Votre comportement/liens sociaux

[Ellendë]

Bonjour,

Après lecture de plusieurs articles, je me pose énormément de questions et j'aurais aimé pouvoir avoir vos retours d'expériences.

Je me questionne pas mal sur mes relations sociales. La seule relation que j'ai encore et qui perdure dans le temps (avec beaucoup d'efforts, de remise en question et d'analyse comportementale) est celle avec mon conjoint que j'ai connu à mes 15 ans.

Bref, je suis très sélective dans mes amis et je n'arrive pas à créer de liens "profonds". Les relations sont toujours superficielles, dans le cadre professionnel.
Par exemple, je serais capable de parler avec quelqu'un et de trainer avec elle pendant les pauses mais il y aura toujours un "hic" quelque chose dans sa personnalité qui fait que je ne veux pas que ça aille plus loin, je met de la distance.

Quand j'arrive à trouver quelqu'un ayant le même centre d'intérêt que le mien, mon attachement est tel que j'ai l'impression de tomber amoureuse de cette personne . Je le suis partout, je "bois ses paroles comme de l'eau de source" etc.

Pour tenter de m'insérer dans un groupe de personnes, j'écoute et me concentre attentivement sur leur conversation. J'attends qu'il y est un blanc et je me lance: " j'ai entendu tout à l'heure que vous jouez aussi à …, je suis level…" Puis je m'attache à eux mais la plupart du temps j'écoute ce qu'elles disent plutôt que de participer.

Quand on me montre des photos sur un portable généralement je ne sais pas quoi dire je reste béate ou je fais un oui de la tête.

En classe, je me fixais comme objectif de poser deux questions pour paraitre intéressée par le cours au professeur. Généralement j'essayais de trouver des questions pièges, pointues

Dernièrement, je me suis sentie très frustrée quand des collègues planifiaient une sortie au restaurant depuis longtemps et qu'au dernier moment ça a été annulé parce qu'ils avaient prévus d'autres choses.

Ah et remplir des cartes de départ ou anniversaire c’est une torture je ne trouve jamais quoi écrire.

J'ai beaucoup d'exemples à donner mais je dois vous laisser pour le moment

Bonne journée

[Winona]

Je me retrouve dans 90% de ce que tu écris. Je pourrais citer presque chaque phrase et écrire "moi aussi" à côté !

[Mlle-Qui]

Je me retrouve sur pas mal de point en effet...
Celui qui me fait le plus tilter, c'est quand tu dis "tomber amoureuse" des gens qui s'intéressent aux mêmes choses que toi C'est tellement moi... je sais pas comment expliquer ce sentiment. Moi c'est même seulement quand une personne s'intéresse à moi (la fille qu'a vraiment pas d'amis )

Sinon j'ai une meilleure amie depuis l'âge de 15 ans (j'en ai 35 aujourd'hui) et comme toi mon mari que je connais depuis mes 18 ans.
Le reste est également superficiel. Par contre moi je cherche à créer des liens plus forts avec d'autres personnes, notamment mes collègues , mais la pour le coup c'est eux qui mettent une distance. C'est dur à vivre parfois, mais certains jours j'arrive à me dire que je m'en fiche, c'est juste des collègues !

Autrement je me suis investie dans beaucoup d'amitié qui m'ont déçu... alors je ne cherche plus, je suis méfiante et je n'attend surtout plus rien des autres !

[margotton91]

Bonjour à toutes les 3,

Vraisemblablement je suis la plus âgée de toutes et j'ai appris il y a quelques mois seulement ma condition...

Comme je me reconnais dans tout ce que vous avez écrit dans cette rubrique... Vous n'imaginez pas le bien que cela me fait, à l'âge que j'ai, de réaliser que d'autres personnes ressentent des choses similaires en de pareilles circonstances...

Je me sens moins seule...

Merci à vous

[Liloë]

Je ne sais pas si vous avez aussi cette impression que c'est "tout ou rien".

Soit la personne est centrale dans ma vie soit elle n'est rien ou du moins pas grand chose. Soit je m'effondre de douleur quand elle part soit je n'en ai rien à faire ou du moins, je trouve ça dommage sans plus m'en soucier.

Étrangement, cela est presque déconnecté de mon appréciation de la personne et de la force de notre lien. On peut être de très bons amis une année et du jour au lendemain, plus rien. Je peux apprécier profondément quelqu'un et ne pas souffrir d'avoir perdu son amitié, aussi paradoxal que cela puisse paraître.

J'ai du mal à comprendre quel est le véritable lien qui m'unit avec mes quelques amis. J'apprécie sincèrement passer du temps avec eux et je trouve que ce sont des personnes pleines de qualités, mais j'aurai bien peu d'egards pour eux si je ne me forcais pas un minimum pour maintenir notre amitié. J'ai le sentiment que c'est comme si je m'en fichais. J'ai peur d'être une mauvaise amie qui les fasse souffrir ou de paraître méprisante ou distante.

Du coup, je me demande si je ressens réellement de l'amitié envers mes amis. D'un côté, j'ai l'impression de les aimer vraiment, mais de l'autre, je fais le minimum d'efforts pour les garder, voire pas du tout, ce qui me les fait perdre et ne me provoque pas d'émotion, exactement comme si je n'avais aucune affection pour eux ou juste une relation superficielle.

