Anahata a écrit :
1) Pensez vous que le diagnostic améliore les chances de viabilité du lien ?
2) Comment est-ce possible de s'entendre ? (Sans se rendre malade ?)
3) Doit-on abandonner l'idée d'être compris sur le plan émotionnel ? (Problème de langage pour de faire comprendre)
Dans ce cas-là, pourquoi se mettre ensemble ?
4) Vivez-vous ensemble ou pas ?
5) Êtes-vous liés malgré les ans par des conditions de vie de couple totalement atypiques (est-ce que ça peut durer le chacun chez soi, je t'écris un mail, deux trois activités ensemble par semaine, en gros ce sont mes questions...)
6) Est-il important de conjuguer les savoir faire pour vivre ensemble ? (Cuisine, rangement, décoration, ...)
7) Est-il important d'être lié par un intérêt commun ?
Alors, on va parler de couple neuro-atypique plutôt que aspie :
1) Le diagnostic a sûrement un impact, dans le sens où il légitime un fonctionnement, et peut aider à faire valoir ses besoins : pour moi, si j'étais diagnostiquée - besoin de retrait social, problèmes d'hypersensibilité, besoin de clarté, de franchise et d'explicitation des choses, besoin de loyauté et de fidélité (pas seulement aspie d'ailleurs). Idem en amitié d'ailleurs !
2) Je pense qu'on peut s'entendre en admettant comme un prérequis qu'il faut s'expliquer, échanger sur son mode de fonctionnement, ce qu'on supporte ou non, mais aussi ses valeurs, sa façon de voir la vie, d'y trouver du sens. En cours de route, continuer à ajuster, s'harmoniser, tout en partageant des moments où on est juste bien... en silence.
3) Si on n'a pas l'empathie émotionnelle, il y a d'autres moyens de se comprendre dans un couple : l'empathie sensorielle, on sent si l'autre est bien ou non, et on peut aller vers lui, demander si quelque chose ne va pas. On n'est pas obligé(e) de comprendre parfaitement pour exprimer du soutien, ça peut se faire par des attentions toutes simples, pour montrer qu'on est là sans peser. L'amour physique est aussi une belle façon de se retrouver, et savoir qu'on est bien ensemble.
Pourquoi être ensemble ? Mystère ! Parce qu'on apprécie une personne, qu'elle nous intéresse, on lui veut du bien, on aime faire des choses avec elle, on se sent bien à échanger. Parce qu'on garde un appétit pour la vie, et l'espoir.
4) Il n'est pas nécessaire de vivre ensemble, on peut même être à distance, mais si on le fait, il faut une maison, des lieux où s'isoler, ou deux appartements pas très loin pour se retrouver facilement. Pour moi, rien d'établi pour toujours à ce niveau-là.
5) Pour les conditions de vie atypiques, oui, ça peut durer. Du moment que les conditions correspondent aux deux personnes, et qu'on ne se force pas à vivre ensemble parce que ça se fait, tout est viable. A un certain âge, on est peut-être plus à l'aise pour prendre du recul par rapport au modèle social du couple.
6) Je trouve que c'est mieux quand on se complète (un(e) le bricolage, l'autre la cuisine), ce qui n'empêche pas de prendre un plaisir créatif à cuisiner ensemble, repeindre un mur, faire le ménage... Pour se motiver aussi. Ca peut être souple, mais il faut que chacun y trouve son compte. Si j'apprécie de faire la lessive et de repasser pour deux ou plus, je veux bien que mon compagnon m'aide à vérifier les niveaux de la voiture, ou mette un abat-jour sur une ampoule électrique, ce que je ne sais pas faire, ou qu'il m'apprenne à le faire. La déco, je n'ai pas d'exigences. Pas de déco, mais des objets aimés, ça me va très bien, pas de couleurs agressives, des ambiances apaisantes.
7) Pour moi, pas forcément d'intérêts partagés, mais j'ai été mariée 18 ans avec un homme qui a fini par ne plus rien faire avec moi, et je n'étais pas bien, je me sentais très seule. On peut au moins partager une ou deux passions, aimer par exemple aller au ciné en "tournant" pour le choix du film, ou l'un(e) regarde une vidéo et l'autre lit dans la même pièce... J'ai tendance à penser qu'on peut apprendre beaucoup en écoutant les passions de l'autre, et que souvent on va partager le même appétit d'apprendre, donc ça me paraît faisable, du moment qu'on a envie de partager un minimum (sauf si le gars est un fana des mygales, je préviens tout de suite !!). On sait aussi qu'on a besoin les deux de solitude, et c'est plus facile de l'accepter sans se sentir rejeté(e).
Ma vision paraît peut-être naïve, mais j'ai envie de croire au couple, même sur un modèle atypique, et je pense pouvoir fonctionner plus facilement, sinon avec un aspie, du moins avec quelqu'un qui en connaît le fonctionnement, ou qui, au moins, est comme moi atypique.

Diagnostic d'autisme juillet 2019.