Traductions à faire
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Re: Traductions à faire
(suite et fin, limite de caractère du forum atteinte)
Résumé et conclusions
L'accusation selon laquelle Asperger "a choisi son milieu et ses collègues" (Sheffer 2018, p.230) est fallacieuse. Asperger n'a pas choisi de naître en Autriche en 1906 ni de grandir à l'époque du national-socialisme. Au moment où les nazis ont pris le contrôle de l'Autriche en mars 1938, il avait été médecin pendant 7 ans. Asperger ne vivait pas dans une bulle. Les national-socialistes autrichiens et, plus tard, les nazis étaient partout, y compris dans les sociétés qu'il a rejoint, d'abord comme nouveau médecin, et plus tard, après l'Anschluss. Bien que certaines des organisations auxquelles il a adhéré aient des affiliations avec le parti nazi (NSDAP) (Czech 2018), il n'est jamais devenu "membre du NSDAP ni d'une de ses divisions" (Brezinka 1997, p.402, traduit par l'auteur), ce qui était vraisemblablement son choix délibéré. En plus de servir dans puis de diriger le département d'éducation curative à la clinique pour enfants, Asperger a agi comme expert en éducation curative au Tribunal de la jeunesse de Vienne et au Bureau de santé principal de Vienne et a effectué des évaluations pour diverses écoles (Brezinka 1997). Bien que peu de détails soient disponibles sur ses activités dans ces arènes, Asperger a mentionné qu'il était "chargé de cours au tribunal de la jeunesse" (Asperger 1941b, p.244, traduit par l'auteur). Malgré les insinuations contraires, il n'y a aucune preuve que les conférences ou les évaluations d'Asperger à ce titre étaient incompatibles avec celles qu'il a communiquées pendant sa campagne tenace pour un traitement humain des enfants handicapés (Annexe 2). Il en va de même pour la participation d'Asperger à l'évaluation de l'éducabilité des enfants associés à un hôpital psychiatrique à Gugging (Ernst Tatzer et Franz Waldhauser article en préparation, communication personnelle).
Dans ce contexte, il est important de réitérer l'observation de Czech selon laquelle " ni les dossiers du Spiegelgrund ni les études de cas du service d'Asperger ne contiennent de preuves qu'il ait jamais signalé un de ses patients... à des fins de stérilisation " (Czech 2018, p.19).7 Sheffer reconnaît également qu'Asperger " ne figurait pas lui-même sur la liste des ... pratiquants qui jouaient un rôle prépondérant dans l'euthanasie " (Sheffer 2018, p. 140-141), " n'était pas personnellement impliqué dans le meurtre " (Sheffer 2018, p. 236), et " a été innocenté des charges d'actes fautifs après la guerre " (Sheffer 2018, p.227).
7. Czech fait également remarquer qu'"en ce qui concerne le compte rendu écrit, rien n'indique que Asperger ait été guidé par une animosité personnelle envers les Juifs" (Czech 2018, p.12).
Comme on l'a vu, les publications d'Asperger sous l'ère nazie font référence à, et mettent en garde contre, la loi imposant la stérilisation forcée des personnes atteintes de maladies héréditaires, mais elles ne font jamais mention d'euthanasie. La seule entrée du tableau 1 attribuée à Asperger est celle pour Herta Schreiber et, comme on peut le constater, le moment et les circonstances donnent fortement à penser que Asperger ne savait pas que des enfants étaient assassinés au "Am Spiegelgrund" au moment où il a fait cette orientation. Il n'est pas non plus probable qu'il ait su quoi que ce soit de plus quatre mois plus tard lorsqu'il a écrit une vague référence à cette institution sur le dossier médical d'Elisabeth Schreiber. Bien qu'Asperger ait suivi la pratique médicale acceptée à l'époque (tout comme aujourd'hui) de recommander l'institutionnalisation des enfants qui étaient si gravement handicapés qu'ils ne pouvaient être soignés convenablement ailleurs, il semble inconcevable qu'il puisse avoir décrit Am Spiegelgrund comme une institution qui "rendait justice" à de tels enfants dans une publication du 17 avril 1942 (Asperger 1942, p.355, traduit par l'auteur) si il avait eu la moindre idée à ce moment qu'ils y étaient tués.
Contrairement à la suggestion selon laquelle Asperger a déformé la vérité pour ses propres fins (Czech 2018 ; Sheffer 2018), ses publications suggèrent qu'il a exprimé des opinions honnêtes, parfois au point de paraître naïf, par exemple en décrivant les problèmes de comportement des enfants. Il n'y a pas non plus de preuve pour étayer l'allégation selon laquelle Asperger aurait menti au sujet de l'intervention de Hamburger en sa faveur auprès de la Gestapo en deux occasions particulières - des interventions qui semblent crédibles en partie parce que Asperger était sous enquête du parti nazi pendant presque trois ans (annexe 2). Les déclarations répétées d'Asperger selon lesquelles les médecins ont le devoir de décourager la transmission de conditions héréditaires graves semblent avoir été sincères et conformes à son adhésion aux positions eugéniques de l'Église catholique et de la Guilde de Saint-Luc, qui ont toutes deux banni la stérilisation forcée et l'euthanasie (Annexe 2). Avant de porter un jugement rétroactif sur ces affirmations, il convient de réfléchir au fait que, même aujourd'hui, la question de savoir si et comment la société décourage les naissances d'enfants atteints de maladies graves est une question complexe8 et destinée à le devenir davantage encore grâce à l'émergence révolutionnaire de nouveaux outils d'édition du génome. Bien qu'Asperger n'ait jamais perdu les idéaux socialistes avec lesquels il avait grandi pendant ses jours chez les "Savants Itinérants" [amour de la communauté, placer l'intérêt général avant l'individu, etc. (Annexe 2)]-des points de vue qui ont finalement été appropriés et distordus par les nazis- l'adhésion à ces idéaux ne faisait pas automatiquement de lui un sympathisant nazi. Comme Asperger l'a dit dans son interview radiophonique de 1974, "quand l'ère nationale-socialiste survient, il devient clair de ma vie antérieure, que l'on pouvait accepter beaucoup de choses "nationales", ... mais pas avec les atrocités inhumaines" (Felder 2008, pp.104-105, traduit par l'auteur).
8. Par exemple, les parents potentiels porteurs potentiels de gènes de la maladie de Huntington ou du syndrome de Down peuvent, ou non, choisir de subir un test génétique afin d'éclairer leurs choix quant à la conception ou la poursuite d'une grossesse.
Cela ne signifie pas pour autant qu'Asperger ait résisté ouvertement aux inhumanités nazies, pas plus que son incapacité à le faire ne fait de lui un "villain". S'il avait l'intention de continuer à pratiquer la médicine et d'achever son habilitation (nécessaire pour obtenir une licence pour enseigner la pédiatrie), il aurait été contre-productif (pour le moins) de dénoncer explicitement la loi nazie sur la stérilisation forcée. Au lieu de cela, comme détaillé dans l'annexe 2, Asperger a essayé d'influencer l'establishment médical dominé par les nazis en s'engageant dans une campagne de persuasion qui encourageait le traitement humain des enfants perturbés et handicapés - " Vous savez quelles mesures sont prises " ! Asperger s'inquiétait, à juste titre, de la manière de manoeuvrer en présence de nazis dans son auditoire, comme le suggérait, par exemple, une lettre non datée de son collègue de confiance du Département d'éducation curative, le pédiatre Josef Feldner, qui critiquait une ébauche de conférence qu'Asperger préparait : "L'introduction est bonne (c'est peut-être un peu trop nazi pour votre réputation). J'omettrais les remerciements au Führer, par exemple. ... J'écris ce que j'imagine, me forçant à souffler un peu dans la corne d'Hitler. Vous pouvez peut-être en faire quelque chose....Votre émotivité apportera ce qui est nécessaire dans les mots et vous assurera un succès triomphal" (Felder 2008, p.104, traduit par l'auteur).
Malgré la position précaire d'Asperger vis-à-vis des nazis, ses conférences devinrent de plus en plus audacieuses, si bien qu'en 1942, il s'interrogeait ouvertement sur la manière dont certains domaines diagnostiquaient les enfants handicapés, en particulier la psychiatrie (Asperger 1942) (Annexe 2), ce qui est remarquable car "les psychiatres étaient beaucoup plus impliqués que tout autre groupe professionnel dans le génocide Nazi" (Neugebauer 1998, p.8 ).9 En même temps qu'Asperger exprimait des réserves au sujet de la psychiatrie, il exhortait les autres médecins et les enseignants spéciaux à "prendre des précautions dans le travail eugénique pratique, en particulier en ce qui concerne les problèmes liés à la loi pour la prévention d'une descendance héréditairement malades" (Asperger 1942, p.353 traduit par l'auteur). Cependant, le travail " pratique " d'Asperger et de ses collègues allait à l'encontre de la fibre nazie parce qu'il contournait la loi sur la stérilisation (Annexe 2). Asperger, par exemple, a fait valoir que les lésions cérébrales dues à une lésion congénitale ou à une encéphalite dans la petite enfance n'étaient pas héréditaires (Asperger 1944b, p. 50) et n'étaient donc pas couvertes par la loi de stérilisation, par exemple dans le cas de Theresa B. (Czech 2018, p.19). (De ce point de vue, il convient de noter que ses évaluations des deux cas de Herta Schreiber (Czech 2018, p.20) et d'Elisabeth Schreiber (Czech 2018, p.22) mentionnent la probabilité d'étiologies "post-encéphalitiques"). Asperger a également attribué bon nombre des troubles de ses patients à un mauvais environnement familial plutôt qu'à des facteurs héréditaires, comme l'explique son article sur le centre de jour du Département d'éducation curative (Asperger 1944c). Heureusement pour la postérité, les efforts d'Asperger ont été facilités par son mentor, Hamburger, qui non seulement est intervenu en sa faveur auprès des nazis, mais a également partagé l'intérêt intense d'Asperger pour la pédiatrie - quelles que soient leurs différences politiques. En fin de compte, en s'efforçant de changer de l'intérieur le système de santé dominé par les nazis, Asperger a effectivement amélioré et probablement sauvé la vie d'un nombre incalculable d'enfants (Brezinka, 1997).
9 Comme nous l'avons mentionné dans l'introduction, Sheffer a identifié Asperger comme étant un pédopsychiatre, ce qu'il n'était pas.
Czech pose la question de savoir si la non-coopération d'Asperger avec le programme de stérilisation " par omission doit être considérée comme une forme de résistance " (Czech 2018, p.19). Il se réfère également à des documents concernant un garçon de 14 ans, Aurel I., qu'Asperger a peut-être protégé de la persécution en 1939 (Czech 2018, p.19), et souligne que, comme d'autres membres du département d'éducation curative, Asperger n'a pas signalé aux Nazis que son ami et collègue, Josef Feldner (1887-1973), cachait un garçon juif (Hansi Busztin) (Czech 2018, p.9 ; Goldenberg 2015). Bien qu'Asperger ait choisi de travailler au sein du système de santé dominé par les nazis plutôt que de se joindre à un mouvement de résistance ouvert, ces actes isolés, la non-coopération d'Asperger avec le programme de stérilisation et sa validation répétée d'enfants handicapés comme des êtres humains dignes (Appendice 2) sont conformes aux définitions des experts de "résistance individuelle" (Martin 2013, Konrad 2008). Les arrestations massives de manifestants catholiques et l'exécution de 15 prêtres en 1938 (Konrad 2008) (Annexe 2) pourraient probablement avoir mis terme à d'éventuelle réflexions d'Asperger sur la possibilité d'une résistance plus ouverte.
Lorsque l'Autriche a été annexée par l'Allemagne en 1938, Asperger n'avait pas de boule de cristal, en dépit des prémonitions qu'il pouvait avoir sur les choses à venir (Asperger 1971). Avant de juger rétrospectivement la conduite professionnelle d'Asperger, il convient de se poser plusieurs questions. Aurait-il dû abandonner la médecine après l'Anschluss parce que, sans cela, il aurait eu obligatoirement des contacts professionnels avec les national-socialistes et les nazis ? Une fois qu'il a décidé de rester médecin, aurait-il dû diminuer ses chances de terminer ses études et, potentiellement, risquer sa vie en contredisant ouvertement son mentor et la loi nazie sur la stérilisation ? Et qu'en serait-il advenu de la population autrichienne d'enfants handicapés si le poste d'Asperger avait été occupé par un nazi (ou un sympathisant nazi) parce qu'il avait quitté son poste ou avait été tué dans la résistance ? Est-ce que plus ou moins d'enfants auraient souffert et seraient morts ?
Il va sans dire que les politiques nazies de stérilisation forcée et d'euthanasie appliquées en Autriche et ailleurs au nom de "l'hygiène raciale" étaient monstrueuses. Les portraits représentant les 789 enfants morts entre 1940 et 1945 à la clinique Viennoise Am Spiegelgrund (WStLA 2002 ; Häupl 2006) sont déchirants, tout comme les entretiens émouvants avec douze survivants adultes de cet établissement. Il est particulièrement important de se souvenir de cette période sombre en raison de la résurgence généralisée actuelle de gouvernements autoritaires et de la xénophobie aux États-Unis, en Europe et ailleurs. Il est toutefois injuste d'inculper Asperger rétroactivement pour des insinuations non fondées qui se résument à un peu plus que de la "culpabilité par association" - des insinuations qui sont niées lorsqu'on examine les faits tels qu'ils se sont réellement produits. Les calomnies qui ont été jetées sur la réputation de Hans Asperger sont sélectives, biaisées et souvent inexactes.C'est injuste pour son héritage, insensible pour ses descendants vivants et potentiellement dévastateur pour les nombreuses personnes qui sont fières de s'appeler " Aspies " (Falk et Schofield 2018).
Remerciement
Ce document s'inspire d'une conversation avec Michael Brown, président de la School for Advanced Research (SAR) de Santa Fe, au Nouveau-Mexique. Laura Holt, bibliothécaire de SAR, a aidé à obtenir des sources de la littérature allemande. Je remercie Elga Wulfert, de l'Université d'Albany, Université de l'État de New York, pour ses conseils d'expert sur la traduction de l'article d'Asperger de 1938, et Uta Frith, du University College London, et Steve Silberman, rédacteur scientifique, pour leurs commentaires utiles sur une version antérieure du présent article. Franz Waldhauser, de l'Université de Vienne, est remercié pour les informations et les discussions utiles qu'il a fournies. Je remercie trois évaluateurs anonymes pour leurs suggestions. Les opinions exprimées sont uniquement celles de l'auteur.
Contributions
DF a conçu l'étude, traduit des articles de la littérature allemande, interprété des données, rédigé le manuscrit et préparé la traduction de l'article d'Asperger de 1938 qui figure dans l'Appendice 1.
Résumé et conclusions
L'accusation selon laquelle Asperger "a choisi son milieu et ses collègues" (Sheffer 2018, p.230) est fallacieuse. Asperger n'a pas choisi de naître en Autriche en 1906 ni de grandir à l'époque du national-socialisme. Au moment où les nazis ont pris le contrôle de l'Autriche en mars 1938, il avait été médecin pendant 7 ans. Asperger ne vivait pas dans une bulle. Les national-socialistes autrichiens et, plus tard, les nazis étaient partout, y compris dans les sociétés qu'il a rejoint, d'abord comme nouveau médecin, et plus tard, après l'Anschluss. Bien que certaines des organisations auxquelles il a adhéré aient des affiliations avec le parti nazi (NSDAP) (Czech 2018), il n'est jamais devenu "membre du NSDAP ni d'une de ses divisions" (Brezinka 1997, p.402, traduit par l'auteur), ce qui était vraisemblablement son choix délibéré. En plus de servir dans puis de diriger le département d'éducation curative à la clinique pour enfants, Asperger a agi comme expert en éducation curative au Tribunal de la jeunesse de Vienne et au Bureau de santé principal de Vienne et a effectué des évaluations pour diverses écoles (Brezinka 1997). Bien que peu de détails soient disponibles sur ses activités dans ces arènes, Asperger a mentionné qu'il était "chargé de cours au tribunal de la jeunesse" (Asperger 1941b, p.244, traduit par l'auteur). Malgré les insinuations contraires, il n'y a aucune preuve que les conférences ou les évaluations d'Asperger à ce titre étaient incompatibles avec celles qu'il a communiquées pendant sa campagne tenace pour un traitement humain des enfants handicapés (Annexe 2). Il en va de même pour la participation d'Asperger à l'évaluation de l'éducabilité des enfants associés à un hôpital psychiatrique à Gugging (Ernst Tatzer et Franz Waldhauser article en préparation, communication personnelle).
Dans ce contexte, il est important de réitérer l'observation de Czech selon laquelle " ni les dossiers du Spiegelgrund ni les études de cas du service d'Asperger ne contiennent de preuves qu'il ait jamais signalé un de ses patients... à des fins de stérilisation " (Czech 2018, p.19).7 Sheffer reconnaît également qu'Asperger " ne figurait pas lui-même sur la liste des ... pratiquants qui jouaient un rôle prépondérant dans l'euthanasie " (Sheffer 2018, p. 140-141), " n'était pas personnellement impliqué dans le meurtre " (Sheffer 2018, p. 236), et " a été innocenté des charges d'actes fautifs après la guerre " (Sheffer 2018, p.227).
7. Czech fait également remarquer qu'"en ce qui concerne le compte rendu écrit, rien n'indique que Asperger ait été guidé par une animosité personnelle envers les Juifs" (Czech 2018, p.12).
