[Index Humeur] Qu'est ce qui vous a rendu malheureux(se) aujourd'hui ?

[hazufel]

Voir que quand un film ayant pour héros une femme de ménage handicapée, sa collègue noire, son voisin homosexuel et un homme-poisson - et pour réalisateur un mexicain obèse anticonformiste - est encensé par la critique, reçoit 13 nominations aux oscars et plusieurs honneurs de la profession, il y a des gens pour se comporter de façon absurde et moche. Parmi eux un autre réalisateur que j'apprécie.
Autant l'art m'inspire, me transporte et me fait rêver, autant la nature humaine m'écoeure: https://www.ecranlarge.com/films/news/1 ... ment-copie
Le comble pour moi étant l'hypocrite "ne pas vouloir créer de polémique, et souhaiter au film une belle carrière" après avoir dit ça. Très déçue par Mr Jeunet sur ce coup là.

La réponse de Del Toro dit pourtant tout, "C'est Terry Gilliam qui nous a influencé". Les rappels d'autres films, devraient plutôt être appréciés comme un hommage, ça n'a pas de sens de critiquer violemment le film.
Si le principe de la teinte de l'image rappelle les films de Jeunet, la teinte choisie nous rapproche très vite de celle d'un étang, d'un lac. Le ressenti n'est pas du tout le même.
Pour la salle de bain, la perception transmise est tout autre que dans delicatessen, où tout pousse à l'absurde pour mieux appréhender la concrète réalité. Là, on est dans une fusion des êtres, un rapprochement muet dans un univers commun, sans paroles, tactile et aquatique.
Enfin, le but du film n'a pas grand chose à voir avec ceux de Jeunet. Il est question de la noirceur de l'âme. Pas celle des monstres, des insignifiants, des rejetés, des contraires à la norme, considérés comme inadéquats, mauvais, hostiles, mais celle de l'humain normal et considéré...
J'ai toujours adoré les films de Jeunet, mais je suis aussi très déçue de cette critique aucunement constructive...
Écoute la chronique de Xavier Leherpeur hier matin sur France musique, ça te remontera le moral

[Flower]

Une personne que j'estime beaucoup en temps normal qui sort le même discours qu'on entend partout dernièrement sur le fait qu'il faudrait travailler davantage et que dénoncer le présentéisme serait un "discours de fonctionnaires" et "borné" (je cite). Je trouve ça très blessant. Je ne suis ni "bornée" ni fainéante juste parce que je ne trouve pas normal qu'on demande aux gens de faire des heures supplémentaires de manière constante et de venir travailler même quand ils ont 39° de fièvre... De toute façon la présence n'est pas un critère de la qualité du travail, on peut parfaitement être présent et ne rien faire.

[misty]

Écoute la chronique de Xavier Leherpeur hier matin sur France musique, ça te remontera le moral

C'est fait merci, c'est vrai que ça fait du bien! En même temps c'est ça qui me rend triste: j'attendais la sortie en France pour voir, étais préparée à une bonne volée de "râlage made in France" mais même pas: quasi tout le monde semble touché et réceptif. Ca rend ces petites attaques d'autant plus pathétiques à mes yeux.

Si le principe de la teinte de l'image rappelle les films de Jeunet, la teinte choisie nous rapproche très vite de celle d'un étang, d'un lac. Le ressenti n'est pas du tout le même.
Pour la salle de bain, la perception transmise est tout autre que dans delicatessen, où tout pousse à l'absurde pour mieux appréhender la concrète réalité. Là, on est dans une fusion des êtres, un rapprochement muet dans un univers commun, sans paroles, tactile et aquatique.
Enfin, le but du film n'a pas grand chose à voir avec ceux de Jeunet. Il est question de la noirceur de l'âme. Pas celle des monstres, des insignifiants, des rejetés, des contraires à la norme, considérés comme inadéquats, mauvais, hostiles, mais celle de l'humain normal et considéré...

