Faire attention à autrui (extrait de présentation)

[Carapa]

« Le diagnostic agit sur nous pour nous faire douter de notre propre compétence et pour surestimer la compétence de personnes qui nous disent que nous faisons quelque chose d’ "incorrect". Mais, contrairement à ce qu’ils croient à propos d’eux-mêmes, les NTs ne sont pas «meilleurs» que nous dans des choses comme les habiletés sociales, la lecture des émotions des autres, ou l’empathie. Ceci, non pas pour dire que nous sommes bons dans ces choses-là – ce que je veux dire, c’est que ils ne sont ni plus ni moins que nous susceptibles d’être intrinsèquement bon ou mauvais dans ces choses. Ils sont simplement mauvais d’une façon différente, et ces différentes façons se font moins remarquer dans cette culture, à cette époque, parce qu’elles sont normalisées ; c’est leur culture après tout, alors elle est optimisée pour leurs aptitudes et déficiences spécifiques (mettez un NT tout seul dans un congrès ou une conférence remplie d’Aspies, et regardez comme ils sont « compétents » !). Ils sont aussi moins capables de remarquer quand ils font des erreurs, ce qui fausse encore davantage la perception qu’ils ont de leur propre compétence relative [.........]

Ce paragraphe est de la merde en tube.

Eh bien moi, je trouve ce passage assez juste. On essaie de nous faire croire que nous sommes particulièrement mauvais dans la lecture des émotions. Parce que la moyenne des gens sont très doués là-dedans, peut-être??? Vous en connaissez beaucoup qui ressemblent au héros de la série "Mentalist"? Si c'était le cas, la vie des escrocs, des conjoints adultères et des agents secrets serait hautement problématique...
Un article intéressant là-dessus (déjà cité ailleurs me semble-t-il): Le langage corporel : mythes et réalité


Modifications (Tugdual) :

• 10/09/2022 : Remplacement des liens de "charlatans.info" par les archives du web.

[Alceste]

@budakesi
Tu fais mouche à chaque fois ...
Bien sûr je cours après des idées qui ne sont pas les miennes. Et même qui vont à l'encontre de ce que je suis.
J'ai conscience de l'avoir toujours fait ... En conscience qui plus est.
Comment je m'en sors ? En m'obligeant à la misanthropie. Je me convainc que le monde est moche. C'est comme ça. Il faut faire avec. Tout le monde s'y soumet. Moi aussi.
C'est plus simple que de refuser le dictat et de se construire une place à part.
Ça fait moins mal que de se retrouver seul, exilé volontaire d'un monde dont je refuserais les règles.
"Mouton" mais "unique (autant que faire se peut)".
Bien entendu c'est un idéal illusoire.
Je fais semblant d'y croire. Je me convainc que j'y crois. Je mets en veille mon esprit critique. Trop penser, avoir une vision trop claire de soi et du monde n'est pas la meilleure source du bonheur.
Lucidité et bonheur ne font pas bon ménage.
D'où : le bonheur peut-il exister ? La sagesse, la sérénité, ne sont-elles pas suffisantes ? À quoi bon poursuivre cette illusion (inspirée sans doute largement par le mercantilisme dont nous sommes abreuvés. aussi vaine alors que le père Noël ?).
Oui mais la déraison assumée n'est-elle pas une vertu ?
Savoir que c'est un combat perdu d'avance, mais refuser cette fatalité. Faire plier le monde à ma volonté ... et gagner parfois, n'est-ce pas courageux et au final n'est-ce pas cela le vrai sens de la vie : oser réaliser ses rêves ? Malgré tout !
Je me soumets ET je reste moi cependant.
Je force la coïncidence des antithèses.
Je sais bien que je ne gagnerai pas. Mais tout ce qui est pris est à moi. Ces bribes de bonheur, soient-elles fondées sur une illusion, quand je les ai vécues elles sont en moi, pour toujours.
Donc j'accepte d'essayer de "jouer le jeu", quand j'y arrive cela me donne l'illusion d'être "comme les autres" et alors je peux jouir du moment présent. Pour faciliter les choses je recherche des situations faciles (ballades en montagne, ski avec ma fille de 6 ans ...) et je les savoure.
Bien entendu il y a des situations difficiles (au boulot, en interaction avec des gens que je ne comprends pas et qui ne me comprennent pas), et là je souffre.
Mais il faut bien manger pour vivre ... Et comment manger sans travail ... Et comment travailler sans faire semblant, en attendant d'être démasqué et rejeté ?
"Unique" MAIS "mouton" ; parce que le monde est moche, mais que la vie est belle.

[Benoit]

Eh bien moi, je trouve ce passage assez juste. On essaie de nous faire croire que nous sommes particulièrement mauvais dans la lecture des émotions. Parce que la moyenne des gens sont très doués là-dedans, peut-être??? Vous en connaissez beaucoup qui ressemblent au héros de la série "Mentalist"? Si c'était le cas, la vie des escrocs, des conjoints adultères et des agents secrets serait hautement problématique...
Un article intéressant là-dessus (déjà cité ailleurs me semble-t-il): Le langage corporel : mythes et réalité

Qui est ce "on" exactement ?
T. Attwood ?
L. Mottron ?
Ton diagnostic ?