Comme on l'a vu, les publications d'Asperger sous l'ère nazie font référence à, et mettent en garde contre, la loi imposant la stérilisation forcée des personnes atteintes de maladies héréditaires, mais elles ne font jamais mention d'euthanasie. La seule entrée du tableau 1 attribuée à Asperger est celle pour Herta Schreiber et, comme on peut le constater, le moment et les circonstances donnent fortement à penser que Asperger ne savait pas que des enfants étaient assassinés au "Am Spiegelgrund" au moment où il a fait cette orientation. Il n'est pas non plus probable qu'il ait su quoi que ce soit de plus quatre mois plus tard lorsqu'il a écrit une vague référence à cette institution sur le dossier médical d'Elisabeth Schreiber. Bien qu'Asperger ait suivi la pratique médicale acceptée à l'époque (tout comme aujourd'hui) de recommander l'institutionnalisation des enfants qui étaient si gravement handicapés qu'ils ne pouvaient être soignés convenablement ailleurs, il semble inconcevable qu'il puisse avoir décrit Am Spiegelgrund comme une institution qui "rendait justice" à de tels enfants dans une publication du 17 avril 1942 (Asperger 1942, p.355, traduit par l'auteur) si il avait eu la moindre idée à ce moment qu'ils y étaient tués.
Contrairement à la suggestion selon laquelle Asperger a déformé la vérité pour ses propres fins (Czech 2018 ; Sheffer 2018), ses publications suggèrent qu'il a exprimé des opinions honnêtes, parfois au point de paraître naïf, par exemple en décrivant les problèmes de comportement des enfants. Il n'y a pas non plus de preuve pour étayer l'allégation selon laquelle Asperger aurait menti au sujet de l'intervention de Hamburger en sa faveur auprès de la Gestapo en deux occasions particulières - des interventions qui semblent crédibles en partie parce que Asperger était sous enquête du parti nazi pendant presque trois ans (annexe 2). Les déclarations répétées d'Asperger selon lesquelles les médecins ont le devoir de décourager la transmission de conditions héréditaires graves semblent avoir été sincères et conformes à son adhésion aux positions eugéniques de l'Église catholique et de la Guilde de Saint-Luc, qui ont toutes deux banni la stérilisation forcée et l'euthanasie (Annexe 2). Avant de porter un jugement rétroactif sur ces affirmations, il convient de réfléchir au fait que, même aujourd'hui, la question de savoir si et comment la société décourage les naissances d'enfants atteints de maladies graves est une question complexe8 et destinée à le devenir davantage encore grâce à l'émergence révolutionnaire de nouveaux outils d'édition du génome. Bien qu'Asperger n'ait jamais perdu les idéaux socialistes avec lesquels il avait grandi pendant ses jours chez les "Savants Itinérants" [amour de la communauté, placer l'intérêt général avant l'individu, etc. (Annexe 2)]-des points de vue qui ont finalement été appropriés et distordus par les nazis- l'adhésion à ces idéaux ne faisait pas automatiquement de lui un sympathisant nazi. Comme Asperger l'a dit dans son interview radiophonique de 1974, "quand l'ère nationale-socialiste survient, il devient clair de ma vie antérieure, que l'on pouvait accepter beaucoup de choses "nationales", ... mais pas avec les atrocités inhumaines" (Felder 2008, pp.104-105, traduit par l'auteur).
8. Par exemple, les parents potentiels porteurs potentiels de gènes de la maladie de Huntington ou du syndrome de Down peuvent, ou non, choisir de subir un test génétique afin d'éclairer leurs choix quant à la conception ou la poursuite d'une grossesse.
Cela ne signifie pas pour autant qu'Asperger ait résisté ouvertement aux inhumanités nazies, pas plus que son incapacité à le faire ne fait de lui un "villain". S'il avait l'intention de continuer à pratiquer la médicine et d'achever son habilitation (nécessaire pour obtenir une licence pour enseigner la pédiatrie), il aurait été contre-productif (pour le moins) de dénoncer explicitement la loi nazie sur la stérilisation forcée. Au lieu de cela, comme détaillé dans l'annexe 2, Asperger a essayé d'influencer l'establishment médical dominé par les nazis en s'engageant dans une campagne de persuasion qui encourageait le traitement humain des enfants perturbés et handicapés - " Vous savez quelles mesures sont prises " ! Asperger s'inquiétait, à juste titre, de la manière de manoeuvrer en présence de nazis dans son auditoire, comme le suggérait, par exemple, une lettre non datée de son collègue de confiance du Département d'éducation curative, le pédiatre Josef Feldner, qui critiquait une ébauche de conférence qu'Asperger préparait : "L'introduction est bonne (c'est peut-être un peu trop nazi pour votre réputation). J'omettrais les remerciements au Führer, par exemple. ... J'écris ce que j'imagine, me forçant à souffler un peu dans la corne d'Hitler. Vous pouvez peut-être en faire quelque chose....Votre émotivité apportera ce qui est nécessaire dans les mots et vous assurera un succès triomphal" (Felder 2008, p.104, traduit par l'auteur).
Malgré la position précaire d'Asperger vis-à-vis des nazis, ses conférences devinrent de plus en plus audacieuses, si bien qu'en 1942, il s'interrogeait ouvertement sur la manière dont certains domaines diagnostiquaient les enfants handicapés, en particulier la psychiatrie (Asperger 1942) (Annexe 2), ce qui est remarquable car "les psychiatres étaient beaucoup plus impliqués que tout autre groupe professionnel dans le génocide Nazi" (Neugebauer 1998, p.8 ).9 En même temps qu'Asperger exprimait des réserves au sujet de la psychiatrie, il exhortait les autres médecins et les enseignants spéciaux à "prendre des précautions dans le travail eugénique pratique, en particulier en ce qui concerne les problèmes liés à la loi pour la prévention d'une descendance héréditairement malades" (Asperger 1942, p.353 traduit par l'auteur). Cependant, le travail " pratique " d'Asperger et de ses collègues allait à l'encontre de la fibre nazie parce qu'il contournait la loi sur la stérilisation (Annexe 2). Asperger, par exemple, a fait valoir que les lésions cérébrales dues à une lésion congénitale ou à une encéphalite dans la petite enfance n'étaient pas héréditaires (Asperger 1944b, p. 50) et n'étaient donc pas couvertes par la loi de stérilisation, par exemple dans le cas de Theresa B. (Czech 2018, p.19). (De ce point de vue, il convient de noter que ses évaluations des deux cas de Herta Schreiber (Czech 2018, p.20) et d'Elisabeth Schreiber (Czech 2018, p.22) mentionnent la probabilité d'étiologies "post-encéphalitiques"). Asperger a également attribué bon nombre des troubles de ses patients à un mauvais environnement familial plutôt qu'à des facteurs héréditaires, comme l'explique son article sur le centre de jour du Département d'éducation curative (Asperger 1944c). Heureusement pour la postérité, les efforts d'Asperger ont été facilités par son mentor, Hamburger, qui non seulement est intervenu en sa faveur auprès des nazis, mais a également partagé l'intérêt intense d'Asperger pour la pédiatrie - quelles que soient leurs différences politiques. En fin de compte, en s'efforçant de changer de l'intérieur le système de santé dominé par les nazis, Asperger a effectivement amélioré et probablement sauvé la vie d'un nombre incalculable d'enfants (Brezinka, 1997).
9 Comme nous l'avons mentionné dans l'introduction, Sheffer a identifié Asperger comme étant un pédopsychiatre, ce qu'il n'était pas.
Czech pose la question de savoir si la non-coopération d'Asperger avec le programme de stérilisation " par omission doit être considérée comme une forme de résistance " (Czech 2018, p.19). Il se réfère également à des documents concernant un garçon de 14 ans, Aurel I., qu'Asperger a peut-être protégé de la persécution en 1939 (Czech 2018, p.19), et souligne que, comme d'autres membres du département d'éducation curative, Asperger n'a pas signalé aux Nazis que son ami et collègue, Josef Feldner (1887-1973), cachait un garçon juif (Hansi Busztin) (Czech 2018, p.9 ; Goldenberg 2015). Bien qu'Asperger ait choisi de travailler au sein du système de santé dominé par les nazis plutôt que de se joindre à un mouvement de résistance ouvert, ces actes isolés, la non-coopération d'Asperger avec le programme de stérilisation et sa validation répétée d'enfants handicapés comme des êtres humains dignes (Appendice 2) sont conformes aux définitions des experts de "résistance individuelle" (Martin 2013, Konrad 2008). Les arrestations massives de manifestants catholiques et l'exécution de 15 prêtres en 1938 (Konrad 2008) (Annexe 2) pourraient probablement avoir mis terme à d'éventuelle réflexions d'Asperger sur la possibilité d'une résistance plus ouverte.
Lorsque l'Autriche a été annexée par l'Allemagne en 1938, Asperger n'avait pas de boule de cristal, en dépit des prémonitions qu'il pouvait avoir sur les choses à venir (Asperger 1971). Avant de juger rétrospectivement la conduite professionnelle d'Asperger, il convient de se poser plusieurs questions. Aurait-il dû abandonner la médecine après l'Anschluss parce que, sans cela, il aurait eu obligatoirement des contacts professionnels avec les national-socialistes et les nazis ? Une fois qu'il a décidé de rester médecin, aurait-il dû diminuer ses chances de terminer ses études et, potentiellement, risquer sa vie en contredisant ouvertement son mentor et la loi nazie sur la stérilisation ? Et qu'en serait-il advenu de la population autrichienne d'enfants handicapés si le poste d'Asperger avait été occupé par un nazi (ou un sympathisant nazi) parce qu'il avait quitté son poste ou avait été tué dans la résistance ? Est-ce que plus ou moins d'enfants auraient souffert et seraient morts ?
Il va sans dire que les politiques nazies de stérilisation forcée et d'euthanasie appliquées en Autriche et ailleurs au nom de "l'hygiène raciale" étaient monstrueuses. Les portraits représentant les 789 enfants morts entre 1940 et 1945 à la clinique Viennoise Am Spiegelgrund (WStLA 2002 ; Häupl 2006) sont déchirants, tout comme les entretiens émouvants avec douze survivants adultes de cet établissement. Il est particulièrement important de se souvenir de cette période sombre en raison de la résurgence généralisée actuelle de gouvernements autoritaires et de la xénophobie aux États-Unis, en Europe et ailleurs. Il est toutefois injuste d'inculper Asperger rétroactivement pour des insinuations non fondées qui se résument à un peu plus que de la "culpabilité par association" - des insinuations qui sont niées lorsqu'on examine les faits tels qu'ils se sont réellement produits. Les calomnies qui ont été jetées sur la réputation de Hans Asperger sont sélectives, biaisées et souvent inexactes.C'est injuste pour son héritage, insensible pour ses descendants vivants et potentiellement dévastateur pour les nombreuses personnes qui sont fières de s'appeler " Aspies " (Falk et Schofield 2018).
Remerciement
Ce document s'inspire d'une conversation avec Michael Brown, président de la School for Advanced Research (SAR) de Santa Fe, au Nouveau-Mexique. Laura Holt, bibliothécaire de SAR, a aidé à obtenir des sources de la littérature allemande. Je remercie Elga Wulfert, de l'Université d'Albany, Université de l'État de New York, pour ses conseils d'expert sur la traduction de l'article d'Asperger de 1938, et Uta Frith, du University College London, et Steve Silberman, rédacteur scientifique, pour leurs commentaires utiles sur une version antérieure du présent article. Franz Waldhauser, de l'Université de Vienne, est remercié pour les informations et les discussions utiles qu'il a fournies. Je remercie trois évaluateurs anonymes pour leurs suggestions. Les opinions exprimées sont uniquement celles de l'auteur.
Contributions
DF a conçu l'étude, traduit des articles de la littérature allemande, interprété des données, rédigé le manuscrit et préparé la traduction de l'article d'Asperger de 1938 qui figure dans l'Appendice 1.
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)
話したい誰かがいるってしあわせだ
Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
話したい誰かがいるってしあわせだ
Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
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Re: Traductions à faire
Appendice 2 :
Documentation Complémentaire : Contextes culturels (1), Campagne d'Asperger en faveur des enfants handicapés (2) et son attitude envers les patients (3).
Les historiens ont tendance à évaluer les individus d'un point de vue qui se concentre sur des événements au niveau national ou international ; ils sont capables de regarder en arrière en sachant comment les choses se sont passées. Une autre approche consiste à évaluer les individus dans le contexte des traditions, des valeurs, de l'idéologie et de l'épistémologie propres à leur société (" contexte culturel " ou " relativisme culturel "), ce qui est l'objectif de la présente annexe.
1. Contextes culturels, religieux, et politiques qui ont influencés Asperger
Comparées aux normes modernes, les pratiques d'éducation et les attentes des parents en matière de comportement des enfants étaient sévères et exigeantes pendant la première moitié du XXe siècle en Autriche et en Allemagne. L'éducation des enfants impliquait souvent la négligence, la violence psychologique et les châtiments corporels (DeMause 2006 ; Schaffner 1948). Aujourd'hui, les modèles autoritaires stricts traditionnels de la famille ont généralement été rejetés en faveur de pratiques plus affectueuses et permissives, non seulement en Autriche et en Allemagne (DeMause 2006), mais aussi en Grande-Bretagne (Violett 2018) et en Amérique (Bigelow et Morris 2001)1
Cependant tout n'était pas sombre et pessimiste pour la jeunesse autrichienne à l'époque pré-nazie. Les groupes de jeunes non scolaires représentant diverses organisations, y compris l'Église catholique, étaient répandus en Autriche (Zentner 2009) et en Allemagne (Fulbrook 2015) avant l'ère nazie. Par exemple, une organisation catholique de jeunes appelée Bund Neuland était active à l'époque. Enraciné dans le Wandervogel autrichien et le mouvement de la jeunesse allemande, le Bund encourageait le sens des responsabilités, la compréhension mutuelle, un mode de vie sain (sans alcool ni nicotine) et la bonne forme physique. Comme dans le mouvement allemand, "l'accent était mis sur la nature, les membres des mouvements de jeunesse se livrant à de longues randonnées à travers... les forêts, nageant dans les lacs et les rivières, faisant du camping et allant dans des auberges de jeunesse à chaque occasion...". Peut-être en partie en réaction aux contraintes et aux répressions, aux restrictions et à la morosité de la vie dans les grandes villes, l'accent a été mis sur la fuite vers la campagne " (Fulbrook 2015, p. 37). Comme on le sait, après l'Anschluss, les nazis se sont appropriés le mouvement des groupes de jeunes en Autriche et l'ont tourné à leurs propres fins. Au cours de ce processus, certaines organisations de jeunesse ont été interdites, et des groupes qui se concentraient sur l'endoctrinement des jeunes avec l'idéologie nationale-socialiste, comme la Hitlerjugend (Jeunesses hitlériennes), ont éclipsé les organisations religieuses de jeunesse (Zentner 2009).
Bien que les responsables de l'Église catholique aient approuvé des mesures qui ont augmenté la taille de la population (qui avait diminué après la Première Guerre mondiale) et encouragé le conseil matrimonial et l'éducation sanitaire qui soutiennent la santé publique et découragent la transmission des maladies héréditaires, l'Église a joué " un rôle important dans l'opposition à l'introduction des politiques eugénistes négatives d'euthanasie et de stérilisation " (Turda 2010, p. 411). La position de l'Église était conforme à l'encyclique du pape Pie XI sur le mariage chrétien, Casti Connubii, de 1930, qui " fustigeait la prévention de la vie " indigne " préconisée par les eugénistes comme expression d'une sécularisation excessive et de l'ingérence de l'État dans la sphère privée individuelle et familiale " (Turda 2010, p. 411) . En 1932, la Guilde Saint-Luc, du nom du saint patron des médecins, a été fondée à Vienne. L'un des objectifs de la Guilde, considérée comme apolitique et comptant parmi ses membres un "grand nombre de juifs baptisés" (Löscher 2009, p. 111), était de se défendre contre la pensée anticatholique sur les questions d'éthique médicale et l'eugénisme malavisé. En accord avec l'Église, les médecins de la Guilde servaient de médiateurs et de gardiens de la " santé publique " ou de la " santé héréditaire " par l'éducation et le conseil en matière de santé (Löscher 2009, p. 106). Il n'est pas surprenant que les membres de la Guilde aient été généralement "perçus par les national-socialistes... comme des opposants à la vision nazie du monde " (Löscher 2009, p. 111). La suspicion contre les catholiques religieux en Autriche à l'époque nazie était évidente dans les arrestations massives de manifestants après une manifestation antinazie en octobre 1938, et l'emprisonnement et l'internement de centaines de prêtres, dont 15 ont été exécutés (Konrad 2008).
L'institutionnalisation de personnes gravement perturbées était (et est toujours) une pratique médicale acceptée en Autriche et ailleurs, et elle était antérieure à l'adoption par l'Autriche, le 1er janvier 1940, de la loi sur la stérilisation pour la prévention de la progéniture génétiquement malade. Pendant la majeure partie du XXe siècle, l'institutionnalisation des personnes gravement handicapées a été une pratique médicale courante, non seulement en Autriche, mais aussi dans d'autres pays, dont les États-Unis, comme en témoigne l'institutionnalisation en 1941 de Rosemary Kennedy, la sœur du président John F. Kennedy, dont le cerveau était endommagé (voir Larson 2015). Bien avant l'Anschluss, Asperger recommandait l'institutionnalisation des enfants qui étaient dangereux ou handicapés à un point tel qu'ils ne pouvaient être pris en charge à la maison. Par exemple, lors d'une conférence de formation avancée donnée le 6 octobre 1936, il déclara que "l'hébergement dans un établissement fermé" doit être envisagé pour les cas plus graves de lésions cérébrales causées par l'encéphalite (inflammation cérébrale) (Asperger 1937, p. 1461, traduit par l'auteur).