Tout à fait d'accord avec toi. Del Toro est un vrai passionné de cinéma, limite obsessionnel, et dans ce film comme dans ses autres il y a de nombreux clins d'oeil que je vois comme des hommages de fan. Son travail est un peu un intérêt restreint chez moi, je pense, et dans tout ce que j'ai étudié de l'homme et de ses oeuvres j'ai ressenti une immense humilité. Les références sont limpides: Jeunet c'est clair, mais aussi Miyazaki, Cocteau, les comédies musicales, Jack Arnold...et plein plein d'autres. Je n'arrive pas à piger qu'un hommage soit reçu négativement.
J'ai vu le film 2 fois et c'est clair que j'ai pensé à Amélie Poulain, mais si on va par là j'ai aussi pensé à Sauvez Willy! Simon Wincer a-t-il parlé de plagiat? Non? Mais attends: c'est la même histoire!
Amélie Poulain fut un tel choc esthétique que dès que je vois une brune aux grands yeux noirs dans un contexte un peu vintage, j'y repense. Comme je repense à Little Miss Sunshine dans les films à gamine mignonne-rigolote et famille givrée... Ou à Avatar en visionnant n'importe quel film fantastique sorti depuis... Bref, c'est ça le cinéma, et l'art en général!
Del Toro est vraiment dans une démarche artistique, il se dégage de lui un grand amour des artistes (une affiche dessinée, ce n'est pas tout le monde qui fait ça), une vision "artisanale" de son métier, et le fait qu'il soit descendu gratuitement par quelqu'un que je pensais dans le même état d'esprit me choque beaucoup.
Je me suis "forcée" à regarder LaLaLand (je déteste les comédies musicales) parce que j'avais adoré Whiplash. J'ai trouvé ça nullissime, en plus de copié sur à peu près tout ce qui s'est fait avant. Je n'ai entendu personne se plaindre: c'est là que je me dis que c'est le message qui doit déranger. Ou alors c'est de la jalousie crasse...

Si Jeunet a aimé le film, je doute qu'il ait tout compris, parce que dans le genre attitude mesquine et pathétique face à quelque chose de beau il est pas mal dans son genre. Si vraiment il s'estimait floué il engageait des poursuites et c'est tout, mais là, son "je dis ça je dis rien" m'apparaît vraiment comme puant (en même temps je crois que c'est assez français comme truc...)

@Flower: c'est le principe de base du marché de l'emploi aujourd'hui. Des gens font des heures supplémentaires justement pour rattraper le fait que d'autres ne sont là que pour faire acte de présence. C'est complètement absurde mais si tu le dis tu es une révolutionnaire et ça c'est pas bien.
J'avoue qu'en parlant de fonction publique je rigole bien de voir que parmi tous ceux qui galèrent avec moi dans le secteur des bibliothèques, ceux qui sont là "parce que c'est la planque" vont se retrouver à bosser le soir et le dimanche
Ca va faire de la place on va mieux respirer, d'un coup, je pense...

[Flower]

@Misty: La personne en question a plus de 70 ans, donc ce n'est pas tellement "le monde de travail d'aujourd'hui". Bon en revanche j'ai osé lui en parler et eu une sorte d'explication. Ça me calme un peu. Je suis dans la fonction publique mais ici, ce qu'on "rattrape" avec les heures supplémentaires, ce sont les suppressions de postes...

[misty]

La personne en question a plus de 70 ans, donc ce n'est pas tellement "le monde de travail d'aujourd'hui".

Ah ok...c'est une "De mon temps,...." alors?

Je suis dans la fonction publique mais ici, ce qu'on "rattrape" avec les heures supplémentaires, ce sont les suppressions de postes...

Il y a ça aussi, c'est vrai. Cela dit, il y a plein de postes à supprimer mais bizarrement ceux qui sautent où ne sont pas remplacés sont souvent les seuls qui travaillent vraiment Je crois que c'est dans la répartition que ça ne marche pas très bien: dans ma commune il y a des postes où 5 personnes font un boulot qui pourrait être géré par un employé, et une personne qui travaille pour 5. En mathématiques théoriques ça s'équilibre, dans les faits un peu moins...

[Flower]

Je suis dans la fonction publique mais ici, ce qu'on "rattrape" avec les heures supplémentaires, ce sont les suppressions de postes...