Si tu estimes que tu as le niveau "moyenne de la population" dans le domaine, j'ai du mal à comprendre comment tu peux continuer à t'identifier comme autiste.

(Indépendamment du fait qu'une personne adulte Asperger a en général acquis des routines de raisonnement lui permettant de comprendre les émotions - les siennes et celles des autres - à sa propre façon).


Modifications (Tugdual) :

• 10/09/2022 : Remplacement des liens de "charlatans.info" par les archives du web.

[Carapa]

"On" n'est ni Attwood, ni Mottron, car je n'ai pas précisément en mémoire ce qu'ils disent sur le sujet (ma lecture du livre d'Attwood remonte à plus de 5 ans, quand à Mottron, je n'ai lu de lui que des interviews où il n'abordait pas cette question). Quoi qu'il en soit, l'autisme ne se définit pas par un déficit de reconnaissance des émotions, mais par une altération de la communication sociale. Celle-ci peut être due à un problème de reconnaissance des émotions, mais il y a plein d'autres causes envisageables (un problème dans leur expression, par exemple).

Quand au niveau moyen de reconnaissance des émotions, l'honnêteté oblige à reconnaître qu'il est assez bas. Seulement, dans ce domaine, il y a des erreurs qui sont socialement tolérées et d'autres non. Par exemple, l'idée classique que les personnes qui ne regardent pas dans les yeux sont hypocrites, n'est généralement pas considérée comme une erreur de reconnaissance des émotions, au seul motif que 95% des occidentaux la partagent - alors même que c'en est une particulièrement flagrante.

Allez, un peu de lecture supplémentaire sur le sujet:

http://science.anu.edu.au/news-events/n ... ed-sadness

https://www.theverge.com/2017/4/10/1524 ... an-barrett

L'auteur du dernier article, Lisa Feldman Barrett, faisait d'ailleurs une remarque intéressante dans une interview donnée à New Scientist (n°3116, 11/3/2017, p. 40-43):

[Question du journaliste] But the idea that emotions are hardwired and universal underlies many things...

[Réponse] Very much so. The example that really gets me is the training of autistic children to recognise the stereotyped expressions stipulated by the classical view. This training is supposed to improve children's social functioning. But nothing changes for these kids because these facial expressions don't generalise outside the lab.

[budakesi]

@Carapa:
Bienvenue dans ma vision
L'impossibilité d'accéder au monde intérieur de l'autre est une réalité de l'expérience humaine. Elle terrorise les être humains, confrontés à la menace du solipsisme (ne connaître comme réalité que le contenu de leur propre conscience). Pour se protéger, les humains ont fabriqué un code qui permet d'associer certains signes, observables chez autrui, comme représentant des émotions. Il suffit de réfléchir deux secondes pour comprendre que dès qu'il y a signe, donc convention, il y a immédiatement possibilité de manipuler lesdits signes pour son propre bénéfice.
Il n'est nul besoin de décrire comme déficit la plus grande difficulté pour les autistes d'entrer dans ce jeu, et surtout d'y trouver un sens. Beaucoup d'autistes perçoivent des signes invisibles, non observables par la majorité des personnes typiques, qui les renseignent de façon beaucoup plus sûre sur le monde intérieur de l'autre (voir aussi l'ouvrage de Bogdashina cité ici: viewtopic.php?f=9&t=10984
Cette réalité a été parfaitement décrite par Ronald Laing, un psychiatre que j'ai déjà cité, certes iconoclaste et rarement évoqué, mais que je trouve très pertinent:

"Quelqu'un qui étudie l'expérience de quelqu'un d'autre ne peut accéder immédiatement qu'à sa propre expérience de l'autre. Il n'a aucun accès immédiat à l'expérience que l'autre a du "même" monde. Il ne peut pas voir par les yeux de l'autre ou entendre par les oreilles de l'autre."
"Je ne peux jamais savoir ce qui est effectivement présent dans la conscience de l'autre, qu'il s'agisse de représentations, de désirs, de sentiments, de jugements etc...
Nous sommes les uns pour les autres des sujets invisibles, absolument et définitivement impénétrables."
"Vous ne faites pas l'expérience de mon expérience ".
"... si nous sommes d'accord sur le fait que vous ne faites pas l'expérience de mon expérience, nous convenons de ce que nous comptons sur nos communications pour nous renseigner sur ce que nous pensons, sentons, imaginons, rêvons etc... et sur la façon dont nous le faisons. Les choses vont se compliquer si vous me dites que je vis quelque chose que je ne vis pas. Si c'est là, du moins ce que vous entendez par expérience inconsciente."