Comme on le sait, des stérilisations forcées et des meurtres ont été commis au nom de l'eugénisme et de "l'hygiène raciale" dans la Vienne post-Anschluss (Weindling 1993), ainsi qu'en Allemagne. L'une des raisons pour lesquelles l'Autriche a fourni un terrain fertile pour de telles atrocités est que les concepts eugéniques négatifs intéressent de plus en plus certains segments de la communauté scientifique et médicale, notamment les biologistes, les anthropologues, les neurologues et les psychiatres (Ronen et al., 2009). En particulier, " les psychiatres, bien plus que tout autre groupe professionnel, ont été impliqués dans le génocide nazi, en tant que précurseurs scientifiques et idéologiques, en tant que conseillers politiques, consultants, directeurs institutionnels, responsables des politiques de santé et responsables de la santé, ou en tant qu'opérateurs exclusifs des valves à gaz des institutions d'euthanasie " (Neugebauer 1998, p. 8).
Comment ces informations s'appliquent à Asperger
Asperger est né à Vienne en 1906, a obtenu son diplôme de médecine en 1931, s'est marié en 1935, a eu cinq enfants et est mort en 1980 à l'âge de 74 ans (Felder 2008, 2014). Il a été élevé par une mère aimante et "avec une grande sévérité" par son père (Felder 2008, p. 99), ce qui était assez typique à l'époque. Pendant ses études secondaires, Asperger s'est joint au groupe " Traveling Scholars " du mouvement de la jeunesse catholique allemande, Bund Neuland, qu'il a décrit plus tard comme " la plus noble manifestation de l'esprit allemand... qui s'est engagé dans la formation des esprits des jeunes " (Asperger 1979, p. 45-46). Ses années dans le Bund ont été formatrices pour son idéalisme, ses intérêts philosophiques, son amour de la nature et de la randonnée pédestre (Felder 2008, 2014). Le Bund a suscité l'intérêt d'Asperger pour l'aide aux enfants : "J'avais appris dès ma jeunesse à m'occuper des enfants pour apprendre à les connaître et à les diriger. Il était évident qu'apprendre à les connaître, c'était en partie les comprendre intellectuellement et en partie faire preuve d'empathie envers eux " (Asperger 1979, p. 46). Le Bund a également nourri les idéaux d'Asperger en matière de solidarité communautaire et sociale bien avant que le national-socialisme ne se les approprie à des fins xénophobes et racistes en Autriche à l'époque nazie (Feinstein 2010, p. 15 ; Lorenz 2008). Asperger s'est intéressé à la biologie pendant ses études secondaires, et c'est à ce moment qu'il a décidé de devenir médecin (Felder 2008 ; Asperger 1974). En raison de son intérêt pour les enfants et la médecine, il a été attiré par le domaine de la pédiatrie, qui est devenu, non seulement sa profession, mais sa vocation à vie.
Comme indiqué dans le texte principal, Asperger avait de profondes convictions religieuses. Un questionnaire signé par Asperger le 7 octobre 1940, reproduit par Czech (Czech 2018, p. 7, Fig. 3), indique qu'il s'est joint à la Guilde catholique St. Luke's pendant ou avant 1934, comme délégué des médecins associés au Bund Neuland basé en Autriche (Löscher 2009). Asperger a noté sur le questionnaire que la Guilde était une "association de médecins apolitiques" ("unpolit. Arztevereinigg," traduit par l'auteur).
Selon Czech, les autorités nazies ont commencé à enquêter sur Asperger immédiatement après l'Anschluss du 12 mars 1938 (Czech 2018, p. 8). Cela était probablement dû non seulement à ses opinions religieuses et à sa position apolitique, mais aussi à sa campagne continue de défense des enfants handicapés, dont il est question ci-dessous. Les observations suivantes tirées de rapports officiels, traduits et discutés sporadiquement par Czech et/ou Sheffer, sont reproduites ici dans l'ordre chronologique:1 (1) 4 janvier 1939, Asperger n'a "pas participé à la vie politique publique" et avait une attitude "indifférente" envers le parti nazi (NSDAP, ou Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei) (Czech 2018, p. 10) ; (2) 5 janvier 1939, Asperger était "politiquement acceptable" (Czech 2018, p. 8, p. 34 note 40)2 ; (3) 23 janvier 1939, "en tant qu'ancien chrétien-social, il[Asperger] est très indifférent" (Czech 2018, p. 10, p. 35 note 47) ; (4) 2 mai 1939, Asperger était un "Noir[catholique] typique" qui "n'était pas un opposant du nazisme" quand il fut interdit en Autriche (Sheffer 2018, p. 92, p. 273 note 21) ; (5) le 7 juin 1939, le commissaire d'État Otto Wächter qualifia Asperger de "politiquement acceptable" et "décida de clore le dossier" (Czech 2018, p. 3). 8, p. 34, note 39) ; (6) 11 juillet 1940, "Les intérêts du parti[...] ont éliminé la religiosité d'Asperger, concluant qu'"il ne partage aucun intérêt commun avec la communauté" (Sheffer 2018, p. 92, p. 273 note 22) ; (7) 13 juillet 1940, le député Gauleiter de Vienne écrit à Franz Hamburger que le parti avait "aucune objection d'aucune sorte" contre Asperger (Czech 2018, p. 8, p. 8) 34 note 37) ; (8) le 25 octobre 1940, une évaluation d'Asperger a été demandée par la division administrative des nazis basée à Vienne (Reichsgau Wien) (Czech 2018, p. 8, p. 34 note 37) ; (9) le 1er novembre 1940, une lettre du chef du bureau régional Stowasser déclare que Asperger " est un catholique croyant qui est tout sauf politique...même s'il était membre de l'association catholique Neuland, " il ne partage pas ses intérêts avec ses politiciens. En ce qui concerne la législation sur la race et la stérilisation, il se conforme aux idées du national-socialisme. En termes de caractère et de politique, il est considéré comme impeccable" (document reproduit par Czech (Czech 2018, p. 10 Fig. 5, p. 35 note 48) - voir aussi Czech p. 10) ; (10) 9 novembre 1940, la Gestapo de Vienne rapporte qu'"ils n'avaient rien" sur Asperger (Czech 2018, p. 8, p. 11) 34 note 38) ; (11) 14 novembre 1940, Asperger n'avait "jamais pris de mesures actives d'aucune sorte contre les national-socialistes, bien qu'il aurait été facile pour lui de se procurer des preuves incriminantes à la clinique pédiatrique3, qui était exclusivement composée de médecins nazis" (Czech 2018, p. 10, p. 35 note 49). Les affirmations de Czech et de Sheffer selon lesquelles Asperger aurait passé avec brio les évaluations nazies négligent le fait que, malgré les fortes pressions exercées en son nom par son patron (Hamburger), un membre influent du parti, la Gestapo a néanmoins continué à enquêter sur Asperger à maintes reprises, jusqu'à presque trois ans après l'Anschluss.
L'utilisation par Asperger du terme "psychopathie autistique" doit également être comprise dans une perspective culturelle et historique appropriée. L'autisme, comme on l'a d'abord appelé, était associé aux fantasmes, à la perte de contact avec la réalité et à l'introversion extrême qui caractérisaient la schizophrénie (Bleuler, 1912). À la fin de la période pré-nazie à Vienne, cependant, l'" autisme " était devenu plus étroitement défini comme une condition qui perturbe les relations entre le moi (préfixe grec auto-) et le monde extérieur, conformément à l'usage moderne, et " la psychopathie " était utilisée " au sens technique d'une anomalie de la personnalité...[plutôt que] la tendance populaire à associer psychopathie et comportement sociopathique " (Wing 1981, p. 115). La " psychopathie autistique " n'avait donc pas de connotation dénigrante avant et pendant l'ère nazie à Vienne (Hippler et Klicpera 2003) et, comme Frith l'a observé, une traduction moderne raisonnable de " psychopathie autistique " serait " trouble de personnalité autistique ou autrement autisme " (Asperger 1944b, p. 37). La meilleure traduction moderne de la "psychopathie autiste" est peut-être simplement le "syndrome d'Asperger" (SA).
Ces distinctions définitionnelles sont importantes pour évaluer la suggestion selon laquelle la découverte initiale de la SA a été faite par le pédopsychiatre soviétique Grunya Efimovna Sukhareva qui a publié ses résultats en allemand en 1926, bien avant le document d'Asperger de 1944 qui est habituellement crédité de la découverte de la SA (Wolff 1996). L'introduction à la traduction anglaise de 1996 de l'article de Sukhareva (Wolff 1996) "implique que Hans Asperger devait avoir connaissance de l'article de Sukhareva" mais, surtout, "sans aucune preuve, il ne s'agit que de spéculation" (Manouilenko et Bejerot 2015, p.1). En d'autres termes, "ce que Kanner et Asperger savaient réellement des premières œuvres de Sukhareva reste inconnu" (Manouilenko et Bejerot 2015, p. 4).
Il est possible que Asperger avait lu le document de 1926 de Sukhareva, mais, si c'était le cas, il aurait été peu probable qu'il ait assimilé ses cas avec les enfants qu'il a étudié plus tard pour plusieurs raisons. L'article de Sukhareva, intitulé "Troubles de la personnalité schizoïde de l'enfance", est apparu à un moment où le domaine tentait de distinguer entre la personnalité schizoïde et la schizophrénie. En 1944, Asperger et Leo Kanner (Kanner, 1944) avaient identifié différentes formes d'autisme, reconnaissant tous deux l'autisme comme distinct de la schizophrénie (cette dernière étant associée aux hallucinations et à la désintégration progressive) (Asperger 1979). Il y a donc peu de raisons de penser que Asperger se serait souvenu de l'article de Sukhareva de 1926 sur le trouble de la personnalité schizoïde lorsqu'il a identifié la psychopathie autistique (SA) comme un syndrome plus de dix ans après.
Sukhareva a fourni des descriptions détaillées de six garçons de Moscou dans son article, qu'elle a tous diagnostiqués avec un "trouble de la personnalité : schizoïde (excentrique)" (Wolff 1996). Manouilenko et Bejerot montrent (dans leur tableau 1) que plusieurs des traits trouvés chez un ou plusieurs de ces garçons sont inclus dans les critères du DSM-5 pour le trouble du spectre autistique (plutôt que dans ceux du DSM-IV pour le syndrome d'Asperger). Leur tabulation couvre donc un trouble plus large que le seule SA. Plus précisément, certains des six cas de Sukhareva présentent des traits incompatibles avec le SA. Par exemple, plutôt que d'être un solitaire, le cas 1 (M. Sch.) " joue l'imbécile constamment, intrusif, harcèle les autres enfants " (Wolff 1996, p. 122). Le cas 4 (J. D.) était " asphyxié à la naissance....souffrait de symptômes obsessionnels et phobiques... ". et] avait une intonation adulte " (Wolff 1996, p. 125). Le cas 6 (P. P.) " est doux et sensible envers les autres... Il fait preuve de tact...[et] profondément émotif " (Wolff 1996, p. 128). De plus, P. P. P. " s'est adapté à la vie en communauté avec d'autres enfants, a participé à des groupes d'enfants, est devenu plus vivant et animé. Il joue souvent avec d'autres enfants et aime l'éducation physique " (Wolff 1996, p. 129).
Il ne fait aucun doute que de nombreux traits qui sont devenus plus tard associés à l'autisme étaient prévalents parmi les six cas de Sukhareva. Cependant, sans plus d'information sur le moment et la nature du développement du langage (qui est important pour le diagnostic du syndrome d'Asperger, tel que décrit dans le DSM-IV) chez les six garçons, il est impossible d'identifier qui, parmi eux, pourrait aujourd'hui recevoir un diagnostic de SA. En 1959, Sukhareva " a remplacé le terme " psychopathie schizoïde " par " psychopathie autiste (évitant les pathologies) " (Manouilenko et Bejerot 2015, p. 2), peut-être en réponse aux publications de Asperger. Les contributions de Sukhareva en faveur des enfants handicapés ont été importantes (Manouilenko et Bejerot 2015), mais la suggestion selon laquelle Asperger a délibérément ignoré son travail n'est pas étayée par des preuves.
2. Le coup de clairon d'Asperger en 1938 ("Vous savez quelles mesures sont prises...") et sa campagne pour sauver les enfants
Une traduction complète de l'article d'Asperger de 1938 est fournie dans l'annexe 1. Dans ce document, Asperger a lancé ce qui allait devenir une campagne incessante de cinq ans de lobbying pour des procédures humaines de diagnostic et de traitement des enfants handicapés :
"L'idée fondamentale du nouveau Reich - l'ensemble est plus que la partie, la population est plus importante que l'individu - a dû conduire à de profonds changements d'attitude en ce qui concerne le bien le plus précieux de la nation, sa santé.
Je n'ai pas l'intention d'entrer plus en détail ici sur les changements, en particulier dans le domaine particulier de la psychopathologie de l'enfant. Vous savez quelles mesures sont prises pour prévenir la transmission de gènes anormaux qui, dans de nombreux cas, causent des troubles héréditaires et pour exiger une santé héréditaire[importance ajoutée par le traducteur]. Nous, médecins, devons assumer l'entière responsabilité de nos tâches dans ce domaine.
Mais aujourd'hui, permettez-moi de ne pas aborder le problème du point de vue de l'ensemble de la population - alors, avant tout, il serait nécessaire de discuter de la loi pour la prévention de la progéniture génétiquement modifiée - mais du point de vue des enfants anormaux. La question devrait être de savoir ce que nous pouvons faire pour ces personnes. Et si nous les aidons avec tout notre dévouement, nous rendrons aussi le meilleur service à notre peuple, non seulement en empêchant les enfants anormaux d'accabler la communauté nationale par des actes antisociaux et criminels, mais aussi en les aidant à atteindre leur place dans l'organisme vivant du peuple en tant que travailleurs individuels.1
Pour commencer, je pense qu'une définition est nécessaire : Tout ce qui n'est pas normal, et donc anormal, ne doit donc pas être inférieur." (Asperger 1938, annexe 1, p. 1)
Asperger a ensuite décrit deux cas particuliers, qui sont examinés dans le texte principal. Ce qui est important ici, c'est la discussion qui a suivi ces descriptions :
"Ces... cas sont importants - ou le seront pour nous si la'Loi pour la prévention de la progéniture malade' entre également en vigueur pour nous. Si le médecin, en tant qu'expert, doit prendre une décision dans de tels cas, il ne doit pas le faire uniquement sur la base des réponses à un questionnaire ou d'un quotient intellectuel, mais il doit avant tout décider en fonction de sa connaissance de la personnalité de l'enfant qui tient compte de toutes ses capacités, pas seulement de son intelligence abstraite.. En aucune facon le relevé que ces personnes sont fondamentalement constitutionnellement ou même génétiquement diminuées ne doit conduire à l'opinion que rien ne peut être fait... La raison pour laquelle nous ne pouvons jamais abandonner d'emblée l'éducation des personnes anormales comme désespérées, c'est que des forces et des capacités peuvent soudainement apparaître chez les enfants, par exemple pendant la puberté, des qualités que nous ne soupçonnons pas et que nous n'aurions pas pu prévoir.
En quelques mots, j'espère vous avoir montré que le médecin a le droit et le devoir de fournir une éducation à la santé non seulement aux personnes non déficiences, mais qu'il doit aussi influencer de manière décisive l'éducation des personnes anormales. Sa vision et sa compréhension scientifiques lui permettent également de fournir des conseils et de l'aide et, ainsi, de servir non seulement l'individu, mais aussi le peuple." (Asperger 1938, annexe 1, p. 6-7)
Dans une conférence ultérieure en 1939, Asperger a réitéré que les médecins avaient l'obligation de réduire au minimum la transmission des maladies héréditaires aux générations futures, mais a ajouté une mise en garde importante : " Il ne fait aucun doute que ces enfants anormaux sont presque toujours porteurs d'éléments héréditaires nuisibles[gènes] - et nous ne pouvons changer les éléments...[Toutefois] dans la plupart des cas, un élément héréditaire n'est pas identique à une propriété rigide et inaltérable mais nécessite la réalisation des influences environnementales, notamment l'enseignement, pour s'exprimer. On peut apporter des capacités positives... à un développement plus fort par la pratique" (Asperger 1939, p. 943, traduit par l'auteur). Plus tard dans la conférence, Asperger a fait remarquer, "nous devons être très prudents avec le jugement méprisant "inférieur" et toutes les conséquences qui peuvent en découler". Faisant référence à la pénurie de main-d'œuvre et à la nécessité d'intégrer toutes les personnes possibles dans la population active, Asperger a ajouté qu'il était possible de motiver et d'éduquer les personnes qui étaient intellectuellement en dessous de la moyenne ainsi que celles qui avaient divers types de troubles mentaux "de telle sorte qu'elles puissent remplir leur place dans l'organisme vivant des gens". Il a également noté que " nous devons être prêts à nous accabler d'une lourde culpabilité si, par notre inactivité, nous condamnons par notre manque d'engagement quelqu'un qui aurait pu avoir un développement favorable si nous nous étions davantage occupés de lui " (Asperger 1939, p. 944, traduit de l'auteur).
