camille-madeleine a écrit : ↑samedi 26 janvier 2019 à 12:00
Edit : je me demande si cette familiarité avec la mort est due au fait que je sois née dix mois après la mort de mon frère qui était destiné à rester enfant unique. Je dois ma vie à sa mort ... et souvent je lui en veux.
Ton frère n'y est pour rien. Il ne savait pas qu'il allait mourir jeune, il ne savait pas qu'il y aurait un autre enfant après lui, et plus que tout, il n'aurait pas souhaité que tu soies malheureuse parce qu'autiste dans un monde qui n'est pas fait pour les personnes autistes.
De plus, ce n'est pas parce qu'il était destiné à rester enfant unique qu'il serait resté enfant unique. Les parents changent parfois d'avis sur ces sujets avec le temps. J'ai vu ma sœur me jurer la main sur le cœur qu'il n'y aurait aucun autre enfant après son second. Elle en a eu deux autres.
Pour ma part je vois la mort comme une délivrance. Elle seule me délivrera. Je n'irai pas la chercher ; elle viendra à moi, et elle emportera tout, l'Univers tout entier disparaitra de ma vue, et ne restera que la pureté et le Ciel.
Quand j'étais adolescent, je voulais souvent m'ôter la vie, afin de cesser les brimades perpétuelles et intensives des autres écoliers. Mais mon problème, c'est que j'aime la vie en elle-même. En fait, ce que je n'aime vraiment pas, c'est cette société qui vient se greffer par-dessus tout, et qui vient tout gâcher. Une société qui d'ailleurs est sur le point de mourir car incapable de prendre soin de son environnement. Je suis un prophète de l'Apocalypse, je pense que la fin du monde par K.O climatique est très proche, et qu'elle est inéluctable. Je préfèrerais dire aux gens qu'on va trouver une solution, leur donner de l'espoir, mais je ne peux pas leur mentir. Je sens qu'ils voudraient que je leur mente.
La vie, la mort... j'ai une approche très bouddhiste de cela. C'est un cycle. Tout est impermanent. Rien ne dure éternellement. Y compris nos sociétés. Mais bien avant elles, nos propres corps vieillissent et disparaissent. Ils retournent à la Terre, à nouveau en harmonie avec la biosphère. L'eau dont je suis composé reviendra à l'océan, qui composera d'autres êtres, pour des millions d'années. Qui composera ce qui succèdera peut-être à l'être humain. On me retrouvera partout, dilué, et il en sera de même de mon esprit qui se diluera dans un grand tout, loin de tout tourment.
Tout ce que j'ai, sera dispersé aux quatre vents, mes objets auront de nouveaux propriétaires, mon appartement sera habité par un autre que je ne connais pas. Même ce que j'aurai écrit sur Internet s'effacera morceau par morceau, jusqu'à ce qu'il n'en reste rien. Mais chaque mot que l'on prononce, chaque acte que l'on fait, laisse une trace à jamais dans le monde.
Déclaré non-autiste par un psychiatre du CMP le 04/09/2019.