La dépression peut fausser les résultats aux tests des autistes
De NICHOLETTE ZELIADT / 3 MAY 2019
La dépression peut influencer les résultats des autistes aux tests sur le comportement social ; c'est la conclusion de deux études inédites présentées hier à la conférence 2019 de l'International Society for Autism Research (Société Internationale pour la Recherche sur l'Autisme), à Montréal.
Les deux études signalent que les chercheurs devraient prendre en compte les troubles de l'humeur lorsqu'ils analysent leurs données.
« Nous arriverons à interpréter les résultats de la recherche sur l'autisme de manière plus précise, avec l'évaluation et l'analyse de l'humeur, de l'anxiété et de l'attention », annonce Katherine Gotham, professeur adjoint de psychiatrie et de sciences du comportement à Nashville, Tennessee. Mme Gotham a mené une de ces deux études.
La dépression est un trouble courant chez les enfants et adultes autistes. L'équipe de James Mc Partland, à l'Université de Yale, a exploré à travers son étude l'influence de la dépression sur la fonction adaptative, ou sur la capacité à effectuer les tâches quotidiennes.
L'équipe a mesuré la fonction adaptative de 114 enfants autistes et de 66 sujets témoins, en utilisant le « Vineland Adaptive Behaviour Scales », un questionnaire standardisé rempli par les parents. On a demandé également aux parents de compléter une liste englobant les symptômes de dépression chez leur enfant. Les enfants, âgés de 5 à 18 ans, obtenaient des résultats allant de moyens à supérieurs aux tests d'intelligence.
L'étude démontre que les enfants autistes ont une fonction adaptative inférieure à celle des sujets témoins – un résultat cohérent au regard des rapports antérieurs. Ils obtiennent notamment de moins bons résultats aux items du questionnaire Vineland qui évaluent les comportements sociaux, ils ont par ailleurs davantage de symptômes dépressifs que les sujets témoins.
« Si nous remarquons des différences dans les résultats des autistes, d'où proviennent ces différences ? » fait observer Mc Partland. « Viennent-elles de l'autisme, qui suppose des difficultés à engager un dialogue avec autrui, ou viennent-elles de la dépression, co-morbidité de l'autisme ? »
Une analyse statistique a démontré que des symptômes dépressifs vont souvent de pair avec le handicap social chez l'enfant autiste.
« Cela souligne la nécessité de prendre en compte la dépression pour comprendre les capacités sociales et élaborer le plan de traitement des enfants autistes », affirme Suqian Duan, étudiant de troisième cycle au laboratoire de Mac Partland, qui présentait la recherche menée.
On a du mal à déterminer, toutefois, nous dit Mc Partland, si ce sont les symptômes de la dépression qui altèrent la fonction sociale, ou si, à l'inverse, ce sont les difficultés sociales qui déclenchent la dépression. « La dépression pourrait jouer un rôle clé, d'une façon qui nest pas souvent reconnue », ajoute-t-il.
Le biais social :
La dépression peut biaiser les résultats des tests de la fonction sociale chez les adultes également, comme l'indique la recherche dirigée par Mme Gotham.
Dans une étude publiée l'année dernière, celle-ci et ses collègues se sont servi de la réaction des pupilles – comme moyen de témoigner de l'activité cérébrale – pour analyser des sujets diagnostiqués soit autistes, soit dépressifs, versus sujets témoins. (1)
Il est apparu à l'équipe qui réalisait l'étude que les pupilles des personnes autistes se dilataient plus que celles des sujets témoins, mais moins que celles des sujets souffrant de dépression. Les résultats des autistes sans dépression étaient identiques à ceux des sujets contrôles, et les résultats des autistes à haut niveau de dépression étaient similaires à ceux des neurotypiques souffrant de dépression.
Gotham déclare : « les réactions des participants étaient plus liées à leur humeur qu'à l'autisme ».
Des conclusions inédites de son équipe soulignent que la dépression a également un effet sur les scores obtenus à une auto-évaluation de caractéristiques autistiques appelée l'Echelle de Réactivité Sociale. Ses collègues et elle-même ont comparé les scores de 69 adultes autistes, 48 adultes atteints de dépression et 52 sujets contrôles.
Les chercheurs ont pu constater que les personnes en dépression obtenaient des scores nettement plus élevés que ceux des sujets témoins, mais plus bas que ceux des autistes. Le fait est que sept d'entre ces personnes en dépression avaient obtenu des résultats si élevés que les chercheurs leur ont alors passer le test Autism Diagnostic Observation Schedule (ADOS), la référence absolue du test de l'autisme.
Bien que certaine du fait qu'aucune de ces personnes n'était autiste, Mme Gotham certifie qu'ils « avaient des scores remarquables à l'ADOS ».
Pour plus d'informations sur la conférence annuelle de l'International Society for Autisme Research, veuillez cliquer ici.
https://www.spectrumnews.org/conference ... arch-2019/
REFERENCES:
Gotham K.O. et al. PLOS ONE 13, e0200340 (2018) PubMed
depression may skew autsim results traduction.odt
https://www.spectrumnews.org/news/depre ... lts-tests/
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Diagnostic d'autisme juillet 2019.