Lors d'une présentation lors d'une conférence pendant la Semaine de l'enfant en septembre 1940 (Asperger 1941a) et dans un autre article l'année suivante, Asperger a continué à mettre l'accent sur le potentiel de l'éducation curative pour amener les gens des "marges de la communauté" à travailler, et, encore, a détourné la discussion de la loi qui oblige la stérilisation forcée : "Il ne faut pas dire ici que pour le peuple la multiplication de certains de ces types est indésirable, c'est-à-dire qu'il s'agit d'exclure certaines personnes de la reproduction... Aujourd'hui, mon attention doit s'adresser en priorité à celles dont l'anomalie n'est pas de nature à faire envisager la stérilisation" (Asperger 1941b, p. 238, traduit de l'auteur). Asperger a ajouté qu'il se concentrerait sur les "neuropathes" et les "psychopathes", ces derniers étant définis par lui (de manière non dérogatoire) comme des personnes "qui souffrent d'elles-mêmes et l'environnement en souffre" (Asperger 1941b, p. 239, traduit par l'auteur). Il a également répété son refrain alors bien connu selon lequel les enfants handicapés ne pouvaient être intégrés dans l'Etat national-socialiste qu'en utilisant des méthodes d'éducation flexibles : "Les personnes surdouées et évaluées différemment ont leurs propres méthodes d'éducation spéciale, une éducation spéciale à suivre pour atteindre l'objectif éducatif commun" (Asperger 1941b, p. 240, traduit par l'auteur). Asperger a conclu en faisant remarquer que "beaucoup d'anciens enfants de notre[clinique], y compris ceux qui sont très préoccupants, occupent leur place dans l'emploi, dans la Wehrmacht, dans le parti, complètement, et plus d'une poignée dans d'excellentes positions. De là, nous savons que le succès de notre travail en vaut la peine", et (dans une sorte de demande de subvention verbale) il a insisté pour que "après la guerre, surtout les soins institutionnels, qui a les tâches les plus importantes dans notre domaine et peut faire des choses étonnantes, reçoivent plus de force et aussi des ressources" (Asperger 1941b, p. 247, traduit de l'auteur).
En 1942, lors d'une conférence donnée à la Vienna Society for Curative Education, Asperger fit monter les enchères en discutant des opinions et des pratiques contradictoires de divers sous-domaines concernant les enfants et souleva la question de savoir "qui est d'abord et avant tout autorisé à... travailler[avec des enfants handicapés] ? Quel est le domaine de connaissance le plus nécessaire ?" (Asperger 1942, p. 352, traduit par l'auteur). Bien qu'Asperger reconnaisse que la psychiatrie, la pédiatrie, la biologie héréditaire, la psychologie et la pédagogie fournissent toutes des " racines " pour l'éducation curative, il soutient que la pédagogie devrait avoir la priorité, en partie parce que les psychiatres et les psychothérapeutes ont trop facilement tendance " à oublier les forces du développement sain, qui apportent une amélioration étonnante dans la condition pathologique sévère des adolescents,[et] à ignorer les méthodes du simple leadership humain ". L'exemple le plus flagrant... est la psychanalyse... Même dans les cercles des psychologues eux-mêmes, la psychologie expérimentale têtue et bouleversante est de plus en plus rejetée... Les doctrines qui prétendent tout résoudre d'un seul point de vue, comme la psychanalyse et la psychologie individuelle, sont suspectes dès le départ... elles ne correspondent pas à la réalité" (Asperger 1942, p. 352-355, traduit de l'auteur).
La "question cruciale", a fait observer Asperger, était de savoir comment des conditions environnementales optimales pouvaient influer sur l'expression génétique, c'est-à-dire de savoir ce que l'éducation pouvait faire en dépit d'un caractère héréditaire, y compris pour les personnes qui n'étaient pas dans la norme. Selon Asperger, ce ne sont pas seulement les médecins, mais aussi les éducateurs spécialisés qui doivent "avoir la priorité dans les travaux pratiques eugéniques, en particulier dans les problèmes liés à la loi sur la prévention de la descendance des maladies héréditaires" (Asperger 1942, p. 353, traduit par l'auteur). La préoccupation d'Asperger quant au(x) domaine(s) prioritaire(s) pour le traitement des enfants handicapés était importante parce que les praticiens dans des domaines comme la psychiatrie étaient responsables après l'Anschluss des atrocités commises contre les enfants handicapés (Sting 2018 ; Lorenz 2008 ; Ronen et al. 2009 ; Neugebauer 1998).
Asperger a toutefois nuancé ses remarques en faisant observer que le domaine spécifique des praticiens était moins important que leur attitude, leurs qualités humaines, leur capacité d'orientation humaine et leur expérience antérieure avec les gens. Il a ajouté qu'il était essentiel que les personnes travaillant avec des enfants handicapés, premièrement, aient une connaissance fondamentale de la nature humaine et du fait que chaque être humain est unique et, deuxièmement, qu'elles soient totalement et personnellement engagées dans leur travail. Bien qu'Asperger ait convenu que des tests étaient nécessaires pour évaluer les aptitudes intellectuelles, il a néanmoins observé :
"Nous tirerons de l'observation et de l'évaluation des situations naturelles pendant le jeu, de la libre-créativité, ainsi que dans la communauté - dans le comportement face aux milliers d'exigences de la vie quotidienne, en particulier dans le domaine de l'éducation - les informations décisives sur la personnalité de l'enfant. Nous pensons que, dans de très rares cas, les problèmes ne peuvent être résolus qu'en testant et en examinant l'enfant et en discutant avec les parents et les éducateurs, mais aussi qu'une "situation libre" comme nous venons de la décrire devrait être impliquée dans les observations ambulatoires, comme cela se passe dans notre clinique ambulatoire". (Asperger 1942, p. 355, traduit par l'auteur).
Les extraits ci-dessus montrent qu'Asperger a lancé et soutenu une campagne tenace pour protéger les enfants handicapés après l'annexion de l'Autriche par les nazis en 1938. Comme indiqué dans le texte principal, ses efforts ont non seulement sauvé des enfants à l'époque, mais ils ont également eu un effet durable sur le développement ultérieur de l'éducation spéciale.
3. L'attitude d'Asperger envers ses patientes femmes et les comparaisons retrospectives de ses évaluations avec celles des nazis et des hygiènistes raciaux
Selon Sheffer, "la distinction entre les garçons et les filles, selon Asperger, se résumait à l'intelligence. S'appuyant sur les stéréotypes sexistes de son époque, Asperger fonde son idée de la psychopathie autiste sur les différences qu'il constate dans leurs capacités cognitives " (Sheffer 2018, p. 170). Si l'on fait abstraction du fait que l'hypothèse d'Asperger sur les différences entre les sexes dans les styles cognitifs a été soigneusement validée (Attwood 2006 ; Baron-Cohen 2012 ; Baron-Cohen et al. 2014) (voir la section suivante), il est instructif de passer en revue les trois filles dont Sheffer parle pour soutenir son affirmation selon laquelle Asperger était sexiste.
La première, Christine Berka, est née en 1928 et avait presque quatorze ans lorsqu'elle a été expulsée d'un camp pour des problèmes de comportement, y compris des vols répétés, et envoyée au département d'Asperger. Selon Sheffer, "Asperger décida le 14 juillet 1942 que Christine avait un 'caractère antisocial considérable'. Il a dit qu'elle était "difficile à influencer..." et..... "haineuse dans bien des situations, vulgaire et grossiere." Sheffer poursuit en disant que Asperger a écrit " que le diagnostic officiel de Christine n'était pas un état psychiatrique, mais une " variante de caractère "[et] qu'elle était " égocentrique, vulgaire, oppositionnelle et sournoise " (Sheffer 2018, p. 151). Sheffer ajoute qu'après sept semaines d'évaluation, Asperger a demandé le transfert de Christine dans un établissement correctionnel et qu'elle a été transférée dans une maison de correction en juillet 1942. Sheffer conclut que "Christine a été déshumanisée avant d'être institutionnalisée" par l'évaluation d'Asperger (Sheffer 2018, p. 151), et critique "la clinique d'Asperger" pour avoir rejeté une demande que Christine soit renvoyée chez elle de la maison de correction en mai 1943 "sans considérer une autre période d'observation". La raison invoquée par la clinique pour justifier cette décision était la suivante : " Nous connaissons assez bien la jeune fille grâce à une longue observation à la clinique et nous ne pouvons pas présumer que son caractère a changé de façon substantielle depuis son départ " (Sheffer 2018, p. 151, traduit par Edith Sheffer[ES]).
Le rapport de Sheffer ignore la mention citée de "longue observation à la clinique" et son implication que Christine a pu être une patiente d'Asperger bien avant 1942. En 1937, Asperger a publié la description d'une fillette de neuf ans sans nom qui :
"s'est engagée dans des vols continuels et sophistiqués depuis sa plus tendre enfance....
La fille... sait très bien se comporter tant qu'on peut la voir, sait ce qu'on attend d'elle et s'y adapter... mais elle n'est pas capable de vrais sentiments, comme on peut le voir encore et encore dans la section, pas même d'effet réel. Elle est égocentrique, émotionnellement froide, ne connaît pas d'inhibitions morales....Sur le plan diagnostique, c'est une variante de caractère dans le sens d'un défaut émotionnel....L'hébergement administratif dans une institution est fortement recommandé ici. La raison principale des conflits, qui fait qu'il est impossible de rester à la maison et à l'école, s'efface d'elle-même, car là où il n'y a pas de biens personnels, il n'y a tout simplement pas de risque de vol. Il a également été prouvé ... que même une tendance au vol apparemment si fermement enracinée peut disparaître si elle ne trouve pas l'occasion de " pratiquer " pendant longtemps. Il n'est donc pas nécessaire que le pronostic social soit défavorable du tout, surtout si l'on considère sa bonne intelligence et l'habileté avec laquelle elle se trouve dans chaque situation " (Asperger 1937, p. 1461, traduit par l'auteur).
Bien qu'il ne soit pas certain que la fillette de neuf ans de 1937 était, en fait, Christine Berka, 14 ans, en 1942, les habitudes de vol, les traits de personnalité et les diagnostics de " variante de caractère " des deux filles étaient remarquablement semblables. L'affirmation selon laquelle " nous connaissons assez bien la fille[Christine] par une longue observation " renforce la probabilité que les deux cas représentent la même personne. Quoi qu'il en soit, les remarques d'Asperger au sujet de l'intelligence et de l'habileté de la fille sans nom contredisent la généralisation de Sheffer selon laquelle son évaluation de l'intelligence chez les femmes était fondée sur des stéréotypes sexistes.
Sheffer compare les antécédents médicaux de deux autres filles, Elfriede et Magarete, à ceux de deux garçons, Fritz et Harro, et laisse entendre que les filles ont été traitées de manière sexiste parce que, contrairement aux garçons, on ne leur a " pas accordé " le diagnostic de psychopathie autiste (Sheffer 2018, p. 152). Bien qu'Asperger ait décrit les deux garçons dans son habilitation sur la psychopathie autistique, il n'avait pas grand-chose à voir avec celle des filles, en partie parce qu'il est allé en Croatie pour le service militaire en janvier 1944 et n'est revenu à Vienne qu'en août 1945 (Felder 2008, p. 115), conformément au fait que Sheffer a reconnu qu' "il est difficile d'attribuer des opinions et décisions" sur les filles à Asperger lui-même" (Sheffer 2018, p. 152). Néanmoins, Sheffer compare les observations des filles par des personnes non spécifiées de la "clinique d'Asperger" avec les descriptions détaillées d'Asperger des deux garçons de son habilitation. Contrairement à l'affirmation selon laquelle les descriptions des quatre enfants étaient " presque identiques " (Sheffer 2018, p. 159), contrairement aux garçons, les filles n'étaient pas décrites avec l'ensemble des traits typiques de la SA (voir texte principal), ce qui explique probablement pourquoi elles n'ont pas été ainsi diagnostiquées par " la clinique Asperger ".
Si l'on souhaite explorer l'attitude d'Asperger à l'égard des patientes, on ferait mieux d'examiner les rapports cliniques qu'il a réellement rédigés. Par exemple, Asperger a décrit de façon très positive les progrès d'une jeune fille de 17 ans qui a été diagnostiquée dans sa clinique comme étant " un psychopathe dysharmonieux... aux traits essentiellement hystériques " (Asperger 1939, p. 945, traduit par l'auteur) : "Non seulement elle se situe intellectuellement au-dessus de la moyenne, mais elle possède aussi une assiduité ... inhabituellement tenace et ... une personnalité éducative à la puissance inhabituelle." Asperger note que la clinique a encouragé la jeune fille à faire de l'enseignement supervisé auprès des enfants qui lui sont confiés, et que " aujourd'hui - nous la connaissons depuis sept ans - elle est une enseignante très instruite " (Asperger 1939, p. 946, traduit par l'auteur). L'appréciation d'Asperger pour les femmes intelligentes ne se limitait pas non plus à ses patients ; il écrivait que "la mère d'un patient était une femme très intelligente..." (Asperger 1944b, p. 60, traduit par UF) et commentait l'intelligence vive de sa collègue, Sœur Victorine Zak (Asperger 1946).
Czech compare les rapports d'Asperger pour 30 enfants qui ont survécu à Am Spiegelgrund avec les évaluations ultérieures des mêmes enfants des cadres supérieurs de cette institution qui étaient directement responsables de l'exécution du programme T4. Il reconnaît que la comparaison " pose certains problèmes " : Les évaluations variaient en longueur et en profondeur, elles ne respectaient pas à des normes diagnostiques communes et il s'écoulait parfois beaucoup de temps entre elles, de sorte que l'état des enfants pouvait avoir évolué entre-temps, pour le meilleur ou pour le pire." Néanmoins, il conclut que Asperger a eu une opinion plus négative que les " nazis et hygiénistes de race engagés " dans 12 des 30 cas, dont cinq pour lesquels il fournit quelques détails (Czech 2018, p. 25-27). Présentés ici dans l'ordre chronologique, ces cinq cas sont : (1) Le 19 septembre 1941, Erwin Jekelius a écrit qu'il ne pouvait pas confirmer le diagnostic antérieur de psychopathie [d'Asperger] pour Karl E., mais a convenu qu'il était intelligent ; (2) le 23 septembre 1941, Heinrich Gross et Erwin Jekelius ont recommandé que Leo A., qu'Asperger avait déjà jugé difficile, psychopathe et intellectuellement en avance sur son âge, soit rendu à son père ; (3) le 22 juillet 1942, Heinrich Gross et Erwin Jekelius ont recommandé que Gerald St. soit remis à ses grands-parents, annulant les évaluations antérieures de Am Spiegelgrund et (avant cela) Asperger ; (4) le 5 août 1942, Ernst Illing avait attribué les troubles et le retard mental de Charlotte H. à des causes environnementales (famille d'accueil et négligence parentale) plutôt qu'à des facteurs hériditaires à un plus haut degré qu'Asperger (5) Le 6 janvier 1943, Ernst Illing a recommandé que Johann K. soit placé en famille d'accueil plutôt que dans un établissement fermé comme Asperger l'avait suggéré (cf Czech pour plus de détails sur ces cas) . Il est intéressant de noter que ces évaluations " positives " de Jekelius, Gross et Illing ont suivi le faux " arrêt " d'Hitler du T4, qui, comme nous l'avons vu plus haut, a eu lieu le 24 août 1941 (tableau 1, texte principal) comme une manœuvre de relations publiques nazie. Qu'il s'agisse ou non d'une simple coïncidence, les chercheurs modernes devraient faire preuve de prudence lorsqu'ils remettent en question les rapports cliniques rédigés il y a plus de 75 ans par Asperger et ses collègues en éducation curative qui, contrairement à leurs détracteurs modernes, avaient une connaissance de première main des patients.
Documentation Complémentaire : Contextes culturels (1), Campagne d'Asperger en faveur des enfants handicapés (2) et son attitude envers les patients (3).
Les historiens ont tendance à évaluer les individus d'un point de vue qui se concentre sur des événements au niveau national ou international ; ils sont capables de regarder en arrière en sachant comment les choses se sont passées. Une autre approche consiste à évaluer les individus dans le contexte des traditions, des valeurs, de l'idéologie et de l'épistémologie propres à leur société (" contexte culturel " ou " relativisme culturel "), ce qui est l'objectif de la présente annexe.
1. Contextes culturels, religieux, et politiques qui ont influencés Asperger
Comparées aux normes modernes, les pratiques d'éducation et les attentes des parents en matière de comportement des enfants étaient sévères et exigeantes pendant la première moitié du XXe siècle en Autriche et en Allemagne. L'éducation des enfants impliquait souvent la négligence, la violence psychologique et les châtiments corporels (DeMause 2006 ; Schaffner 1948). Aujourd'hui, les modèles autoritaires stricts traditionnels de la famille ont généralement été rejetés en faveur de pratiques plus affectueuses et permissives, non seulement en Autriche et en Allemagne (DeMause 2006), mais aussi en Grande-Bretagne (Violett 2018) et en Amérique (Bigelow et Morris 2001)1
Cependant tout n'était pas sombre et pessimiste pour la jeunesse autrichienne à l'époque pré-nazie. Les groupes de jeunes non scolaires représentant diverses organisations, y compris l'Église catholique, étaient répandus en Autriche (Zentner 2009) et en Allemagne (Fulbrook 2015) avant l'ère nazie. Par exemple, une organisation catholique de jeunes appelée Bund Neuland était active à l'époque. Enraciné dans le Wandervogel autrichien et le mouvement de la jeunesse allemande, le Bund encourageait le sens des responsabilités, la compréhension mutuelle, un mode de vie sain (sans alcool ni nicotine) et la bonne forme physique. Comme dans le mouvement allemand, "l'accent était mis sur la nature, les membres des mouvements de jeunesse se livrant à de longues randonnées à travers... les forêts, nageant dans les lacs et les rivières, faisant du camping et allant dans des auberges de jeunesse à chaque occasion...". Peut-être en partie en réaction aux contraintes et aux répressions, aux restrictions et à la morosité de la vie dans les grandes villes, l'accent a été mis sur la fuite vers la campagne " (Fulbrook 2015, p. 37). Comme on le sait, après l'Anschluss, les nazis se sont appropriés le mouvement des groupes de jeunes en Autriche et l'ont tourné à leurs propres fins. Au cours de ce processus, certaines organisations de jeunesse ont été interdites, et des groupes qui se concentraient sur l'endoctrinement des jeunes avec l'idéologie nationale-socialiste, comme la Hitlerjugend (Jeunesses hitlériennes), ont éclipsé les organisations religieuses de jeunesse (Zentner 2009).