Il y a ça aussi, c'est vrai. Cela dit, il y a plein de postes à supprimer mais bizarrement ceux qui sautent où ne sont pas remplacés sont souvent les seuls qui travaillent vraiment Je crois que c'est dans la répartition que ça ne marche pas très bien: dans ma commune il y a des postes où 5 personnes font un boulot qui pourrait être géré par un employé, et une personne qui travaille pour 5. En mathématiques théoriques ça s'équilibre, dans les faits un peu moins...

Oui, et puis il faut une "participation équilibrée à l'effort budgétaire"... Sauf qu'on est déjà les moins nombreux, donc ça tombe toujours sur les mêmes! Et ce n'est pas comme si on avait moins de travail, c'est plutôt le contraire - il y a une explosion des priorités. Malheureusement, le "faire plus avec moins", ça a des limites.

[Roxane-James]

J'ai seize ans, l'âge où '' les gens normaux '' font des soirées.
Et je suis allée à l'une d'entre elles. Le malaise, l'envie de pleurer, la fuite dans les toilettes pour éviter les gens. Mauvais souvenir. Bref.
Et aujourd'hui, une amie qui est en soirée m'envoie un message pour me dire ''tu rates troooop quelque chose, faut que tu viennes ! C'est troooop bien''.
Voilà j'ai envie de pleurer parce que je sais que non, si j'y vais je ne vais pas ''m'éclater'', plutôt passer mon temps à éviter les regards et l'alcool avec un sourire crispé. Et en même temps, ça me rend triste de me dire que ''je rate un truc'' d'une vie d'adolescente normale. De toujours passer pour la fille coincée ''associable'' qui ''passe son temps enfermée chez elle''.

[Anahata]

Jusqu'au jour où tu trouveras une ou plusieurs personnes qui sauront t'accepter et t'apprécier. Courage.
Tu rates pas les dernières paroles que tu as écrites... Oh non, ça tu ne le rates pas, crois moi. Ça n'a aucun intérêt de se fustiger ainsi.
Une personne qui t'aime n'aurait vraiment pas envie que tu te forces pour ressembler à ce que tu n'es pas, pour des personnes qui te traiteraient de la sorte. Voyons

Je suis sûre qu'il y a d'autres personnes dans ton cas, tu n'es pas seule à te sentir 'seule'. Crois moi. Et c'est pas parce qu'on se sent seul qu'on est 'nul'. Au contraire, y'a beaucoup de richesse là dedans.


Bonne soirée

[Anahata]

L'éternelle incompréhension mère / fille. Lâcher prise, je n'ai trouvé que ça

[olivierfh]

''tu rates troooop quelque chose, faut que tu viennes ! C'est troooop bien''.

Pour elle, pas pour toi.

ça me rend triste de me dire que ''je rate un truc'' d'une vie d'adolescente normale..

Chacun est comme il est, toi tu rates ça, elle elle rate ta passion pour tes intérêts spécifiques et elle ne se rend pas compte de ce qu'elle perd.

[hazufel]

Tout pareil qu’Olivierfh. Ne te sens pas coupable de ne pas vivre quelque chose qui ne te convient pas

[Lilas]

Extrait de "Et n'oublie pas d'être heureux" de Christophe André, que je suis en train de lire :

Fêtes : C'est bizarre comme elles rendent beaucoup de personnes tristes. Peut-être parce qu'elles sont obligatoires. Parce qu'elles nécessitent, en gros, de se rendre heureux sur commande, à un moment donné, pas forcément en phase avec nos rythmes personnels. Parce que la bonne humeur y est un peu obligée et souvent artificielle. Parce qu'elles mélangent des tas de gens plus ou moins doués pour le bonheur : des extravertis qui en rajoutent dans l'affichage et l'extension de leur bien-être, et des introvertis qui ont du mal à s' échauffer. Et, du coup, ces derniers ont tendance à se comparer aux autres, ce qui n'est jamais une bonne idée, à se sentir alors déçus, parce qu'ils ont l'impression d'être moins heureux, l'impression de passer à côté d'un truc bien, et tout ça. C'est vrai que les fêtes, telles que nous les pratiquons en général, ce sont des trucs d'extravertis agités : le plus de monde possible, de la musique, de l'excitation. Les introvertis préféreraient des fêtes calmes. Mais ça n'existe pas, ou ça ne s' appelle pas "fête". Les bonheurs d'introvertis se savourent plus souvent en petits comités, avec de la musique douce et des conversations tranquilles. Eux appellent ça des "moments agréables".

