C'est la première fois que j'écris sur ce forum ; je crois que j'ai besoin d'un peu de soutien en ce moment...
J'ai 37 ans, je suis célibataire, sans enfants, je vis dans une grande maison entourée d'un grand jardin par besoin d'espace et de tranquillité (situation atypique qui interloque beaucoup de gens, dont les voisins).
Il y a quelques années, j'ai commencé à me poser des questions sur moi-même, à essayer de comprendre pourquoi je n'étais pas tout-à-fait comme les autres, et surtout, toujours célibataire sans vraiment chercher à ne plus l'être. Je vous donne un exemple d'un truc qui m'intriguait ; pourquoi après une soirée entre amis, je mettais des jours à me remettre, alors que les autres étaient prêts à recommencer à se réunir dès le lendemain ? Pourquoi ces réunions sociales me demandaient tant d'efforts et m'épuisaient à ce point ? Pourquoi cela ne m'était pas naturel et pourquoi cela se résumait pour moi à une sorte de « pause » de ma vie réelle pendant laquelle je jouais un rôle d'être sociable ?
Alors, j'ai commencé à chercher sur internet : phobie sociale ? Peur des autres ? Timidité maladive ? Bof... Et puis, un jour (en 2007), je suis tombée sur une description des symptômes du syndrôme d'Asperger... Mon coeur a commencé à battre la chamade, j'ai commencé à transpirer, à paniquer devant mon écran. La plupart des symptômes correspondaient à ce que j'avais vécu (surtout dans mon enfance, de ce que mes parents me racontent ; j'ai marché tard, je hurlais de panique quand la sonnerie de la maison retentissait, j'ai mis trois mois à sortir un mot à mon entrée à la maternelle, etc, etc...), ça me paraissait incroyable. Par la suite, j'ai lu quelques livres de témoignages d'autistes (en particulier celui de Donna Williams qui m'a captivée) et je réagissais en me disant « Ah, oui, moi aussi, je fais ça ! » comme par exemple, ce besoin très très fréquent de fixer le regard sur un objet immobile ou un végétal, exercer des pressions fortes sur mes mains, me balancer légèrement (surtout dans les files d'attente, au supermarché), tout ça pour me calmer, faire redescendre la pression permanente que je ressens en exposition sociale.
Cette révélation a eu un double effet, et c'est surtout pour cela que j'ai le besoin de la faire partager. Ca a été d'abord un soulagement d'avoir enfin trouvé une explication (en supposant que ce soit la bonne, je ne suis pas diagnostiquée), ça m'a déchargée de beaucoup de doutes et d'interrogations. Par contre, une fois que j'ai compris que ce dont je supposais être atteinte était biologique et irréversible, la fatalité m'a envahie. J'ai renoncé à tous ces efforts pour essayer de mener une vie sociale, en me disant, que de toutes façons, j'étais aspie, alors, à quoi bon ? J'ai commencé à montrer mon vrai visage, et cela m'a coupé de beaucoup de gens, et attiré une très grande haine de certaines personnes qui ne supportent pas l'indifférence.
Aujourd'hui, je sors d'une période où j'ai dû prendre des anxiolytiques pour pouvoir supporter d'aller travailler parce que, dans mon travail, j'ai eu peur de montrer mon vrai visage.
Et me répéter que de toutes façons, être aspie me permettait de ne pas avoir besoin des autres était une erreur... que j'essaie désormais de corriger en essayant de nouer des relations en étant moi-même : pas simple...
Et pourtant, je suis fière d'être aspie (et vous ?). La plupart des gens normaux me paraissent tellement superficiels, convenus, sans surprises, et profondément irréfléchis.
En « société » (pour moi, la famille fait aussi partie de cette société), vous sentez-vous toujours obligés de faire des efforts, ou arrivez-vous à être vous-même ?
Merci de vos réponses.