Bien que les responsables de l'Église catholique aient approuvé des mesures qui ont augmenté la taille de la population (qui avait diminué après la Première Guerre mondiale) et encouragé le conseil matrimonial et l'éducation sanitaire qui soutiennent la santé publique et découragent la transmission des maladies héréditaires, l'Église a joué " un rôle important dans l'opposition à l'introduction des politiques eugénistes négatives d'euthanasie et de stérilisation " (Turda 2010, p. 411). La position de l'Église était conforme à l'encyclique du pape Pie XI sur le mariage chrétien, Casti Connubii, de 1930, qui " fustigeait la prévention de la vie " indigne " préconisée par les eugénistes comme expression d'une sécularisation excessive et de l'ingérence de l'État dans la sphère privée individuelle et familiale " (Turda 2010, p. 411) . En 1932, la Guilde Saint-Luc, du nom du saint patron des médecins, a été fondée à Vienne. L'un des objectifs de la Guilde, considérée comme apolitique et comptant parmi ses membres un "grand nombre de juifs baptisés" (Löscher 2009, p. 111), était de se défendre contre la pensée anticatholique sur les questions d'éthique médicale et l'eugénisme malavisé. En accord avec l'Église, les médecins de la Guilde servaient de médiateurs et de gardiens de la " santé publique " ou de la " santé héréditaire " par l'éducation et le conseil en matière de santé (Löscher 2009, p. 106). Il n'est pas surprenant que les membres de la Guilde aient été généralement "perçus par les national-socialistes... comme des opposants à la vision nazie du monde " (Löscher 2009, p. 111). La suspicion contre les catholiques religieux en Autriche à l'époque nazie était évidente dans les arrestations massives de manifestants après une manifestation antinazie en octobre 1938, et l'emprisonnement et l'internement de centaines de prêtres, dont 15 ont été exécutés (Konrad 2008).
L'institutionnalisation de personnes gravement perturbées était (et est toujours) une pratique médicale acceptée en Autriche et ailleurs, et elle était antérieure à l'adoption par l'Autriche, le 1er janvier 1940, de la loi sur la stérilisation pour la prévention de la progéniture génétiquement malade. Pendant la majeure partie du XXe siècle, l'institutionnalisation des personnes gravement handicapées a été une pratique médicale courante, non seulement en Autriche, mais aussi dans d'autres pays, dont les États-Unis, comme en témoigne l'institutionnalisation en 1941 de Rosemary Kennedy, la sœur du président John F. Kennedy, dont le cerveau était endommagé (voir Larson 2015). Bien avant l'Anschluss, Asperger recommandait l'institutionnalisation des enfants qui étaient dangereux ou handicapés à un point tel qu'ils ne pouvaient être pris en charge à la maison. Par exemple, lors d'une conférence de formation avancée donnée le 6 octobre 1936, il déclara que "l'hébergement dans un établissement fermé" doit être envisagé pour les cas plus graves de lésions cérébrales causées par l'encéphalite (inflammation cérébrale) (Asperger 1937, p. 1461, traduit par l'auteur).
Comme on le sait, des stérilisations forcées et des meurtres ont été commis au nom de l'eugénisme et de "l'hygiène raciale" dans la Vienne post-Anschluss (Weindling 1993), ainsi qu'en Allemagne. L'une des raisons pour lesquelles l'Autriche a fourni un terrain fertile pour de telles atrocités est que les concepts eugéniques négatifs intéressent de plus en plus certains segments de la communauté scientifique et médicale, notamment les biologistes, les anthropologues, les neurologues et les psychiatres (Ronen et al., 2009). En particulier, " les psychiatres, bien plus que tout autre groupe professionnel, ont été impliqués dans le génocide nazi, en tant que précurseurs scientifiques et idéologiques, en tant que conseillers politiques, consultants, directeurs institutionnels, responsables des politiques de santé et responsables de la santé, ou en tant qu'opérateurs exclusifs des valves à gaz des institutions d'euthanasie " (Neugebauer 1998, p. 8).
Comment ces informations s'appliquent à Asperger
Asperger est né à Vienne en 1906, a obtenu son diplôme de médecine en 1931, s'est marié en 1935, a eu cinq enfants et est mort en 1980 à l'âge de 74 ans (Felder 2008, 2014). Il a été élevé par une mère aimante et "avec une grande sévérité" par son père (Felder 2008, p. 99), ce qui était assez typique à l'époque. Pendant ses études secondaires, Asperger s'est joint au groupe " Traveling Scholars " du mouvement de la jeunesse catholique allemande, Bund Neuland, qu'il a décrit plus tard comme " la plus noble manifestation de l'esprit allemand... qui s'est engagé dans la formation des esprits des jeunes " (Asperger 1979, p. 45-46). Ses années dans le Bund ont été formatrices pour son idéalisme, ses intérêts philosophiques, son amour de la nature et de la randonnée pédestre (Felder 2008, 2014). Le Bund a suscité l'intérêt d'Asperger pour l'aide aux enfants : "J'avais appris dès ma jeunesse à m'occuper des enfants pour apprendre à les connaître et à les diriger. Il était évident qu'apprendre à les connaître, c'était en partie les comprendre intellectuellement et en partie faire preuve d'empathie envers eux " (Asperger 1979, p. 46). Le Bund a également nourri les idéaux d'Asperger en matière de solidarité communautaire et sociale bien avant que le national-socialisme ne se les approprie à des fins xénophobes et racistes en Autriche à l'époque nazie (Feinstein 2010, p. 15 ; Lorenz 2008). Asperger s'est intéressé à la biologie pendant ses études secondaires, et c'est à ce moment qu'il a décidé de devenir médecin (Felder 2008 ; Asperger 1974). En raison de son intérêt pour les enfants et la médecine, il a été attiré par le domaine de la pédiatrie, qui est devenu, non seulement sa profession, mais sa vocation à vie.
Comme indiqué dans le texte principal, Asperger avait de profondes convictions religieuses. Un questionnaire signé par Asperger le 7 octobre 1940, reproduit par Czech (Czech 2018, p. 7, Fig. 3), indique qu'il s'est joint à la Guilde catholique St. Luke's pendant ou avant 1934, comme délégué des médecins associés au Bund Neuland basé en Autriche (Löscher 2009). Asperger a noté sur le questionnaire que la Guilde était une "association de médecins apolitiques" ("unpolit. Arztevereinigg," traduit par l'auteur).
Selon Czech, les autorités nazies ont commencé à enquêter sur Asperger immédiatement après l'Anschluss du 12 mars 1938 (Czech 2018, p. 8). Cela était probablement dû non seulement à ses opinions religieuses et à sa position apolitique, mais aussi à sa campagne continue de défense des enfants handicapés, dont il est question ci-dessous. Les observations suivantes tirées de rapports officiels, traduits et discutés sporadiquement par Czech et/ou Sheffer, sont reproduites ici dans l'ordre chronologique:1 (1) 4 janvier 1939, Asperger n'a "pas participé à la vie politique publique" et avait une attitude "indifférente" envers le parti nazi (NSDAP, ou Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei) (Czech 2018, p. 10) ; (2) 5 janvier 1939, Asperger était "politiquement acceptable" (Czech 2018, p. 8, p. 34 note 40)2 ; (3) 23 janvier 1939, "en tant qu'ancien chrétien-social, il[Asperger] est très indifférent" (Czech 2018, p. 10, p. 35 note 47) ; (4) 2 mai 1939, Asperger était un "Noir[catholique] typique" qui "n'était pas un opposant du nazisme" quand il fut interdit en Autriche (Sheffer 2018, p. 92, p. 273 note 21) ; (5) le 7 juin 1939, le commissaire d'État Otto Wächter qualifia Asperger de "politiquement acceptable" et "décida de clore le dossier" (Czech 2018, p. 3). 8, p. 34, note 39) ; (6) 11 juillet 1940, "Les intérêts du parti[...] ont éliminé la religiosité d'Asperger, concluant qu'"il ne partage aucun intérêt commun avec la communauté" (Sheffer 2018, p. 92, p. 273 note 22) ; (7) 13 juillet 1940, le député Gauleiter de Vienne écrit à Franz Hamburger que le parti avait "aucune objection d'aucune sorte" contre Asperger (Czech 2018, p. 8, p. 8) 34 note 37) ; (8) le 25 octobre 1940, une évaluation d'Asperger a été demandée par la division administrative des nazis basée à Vienne (Reichsgau Wien) (Czech 2018, p. 8, p. 34 note 37) ; (9) le 1er novembre 1940, une lettre du chef du bureau régional Stowasser déclare que Asperger " est un catholique croyant qui est tout sauf politique...même s'il était membre de l'association catholique Neuland, " il ne partage pas ses intérêts avec ses politiciens. En ce qui concerne la législation sur la race et la stérilisation, il se conforme aux idées du national-socialisme. En termes de caractère et de politique, il est considéré comme impeccable" (document reproduit par Czech (Czech 2018, p. 10 Fig. 5, p. 35 note 48) - voir aussi Czech p. 10) ; (10) 9 novembre 1940, la Gestapo de Vienne rapporte qu'"ils n'avaient rien" sur Asperger (Czech 2018, p. 8, p. 11) 34 note 38) ; (11) 14 novembre 1940, Asperger n'avait "jamais pris de mesures actives d'aucune sorte contre les national-socialistes, bien qu'il aurait été facile pour lui de se procurer des preuves incriminantes à la clinique pédiatrique3, qui était exclusivement composée de médecins nazis" (Czech 2018, p. 10, p. 35 note 49). Les affirmations de Czech et de Sheffer selon lesquelles Asperger aurait passé avec brio les évaluations nazies négligent le fait que, malgré les fortes pressions exercées en son nom par son patron (Hamburger), un membre influent du parti, la Gestapo a néanmoins continué à enquêter sur Asperger à maintes reprises, jusqu'à presque trois ans après l'Anschluss.
L'utilisation par Asperger du terme "psychopathie autistique" doit également être comprise dans une perspective culturelle et historique appropriée. L'autisme, comme on l'a d'abord appelé, était associé aux fantasmes, à la perte de contact avec la réalité et à l'introversion extrême qui caractérisaient la schizophrénie (Bleuler, 1912). À la fin de la période pré-nazie à Vienne, cependant, l'" autisme " était devenu plus étroitement défini comme une condition qui perturbe les relations entre le moi (préfixe grec auto-) et le monde extérieur, conformément à l'usage moderne, et " la psychopathie " était utilisée " au sens technique d'une anomalie de la personnalité...[plutôt que] la tendance populaire à associer psychopathie et comportement sociopathique " (Wing 1981, p. 115). La " psychopathie autistique " n'avait donc pas de connotation dénigrante avant et pendant l'ère nazie à Vienne (Hippler et Klicpera 2003) et, comme Frith l'a observé, une traduction moderne raisonnable de " psychopathie autistique " serait " trouble de personnalité autistique ou autrement autisme " (Asperger 1944b, p. 37). La meilleure traduction moderne de la "psychopathie autiste" est peut-être simplement le "syndrome d'Asperger" (SA).
Ces distinctions définitionnelles sont importantes pour évaluer la suggestion selon laquelle la découverte initiale de la SA a été faite par le pédopsychiatre soviétique Grunya Efimovna Sukhareva qui a publié ses résultats en allemand en 1926, bien avant le document d'Asperger de 1944 qui est habituellement crédité de la découverte de la SA (Wolff 1996). L'introduction à la traduction anglaise de 1996 de l'article de Sukhareva (Wolff 1996) "implique que Hans Asperger devait avoir connaissance de l'article de Sukhareva" mais, surtout, "sans aucune preuve, il ne s'agit que de spéculation" (Manouilenko et Bejerot 2015, p.1). En d'autres termes, "ce que Kanner et Asperger savaient réellement des premières œuvres de Sukhareva reste inconnu" (Manouilenko et Bejerot 2015, p. 4).
Il est possible que Asperger avait lu le document de 1926 de Sukhareva, mais, si c'était le cas, il aurait été peu probable qu'il ait assimilé ses cas avec les enfants qu'il a étudié plus tard pour plusieurs raisons. L'article de Sukhareva, intitulé "Troubles de la personnalité schizoïde de l'enfance", est apparu à un moment où le domaine tentait de distinguer entre la personnalité schizoïde et la schizophrénie. En 1944, Asperger et Leo Kanner (Kanner, 1944) avaient identifié différentes formes d'autisme, reconnaissant tous deux l'autisme comme distinct de la schizophrénie (cette dernière étant associée aux hallucinations et à la désintégration progressive) (Asperger 1979). Il y a donc peu de raisons de penser que Asperger se serait souvenu de l'article de Sukhareva de 1926 sur le trouble de la personnalité schizoïde lorsqu'il a identifié la psychopathie autistique (SA) comme un syndrome plus de dix ans après.
Sukhareva a fourni des descriptions détaillées de six garçons de Moscou dans son article, qu'elle a tous diagnostiqués avec un "trouble de la personnalité : schizoïde (excentrique)" (Wolff 1996). Manouilenko et Bejerot montrent (dans leur tableau 1) que plusieurs des traits trouvés chez un ou plusieurs de ces garçons sont inclus dans les critères du DSM-5 pour le trouble du spectre autistique (plutôt que dans ceux du DSM-IV pour le syndrome d'Asperger). Leur tabulation couvre donc un trouble plus large que le seule SA. Plus précisément, certains des six cas de Sukhareva présentent des traits incompatibles avec le SA. Par exemple, plutôt que d'être un solitaire, le cas 1 (M. Sch.) " joue l'imbécile constamment, intrusif, harcèle les autres enfants " (Wolff 1996, p. 122). Le cas 4 (J. D.) était " asphyxié à la naissance....souffrait de symptômes obsessionnels et phobiques... ". et] avait une intonation adulte " (Wolff 1996, p. 125). Le cas 6 (P. P.) " est doux et sensible envers les autres... Il fait preuve de tact...[et] profondément émotif " (Wolff 1996, p. 128). De plus, P. P. P. " s'est adapté à la vie en communauté avec d'autres enfants, a participé à des groupes d'enfants, est devenu plus vivant et animé. Il joue souvent avec d'autres enfants et aime l'éducation physique " (Wolff 1996, p. 129).
Il ne fait aucun doute que de nombreux traits qui sont devenus plus tard associés à l'autisme étaient prévalents parmi les six cas de Sukhareva. Cependant, sans plus d'information sur le moment et la nature du développement du langage (qui est important pour le diagnostic du syndrome d'Asperger, tel que décrit dans le DSM-IV) chez les six garçons, il est impossible d'identifier qui, parmi eux, pourrait aujourd'hui recevoir un diagnostic de SA. En 1959, Sukhareva " a remplacé le terme " psychopathie schizoïde " par " psychopathie autiste (évitant les pathologies) " (Manouilenko et Bejerot 2015, p. 2), peut-être en réponse aux publications de Asperger. Les contributions de Sukhareva en faveur des enfants handicapés ont été importantes (Manouilenko et Bejerot 2015), mais la suggestion selon laquelle Asperger a délibérément ignoré son travail n'est pas étayée par des preuves.
2. Le coup de clairon d'Asperger en 1938 ("Vous savez quelles mesures sont prises...") et sa campagne pour sauver les enfants
Une traduction complète de l'article d'Asperger de 1938 est fournie dans l'annexe 1. Dans ce document, Asperger a lancé ce qui allait devenir une campagne incessante de cinq ans de lobbying pour des procédures humaines de diagnostic et de traitement des enfants handicapés :
"L'idée fondamentale du nouveau Reich - l'ensemble est plus que la partie, la population est plus importante que l'individu - a dû conduire à de profonds changements d'attitude en ce qui concerne le bien le plus précieux de la nation, sa santé.
Je n'ai pas l'intention d'entrer plus en détail ici sur les changements, en particulier dans le domaine particulier de la psychopathologie de l'enfant. Vous savez quelles mesures sont prises pour prévenir la transmission de gènes anormaux qui, dans de nombreux cas, causent des troubles héréditaires et pour exiger une santé héréditaire[importance ajoutée par le traducteur]. Nous, médecins, devons assumer l'entière responsabilité de nos tâches dans ce domaine.