Vous auriez une explication à cela? Peut-être qu'après tout, cela est en partie dû à une gestion difficile des relations et non à une absence de réel attachement.


En revanche pour la personne qui est "tout", la donne est différente. La relation n'est pas nécessairement amoureuse, mais toujours très intense, un cran au-dessus de mes autres relations, même les plus fortes. Cette relation prend une tournure super sérieuse et j'ai le sentiment de vivre tout ce qui s'y passe comme dans une grande tragédie. J'y vois l'amour et la souffrance décuplés.

Généralement, ces relations explosent en vol au bout d'une année, ce qui s'associe avec une séparation complète et définitive, car encore une fois, c'est tout ou rien. Leur fin m'attriste ou me boulverse toujours énormément, mais je m'en remet toujours plus vite que je ne le pensais. Ces personnes dont j'ai été si proche semblent redevenir des inconnus. Après avoir été "tout", elles redeviennent "rien".

[freeshost]

Arrivez-vous à trouver des pistes et autres outils pour dépasser ces manichéismes ?

[Liloë]

Arrivez-vous à trouver des pistes et autres outils pour dépasser ces manichéismes ?

C'est-à-dire, précisément?

[Ellendë]

LIloë c’est parfaitement ça ! Et personne dans mon entourage n’arrive à le comprendre ... tout est paradoxal

[freeshost]

Arrivez-vous à trouver des pistes et autres outils pour dépasser ces manichéismes ?

C'est-à-dire, précisément?

Ben, avez-vous trouvé des trucs pour ne plus penser noir ou blanc, tout ou rien, homme ou femme, etc. ? Pour développer des représentations nuancées adaptées à la complexité de la population, presque dix milliards tantôt !

[Liloë]

LIloë c’est parfaitement ça ! Et personne dans mon entourage n’arrive à le comprendre ... tout est paradoxal

Oh voilà quelqu'un qui me comprend

Déjà que c'est difficilement compréhensible pour soi-même, alors pour quelqu'un d'extérieur, c'est encore plus compliqué.

Souvent, j'ai aussi la sensation que même si je suis avec les gens, je ne suis pas vraiment avec eux. Il y a toujours une distance et un décalage. Je ne m'intégre jamais vraiment.

[Ellendë]

Et le problème de l’indécision aussi c’est hyper frustrant.
Par exemple on t’invite à un truc tu as deux solutions : 1) soit tu y vas et tu regrettes parce que tu serais mieux à la maison que la soirée est nulle 2) tu reste à la maison en te disant : mais pourquoi j’y suis pas allée, je m’ennuie...

[freeshost]

Il est vrai que le processus de prise de décision (decision making) semble différent chez les personnes spectro-autistes.

Trop d'informations et pas de sélection-hiérarchisation automatique ?

[Liloë]

Arrivez-vous à trouver des pistes et autres outils pour dépasser ces manichéismes ?

C'est-à-dire, précisément?

Ben, avez-vous trouvé des trucs pour ne plus penser noir ou blanc, tout ou rien, homme ou femme, etc. ? Pour développer des représentations nuancées adaptées à la complexité de la population, presque dix milliards tantôt !

Pas grand chose dans cet objectif précis. J'ai fait surtout beaucoup de progrès pour ne pas penser noir ou blanc. J'arrive assez facilement à nuancer mes propos, surtout quand je ne suis pas directement concernée par le sujet. Ce qui est plus compliqué, c'est de ne pas faire dans les extrêmes dans les relations sociales (edit: et dans les passions aussi). J'essaye de faire des efforts pour maintenir les relations amicales que j'ai et de me ralentir sur celles qui sont trop intenses, mais rien de significatif.
Ce serait intéressant de voir qu'en pensent les autres également.

[Mlle-Qui]

Et le problème de l’indécision aussi c’est hyper frustrant.
Par exemple on t’invite à un truc tu as deux solutions : 1) soit tu y vas et tu regrettes parce que tu serais mieux à la maison que la soirée est nulle 2) tu reste à la maison en te disant : mais pourquoi j’y suis pas allée, je m’ennuie...

Moi j'ai une 3ème option : j'ai pas envie d'y aller de peur de m'ennuyer et je me dis que je resterai pas longtemps... au final je m'amuse vraiment bien et je reste plus longtemps que prévu

[Liloë]

Et le problème de l’indécision aussi c’est hyper frustrant.
Par exemple on t’invite à un truc tu as deux solutions : 1) soit tu y vas et tu regrettes parce que tu serais mieux à la maison que la soirée est nulle 2) tu reste à la maison en te disant : mais pourquoi j’y suis pas allée, je m’ennuie...

J'ai une anecdote assez drôle à ce sujet

Je suis avec un ami aspie dans la rue. On marche un peu au hasard, sans savoir quoi faire, sans oser proposer d'idee avec fermeté et en se disant mutuellement "comme tu veux" plusieurs fois par minute. On commence par proposer des trucs, mais toujours comme si on avait peur de nos propositions et de prendre une décision tranchée. Après un bon moment d'hésitation, et tous les deux excédés, je finis par faire un choix en rajoutant le fameux "comme tu veux". Ce n'était même pas un choix important, car au final, il consistait juste à aller chercher à boire et à se poser sur un banc