Ça me parait étrange aussi.Grisha a écrit : ↑dimanche 12 mai 2019 à 15:43 Tu veux dire que tu penses que les personnes autistes ne développent pas de stratégies pour compenser/dissimuler leurs difficultés ? J’ai pourtant l’impression que l’imitation des pairs et l’intellectualisation des codes sociaux sont des réactions courantes — pouvant donc compliquer le diagnostic à l’âge adulte.
D’ailleurs, ne sont-ce que des théories ? Des études ne montrent-elles pas que ces mécanismes sont fréquemment développés, du moins chez une partie de la population autiste ? Des personnes avec T. S. A. parlent d’un camouflage exténuant, tandis que d’autres individus ne se sentent pas concernés.
Il est évident que tous les aspies n'arrivent pas à établir de stratégies d'adaptation afin de masquer les difficultés, mais je pense que c'est un élément assez important malgré tout, notamment chez les aspies qui n'ont pas été détectés jeunes.
La société est pleine de code et les relations sociales également. Même si on ne peut pas tous les comprendre, certains échanges, certaines discussions, se ressemblent. On peut réussir à trouver des similitudes et anticiper afin justement de réagir comme il se doit.
Moi j'aime bien anticiper et prévoir, je ne sors pas de chez moi sans que ce soit prévu à l'avance et sans savoir où je dois aller, comment, ce que je dois faire et dans tel ordre. Si je sais que je vais devoir parler à telle ou telle personne, je sais ce que je dois m'apprêter à dire et plus ou moins comment réagir. C'est évident que c'est plus simple avec des proches, car on est plus naturel. Mais même avec des personnes que je ne vois très peu je vais tenter de me préparer.
Je vais prendre l'exemple du mari d'une cousine qui habite assez loin et que je dois voir 2 ou 3 fois par an lors de réunions familiales (comme un anniversaire). Je sais qu'il est fan de foot et qu'il va souvent en parler avec un oncle. Et bien, avant sa venue je vais regarder les derniers résultats de son club préféré et le classement du championnat afin de pouvoir plus ou moins participer à la conversation sans être perdu. Je me suis préparé et j'ai l'impression d'être "normal". Je ne sais pas si cet homme se doute de quelque chose, mais avec le temps, je me suis dit que je préférais réagir comme ça, même si ça me demande du travail en amont, plutôt que de devoir rester dans mon coin ou être pris à parti sans savoir quoi dire.
Je vais faire ça sur un ou 2 centres d'intérêts connus par personne d'à peu près mon âge car je sais que je serais certainement amené à leur parler. Et je préfère ça que d'être forcé à parler du beau temps (beurk), des enfants (car toutes ces personnes commencent à en avoir, mais moi c'est pas près d'arriver et je ne pense de toute façon pas en vouloir ; je n'ai rien à dire là-dessus même si ça peut aussi être embêtant), des relations (c'est le néant) ou du travail (gênant car rien à 33 ans et quasiment jamais travaillé).
Ce sont des fausses discussions, car ce ne sont pas mes centres d'intérêts, mais ça me suffit pour tenir quelques minutes dans une conversation, même parfois en groupe, intervenir ponctuellement, avant de m'en écarter. J'ai la sensation d'avoir fait "acte de présence", tout le monde semble content sans savoir ce que ça m'a demandé et couté. Mais au moins je ne suis plus pointé du doigt ou le fruit de remarque du genre "Il reste toujours dans sa chambre alors qu'on a du monde, ça se fait pas".
C'est évident que ça a un coût en énergie, car demande à la fois un travail en amont, une bonne mémoire, et cela ne change rien à la façon dont mener une discussion. Savoir quand intervenir, quelle information sortir à quel moment, comment réagir, rebondir sur une anecdote ou non, rire quand il le faut, etc... C'est aussi pour ça que je déteste ces rassemblements et que j'y vais de toute façon très rarement. Je n'ai d'ailleurs pas été au dernier réveillon de Noël. Mais quand ça se passe chez moi... enfin chez ma mère, bah je suis bien obligé, mais je sais que je peux retourner dans ma chambre à tout moment.
Pour répondre au dernier message de misty : A force d'expérience, de reproche, de réactions diverses (moqueries, le fait d'être isolé, etc...) bah on se doute qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Sans obligatoirement savoir quoi.
Dans ton paragraphe on dirait que c'est soit on se sait autiste, soit on ne le sait pas. Mais on peut être entre les 2. Savoir qu'un truc semble différent des autres, qu'on apprécie pas les mêmes choses (préférer la solitude par exemple), qu'on semble pas réagir pareil ("oh, regarde ta soeur elle te sourie" et en être complétement indifférent et du coup se prendre une remarque ; on se doute qu'on a fait un truc qui n'est pas "normal" par rapport à une réaction attendue ; même si lorsque j'étais plus jeune, je crois que je m'en foutais et que ça me touchait pas plus que ça, c'est encore une fois avec le temps et la multitude des remarques que je me suis dit qu'il y avait un truc), etc...
Et ton exemple d'imitation d'animal ne fonctionne pas. On sait qu'on est des êtres humains, donc bah on imite les autres êtres humains. Et avec le temps on essaie d'imiter ceux qui semblent le plus à l'aise, le plus entouré, pour essayer justement de faire pareil et réussir à s'intégrer si notre but est d'arrêter de se faire moquer et appelé le "sans ami". C'est évident et logique qu'on ne va pas chercher à copier la personne qui est seule dans la cours de récréation, car cela ne nous servirait à rien pour tenter d'en finir avec tout ça.
Si tu ne vois pas d'intérêt de cacher un truc que personne ne cherche, c'est que tu n'as pas du te prendre autant de moqueries que d'autres.
Car je pense pas qu'un adolescent cherche particulièrement un autre enfant isolé, qui reste dans son monde, qui joue avec un jouet alors qu'il est au collège ou lycée, mais malgré tout, il va le trouver, et bien malheureusement, il va souvent le pointer du doigt. Cet enfant isolé, qui ne se cachait pas jusqu'à présent, pensant qu'effectivement, personne ne le chercherait ou trouverait son comportement un peu étrange, bah il va finir par vouloir se cacher afin de stopper ces moqueries.
Après il est évident que l'environnement joue aussi. Les proches qui vont renforcer ce phénomène, ou au contraire ne pas intervenir. Mais du coup l'aspie se construit à partir de ça, et crée son propre "manteau", plus ou moins efficace et donc plus ou moins consciemment.
Dans tout cas il semblerait que ce soit donc tes parents qui aient voulu créer ce manteau. Mais ce fut donc pour que tu "paraisses normal". C'est donc bien une tentative pour compenser ou masquer des difficultés, même si elle ne venait pas de toi. Il te semble si difficile que pour d'autres, ce soit venu d'eux ?
Et puis, je pense que tu généralises un peu trop.
Tous les autistes sont en effet incapables d'imiter quelqu'un qui se brosse les dents... Pourtant j'ai vu un autiste asperger faire du mime une jour. je pensais pas que c'était possible !
Heureusement qu'on parle de "spectre" et que chaque cas est plus ou moins unique.
Ou alors tu penses qu'une grande majorité des diagnostics sont posé à tort ? (c'est surement à ça que tu voulais en venir, si oui, ok, je n'ai pas compris tout à fait ça comme ça)