Mais aujourd'hui, permettez-moi de ne pas aborder le problème du point de vue de l'ensemble de la population - alors, avant tout, il serait nécessaire de discuter de la loi pour la prévention de la progéniture génétiquement modifiée - mais du point de vue des enfants anormaux. La question devrait être de savoir ce que nous pouvons faire pour ces personnes. Et si nous les aidons avec tout notre dévouement, nous rendrons aussi le meilleur service à notre peuple, non seulement en empêchant les enfants anormaux d'accabler la communauté nationale par des actes antisociaux et criminels, mais aussi en les aidant à atteindre leur place dans l'organisme vivant du peuple en tant que travailleurs individuels.1
Pour commencer, je pense qu'une définition est nécessaire : Tout ce qui n'est pas normal, et donc anormal, ne doit donc pas être inférieur." (Asperger 1938, annexe 1, p. 1)
Asperger a ensuite décrit deux cas particuliers, qui sont examinés dans le texte principal. Ce qui est important ici, c'est la discussion qui a suivi ces descriptions :
"Ces... cas sont importants - ou le seront pour nous si la'Loi pour la prévention de la progéniture malade' entre également en vigueur pour nous. Si le médecin, en tant qu'expert, doit prendre une décision dans de tels cas, il ne doit pas le faire uniquement sur la base des réponses à un questionnaire ou d'un quotient intellectuel, mais il doit avant tout décider en fonction de sa connaissance de la personnalité de l'enfant qui tient compte de toutes ses capacités, pas seulement de son intelligence abstraite.. En aucune facon le relevé que ces personnes sont fondamentalement constitutionnellement ou même génétiquement diminuées ne doit conduire à l'opinion que rien ne peut être fait... La raison pour laquelle nous ne pouvons jamais abandonner d'emblée l'éducation des personnes anormales comme désespérées, c'est que des forces et des capacités peuvent soudainement apparaître chez les enfants, par exemple pendant la puberté, des qualités que nous ne soupçonnons pas et que nous n'aurions pas pu prévoir.
En quelques mots, j'espère vous avoir montré que le médecin a le droit et le devoir de fournir une éducation à la santé non seulement aux personnes non déficiences, mais qu'il doit aussi influencer de manière décisive l'éducation des personnes anormales. Sa vision et sa compréhension scientifiques lui permettent également de fournir des conseils et de l'aide et, ainsi, de servir non seulement l'individu, mais aussi le peuple." (Asperger 1938, annexe 1, p. 6-7)
Dans une conférence ultérieure en 1939, Asperger a réitéré que les médecins avaient l'obligation de réduire au minimum la transmission des maladies héréditaires aux générations futures, mais a ajouté une mise en garde importante : " Il ne fait aucun doute que ces enfants anormaux sont presque toujours porteurs d'éléments héréditaires nuisibles[gènes] - et nous ne pouvons changer les éléments...[Toutefois] dans la plupart des cas, un élément héréditaire n'est pas identique à une propriété rigide et inaltérable mais nécessite la réalisation des influences environnementales, notamment l'enseignement, pour s'exprimer. On peut apporter des capacités positives... à un développement plus fort par la pratique" (Asperger 1939, p. 943, traduit par l'auteur). Plus tard dans la conférence, Asperger a fait remarquer, "nous devons être très prudents avec le jugement méprisant "inférieur" et toutes les conséquences qui peuvent en découler". Faisant référence à la pénurie de main-d'œuvre et à la nécessité d'intégrer toutes les personnes possibles dans la population active, Asperger a ajouté qu'il était possible de motiver et d'éduquer les personnes qui étaient intellectuellement en dessous de la moyenne ainsi que celles qui avaient divers types de troubles mentaux "de telle sorte qu'elles puissent remplir leur place dans l'organisme vivant des gens". Il a également noté que " nous devons être prêts à nous accabler d'une lourde culpabilité si, par notre inactivité, nous condamnons par notre manque d'engagement quelqu'un qui aurait pu avoir un développement favorable si nous nous étions davantage occupés de lui " (Asperger 1939, p. 944, traduit de l'auteur).
Lors d'une présentation lors d'une conférence pendant la Semaine de l'enfant en septembre 1940 (Asperger 1941a) et dans un autre article l'année suivante, Asperger a continué à mettre l'accent sur le potentiel de l'éducation curative pour amener les gens des "marges de la communauté" à travailler, et, encore, a détourné la discussion de la loi qui oblige la stérilisation forcée : "Il ne faut pas dire ici que pour le peuple la multiplication de certains de ces types est indésirable, c'est-à-dire qu'il s'agit d'exclure certaines personnes de la reproduction... Aujourd'hui, mon attention doit s'adresser en priorité à celles dont l'anomalie n'est pas de nature à faire envisager la stérilisation" (Asperger 1941b, p. 238, traduit de l'auteur). Asperger a ajouté qu'il se concentrerait sur les "neuropathes" et les "psychopathes", ces derniers étant définis par lui (de manière non dérogatoire) comme des personnes "qui souffrent d'elles-mêmes et l'environnement en souffre" (Asperger 1941b, p. 239, traduit par l'auteur). Il a également répété son refrain alors bien connu selon lequel les enfants handicapés ne pouvaient être intégrés dans l'Etat national-socialiste qu'en utilisant des méthodes d'éducation flexibles : "Les personnes surdouées et évaluées différemment ont leurs propres méthodes d'éducation spéciale, une éducation spéciale à suivre pour atteindre l'objectif éducatif commun" (Asperger 1941b, p. 240, traduit par l'auteur). Asperger a conclu en faisant remarquer que "beaucoup d'anciens enfants de notre[clinique], y compris ceux qui sont très préoccupants, occupent leur place dans l'emploi, dans la Wehrmacht, dans le parti, complètement, et plus d'une poignée dans d'excellentes positions. De là, nous savons que le succès de notre travail en vaut la peine", et (dans une sorte de demande de subvention verbale) il a insisté pour que "après la guerre, surtout les soins institutionnels, qui a les tâches les plus importantes dans notre domaine et peut faire des choses étonnantes, reçoivent plus de force et aussi des ressources" (Asperger 1941b, p. 247, traduit de l'auteur).
En 1942, lors d'une conférence donnée à la Vienna Society for Curative Education, Asperger fit monter les enchères en discutant des opinions et des pratiques contradictoires de divers sous-domaines concernant les enfants et souleva la question de savoir "qui est d'abord et avant tout autorisé à... travailler[avec des enfants handicapés] ? Quel est le domaine de connaissance le plus nécessaire ?" (Asperger 1942, p. 352, traduit par l'auteur). Bien qu'Asperger reconnaisse que la psychiatrie, la pédiatrie, la biologie héréditaire, la psychologie et la pédagogie fournissent toutes des " racines " pour l'éducation curative, il soutient que la pédagogie devrait avoir la priorité, en partie parce que les psychiatres et les psychothérapeutes ont trop facilement tendance " à oublier les forces du développement sain, qui apportent une amélioration étonnante dans la condition pathologique sévère des adolescents,[et] à ignorer les méthodes du simple leadership humain ". L'exemple le plus flagrant... est la psychanalyse... Même dans les cercles des psychologues eux-mêmes, la psychologie expérimentale têtue et bouleversante est de plus en plus rejetée... Les doctrines qui prétendent tout résoudre d'un seul point de vue, comme la psychanalyse et la psychologie individuelle, sont suspectes dès le départ... elles ne correspondent pas à la réalité" (Asperger 1942, p. 352-355, traduit de l'auteur).
La "question cruciale", a fait observer Asperger, était de savoir comment des conditions environnementales optimales pouvaient influer sur l'expression génétique, c'est-à-dire de savoir ce que l'éducation pouvait faire en dépit d'un caractère héréditaire, y compris pour les personnes qui n'étaient pas dans la norme. Selon Asperger, ce ne sont pas seulement les médecins, mais aussi les éducateurs spécialisés qui doivent "avoir la priorité dans les travaux pratiques eugéniques, en particulier dans les problèmes liés à la loi sur la prévention de la descendance des maladies héréditaires" (Asperger 1942, p. 353, traduit par l'auteur). La préoccupation d'Asperger quant au(x) domaine(s) prioritaire(s) pour le traitement des enfants handicapés était importante parce que les praticiens dans des domaines comme la psychiatrie étaient responsables après l'Anschluss des atrocités commises contre les enfants handicapés (Sting 2018 ; Lorenz 2008 ; Ronen et al. 2009 ; Neugebauer 1998).
Asperger a toutefois nuancé ses remarques en faisant observer que le domaine spécifique des praticiens était moins important que leur attitude, leurs qualités humaines, leur capacité d'orientation humaine et leur expérience antérieure avec les gens. Il a ajouté qu'il était essentiel que les personnes travaillant avec des enfants handicapés, premièrement, aient une connaissance fondamentale de la nature humaine et du fait que chaque être humain est unique et, deuxièmement, qu'elles soient totalement et personnellement engagées dans leur travail. Bien qu'Asperger ait convenu que des tests étaient nécessaires pour évaluer les aptitudes intellectuelles, il a néanmoins observé :
"Nous tirerons de l'observation et de l'évaluation des situations naturelles pendant le jeu, de la libre-créativité, ainsi que dans la communauté - dans le comportement face aux milliers d'exigences de la vie quotidienne, en particulier dans le domaine de l'éducation - les informations décisives sur la personnalité de l'enfant. Nous pensons que, dans de très rares cas, les problèmes ne peuvent être résolus qu'en testant et en examinant l'enfant et en discutant avec les parents et les éducateurs, mais aussi qu'une "situation libre" comme nous venons de la décrire devrait être impliquée dans les observations ambulatoires, comme cela se passe dans notre clinique ambulatoire". (Asperger 1942, p. 355, traduit par l'auteur).
Les extraits ci-dessus montrent qu'Asperger a lancé et soutenu une campagne tenace pour protéger les enfants handicapés après l'annexion de l'Autriche par les nazis en 1938. Comme indiqué dans le texte principal, ses efforts ont non seulement sauvé des enfants à l'époque, mais ils ont également eu un effet durable sur le développement ultérieur de l'éducation spéciale.
3. L'attitude d'Asperger envers ses patientes femmes et les comparaisons retrospectives de ses évaluations avec celles des nazis et des hygiènistes raciaux
Selon Sheffer, "la distinction entre les garçons et les filles, selon Asperger, se résumait à l'intelligence. S'appuyant sur les stéréotypes sexistes de son époque, Asperger fonde son idée de la psychopathie autiste sur les différences qu'il constate dans leurs capacités cognitives " (Sheffer 2018, p. 170). Si l'on fait abstraction du fait que l'hypothèse d'Asperger sur les différences entre les sexes dans les styles cognitifs a été soigneusement validée (Attwood 2006 ; Baron-Cohen 2012 ; Baron-Cohen et al. 2014) (voir la section suivante), il est instructif de passer en revue les trois filles dont Sheffer parle pour soutenir son affirmation selon laquelle Asperger était sexiste.
La première, Christine Berka, est née en 1928 et avait presque quatorze ans lorsqu'elle a été expulsée d'un camp pour des problèmes de comportement, y compris des vols répétés, et envoyée au département d'Asperger. Selon Sheffer, "Asperger décida le 14 juillet 1942 que Christine avait un 'caractère antisocial considérable'. Il a dit qu'elle était "difficile à influencer..." et..... "haineuse dans bien des situations, vulgaire et grossiere." Sheffer poursuit en disant que Asperger a écrit " que le diagnostic officiel de Christine n'était pas un état psychiatrique, mais une " variante de caractère "[et] qu'elle était " égocentrique, vulgaire, oppositionnelle et sournoise " (Sheffer 2018, p. 151). Sheffer ajoute qu'après sept semaines d'évaluation, Asperger a demandé le transfert de Christine dans un établissement correctionnel et qu'elle a été transférée dans une maison de correction en juillet 1942. Sheffer conclut que "Christine a été déshumanisée avant d'être institutionnalisée" par l'évaluation d'Asperger (Sheffer 2018, p. 151), et critique "la clinique d'Asperger" pour avoir rejeté une demande que Christine soit renvoyée chez elle de la maison de correction en mai 1943 "sans considérer une autre période d'observation". La raison invoquée par la clinique pour justifier cette décision était la suivante : " Nous connaissons assez bien la jeune fille grâce à une longue observation à la clinique et nous ne pouvons pas présumer que son caractère a changé de façon substantielle depuis son départ " (Sheffer 2018, p. 151, traduit par Edith Sheffer[ES]).
Le rapport de Sheffer ignore la mention citée de "longue observation à la clinique" et son implication que Christine a pu être une patiente d'Asperger bien avant 1942. En 1937, Asperger a publié la description d'une fillette de neuf ans sans nom qui :
"s'est engagée dans des vols continuels et sophistiqués depuis sa plus tendre enfance....
La fille... sait très bien se comporter tant qu'on peut la voir, sait ce qu'on attend d'elle et s'y adapter... mais elle n'est pas capable de vrais sentiments, comme on peut le voir encore et encore dans la section, pas même d'effet réel. Elle est égocentrique, émotionnellement froide, ne connaît pas d'inhibitions morales....Sur le plan diagnostique, c'est une variante de caractère dans le sens d'un défaut émotionnel....L'hébergement administratif dans une institution est fortement recommandé ici. La raison principale des conflits, qui fait qu'il est impossible de rester à la maison et à l'école, s'efface d'elle-même, car là où il n'y a pas de biens personnels, il n'y a tout simplement pas de risque de vol. Il a également été prouvé ... que même une tendance au vol apparemment si fermement enracinée peut disparaître si elle ne trouve pas l'occasion de " pratiquer " pendant longtemps. Il n'est donc pas nécessaire que le pronostic social soit défavorable du tout, surtout si l'on considère sa bonne intelligence et l'habileté avec laquelle elle se trouve dans chaque situation " (Asperger 1937, p. 1461, traduit par l'auteur).
Bien qu'il ne soit pas certain que la fillette de neuf ans de 1937 était, en fait, Christine Berka, 14 ans, en 1942, les habitudes de vol, les traits de personnalité et les diagnostics de " variante de caractère " des deux filles étaient remarquablement semblables. L'affirmation selon laquelle " nous connaissons assez bien la fille[Christine] par une longue observation " renforce la probabilité que les deux cas représentent la même personne. Quoi qu'il en soit, les remarques d'Asperger au sujet de l'intelligence et de l'habileté de la fille sans nom contredisent la généralisation de Sheffer selon laquelle son évaluation de l'intelligence chez les femmes était fondée sur des stéréotypes sexistes.
Sheffer compare les antécédents médicaux de deux autres filles, Elfriede et Magarete, à ceux de deux garçons, Fritz et Harro, et laisse entendre que les filles ont été traitées de manière sexiste parce que, contrairement aux garçons, on ne leur a " pas accordé " le diagnostic de psychopathie autiste (Sheffer 2018, p. 152). Bien qu'Asperger ait décrit les deux garçons dans son habilitation sur la psychopathie autistique, il n'avait pas grand-chose à voir avec celle des filles, en partie parce qu'il est allé en Croatie pour le service militaire en janvier 1944 et n'est revenu à Vienne qu'en août 1945 (Felder 2008, p. 115), conformément au fait que Sheffer a reconnu qu' "il est difficile d'attribuer des opinions et décisions" sur les filles à Asperger lui-même" (Sheffer 2018, p. 152). Néanmoins, Sheffer compare les observations des filles par des personnes non spécifiées de la "clinique d'Asperger" avec les descriptions détaillées d'Asperger des deux garçons de son habilitation. Contrairement à l'affirmation selon laquelle les descriptions des quatre enfants étaient " presque identiques " (Sheffer 2018, p. 159), contrairement aux garçons, les filles n'étaient pas décrites avec l'ensemble des traits typiques de la SA (voir texte principal), ce qui explique probablement pourquoi elles n'ont pas été ainsi diagnostiquées par " la clinique Asperger ".
Si l'on souhaite explorer l'attitude d'Asperger à l'égard des patientes, on ferait mieux d'examiner les rapports cliniques qu'il a réellement rédigés. Par exemple, Asperger a décrit de façon très positive les progrès d'une jeune fille de 17 ans qui a été diagnostiquée dans sa clinique comme étant " un psychopathe dysharmonieux... aux traits essentiellement hystériques " (Asperger 1939, p. 945, traduit par l'auteur) : "Non seulement elle se situe intellectuellement au-dessus de la moyenne, mais elle possède aussi une assiduité ... inhabituellement tenace et ... une personnalité éducative à la puissance inhabituelle." Asperger note que la clinique a encouragé la jeune fille à faire de l'enseignement supervisé auprès des enfants qui lui sont confiés, et que " aujourd'hui - nous la connaissons depuis sept ans - elle est une enseignante très instruite " (Asperger 1939, p. 946, traduit par l'auteur). L'appréciation d'Asperger pour les femmes intelligentes ne se limitait pas non plus à ses patients ; il écrivait que "la mère d'un patient était une femme très intelligente..." (Asperger 1944b, p. 60, traduit par UF) et commentait l'intelligence vive de sa collègue, Sœur Victorine Zak (Asperger 1946).
