les donne tous les matins.
En plus je bois.
Chaque jour ressemble au précédent qui passe.
Je suis un zombie.
Mais je ne me plains pas, c'est supportable.

je compati ²

[2N3055]

Seulement quand ils sont en vie,
et après, ils n'y pensent plus du tout.

[Oxxi_]

Oui j'y pense mais je crois que j'arrive mieux à l'accepter que les autres
J'ai beaucoup plus de peine pour une personne malheureuse que une personne morte car... Elle existe plus en fait, logique.
La seule chose que je trouve triste dans la mort est l'impact sur les proches

[EnHans]

Un dernier baroud :

[lulamae]

Si on y pense - je crois que c'est Schopenhauer qui dit ça - mourir c'est seulement retourner à la non-existence d'avant notre naissance. Pourquoi avoir peur de celle d'après, alors qu'on ne s'interroge jamais sur celle d'avant ?

Pour ma part, je vis très bien avec l'idée que mes atomes vont se dissoudre dans la terre et se recomposer avec d'autres. Bon, je ne suis pas sûre que ce soit très juste scientifiquement, mais j'aime bien voir ça comme ça.

[chill out]

Au moins une fois par jour...

[Line1990]

Alors, toute petite avant 5 ans je pense, j'avais tout le temps peur que ma grand mère meurt pendant la nuit.

Je crois me souvenir que je lui demandais si elle n'allait pas mourir puis un jour ma mère m'a dit d'arrêter d'en parler parce que ça rendait triste ma grand mère.
Je me demande si j'ai vraiment eu ces conversations ou que je me les ait inventés, je sais plus, j'étais petite.

Après j'y ai moins pensé puis cette peur est revenue vers la pré adolescence.

Ma grand mère est décédée quand j'avais 14 ans, là je n'ai pas eu le comportement adapté, attendu.
Je n'ai pas pleuré à l'annonce de sa mort ni au crématorium lors de son incinération.

Je n'ai pleuré que plus tard, lorsque que j'ai ressenti le manque.
Ce qui m'a rendu triste, ce n'est pas sa mort mais son manque.

Je me souviens aussi que ma mère m'a pris la main au crématorium et j'ai dû intellectualisé pour garder sa main dans la mienne et ne pas la repousser.


À présent, je pense beaucoup à la mort, au temps qui passe. J'ai une angoisse de mort je crois.

Petite et jeune je voulais grandir, vieillir un peu pour être plus crédible, paraître plus responsable.

Aujourd'hui j'ai peur de vieillir.
J'ai 29 ans, je me dis que dans quelques mois je change de dizaine, que c'est passé tellement vite depuis que j'ai 20 ans que demain je vais me réveiller et que j'aurai déjà 40 ans.
Je me dis qu'il me reste moins d'année à vivre qu'il y a 5 ou 10 ans, que je me rapproche peut être d'une éventuelle maladie, peut être dans cette décennie.
J'ai peur, ça m'angoisse, je sais pas pourquoi, avant je n'y pensais pas, je sais pas si c'est le fait de m'approcher de mes 30 ans qui fait ça.

[Autiste ou surdoué ?]

Bonjour,
Changer de décennie n'a aucune importance. C'est purement symbolique. Le vieillissement reste progressif.
Il est plus important de bien vivre que de passer du temps à penser à la fin, qui peut arriver à tous moments sans prévenir.
Tous les âges de la vie ont leurs lots d'avantages et d'inconvénients. La vie de chacun est différente mais au niveau physique et mental, 40 ans de c'est la pleine forme de l'âge adulte. La dégradation commence tout doucement autour de la soixantaine, et il y a parfois des problèmes de santé qui surviennent dans les décennies suivantes. Tu n'as donc pas de raison objective de te démoraliser.
Parler de la mort est assez tabou dans la vie sociale. Je trouve cela stupide. C'est comme une superstition pour beaucoup de gens.
J'en parle souvent à mes proches pour leur dire que ça me fait ch... de savoir que je vais mourir et ça me navre de savoir que ceux qui resteront pourront être tristes : ça me met en colère. C'est moi qui serai mort, eux auront encore la vie devant eux. Je leur demande plutôt de se rendre compte qu'ils sont vivant et d'en être heureux.
Par contre le manque de la personne, je comprends bien. Mon père est mort quand j'étais jeune et je suis triste car il aurait sûrement aimé connaître la suite des aventures de ses proches,, de la terre, et tout et tout.

[EnHans]

Je pense qu'il faut voir la vie comme un marathon et se satisfaire de la mort comme de l'arrivée. On parle aussi facilement de la mort avec les enfants et entre nous (sans rentrer dans le glauque non plus hein ! Le but n'est pas de traumatiser les enfants !) en tout cas, ce n'est pas tabou chez nous.

[Nibelheim]

Si on y pense - je crois que c'est Schopenhauer qui dit ça - mourir c'est seulement retourner à la non-existence d'avant notre naissance. Pourquoi avoir peur de celle d'après, alors qu'on ne s'interroge jamais sur celle d'avant ?