[Tugdual]

C'est tout à fait ça !

Vive les fêtes de moments tranquilles ...

[hazufel]

Merci Lilas, c’est tout à fait. Je vais relire mes livres de C. André, ils font grand bien.

[misty]

J'ai seize ans, l'âge où '' les gens normaux '' font des soirées.
Et je suis allée à l'une d'entre elles. Le malaise, l'envie de pleurer, la fuite dans les toilettes pour éviter les gens. Mauvais souvenir. Bref.
Et aujourd'hui, une amie qui est en soirée m'envoie un message pour me dire ''tu rates troooop quelque chose, faut que tu viennes ! C'est troooop bien''.
Voilà j'ai envie de pleurer parce que je sais que non, si j'y vais je ne vais pas ''m'éclater'', plutôt passer mon temps à éviter les regards et l'alcool avec un sourire crispé. Et en même temps, ça me rend triste de me dire que ''je rate un truc'' d'une vie d'adolescente normale. De toujours passer pour la fille coincée ''associable'' qui ''passe son temps enfermée chez elle''.

Je suis touchée par ton message, mais hélas j'ai envie de te dire que peu importe ton âge, les "gens normaux" font toujours des choses que tu ne fais pas, et ont des choses que tu n'as pas. A mon âge à moi, c'est un boulot, la "famille Ricoré" et une vie sociale lambda. Parce que je sais combien ça fait mal et que ça dure, je te conseillerais le livre la tyrannie de la norme de Todd Rose: il apporte des données factuelles sur ce qu'est "être normal", à savoir un leurre absurde.
Ca ne suffira pas, car il est question d'estime de soi et que c'est un travail long et fastidieux, mais ça aide.
Parfois, observer plus finement aussi. Pour te donner un exemple très récent, j'habite à l'extérieur du village dans une réserve naturelle et tous les dimanches j'ai droit au défilé des "familles normales faisant les activités normales et saines du dimanche". Selon mon état, je m'en fiche éperdument ou me sens minable. Récemment, un dimanche où je me sentais particulièrement minable est passée une famille avec le combo: papa-maman-et-les-2-enfants-chacun-sur-son-vélo et le beau Golden Retriever qui court ravi à côté. De loin, ça m'a fait mal. Quand ils sont passés près de mon grillage de jardin, j'ai entendu le fils dire à son père "ta g***** f***-moi la paix", le père s'est plaint à la mère qui a répondu "d******-toi j'en ai rien à f***** de vos chamailleries de m****" Je peux te dire que je suis redescendue d'un coup
Je sais qu'on se compare aux autres toujours à un moment M et la plupart du temps en notre défaveur, mais entre le savoir théoriquement et le pratiquer il y a un monde.

Dis-toi bien que la plupart des gens de ton âge qui vont à ces fêtes le font pour avoir l'air normaux et cool, et que souvent ça les angoisse ou qu'ils préfèreraient être ailleurs. Sans ça je me demande bien pourquoi ils boiraient autant et prendraient de la drogue. C'est le truc qui m'a toujours sidérée dans les fêtes: voir des gens super-cools qui ont tout pour être heureux se donner énormément de mal pour s'attirer un max d'ennuis en un temps record (que ce soit parce que le ton monte, qu'ils disent n'importe quoi, conduisent dans des états pas possibles...)

En thérapie j'ai appris aussi qu'il pouvait y avoir une forme de jalousie dans le perpétuel "mais sors! fais ceci ou cela! c'est pas normal ce que tu fais, tu devrais blablabla..." La plupart des gens font des choix disons exogènes (soumis à conditions extérieures, dont recherche d'approbation) alors que les choix endogènes (dictés par ce que tu es et veux toi) sont les plus courageux. Ma thérapeute m'a dit que beaucoup de personnes se sentaient honteuses de ce manque de courage, et que ça pouvait créer une sorte d'acharnement sur ceux qui l'ont.

Extrait de "Et n'oublie pas d'être heureux" de Christophe André, que je suis en train de lire :

Tu m'as donné envie! Je ne l'ai pas lu car il me semblait trop "développement personnel" mais je crois que je vais passer au dessus de cette impression pour voir vraiment