Czech compare les rapports d'Asperger pour 30 enfants qui ont survécu à Am Spiegelgrund avec les évaluations ultérieures des mêmes enfants des cadres supérieurs de cette institution qui étaient directement responsables de l'exécution du programme T4. Il reconnaît que la comparaison " pose certains problèmes " : Les évaluations variaient en longueur et en profondeur, elles ne respectaient pas à des normes diagnostiques communes et il s'écoulait parfois beaucoup de temps entre elles, de sorte que l'état des enfants pouvait avoir évolué entre-temps, pour le meilleur ou pour le pire." Néanmoins, il conclut que Asperger a eu une opinion plus négative que les " nazis et hygiénistes de race engagés " dans 12 des 30 cas, dont cinq pour lesquels il fournit quelques détails (Czech 2018, p. 25-27). Présentés ici dans l'ordre chronologique, ces cinq cas sont : (1) Le 19 septembre 1941, Erwin Jekelius a écrit qu'il ne pouvait pas confirmer le diagnostic antérieur de psychopathie [d'Asperger] pour Karl E., mais a convenu qu'il était intelligent ; (2) le 23 septembre 1941, Heinrich Gross et Erwin Jekelius ont recommandé que Leo A., qu'Asperger avait déjà jugé difficile, psychopathe et intellectuellement en avance sur son âge, soit rendu à son père ; (3) le 22 juillet 1942, Heinrich Gross et Erwin Jekelius ont recommandé que Gerald St. soit remis à ses grands-parents, annulant les évaluations antérieures de Am Spiegelgrund et (avant cela) Asperger ; (4) le 5 août 1942, Ernst Illing avait attribué les troubles et le retard mental de Charlotte H. à des causes environnementales (famille d'accueil et négligence parentale) plutôt qu'à des facteurs hériditaires à un plus haut degré qu'Asperger (5) Le 6 janvier 1943, Ernst Illing a recommandé que Johann K. soit placé en famille d'accueil plutôt que dans un établissement fermé comme Asperger l'avait suggéré (cf Czech pour plus de détails sur ces cas) . Il est intéressant de noter que ces évaluations " positives " de Jekelius, Gross et Illing ont suivi le faux " arrêt " d'Hitler du T4, qui, comme nous l'avons vu plus haut, a eu lieu le 24 août 1941 (tableau 1, texte principal) comme une manœuvre de relations publiques nazie. Qu'il s'agisse ou non d'une simple coïncidence, les chercheurs modernes devraient faire preuve de prudence lorsqu'ils remettent en question les rapports cliniques rédigés il y a plus de 75 ans par Asperger et ses collègues en éducation curative qui, contrairement à leurs détracteurs modernes, avaient une connaissance de première main des patients.
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)
話したい誰かがいるってしあわせだ
Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
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Re: Traductions à faire
Traduction (sur la suggestion de @Benoit) de cet article :
https://aaspire.org/wp-content/uploads/ ... sion-1.pdf
Premier questionnaire, pages 17-18 :
TRADUCTION DES PAGES 17-18
AASPIRE (questionnaire)
Boîte à outils 1 : Lignes directrices favorisant une inclusion réussie des adultes autistes comme co-chercheurs
1. Être transparent sur les objectifs recherchés dans le partenariat et choisir une approche adéquate pour coordonner ces objectifs.
Définissez le niveau d'implication qui convient le mieux à votre projet (i.e. partenariat sur un plan d'égalité vs implication authentique/collaboration vs consultation) concernant l'approche participative (i.e. recherche participative centrée sur la communauté, implication du patient et de l'intervenant, recherche émancipatrice, autres formes de recherche impliquée dans la communauté).
Communiquez explicitement sur le type d'implication que vous comptez mettre en place avec vos partenaires.
Créez une infrastructure qui soutient le type de collaboration que vous et vos partenaires au sein de la communauté estimez être celui qui correspond le mieux à l'objectif de votre projet.
2. Définissez clairement les rôles de chaque partenaire de la communauté, et associez-vous avec les personnes qui contribueront à la réussite du projet.
Décrivez clairement les rôles et les attentes de chacun, et sélectionnez des partenaires capables de s'engager à les respecter.
Examinez quel type d'expertise convient au projet en vous appuyant sur différentes sources d'expérience vécue.
Créez un équilibre entre les leaders communautaires et les autres adultes autistes.
Identifiez les partenaires qui partagent une vision à long terme et qui donneront la priorité à des objectifs de réalisation collective plutôt qu'à des bénéfices personnels.
Si la mise en place du projet inclut des partenaires non-autistes (i.e. membres des familles, fournisseurs de services, autres universitaires), identifiez les personnes qui acceptent de partager le pouvoir avec les partenaires autistes.
3. Créez des procédures permettant une communication et un partage du pouvoir efficaces.
Créez conjointement des procédures de collaboration et des lignes directrices.
Mettez-vous d'accord sur une procédure structurée pour prendre les décisions.
Evaluez les besoins individuels des personnes, discutez-en collectivement, et ré-évaluez périodiquement.
Discutez et abordez des solutions pour des hébergements concurrentiels.
Envisagez les effets qu'auront des formats de séances différents sur les capacités des partenaires à s'impliquer, et étudiez des offres multiples en termes de méthodes pour la participation (présence en personne, téléconférence, vidéo-conférence, messagerie instantanée textuelle).
Présentez les concepts et l'information en usant d'un langage et de supports accessibles de telle sorte que les partenaires soient à même de prendre des décisions en pleine connaissance de cause.
Laissez aux partenaires un cadre spatial et temporel suffisant pour traiter l'information.
Si vous utilisez le courrier électronique, offrez un format structuré pour améliorer la clarté (i.e. Objectif ; Actions ; Délai ; Remboursement des frais ; Détails)
Donnez les documents avant les réunions.
Au cours des réunions, offrez une facilitation marquée, avec les points à l'ordre du jour clairement délimités, du temps pour suivre les informations, des transitions explicites, et un protocole pour contenir les digressions.
Gardez à l'esprit le fait que le partage du pouvoir et les privilèges peuvent engendrer des tensions entre les partenaires académiques et communautaires, et travaillez activement à équilibrer le pouvoir.
Evitez de pointer des pathologies chez les partenaires autistes quand vous essayez de vous comprendre, et fixez-vous des défis collaboratifs.
4. Continuez à vous concentrer sur la mise en place et l'entretien de la confiance.
Entreprenez une pratique de visualisation pour clarifier et solidifier des objectifs communs.
Intégrez des exercices pour aider les membres de l'équipe à faire connaissance. Pensez à demander aux membres de la communauté de choisir et de diriger certains de ces exercices.
Faites-vous une résolution d'écouter les opinions des membres de la communauté et montrez que vous accordez de la valeur à l'expertise découlant de l'expérience vécue.
Allez jusqu'au bout lorsque vous mettez en œuvre les décisions prises par le groupe, et rendez compte régulièrement de la progression.
Fêtez les réussites, et accordez de l'importance à l'humour et à l'amusement.
Evaluez régulièrement la collaboration pour l'améliorer.
5. Diffusez les conclusions de manière collaborative.
Trouvez un accord commun pour présenter les conclusions en évitant de stigmatiser ou de faire du tort.
Associez les partenaires de la communauté en tant que co-auteurs des articles scientifiques, ce qui nécessite de revoir et de discuter le langage utilisé pour vulgariser les propos, et d'envisager des versions annotées des manuscrits.
Co-créez des dossiers de langage vulgarisé qui puissent être partagés lors de séminaires non-académiques.
Trouvez conjointement des manières de présenter les conclusions aptes à servir les priorités ou objectifs de la communauté.
Encouragez les membres de la communauté à trouver des sites créatifs en vue de la diffusion.
6. Encouragez activement le renforcement des capacités de la communauté.
Offrez aux personnes autistes des possibilités de se former, de participer aux stages internes et d'agir en tant que personnel de recherche.
Soyez bien conscients du déséquilibre des pouvoirs entre l'université et les étudiants, les stagiaires et les membres du personnels, et gardez-vous de supposer que ces individus puissent remplacer la collaboration avec les associations ou les leaders autistes.
7. Rémunérez le travail des membres de la communauté de manière équitable.
Soyez transparent quant au financement du projet.
Déterminez des moyens de rémunérer les partenaires de la communauté, d'autant plus si les personnels ou participants étudiants universitaires reçoivent une rémunération.
https://aaspire.org/wp-content/uploads/ ... sion-1.pdf
Premier questionnaire, pages 17-18 :
TRADUCTION DES PAGES 17-18
AASPIRE (questionnaire)
Boîte à outils 1 : Lignes directrices favorisant une inclusion réussie des adultes autistes comme co-chercheurs
1. Être transparent sur les objectifs recherchés dans le partenariat et choisir une approche adéquate pour coordonner ces objectifs.
Définissez le niveau d'implication qui convient le mieux à votre projet (i.e. partenariat sur un plan d'égalité vs implication authentique/collaboration vs consultation) concernant l'approche participative (i.e. recherche participative centrée sur la communauté, implication du patient et de l'intervenant, recherche émancipatrice, autres formes de recherche impliquée dans la communauté).
Communiquez explicitement sur le type d'implication que vous comptez mettre en place avec vos partenaires.
Créez une infrastructure qui soutient le type de collaboration que vous et vos partenaires au sein de la communauté estimez être celui qui correspond le mieux à l'objectif de votre projet.
2. Définissez clairement les rôles de chaque partenaire de la communauté, et associez-vous avec les personnes qui contribueront à la réussite du projet.
Décrivez clairement les rôles et les attentes de chacun, et sélectionnez des partenaires capables de s'engager à les respecter.
Examinez quel type d'expertise convient au projet en vous appuyant sur différentes sources d'expérience vécue.
Créez un équilibre entre les leaders communautaires et les autres adultes autistes.
Identifiez les partenaires qui partagent une vision à long terme et qui donneront la priorité à des objectifs de réalisation collective plutôt qu'à des bénéfices personnels.
Si la mise en place du projet inclut des partenaires non-autistes (i.e. membres des familles, fournisseurs de services, autres universitaires), identifiez les personnes qui acceptent de partager le pouvoir avec les partenaires autistes.
3. Créez des procédures permettant une communication et un partage du pouvoir efficaces.
Créez conjointement des procédures de collaboration et des lignes directrices.
Mettez-vous d'accord sur une procédure structurée pour prendre les décisions.
Evaluez les besoins individuels des personnes, discutez-en collectivement, et ré-évaluez périodiquement.
Discutez et abordez des solutions pour des hébergements concurrentiels.
Envisagez les effets qu'auront des formats de séances différents sur les capacités des partenaires à s'impliquer, et étudiez des offres multiples en termes de méthodes pour la participation (présence en personne, téléconférence, vidéo-conférence, messagerie instantanée textuelle).
Présentez les concepts et l'information en usant d'un langage et de supports accessibles de telle sorte que les partenaires soient à même de prendre des décisions en pleine connaissance de cause.
Laissez aux partenaires un cadre spatial et temporel suffisant pour traiter l'information.
Si vous utilisez le courrier électronique, offrez un format structuré pour améliorer la clarté (i.e. Objectif ; Actions ; Délai ; Remboursement des frais ; Détails)
Donnez les documents avant les réunions.
Au cours des réunions, offrez une facilitation marquée, avec les points à l'ordre du jour clairement délimités, du temps pour suivre les informations, des transitions explicites, et un protocole pour contenir les digressions.
Gardez à l'esprit le fait que le partage du pouvoir et les privilèges peuvent engendrer des tensions entre les partenaires académiques et communautaires, et travaillez activement à équilibrer le pouvoir.
Evitez de pointer des pathologies chez les partenaires autistes quand vous essayez de vous comprendre, et fixez-vous des défis collaboratifs.
4. Continuez à vous concentrer sur la mise en place et l'entretien de la confiance.
Entreprenez une pratique de visualisation pour clarifier et solidifier des objectifs communs.
Intégrez des exercices pour aider les membres de l'équipe à faire connaissance. Pensez à demander aux membres de la communauté de choisir et de diriger certains de ces exercices.
Faites-vous une résolution d'écouter les opinions des membres de la communauté et montrez que vous accordez de la valeur à l'expertise découlant de l'expérience vécue.
Allez jusqu'au bout lorsque vous mettez en œuvre les décisions prises par le groupe, et rendez compte régulièrement de la progression.
Fêtez les réussites, et accordez de l'importance à l'humour et à l'amusement.
Evaluez régulièrement la collaboration pour l'améliorer.
5. Diffusez les conclusions de manière collaborative.
Trouvez un accord commun pour présenter les conclusions en évitant de stigmatiser ou de faire du tort.
Associez les partenaires de la communauté en tant que co-auteurs des articles scientifiques, ce qui nécessite de revoir et de discuter le langage utilisé pour vulgariser les propos, et d'envisager des versions annotées des manuscrits.
Co-créez des dossiers de langage vulgarisé qui puissent être partagés lors de séminaires non-académiques.
Trouvez conjointement des manières de présenter les conclusions aptes à servir les priorités ou objectifs de la communauté.
Encouragez les membres de la communauté à trouver des sites créatifs en vue de la diffusion.
6. Encouragez activement le renforcement des capacités de la communauté.
Offrez aux personnes autistes des possibilités de se former, de participer aux stages internes et d'agir en tant que personnel de recherche.
Soyez bien conscients du déséquilibre des pouvoirs entre l'université et les étudiants, les stagiaires et les membres du personnels, et gardez-vous de supposer que ces individus puissent remplacer la collaboration avec les associations ou les leaders autistes.
7. Rémunérez le travail des membres de la communauté de manière équitable.
Soyez transparent quant au financement du projet.
Déterminez des moyens de rémunérer les partenaires de la communauté, d'autant plus si les personnels ou participants étudiants universitaires reçoivent une rémunération.
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Diagnostic d'autisme juillet 2019.
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Re: Traductions à faire
Je voudrais bien savoir si le vocabulaire est adéquat, car cela fait très longtemps que je n'ai pas fait cet effort de traduire, et je ne suis pas sûre d'avoir en tête les mots justes.
Je suis horriblement lente en plus, ça m'a pris 5 jours de traduire 2 pages (avec des occupations au milieu)...
Je poursuis les deux dernières pages du questionnaire.
Je suis horriblement lente en plus, ça m'a pris 5 jours de traduire 2 pages (avec des occupations au milieu)...
Je poursuis les deux dernières pages du questionnaire.
Diagnostic d'autisme juillet 2019.
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Re: Traductions à faire
Ca te dérangerait si je met beaucoup de "commentaires" dans ma relecture ?
Je sais que langage formel employé est parfois lourdingue en anglais (mais ils ont l'habitude de ça) et la traduction littérale n'arrange pas du tout le sentiment de lourdeur à la lecture.
Je sais que langage formel employé est parfois lourdingue en anglais (mais ils ont l'habitude de ça) et la traduction littérale n'arrange pas du tout le sentiment de lourdeur à la lecture.
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)
話したい誰かがいるってしあわせだ
Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
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Re: Traductions à faire
Non, non, je veux bien les commentaires.Benoit a écrit : ↑mercredi 17 avril 2019 à 14:02 Ca te dérangerait si je met beaucoup de "commentaires" dans ma relecture ?
Je sais que langage formel employé est parfois lourdingue en anglais (mais ils ont l'habitude de ça) et la traduction littérale n'arrange pas du tout le sentiment de lourdeur à la lecture.
Punaise, j'avais l'impression d'avoir à peu près évité la traduction littérale justement... la claque !
Sérieusement, ça me permettra de voir ce qu'il faut reprendre, j'ai eu beaucoup de mal avec les expressions idiomatiques, surtout les verbes + prépositions intraduisibles. C'est pour le plaisir de l'exactitude, parce que je peux lire en anglais sans problème, mais pour traduire il faut que je me place dans une autre perspective. Merci pour ta proposition de relecture, j'en tirerai des fruits.
Diagnostic d'autisme juillet 2019.
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Re: Traductions à faire
Je mets des petits numéros pour l'énumération.
Guidelines, j'ai pas l'habitude de le traduire dans mon travail mais ça serait plutôt recommandations, consignes, ou directives dans ce contexte. (je préfère le premier).
Je pense qu'il faut aussi tâcher d'avoir une concordance des temps, des verbes à l'infinitif ou à l'impératif, mais partout au même temps.
Je préviens, il y a évidemment du pinaillage...
1. Être transparent sur les objectifs recherchés dans le du partenariat et choisir une approche adéquate pour coordonner ces objectifs qui y correspond
1.1. Faire correspondre Définissez le niveau d'implication qui convient le mieux à votre projet (i.e. partenariat sur un plan d'égalité vs implication authentique/collaboration vs consultation) et concernant l'approche participative (i.e. recherche participative centrée sur la communauté, implication du patient et de l'intervenant, recherche émancipatrice, autres formes de recherche impliquée dans impliquant la communauté).
1.2. Communiquer explicitement sur le type d'implication auquel vous comptez mettre en place avec vos partenaires les partenaires communautaires peuvent s'attendre en fonction de l'approche choisie.
1.3. Créer une infrastructure qui soutient le type de collaboration que vous et vos partenaires au sein de la communauté estimez vous êtes mis d'accord comme étant celle qui correspond le mieux à l'objectif du projet.
2. Définir clairement les rôles de chaque partenaire, analyser lesquels doivent être inclus dans l'équipe, et associer des personnes susceptibles de contribuer à la réussite du projet.
2.3 Créez un équilibre entre les leaders communautaires autistes et les autres adultes autistes.
2.5 Si la mise en place du projet inclut des partenaires non-autistes (i.e. membres des familles, fournisseurs de services, autres universitaires), identifier les personnes qui acceptent de partagerfaire une répartition du pouvoir avec les partenaires autistes.
(Je ne suis pas sûr pour "répartition de pouvoir", je pense que "répartition des responsabilités" serait plus explicite en français).
3.3 Evaluer individuellement les besoins individuels des personnes d'adaptation, en discuter collectivement, et les ré-évaluer de façon régulière.
3.4 Discuter et abordez des solutions adresser pour des hébergements concurrentiels les cas où les adaptations peuvent entre en concurrence (ou en conflit).
