Benoit a écrit :Les gens attendent une "sincérité", ou alternativement la persévérance dans les mensonges.
Je ne suis pas sûr qu'on puisse parler de sincérité ou de mensonge - je n'ai, de plus, jamais caché le fait de jouer un rôle en public (d'ailleurs, j'ai longtemps pensé que tout le monde le faisait).
De plus, je ne connais jamais assez les gens pour qu'ils puissent réellement s'en offusquer (
édité : je suis même du genre à tout dire en avance, comme ça, c'est clair ex : au début de notre relation, j'ai tout de suite dit à ma femme que je ne croyais pas en l'amour, que c'était une invention chrétienne et anachronique, etc. [je ne digresse pas dessus, c'est juste pour mon exemple, mais c'est un sujet passionnant])
Mais en dehors de mon propre exemple : jouer un rôle est-ce mentir ?
Personnellement il ne me semble pas. Je vois les rôles comme des costumes qui existent indépendamment de nous et, pour certains contextes, il faut rentrer dedans.
ex : Le rôle d'Hamlet (personnage) existe indépendamment des acteurs. Dans le contexte de la pièce, chaque acteur met le costume, voilà tout. Peut-on dire qu'un acteur mente à un autre, soit sincère avec un autre acteur ?
ex : si je joue à un jeu de rôles papier et que je suis un personnage, est-ce que je mens aux personnes, est-ce que je suis sincère avec les personnes, qui incarnent des personnages et jouent avec moi ?
Bien sûr, le postulat est le suivant : les autres savent que c'est un jeu de rôle.
Après, si une personne n'est pas capable de voir que tout cela n'est qu'un immense jeu de rôle, est-ce de ma faute ?
J'avais quelques problèmes à me faire diagnostiquer et l'un est tout à fait proche de ce qui est évoqué : si je suis diagnostiqué, c'est que tout mon système de pensée va être "pathologisé" (ex: je vois tout ce qui est social comme un jeu de rôles dont les règles ne reposent sur rien et sont conventionnelles -> c'est normal je suis SA :
eh bien non ! Je reste persuadé que j'ai raison de voir les choses comme ça et que les autres se trompent et n'ont pas conscience d'être dans un jeu de rôle, mais ça, je n'y peux rien.)
Edité : d'ailleurs, si mes camarades me tapaient au collège j'ai une explication logique : comme j'étais le seul à ne pas jouer au jeu de rôles, je remettais tout ce sur quoi leur monde était bâti en question - réponse à cette remise en cause : processus d'exclusion automatique de la part d'un système qui ne repose sur pas grand chose et qui veut se préserver. A partir de ce moment là, au delà du paradigme sincérité/mensonge, le rôle est une nécessité. D'ailleurs, on pourrait trouver un dénominateur commun très fort entre les rôles et la politesse évoquée hier.