bézèdach44 a écrit :Je ne suis pas sûre du coup d'avoir compris parfaitement ton message, mais il me semble que ce que je décris n'est pas incompatible avec ce que tu décris toi !
Pour moi c'est complètement incompatible, ce sont même 2 situations opposées. Tu dis:
car l'entourage a vécu tout se temps sans savoir que l'on était vraiment handicapé
Si l'entourage ne sait pas que tu es handicapé, il n'a aucune raison de se moquer des éléments liés à ton handicap. Il faut avoir constaté qu'une personne est en surpoids pour pouvoir la dévaloriser précisément sur cet aspect là de son être. Tu trouverais logique que quelqu'un jette "espèce de gros tas" à la figure d'une personne qu'elle ne trouve pas grosse?
Pour l'autisme c'est pareil: si des moqueries clairement orientées vers ce trouble sont régulièrement entendues, on ne peut pas dire que les personnes qui se moquent n'ont rien remarqué et ne savent pas qu'on est sans doute autiste. Même sans diagnostic, plaisanter sans arrêt sur des choses très spécifiques à l'autisme signifie qu'on a constaté ça chez la personne et que ça nous interpelle suffisamment pour le remettre sur le tapis ad nauseam.
Ce que les gens font avec ce constat, c'est une autre histoire, mais ne pas avoir conscience d'un handicap ce n'est pas compatible avec une stigmatisation grossière: tu ne peux pas te moquer d'un truc que tu n'as pas remarqué. Ca n'a pas de sens.
Par ailleurs, d'autres facteurs peuvent empêcher les gens de prendre en compte un diagnostic TSA:
- vu la composante génétique du trouble, être le seul autiste de sa famille me semble relever plus de l'exception que de la règle. Il est possible que pour certaines personnes tenir compte de ce diagnostic signifie tenir compte d'un éventuel autisme chez eux aussi. Ca peut être compliqué, ça. Du coup, je dirais que plus la personne est susceptible d'être elle-même concernée (et dans le rejet de ce trouble chez elle), moins elle arrivera à prendre en compte le diagnostic de la personne de départ.=> Allez hop: loi de misty!
-étant donné les âneries qu'on peut lire dans des ouvrages "sérieux" très récents,
une certaine pédopsychiatrie a encore de beaux jours devant elle, et certains sont à bloc dans les schémas de domination en voyant de la tyrannie partout (sauf chez eux, évidemment). Pour ce type d'individu, tenir compte d'un diagnostic, d'un handicap ou de difficultés à prendre en compte dans la relation signifie se soumettre. Pour les obsédés de la "prise de pouvoir", si tu prends en compte mon diagnostic d'autisme dans la relation que j'ai avec toi, c'est que c'est moi qui ai le pouvoir dans cette relation. C'est pas beaucoup plus évolué que "moi Tarzan toi Jane", pourtant quand on voit le nombre de personnes qui pensent leurs relations de cette manière ça fait peur.
C'est affligeant, mais c'est tellement vrai que ça parasite aussi l'intégration des autistes en entreprise (aménagements=princesse au petit pois et s'adapter à un profil différent=baisser son froc).
Face à cette mentalité, c'est assez stérile de se fatiguer.
-quand eux-mêmes ne se sentent pas du tout écoutés ni pris en compte dans leurs difficultés (à tort ou à raison), les gens peuvent avoir du mal à prendre en compte un handicap. Je pense que c'est hyper fréquent, vu l'argument universel "moi aussi j'ai mal au ventre/du mal à dormir". Les conneries de psychologie positive et les incitations marketing à l'individualisme décomplexé, je doute que ça aide qui que ce soit (à part ceux qui se font des montagnes de fric avec).