Je n’avais encore jamais croisé personne qui ai pensé à cela (mis à part mon frère jumeau). Chaque fois que je leur évoquais ce point les gens semblaient accuser le coup ou trouver ça très pertinent. La plupart des gens semble opposer une résistance très forte à l’idée de leur non-existence qui leur apparaît impossible et absurde. Ils se focalisent sur la mort et déploient tant d’efforts et se racontent tant d’histoires pour la contrer. Pourtant je n’ai croisé personne à part moi même jusqu’à maintenant qui ai pensé justement à l’avant. Tous ces siècles où nous n’étions pas là. Curieusement ça ne met personne mal à l’aise. C’est incohérent (mais j’ai compris que ce n’est pas la mort qui tracasse réellement les gens, c’est la douleur d’avoir perdu un être cher, et finalement la mort est bien entendu un problème de… vivants !)
Et sans aller jusque là nous cessons d’exister dès que nous perdons conscience. Toutes ces heures à dormir où nous n’étions nulle part.
La mort vue ainsi ne me fait pas peur, puisque "je" ne serai plus. Ça n’a pas de sens d’en avoir peur. Par contre, j’ai un peu peur de mourir, de la transition…
Même s’il m’arrive de la désirer …
Pour ma part je pense à la mort très souvent depuis très longtemps.
Comme quasiment tout le monde je me suis demandé quel était le sens de tout ce cirque. J’ai fini par me dire que la question n’en a pas. Les choses sont, point. Alors vu ainsi, une vie dénuée de sens dans un monde absurde où n’attend quoi qu’on ait fait que le vide du néant, je me suis souvent dit « autant arrêter la mascarade tout de suite ». Bien entendu l’efficace câblage Darwinien de mon encéphale (l’instinct de survie) s’est violemment opposé à cette intention et me fait voir les bons côtés de la vie à travers le filtre des émotions qu’ils induisent. C’est que je suis également pourvu d’un cœur d’artichaut tout gonflé à la simple contemplation de ma famille. Alors la simple pensée de les attrister par mon absence définitive me répugne.

[camille-madeleine]

Oui j'y pense mais je crois que j'arrive mieux à l'accepter que les autres
J'ai beaucoup plus de peine pour une personne malheureuse que une personne morte car... Elle existe plus en fait, logique.

Cela me semble une telle évidence que j'ai eu beaucoup de mal à admettre que mon entourage ne partageait pas cette idée. Désormais mon entourage étant des plus réduit, ma mort ne fera pas souffrir grand monde alors que la maladie ou la dépendance pourraient entraver une ou deux personnes.

[Curiouser]

Et sans aller jusque là nous cessons d’exister dès que nous perdons conscience. Toutes ces heures à dormir où nous n’étions nulle part.

Je trouve que c'est là une belle formulation. Ça me fait penser à ce qu'on peut lire chez Marcel Proust - c'est pour moi un compliment hein -

On appelle cela un sommeil de plomb ; il semble qu’on soit devenu soi-même, pendant quelques instants après qu’un tel sommeil a cessé, un simple bonhomme de plomb. On n’est plus personne. Comment, alors, cherchant sa pensée, sa personnalité comme on cherche un objet perdu, finit-on par retrouver son propre moi plutôt que tout autre ? Pourquoi, quand on se remet à penser, n’est-ce pas alors une autre personnalité que l’antérieure qui s’incarne en nous ? On ne voit pas ce qui dicte le choix et pourquoi, entre les millions d’êtres humains qu’on pourrait être, c’est sur celui qu’on était la veille qu’on met juste la main.
Qu’est-ce qui nous guide, quand il y a eu vraiment interruption (soit que le sommeil ait été complet, ou les rêves entièrement différents de nous) ? Il y a eu vraiment mort, comme quand le cœur a cessé de battre et que des tractions rythmées de la langue nous raniment. Sans doute la chambre, ne l’eussions-nous vue qu’une fois, éveille-t-elle des souvenirs auxquels de plus anciens sont suspendus. Ou quelques-uns dormaient-ils en nous-mêmes dont nous prenons conscience ? La résurrection au réveil — après ce bienfaisant accès d’aliénation mentale qu’est le sommeil — doit ressembler au fond à ce qui se passe quand on retrouve un nom, un vers, un refrain oubliés. Et peut-être la résurrection de l’âme après la mort est-elle concevable comme un phénomène de mémoire.

À la recherche du temps perdu, « Le côté de Guermantes »

[freeshost]

Je pense qu'il faut voir la vie comme un marathon et se satisfaire de la mort comme de l'arrivée.

Certaines personnes voient la vie comme un météore, comme cette Québécoise (spectro-alliste de prime abord).

[Nibelheim]

Et sans aller jusque là nous cessons d’exister dès que nous perdons conscience. Toutes ces heures à dormir où nous n’étions nulle part.

Je trouve que c'est là une belle formulation. Ça me fait penser à ce qu'on peut lire chez Marcel Proust - c'est pour moi un compliment hein -

Merci beaucoup
Même si je trouve ma formulation bien laide et plate à côté de cette citation

[Curiouser]

Tu as fait du Proust concis, c'est pas si mal déjà