3.5. Envisager les effets qu'auront des formats de séances différents sur les capacités des partenaires à s'impliquer, et étudiezenvisager d'offrir des méthodes multiples de participation (présence en personne, téléconférence, vidéo-conférence, messagerie instantanée textuelle).
3.9. Donnez les documents avant en avance des réunions. (= pas juste avant, il faut donner le temps aux participants de les lire)
3.10 Au cours des réunions, offrez une facilitation marquéefaciliter de façon forte les échanges, avec les points à l'ordre du jour clairement délimités, du temps pour suivre les informations, des transitions explicites, et un protocoleune étiquette pour contenirgérer les digressions.
3.12. Eviter de pointer des pathologies parler de pathologie avec les partenaires autistes quand vous essayez de vous comprendre, et fixez-vous des défis collaboratifs. comprendre et de traiter les difficultés de coopération.
4. Axer vos efforts pour instaurer la confiance et la maintenir.
4.1. Faire un exercice de projection pour clarifier et solidifier les objectifs partagés.
4.3. Ecouter de façon active les opinions des membres de la communauté et démontrer que vous accordez de la valeur à l'expertise découlant des expériences vécues.
4.4. Appliquer et implémenter les décisions prises en groupe, et rendez compte régulièrement de la progression.
4.5. Célébrer les réussites, et faire une place à l'humour et aux distractions.
5.1. Décider collectivement d'un mode de présentation des découvertes qui minimiser la stigmatisation et les atteintes. (aux personnes autistes)
5.4. Trouver conjointement des manières de présenterd'exploiter les réalisations qui servent à faire avancer les priorités ou les objectifs de la communauté.
5.5. Encourager les membres de la communauté à trouver des sites créatifs en vue de la diffusion des moyens créatifs de dissémination.
6. Encourager activement le renforcement des capacités la "Capacitation" de la communauté.
6.1. Offrir aux personnes autistes des possibilités de se former, de participer à des stages et d'être personnels de recherche.
7.2 Déterminer des moyens de rémunérer les partenaires de la communauté, tout particulièrement quand des personnels universitaires ou des participants à l'étude reçoivent une rémunération.
Guidelines, j'ai pas l'habitude de le traduire dans mon travail mais ça serait plutôt recommandations, consignes, ou directives dans ce contexte. (je préfère le premier).
Je pense qu'il faut aussi tâcher d'avoir une concordance des temps, des verbes à l'infinitif ou à l'impératif, mais partout au même temps.
Je préviens, il y a évidemment du pinaillage...
1. Être transparent sur les objectifs recherchés dans le du partenariat et choisir une approche adéquate pour coordonner ces objectifs qui y correspond
1.1. Faire correspondre Définissez le niveau d'implication qui convient le mieux à votre projet (i.e. partenariat sur un plan d'égalité vs implication authentique/collaboration vs consultation) et concernant l'approche participative (i.e. recherche participative centrée sur la communauté, implication du patient et de l'intervenant, recherche émancipatrice, autres formes de recherche impliquée dans impliquant la communauté).
1.2. Communiquer explicitement sur le type d'implication auquel vous comptez mettre en place avec vos partenaires les partenaires communautaires peuvent s'attendre en fonction de l'approche choisie.
1.3. Créer une infrastructure qui soutient le type de collaboration que vous et vos partenaires au sein de la communauté estimez vous êtes mis d'accord comme étant celle qui correspond le mieux à l'objectif du projet.
2. Définir clairement les rôles de chaque partenaire, analyser lesquels doivent être inclus dans l'équipe, et associer des personnes susceptibles de contribuer à la réussite du projet.
2.3 Créez un équilibre entre les leaders communautaires autistes et les autres adultes autistes.
2.5 Si la mise en place du projet inclut des partenaires non-autistes (i.e. membres des familles, fournisseurs de services, autres universitaires), identifier les personnes qui acceptent de partagerfaire une répartition du pouvoir avec les partenaires autistes.
(Je ne suis pas sûr pour "répartition de pouvoir", je pense que "répartition des responsabilités" serait plus explicite en français).
3.3 Evaluer individuellement les besoins individuels des personnes d'adaptation, en discuter collectivement, et les ré-évaluer de façon régulière.
3.4 Discuter et abordez des solutions adresser pour des hébergements concurrentiels les cas où les adaptations peuvent entre en concurrence (ou en conflit).
3.5. Envisager les effets qu'auront des formats de séances différents sur les capacités des partenaires à s'impliquer, et étudiezenvisager d'offrir des méthodes multiples de participation (présence en personne, téléconférence, vidéo-conférence, messagerie instantanée textuelle).
3.9. Donnez les documents avant en avance des réunions. (= pas juste avant, il faut donner le temps aux participants de les lire)
3.10 Au cours des réunions, offrez une facilitation marquéefaciliter de façon forte les échanges, avec les points à l'ordre du jour clairement délimités, du temps pour suivre les informations, des transitions explicites, et un protocoleune étiquette pour contenirgérer les digressions.
3.12. Eviter de pointer des pathologies parler de pathologie avec les partenaires autistes quand vous essayez de vous comprendre, et fixez-vous des défis collaboratifs. comprendre et de traiter les difficultés de coopération.
4. Axer vos efforts pour instaurer la confiance et la maintenir.
4.1. Faire un exercice de projection pour clarifier et solidifier les objectifs partagés.
4.3. Ecouter de façon active les opinions des membres de la communauté et démontrer que vous accordez de la valeur à l'expertise découlant des expériences vécues.
4.4. Appliquer et implémenter les décisions prises en groupe, et rendez compte régulièrement de la progression.
4.5. Célébrer les réussites, et faire une place à l'humour et aux distractions.
5.1. Décider collectivement d'un mode de présentation des découvertes qui minimiser la stigmatisation et les atteintes. (aux personnes autistes)
5.4. Trouver conjointement des manières de présenterd'exploiter les réalisations qui servent à faire avancer les priorités ou les objectifs de la communauté.
5.5. Encourager les membres de la communauté à trouver des sites créatifs en vue de la diffusion des moyens créatifs de dissémination.
6. Encourager activement le renforcement des capacités la "Capacitation" de la communauté.
6.1. Offrir aux personnes autistes des possibilités de se former, de participer à des stages et d'être personnels de recherche.
7.2 Déterminer des moyens de rémunérer les partenaires de la communauté, tout particulièrement quand des personnels universitaires ou des participants à l'étude reçoivent une rémunération.
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)
話したい誰かがいるってしあわせだ
Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
話したい誰かがいるってしあわせだ
Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
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Re: Traductions à faire
Merci pour ces propositions. Je vais recoller le texte un peu plus tard dans la soirée en tenant compte des propositions.
J'aurais tendance à préférer le mode injonctif, non que je sois autoritaire ( ), mais du fait que la 2ème personne soit souvent employée dans les phrases ; du coup, ça me fait drôle avec un infinitif au début de la phrase. Pas grave ? Je le mettrai partout dans ce cas. J'ai peut-être oublié des occurrences, j'aurais pu relire plus attentivement.
Pour l'heure, je sors bientôt aux Trois Brasseurs.
J'aurais tendance à préférer le mode injonctif, non que je sois autoritaire ( ), mais du fait que la 2ème personne soit souvent employée dans les phrases ; du coup, ça me fait drôle avec un infinitif au début de la phrase. Pas grave ? Je le mettrai partout dans ce cas. J'ai peut-être oublié des occurrences, j'aurais pu relire plus attentivement.
Pour l'heure, je sors bientôt aux Trois Brasseurs.
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Re: Traductions à faire
Boîte à outils 1 : Recommandations favorisant une inclusion réussie des adultes autistes comme co-chercheurs
1. Être transparent sur les objectifs du partenariat et choisir une approche adéquate qui y correspond
1.1. Faire correspondre le niveau d'implication qui convient le mieux à votre projet (i.e. partenariat sur un plan d'égalité vs implication authentique/collaboration vs consultation) et l'approche participative (i.e. recherche participative centrée sur la communauté, implication du patient et de l'intervenant, recherche émancipatrice, autres formes de recherche impliquant la communauté).
1.2. Communiquer explicitement sur le type d'implication auquel les partenaires communautaires peuvent s'attendre en fonction de l'approche choisie.
1.3. Créer une infrastructure qui soutient le type de collaboration sur lequel vous et vos partenaires au sein de la communauté vous êtes mis d'accord comme étant celui qui correspond le mieux à l'objectif du projet.
2. Définir clairement les rôles de chaque partenaire, analyser lesquels doivent être inclus dans l'équipe, et associer des personnes susceptibles de contribuer à la réussite du projet.
2.3 Créez un équilibre entre les leaders communautaires autistes et les autres adultes autistes.
2.5 Si la mise en place du projet inclut des partenaires non-autistes (i.e. membres des familles, fournisseurs de services, autres universitaires), identifier les personnes qui acceptent de faire une répartition du pouvoir avec les partenaires autistes.
(Je ne suis pas sûr pour "répartition de pouvoir", je pense que "répartition des responsabilités" serait plus explicite en français).
3.3 Evaluer individuellement les besoins d'adaptation, en discuter collectivement, et les ré-évaluer de façon régulière.
3.4 Discuter et adresser les cas où les adaptations peuvent entre en concurrence (ou en conflit).
3.5. Envisager les effets qu'auront des formats de séances différents sur les capacités des partenaires à s'impliquer, et envisager d'offrir des méthodes multiples de participation (présence en personne, téléconférence, vidéo-conférence, messagerie instantanée textuelle).
3.9. Donnez les documents en avance des réunions. (= pas juste avant, il faut donner le temps aux participants de les lire)
3.10 Au cours des réunions, faciliter de façon forte les échanges, avec les points à l'ordre du jour clairement délimités, du temps pour suivre les informations, des transitions explicites, et une étiquette pour gérer les digressions.
3.12. Eviter de parler de pathologie avec les partenaires autistes quand vous essayez de comprendre et traiter les difficultés de coopération.
4. Axer vos efforts pour instaurer la confiance et la maintenir.
4.1. Faire un exercice de projection pour clarifier et solidifier les objectifs partagés.
4.3. Ecouter de façon active les opinions des membres de la communauté et démontrer que vous accordez de la valeur à l'expertise découlant des expériences vécues.
4.4. Appliquer et implémenter les décisions prises en groupe, et rendez compte régulièrement de la progression.
4.5. Célébrer les réussites, et faire une place à l'humour et aux distractions.
5.1. Décider collectivement d'un mode de présentation des découvertes qui minimiser la stigmatisation et les atteintes. (aux personnes autistes)
5.4. Trouver conjointement des manières d'exploiter les réalisations qui servent à faire avancer les priorités ou les objectifs de la communauté.
5.5. Encourager les membres de la communauté à trouver des des moyens créatifs de dissémination.
6. Encourager activement la "Capacitation" de la communauté.
6.1. Offrir aux personnes autistes des possibilités de se former, de participer à des stages et d'être personnels de recherche.
7.2 Déterminer des moyens de rémunérer les partenaires de la communauté, tout particulièrement quand des personnels universitaires ou des participants à l'étude reçoivent une rémunération.
1. Être transparent sur les objectifs du partenariat et choisir une approche adéquate qui y correspond
1.1. Faire correspondre le niveau d'implication qui convient le mieux à votre projet (i.e. partenariat sur un plan d'égalité vs implication authentique/collaboration vs consultation) et l'approche participative (i.e. recherche participative centrée sur la communauté, implication du patient et de l'intervenant, recherche émancipatrice, autres formes de recherche impliquant la communauté).
1.2. Communiquer explicitement sur le type d'implication auquel les partenaires communautaires peuvent s'attendre en fonction de l'approche choisie.
1.3. Créer une infrastructure qui soutient le type de collaboration sur lequel vous et vos partenaires au sein de la communauté vous êtes mis d'accord comme étant celui qui correspond le mieux à l'objectif du projet.
2. Définir clairement les rôles de chaque partenaire, analyser lesquels doivent être inclus dans l'équipe, et associer des personnes susceptibles de contribuer à la réussite du projet.
2.3 Créez un équilibre entre les leaders communautaires autistes et les autres adultes autistes.
2.5 Si la mise en place du projet inclut des partenaires non-autistes (i.e. membres des familles, fournisseurs de services, autres universitaires), identifier les personnes qui acceptent de faire une répartition du pouvoir avec les partenaires autistes.
(Je ne suis pas sûr pour "répartition de pouvoir", je pense que "répartition des responsabilités" serait plus explicite en français).
3.3 Evaluer individuellement les besoins d'adaptation, en discuter collectivement, et les ré-évaluer de façon régulière.
3.4 Discuter et adresser les cas où les adaptations peuvent entre en concurrence (ou en conflit).
3.5. Envisager les effets qu'auront des formats de séances différents sur les capacités des partenaires à s'impliquer, et envisager d'offrir des méthodes multiples de participation (présence en personne, téléconférence, vidéo-conférence, messagerie instantanée textuelle).
3.9. Donnez les documents en avance des réunions. (= pas juste avant, il faut donner le temps aux participants de les lire)
3.10 Au cours des réunions, faciliter de façon forte les échanges, avec les points à l'ordre du jour clairement délimités, du temps pour suivre les informations, des transitions explicites, et une étiquette pour gérer les digressions.
3.12. Eviter de parler de pathologie avec les partenaires autistes quand vous essayez de comprendre et traiter les difficultés de coopération.
4. Axer vos efforts pour instaurer la confiance et la maintenir.
4.1. Faire un exercice de projection pour clarifier et solidifier les objectifs partagés.
4.3. Ecouter de façon active les opinions des membres de la communauté et démontrer que vous accordez de la valeur à l'expertise découlant des expériences vécues.
4.4. Appliquer et implémenter les décisions prises en groupe, et rendez compte régulièrement de la progression.
4.5. Célébrer les réussites, et faire une place à l'humour et aux distractions.
5.1. Décider collectivement d'un mode de présentation des découvertes qui minimiser la stigmatisation et les atteintes. (aux personnes autistes)
5.4. Trouver conjointement des manières d'exploiter les réalisations qui servent à faire avancer les priorités ou les objectifs de la communauté.
5.5. Encourager les membres de la communauté à trouver des des moyens créatifs de dissémination.
6. Encourager activement la "Capacitation" de la communauté.
6.1. Offrir aux personnes autistes des possibilités de se former, de participer à des stages et d'être personnels de recherche.
7.2 Déterminer des moyens de rémunérer les partenaires de la communauté, tout particulièrement quand des personnels universitaires ou des participants à l'étude reçoivent une rémunération.
Modifié en dernier par lulamae le jeudi 18 avril 2019 à 9:48, modifié 1 fois.
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Re: Traductions à faire
Voilà, j'ai apporté les modifications proposées (j'ai gardé l'infinitif finalement, moins autoritaire que l'injonctif, et qui sonne plus comme des prescriptions).
Je réfléchis aux lourdeurs que je peux éviter - je crois principalement que je manque de recul, et j'ai peur de "perdre" des mots ou constructions, qui seraient voulus par l'auteur de l'article. Mais effectivement, une partie des corrections visaient à enlever des mots inutiles, et c'est mieux comme ça.
C'est instructif comme exercice, ça m'a aidée, et je continue la seconde partie du questionnaire.
Je réfléchis aux lourdeurs que je peux éviter - je crois principalement que je manque de recul, et j'ai peur de "perdre" des mots ou constructions, qui seraient voulus par l'auteur de l'article. Mais effectivement, une partie des corrections visaient à enlever des mots inutiles, et c'est mieux comme ça.
C'est instructif comme exercice, ça m'a aidée, et je continue la seconde partie du questionnaire.
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Re: Traductions à faire
Tu avances dans la traduction de la deuxième liste de recommandations ?
Je compte m'en servir dans l'appel à projet pour trois centres d'excellence en autisme, pour la coordination de la recherche. Pas question de soutenir un projet s'il n'y a pas association des personnes concernées.
Je compte m'en servir dans l'appel à projet pour trois centres d'excellence en autisme, pour la coordination de la recherche. Pas question de soutenir un projet s'il n'y a pas association des personnes concernées.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Traductions à faire
Oh mince, non, j'avais un peu laissé tomber pour me pencher sur mes trucs perso. Pardon ! Je reprends ça et poste demain.Jean a écrit : ↑jeudi 25 avril 2019 à 20:36 Tu avances dans la traduction de la deuxième liste de recommandations ?
Je compte m'en servir dans l'appel à projet pour trois centres d'excellence en autisme, pour la coordination de la recherche. Pas question de soutenir un projet s'il n'y a pas association des personnes concernées.
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Re: Traductions à faire
La publication pourra être lue dans les ministères et par les responsables d'association.
La participation des personnes concernées est un des critères de l'appel à projets, mais des candidats demandent le soutien des associations sans dire comment ils organisent cette participation !!!
La participation des personnes concernées est un des critères de l'appel à projets, mais des candidats demandent le soutien des associations sans dire comment ils organisent cette participation !!!
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Re: Traductions à faire
Dès lors je comprends bien en quoi les recommandations sont importantes - @Benoit avait raison de dire qu'il fallait les traduire !Jean a écrit : ↑jeudi 25 avril 2019 à 22:08 La publication pourra être lue dans les ministères et par les responsables d'association.
La participation des personnes concernées est un des critères de l'appel à projets, mais des candidats demandent le soutien des associations sans dire comment ils organisent cette participation !!!
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Re: Traductions à faire
Je ne te mets pas la pression, prends le temps nécessaire.
Mais autant que tu connaisses l'enjeu.
Mais autant que tu connaisses l'enjeu.
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