Benoit a écrit :Les humains ne sont pas encore des machines dont il faut optimiser tout le temps disponible.
En théorie non, mais en pratique on y est déjà clairement, en tout cas pour certains types de population (minorités). C'est le principe du handicap: il faut lutter plus que les autres pour prétendre à la même chose (voire moins).
Le raisonnement du père d'Aymeric à mon avis, c'est que pendant que les autres ados s'abrutissent sur les réseaux sociaux à coups de selfies et autres (quand ils ne regardent pas du porno), son fils lui doit travailler à développer sa valeur ajoutée. Je trouve cette notion très importante, et j'observe beaucoup ce discours chez les parents d'autistes: sans cette valeur ajoutée la pilule ne passera pas.
Une nuance que je trouve de taille concernant les intérêts spécifiques:
1/ ce sont des domaines nécessaires aux autistes car ils leur permettent de gérer leur anxiété, de créer un lien avec le monde et éventuellement de s'intégrer un minimum à la société.
2/ ces domaines deviennent liés à une obligation de résultat, d'expertise, un talent "exceptionnel" à développer pour ensuite devenir un passeport. Si tu ne présentes pas ce passeport à la "brigade en charge de l'intégration" la barrière ne s'ouvrira pas.
La 2nde option me dérange, pourtant on y va tout droit (cf le retour des âneries en cascade au sujet de L.Salander et cie). Des problèmes de socialisation/intégration ne sont envisageables que si tu es une punk génie de l'informatique. A la limite, tu peux être un scientifique hurluberlu qui amuse la galerie (N.Dragonneau), mais si tu n'es ni l'un ni l'autre tu peux retourner piocher d'autres cartes.
Dans le cas où tu es un genre de mix des 2 (génie attendrissant=> Shaun Murphy?) tu peux avoir quelques chances. Il faut juste accepter d'être considéré comme une bête de foire et pas comme une personne (et ne pas oublier de dire merci).
Il y a vraiment beaucoup de gens qui sont dans cet esprit de "valeur ajoutée", et ça me semble moins fréquent concernant d'autres troubles psys ou la trisomie 21 par exemple (les parents de Laura, on les voit moins dire "oui mais elle n'apprend rien", par contre ça semble normal en contexte autistique).
Je pense que le titre est ironique sur ce point, d'ailleurs c'est mentionné au tout début: devoir être "extraordinaire" pour avoir le droit d'être ordinaire (une personne trisomique qui a un emploi doit être "extraordinaire" pour devenir une employée ordinaire, par exemple).
Ixy a écrit :Après tout c'est recevable de dire qu'il vaut mieux se conformer à l'école quitte à en souffrir que de souffrir le reste de sa vie d'adulte parce qu'on est sorti du système étant jeune.
C'est recevable mais pas très pragmatique: choisir la 1ère option ne vaccine en rien contre le second résultat. Je pense que plein de gens sont dans une vision pas très réaliste de ces questions là.
Même si des choses m'ont dérangée, super documentaire et super initiative en tout cas! Merci aux personnes devant et derrière la caméra.